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dimanche 17 mai 2015

Les notices de catalogues.

Une notice de livre, dans un catalogue se construit selon une architecture particulière et peut se diviser en plusieurs sections :
— Le numéro d’entrée dans le catalogue.
— L’identification de l’ouvrage et ses mentions d’édition, c'est-à-dire, concrètement, le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage, l’éditeur, la collection, la date d’édition, tout élément imprimé que l’on trouve généralement sur la page de titre du livre.
— La description physique du livre qui englobe son format, sa pagination et toute particularité liée soit au tirage (originale sur beau papier, service de presse, etc.) soit à l’ouvrage lui-même (défaut, comme des réparations sur la couverture) ou des améliorations (reliure de luxe, envoi autographe, etc.).
— Les indications bibliophiliques : citation de la source bibliophilique, particularités éventuelles de l’ouvrage dans l’histoire de l’auteur ou l’histoire littéraire, etc.
— Le prix
Ces éléments peuvent s’interpénétrer, s’imbriquer ou ne pas exister pour certains d’entre eux, ou alors être considérablement lapidaires, au choix du libraire qui rédige ces notices. On reviendra ultérieurement sur le contenu de ces sections.
En général, chacune de ces parties fait l’objet d’une mise en page spécifique : Titres en italique, noms d’auteur en gras — ce qui peut aussi être le cas pour des mentions d’envoi autographe, par exemple.
Il n’y aucune règle officielle, comme c’est le cas pour les bibliothécaires, qui régit les fiches bibliographiques et la rédaction des catalogues. Ce sont généralement des usages entérinés par la pratique. Certes, l’influence des bibliographies consultées par le rédacteur, les règles instituées par les bibliothécaires ne sont pas méconnues et sont volontiers utilisées. Reste qu’il demeure une grande latitude dans la présentation et même l’esprit de chaque brochure, à l’image de celui qui les rédige. Pour peu qu’on veuille se pencher sur chaque détail (ce que nous ferons un peu sommairement pour ne pas vous barber, dans nos prochains billets) on s’apercevra que la philosophie du livre de chaque libraire peut différer.
Si ces notices peuvent apparaîtrent comme disparates dans leur présentation, elles se sont donné pour mission d’informer les clients sur les ouvrages rassemblés par le libraire à l’occasion de ce catalogue. Il faut vendre, donc être précis et même alléchant. Cela n’empêche pas le jansénisme de certains : aucune mention sinon que le strict nécessaire. Tout acheteur de ce librairie-là sachant pertinemment que les ouvrages présentés sont comme neufs et qu’il n’y a vraiment pas besoin de faire de la glose sur les auteurs vendus. D’autres ont besoin de se répandre, de conjecturer, parfois au détriment de la place pour d’autres livres…
On vient une nouvelle fois d’enfoncer une porte ouverte en vous affirmant que chaque notice diffère à chaque libraire, à l’instar des catalogues.
Il va de soi qu’à l’heure actuelle les notices des livres qui n’ont pas été vendus se retrouvent sur le net et trouvent un lectorat plus élargi que les lecteurs habituels des catalogues.
A propos du net on s’apercevra que les sites de vente de livres ont emprunté la structure des notices de catalogue. Ce n’est pas par hasard. Les libraires d’occasion et d’anciens, nettement moins pusillanimes et timorés que leurs confrères de la librairie de neuf, furent des pionniers dans l’exploitation des listes à destination des bases de données. Pour notre part, il nous a été donné de contempler des catalogues extrêmement bien structurés sur logiciel dBase III élaborés au début des années 90 et même peut être avant, cas extrême mais qui donne une idée de la perméabilité de la corporation aux idées susceptibles d’améliorer la gestion de stocks pléthoriques. Parfois à regret, les prédateurs de la librairie (i.e. : les intermédiaires de vente que sont ces sites) ont entériné cet agencement non sans réticence. Les informaticiens ou donnés lieu comme tels eurent un peu de mal avec ces structures-là, par manque évident de culture bibliophilique. Le marché du livre d’occasion en pleine mutation (l’ancien, lui, semble suivre une tangente et revenir à une niche spécifique) voit tout une partie de son fonds mise à l’écart par l’obligation faite de ne plus utiliser que les codes barre (EAN 13) et ISBN imposée par les sites de vente… Sur ce plan-là, c’est toute une partie du fonds de la librairie d’occasion qui se voit marginalisé. On reviendra également sur ce sujet qui nous semble important.
Revenons une ultime fois sur la mis en page des notices. Si votre serviteur fut le dernier, sans doute, à utiliser une offset de bureau pour l’impression de catalogues, pas mal de libraires utilisaient depuis longtemps le traitement de texte et les possibilités offertes par ceux-ci, pour la mise en forme des notices. Enfin, les catalogues purent être produits sans l’intermédiaire coûteux d’un imprimeur pour la question de la mise en page ou à se résoudre à des feuilles chichement dactylographiées. La possibilité d’utiliser plusieurs corps et donc de caser plus de textes par page améliora la lisibilité et l’abondance du contenu.
Un jour, il faudra bien q’un historien de la librairie se penche sur l’évolution des catalogues…

samedi 16 mai 2015

Les rubriques de catalogues

Il n’est évidemment pas question ici de gloser en détail sur la façon de constituer un catalogue, d’autant qu’il existe autant de manière de faire qu’il y a de libraires, voire de catalogues. Toutefois, on retrouve certaines constantes. Ainsi, des catalogues thématiques sont régulièrement publiés : surréalisme par exemple, ou sur tel éditeur ou tel auteur, etc. Il paraît évident que ces matières correspondent à la clientèle du libraire, à moins qu’il soit masochiste. Ces listes sont quelquefois le fruit d’une aubaine pour le libraire, à savoir l’achat d’une bibliothèque. Le libraire en question est plus à même de faire cette acquisition puisqu’il est censé être un spécialiste de la chose. Il arrive aussi que ces catalogues soient le résultat d’une patiente compilation à partir d’un fonds préexistant et parfois un peu dormant. Rien ne vaut parfois un catalogue spécialisé pour raviver celui-ci. Le libraire, pour enrichir le contenu, s’adressera soit à certains confrères dont il sait qu’il pourra faire une marge correcte sur les acquisitions soit aux ventes publiques. Un libraire spécialisé a certes plus de possibilités d’engranger des livres concernant sa spécialité. On entre parfois dans sa boutique non pour acheter mais pour se séparer d’un ouvrage…
Une autre pratique du catalogage — en lien direct avec les spécialisations — est la rubrique à l’intérieur du catalogue. Nombreux sont les libraires qui introduisent quelques pages de Curiosa, par exemple. La présence de ces rubriques incitent les amateurs à se diriger directement vers celles-ci. Les libraires spécialisés y trouvent parfois matières à constituer leurs propres catalogues.
La vente en ligne, même si une recherche par mot-clé existe sur la totalité des sites, ne permet pas cette cohérence du catalogue thématique et même généraliste. Doit-on rappeler une nouvelle fois ici que le catalogue est également le reflet des choix du libraire et que ceux-là ne se fondent pas sur des critères uniquement commerciaux ? Voilà pourquoi nous croyons, de ce côté-ci de l’écran, à la pérennité du catalogue papier : aucun catalogue ne ressemble à un autre parce qu’aucun professionnel qui l’a rédigé est un clone ranxéroxé de son confrère, ce que les sites de vente de livre on tendance à faire accroire.
Revenons encore un peu sur ces rubriques. Leur existence correspond bien sûr à des catalogues généralistes. Elles sont généralement classés à l’entrée alphabétique de leur intitulé : Curiosa à la lettre C, etc. Pour les singulariser on peut employer les moyens de la mise en page : espace ou encadré, typo différente etc. On peut aussi les retrouver en fin ou en début de brochure. Toutefois, on doit observer que cette singularisation trouve ses limites dans l’espace employé à cette rubrique. Comme pour l’immobilier, la surface correspond à un rendement précis ; on ne s’amusera pas à une mise en page baroque pour ne disposer que cinq ouvrages sur une page au lieu de dix dans les pages précédentes, à moins d’un prix exceptionnel. Ce n’est pas toujours le cas.
On prie une nouvelle fois de bien vouloir excuser cet enfoncement de porte ouverte sur ce sujet. Mais il est une évidence qui échappe peut être à nombre de jeunes amateurs de livres d’occasion, maintenant que la pratique du catalogue papier est abandonnée par pas mal de professionnels qui trouvent leur compte par la vente en ligne. Ces catalogues constituaient encore récemment des outils de travail et de référence, non pour les prix, mais pour les tendances. Un catalogue spécialisé ou une rubrique chez un librairie réputé pouvait donner le la et une orientation pour les acquisitions. Ces phénomènes de mode se sont un peu arasés dès lors qu’une quantité d’ouvrages fut mise à disposition par le net. Quelques « valeurs » s’écroulèrent. Pour notre part, on le regrette un peu, non pour l’aspect mercantile, mais parce que le goût ne s’exprime pas tout le temps par la rareté.
La prochaine fois, on commencera à aborder le contenu des notices.

vendredi 15 mai 2015

Prologue à quelques réflexions sur l'établissement des catalogues de vente de livres
(A suivre)

Lorsqu’un amateur consulte un catalogue de vente de libraire, il peut constater que celui-ci est établi selon certaines normes, un enchaînement qui ne doit rien au hasard. Petits ou grands, photocopiés ou imprimés en offset, allant de quatre pages jusqu’à une pagination à trois chiffres, toutes ces productions obéissent d’abord à un impératif : celui de vendre. Il n’en demeure pas moins qu’au-delà de ce postulat, le catalogue constitue pour le collectionneur une référence dont la possession était importante à l’époque ou le net et, par exemple Gallica, n’existaient pas encore. Même encore maintenant, la qualité de rédaction de certaines notices — comme nous y avions fait allusion en évoquant Pierre Saunier — incite tout curieux ou passionné à ne pas s’en séparer.
Il est un aspect du catalogage qui échappe souvent à l’amateur : c’est la technique de la description des ouvrages. On se dit qu’il serait peut être bon de revenir ici sur certains aspects de la rédaction d’une liste de vente. On s’en excuse auprès de l’habitué, on va enfoncer des portes ouvertes.
On reviendra ultérieurement sur les recherches bibliographiques autour de livres et sur l’établissement des fiches pour les ouvrages.  On se concentrera ici sur ce qui fait encore un peu l’ordinaire de nombreuse librairies, c'est-à-dire les brochures en format A5 la plupart du temps et qui ne dépasse pas une soixantaine de pages. On constatera d’ailleurs que l’acquis de la vente par catalogue se retrouve en majeure partie dans le commerce par voie électronique…
Les notices descriptives des ouvrages obéit à un ordre et à des contraintes que nous aborderons au fur et à mesure. On vous recommande un peu de patience…

lundi 11 mai 2015

Modestes réflexions autour des catalogues

A partir de quel moment a-t-on commencé à élaborer des catalogues ? On ne parle pas ici que des catalogues de ventes de libraires, comme nous y avons fait allusions dans nos billets récents, mais bien plutôt de ceux qui étaient destinés à inventorier. On soupçonne que ceux-ci sont apparus à partir du moment où le nombre d’écrits dépassait la capacité mémorielle de ceux qui entretenaient les bibliothèques. Sans nul doute, les bibliothèques antiques possédaient de tels documents, y compris sous la forme de tablettes d’argile, étant donné la pléthore de divers documents sur certains chantiers de fouilles — enfin, quand on pouvait y accéder…
Nonobstant le support, il fallait bien répertorier le contenu des bibliothèques et bien que l’on soupçonne la mémoire de l’érudit antique bien plus vaste que l’homme contemporain il semble logique qu’une sauvegarde de l’inventaire ait existé. J’ignore pour ma part si ces bibliothèque pratiquaient le prêt. Peut-être. C’est en tout cas avéré au moyen âge alors que le contenu des rayonnages était moins copieux. La bibliothèque d’un érudit romain pouvait comporter plus d’un milliers de rouleaux alors que les monastères richement dotés du haut moyen âge en atteignaient six cent à grand peine. On songe volontiers que l’existence de tels documents était aussi redevable à une précaution juridique, un inventaire daté pouvait sans doute faire preuve de possession en cas de vol ou de litige (à ce titre, certains manuscrits du moyen âge comportaient une malédiction à l’endroit de l’éventuel voleur…). Enfin, il ne faut pas négliger le rôle de vecteur d’échanges culturels, un inventaire de bibliothèque monastique étant plus aisé à consulter que devoir se déplacer par monts et par vaux pour aller vérifier par soi-même. Un autre aspect du catalogage, pas si évident, est que les ouvrages n’étaient pas classés par ordre alphabétique comme notre logique le voudrait mais plutôt par affinités et même par ordre d’importance… Un tel registre pour deux cents ou trois cents volumes ne représentait pas un immense difficulté à consulter, d’autant que les registres d’érudition des rédacteurs et des consultants étaient à peu près similaires. La généralisation de la pensée scholastique de même que l’emploi du latin dans toute la chrétienté ont favorisé ces normes particulières à nos yeux dans l’établissement des listes. L’emploi d’un lingua franca (bien éloignée du globish que nos « élites » affectionnent tant) a sans doute été cruciale pour la circulation de ces catalogues. On imagine — est-ce avéré ? — de tels documents circulant systématiquement de monastère en monastère, belle amorce de réflexion et surtout beau thème d’un roman. On nous signale dans l’oreillette qu’un obscur auteur italien du XXe siècle aurait déjà abordé en partie le sujet. Comme quoi, les bonnes idées…
Il semble que l’idée de classer, répertorier, voire classifier ait accompagné la création de la notion de bibliothèque. Cette pratique va se perpétuer, se diversifier et se spécialiser. On a bien sûr la célébrissime classification Dewey chère aux bibliothécaires. Ces derniers établiront encore des catalogues à l’ère contemporaine, mais plus axés sur l’exposition, les listes de consultation et de prêt ayant rejoint depuis quelques temps le giron des bases de données électroniques. Le processus pour les libraires est à peu près similaire : on continue de rédiger des catalogues de vente pour les articles prestigieux mais le tout venant appartient désormais à l’informatique. On reviendra sur tout cela si on a le temps…

mercredi 6 mai 2015

Jours de catalogue

On a rassemblé ici une suite de billets publiés entre septembre et octobre 2008 sur le blog Feuilles d'automne. Le Tenancier réalise que la plupart de événements relatés ici ont presque une vingtaine d'années, désormais. Qu'importe, le souvenir est vivace et heureux.

Avant Internet, il y avait les catalogues. Ce qui était vrai pour les 3 Suisses l'était également pour les libraires de tout poil, du libraire d’ancien le plus huppé au pourvoyeur de ballots pornographiques. Tout le monde rédigeait, annotait, collationnait, amendait, fichait, etc.
Voici, en gros comment cela se déroulait avant les ordinateurs :
Le premier stade du catalogue, c’est la fiche. Et là, point de norme propre au bibliothécaire, chacun faisait comme bon lui semblait. Mais ces fiches avaient un minimum de points communs : Auteur, titre, sous titre, date et lieu d’édition, description physique, commentaire, référence bibliographique lorsqu’il y avait lieu, etc. A ce stade, il y avait déjà une indication de prix, lequel serait éventuellement révisé pendant la rédaction de la liste. A l’évidence, on travaillait avec ces fiches pour des commodités de tri mais également comme trace d’une vente passée. Ainsi, le libraire en faisant des fiches, forgeait également sa propre bibliographie et ses cotes.
Ensuite, le libraire se mettait devant sa machine à écrire et commençait à transcrire le contenu de ses fiches dûment triées.
Après, cela partait chez l’imprimeur…
C’est tout ?
J’ai d’autres souvenirs.
Liés à ma propre expérience, cela va de soi, dans une librairie, qui, précisément, éditait des catalogues.
Précisons que cela se passait au milieu des années 80...
Le fameux catalogue était donc tapé – par une machine mécanique, s’il vous plaît - mais pas sur une feuille de papier. Cela ressemblait plutôt à des stencils qui étaient utilisés sur des duplicateurs à alcool. C’étaient, en quelque sorte des matrices pour offset de bureau. Ainsi, nanti de cette matrice, je descendais dans le sous-sol frais de la librairie, au milieu des éditions originales et m’attelais à ce méchant cube vert sapin et orange qu’était l’offset de bureau. Il fallait fixer cette matrice sur le cylindre, faire un tour avec celui-ci à l’aide de la manivelle, retirer la feuille de papier glacé qui la protégeait, remettre un coup de manivelle en engageant une feuille format 21 X 27 cm. - Eh oui, ce n’est pas une erreur de ma part. Il ne s’agissait pas de format A4… - Une fois la première impression faite, il suffisait de pousser l’interrupteur électrique et veiller à alimenter la machine en papier. Opération qui se renouvelait autant qu’il y avait de pages au catalogue. Le tirage était approximativement de 450 exemplaires et avait une quarantaine de pages.
Venait, une fois l’ensemble tiré, le tri des feuilles pour constituer le catalogue, utiliser toute la surface du sous-sol et tourner dedans en classant les feuilles… j’en ai encore le tournis. Il ne fallait pas oublier la couverture, imprimée, elle, en véritable offset et portant la mention : "Vente à prix marqués" et puis les écussons du SLAM (Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne), etc.
Ensuite, il fallait constituer des paquets d’une trentaine de catalogues et les enfermer dans une presse à main, en grecquer ce qui allait être le dos à l’aide d’un vieux coupe-papier, le recouvrir de colle plastique et attendre que ça sèche. Alors, armé d’un couteau de cuisine, je séparais chaque catalogue en tranchant les dos un par un, tel un boucher impitoyable.
Ensuite, venait l’affranchissement. Seule concession à la modernité, une machine à affranchir permettait de reposer les papilles surmenées par l’atmosphère sèche du sous-sol. Seulement, il fallait alimenter la machine à la main, point de tapis roulant ou autre alimentation automatique, vous rêvez, vous… J’avais donc établi un système un peu ergonomique, à base de boîte en carton et de siège autour de la table où se tenait la machine. De plus, il était nécessaire d’affranchir avant de mettre les catalogues car cette machine refusait les plis trop épais. Ensuite venait « l’ensachage », la fermeture des enveloppes, leur « liassage » et leur « portage » jusqu’à la Poste dans mes petits bras musclés… Près de 14 000 feuilles de papier partaient ainsi dans la nature, l’univers entier et ses abords immédiats.
Deux ou trois jours après, le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Mais ceci est une autre histoire, comme disait Rudyard, que je vous conterai dans un article prochain.
J’ai le regret de signaler que le progrès fit rage dans cette librairie au début des années 90. Tout d’abord, l’on passa du format 21 X 27 au format A4. C’était le début de la fin. Après ce fut l’acquisition d’une IBM à boule qui procura une frappe plus régulière et donc un catalogue un peu plus lisible. Puis, ce fut l’abandon de l’offset de bureau et des heures passionnantes passées dans le sous-sol à lire tout en surveillant la machine. Celle-ci partit dans l’antre des éditions Fornax, où il m’est arrivé de croiser sa présence sournoise. Le catalogue contracta un format A5 et la seule chose qui le différencia de ses congénère fut la couverture verte…
La librairie ferma vers 2000, avant le saut fatal vers les ordinateurs de type 286, voire 386 ce qui eût permis d’envisager des catalogues avec des mises en pages sophistiquées. Si cela avait continué, je sens que – la révolution étant en marche – nous aurions été, à l’heure actuelle, à la veille d’acquérir notre premier ordinateur doté de Windows 3.1
Nous l’avons échappé belle !
Je ne peux même pas vous montrer ces catalogues. Bêtement, je n’en ai pas gardé un seul ! J’en ai une belle quantité, mais point ceux-là.
Alors, à l’occasion, si vous retrouvez des catalogues (21 X 27, de préférence !) de la Librairie Delatte. Ne le jetez pas, siouplaît !
Pensez à moi.
Je suis un nostalgique.
*
Le lecteur attentif s’en souviendra, je l’avais lâchement abandonné au terme de l’impression d’un catalogue d’éditions originales. L’opération durait plusieurs jours et occupait une grande partie du temps de travail qui, d’ordinaire, était dévolue à la vente, au catalogage, à la réception des ouvrages neufs ou d’occasion (cette librairie s’occupait des deux) et toutes ces sortes de choses.
Les brochures une fois constituées, triées, expédiées, il ne restait plus que l’attente de la réception du catalogue par nos clients – temps de latence qui ressemblait fort à une veillée d’armes au cours de laquelle nous nous employions à préparer la logistique : carton ondulé, feuilles de kraft, ficelle pour les paquets, ultime recouvrement des ouvrages du catalogue avec du papier cristal pour ceux qui auraient échappé à notre vigilance, ou dont la couverture précédente, à nos yeux, avait soudainement par trop jauni.
La durée de notre attente était relativement brève, malgré le fait que nous faisions l’expédition des enveloppes du catalogue au tarif « lent » qui existait encore, à cette époque où la Poste était un service public non soumis aux lois du marché mais plutôt une sorte de modus vivendi entre le délai sourcilleux et le festina lente, le tout régi, vraisemblablement, par un Olympe poussiéreux habité par les dieux Afnor et Cerfa. (Olympe, vraiment ? Plutôt le Walhalla, vu les noms).
Mais cette attente quelque peu affairée était le prélude à un déferlement à côté duquel la Horde d’Or n’était qu’un aimable rassemblement d’adeptes du camping municipal.
En effet, les barbares allaient frapper à notre porte.
Ainsi, le matin du jour J, nous guettions le téléphone et lancions des augures sur celui qui appellerait le premier ou sur le livre qui partirait en premier.
Le catalogue commençait toujours lentement - un ou deux coups de fil, priant de mettre de côté telle originale de Gide, de Maurois, de Mauriac ou, fantaisie inouïe, un beau papier de Martin Du Gard, pas Roger, Maurice, le cousin, l’autre. Ensuite venait le « trou » traditionnel, césure qui indiquait que le service postal du matin était passé, certes, mais qu’il n’avait pas touché ceux qui étaient partis travailler. Car, loin de l’image du rentier, le bibliophile a un emploi dûment rémunéré, ce qui lui assure entre autres la provende de son vice… Les livres réservés rejoignaient une table où devaient s’aligner les piles. Chaque réservation comportait un bout de papier avec le nom du client et la date de réservation. La Haute Autorité de la librairie était sourcilleuse là-dessus : les réservations n’excédaient pas 48 h ! Cette disposition était appliquée avec rigueur et je dirais même avec véhémence. On ne délivrait d’indulgence que pour des raisons impérieuses. On ne plaisantait pas avec les réservations, ah mais !
Arrivait l’heure du déjeuner où les premières salves sérieuses étaient lancées. A pleines bordées, on recevait des mitrailles de commandes : un, dix, quinze livres sortaient du rayon – large de 3,50 m sur 2,50 m de hauteur – pour rejoindre la table des réservations. Arrivaient fugacement quelques drames, pas les plus importants, un Gide déjà retenu, par exemple. Rien n’était encore perdu, on escomptait sur le désintérêt du client ou sur son retard, ce qui reporterait la réservation sur l’autre client. Tout y était encore mousse et pampre, les manifestations de déception ne dépassaient pas les bornes, car l’on était porté par l’espoir.
La fin de l’après-midi voyait les premiers clients arriver ; il sera utile par la suite que l’on revienne sur la typologie du bibliophile. Mais à tout le moins, déjà, on pourrait déceler le Déterminé qui après un bref examen du livre emportait son butin dans une certaine économie de geste et de parole, le Dubitatif qui, après quelques affèteries et manières, ne prendrait qu’une partie de la réservation. Miracle : l’un de ces derniers a laissé le Gide convoité par un autre. Nous téléphonons et sommes immédiatement parés de toutes les vertus. Le soir tombe sur la librairie Delatte, sise au 15, rue Gustave Courbet à Paris, dans le XVIe arrondissement, et sur son catalogue. Demain, les journées dures commenceront.
Et les emmerdeurs, les atrabilaires et les goujats, me diriez-vous ?
Y’en avait aussi.
Et ceci, comme la suite, sera de la même histoire.
*
Ainsi donc, la Terre tourne autour du Soleil comme les jolies filles tournent la tête des hommes. Tout ce beau monde tourne sur son axe. Cela donne la nuit et le jour, et la tiédeur du matin, au fond du lit. Après avoir dormi et goûté à quelques félicités, le libraire retourne à son labeur. Et ce jour n’est point comme les autres. C’est la deuxième journée du Catalogue !
Cette librairie – comme bien d’autres – ouvrait à dix heures du matin. Ces jours-là, pas question de ménage ou de réception de livres. Le téléphone sonnait déjà avant l’ouverture, avant notre arrivée. Il me semble encore que le téléphone devait sonner depuis huit heures du matin. Sonnerie vibrionnante, impérieuse qui commandait comme lorsque l’on sonnait jadis un domestique. Et il fallait bien répondre. Nous étions là pour cela.
J’étais désigné volontaire.
Je décrochais donc.
« — Bonjour, Librairie De…
— Allo ! Vous avez le numéro… mais pourquoi vous ne mettez pas de numéro à votre catalogue, hein ? Ah la la. Attendez, hein ? C’est page… - bruit de feuillets tournés fébrilement – voilà : page 5, c’est le Gide.
— Je regrette, Monsieur, mais le livre est parti, déjà.
— Comment, parti ? Mais je suis le premier à vous téléphoner, ça fait plus de trois quart d’heure que je suis en ligne. Vous faites des passe-droits, j’en suis sûr.
— Mais non, Monsieur, seulement des personnes ont dû recevoir le catalogue avant vous, hier, et le Gide a été vendu, voilà tout. D’ailleurs vous n’étiez pas le seul à le… »
Le bruit de la tonalité m’a rendu muet. Le client m’a raccroché au nez. Personne fort sympathique au demeurant lorsqu’elle passe hors des périodes du Catalogue… J’ai tout de même noté sa demande. On ne sait jamais. Il va falloir que je raccroche. Auparavant, je range soigneusement le papier contenant la commande du Gide dans un dossier. Je prépare une autre feuille. Je raccroche. Et cela sonne immédiatement.
Là, il s’agit de l’amateur de littérature – uniquement des originales impeccables – des années 50 & 60. Plutôt des Editions de Minuit. Homme sérieux. Je note : un Robbe-Grillet, les deux Beckett (nous avions mis ces livres dans le catalogue avec une nette arrière-pensée à son égard, bien qu’il les boudât lorsque nous les lui avions proposés directement !). Et puis… il serait très intéressé par le Gide que nous proposons, vous savez le… Je lui dis de ne pas quitter et je cours devant le rayonnage, en extrais les ouvrages et les rapporte à côté du téléphone.
« — Ils sont en bon état ?
— Oh oui, comme nous l’indiquions, non coupés, extrêmement frais !
— Et le Gide ?
— Je regrette… » — etc.
Il passe demain dans l’après-midi. Le lendemain est un samedi. Nous préméditions l’envoi des catalogues afin que la plupart des clients puissent accéder à la librairie, fort éloignée des contrées civilisées, puisque nous sommes dans le XVIe arrondissement de Paris... le bout du monde !
Le téléphone va sonner sans discontinuer pendant toute la journée. Les clients de province entrent dans la danse. Là, il faut donner le total des ouvrages, estimer le poids, indiquer le prix du port recommandé. Le paquet sera expédié après réception du chèque.
Effet subtil et à la fois radical des 35h : la ruée vers la librairie commence en début d’après-midi de ce vendredi…
Ah ! Voici mon amateur d’Aragon. Homme à la retraite confortable, notre bibliophile se rend acquéreur également de quelques originales récentes, quelques fois, fraîchement sorties des presses. Généralement des « Collection Blanche » de chez Gallimard – tirage sur Hollande, bien évidemment. Invariablement revêtu d’un imperméable mastic pas très frais, notre homme trimballe avec lui une sacoche noire comme mon prof en troisième en avait. Il faudra emballer trrrrès soigneusement son acquisition dans du papier kraft. Il surveillera l’opération avec un regard quelque peu suspicieux à mon égard, me recalera éventuellement si je ne le fais point dans les règles, ce qui est déjà arrivé. Ensuite, il mettra son bien dans la sacoche, simple transit vers l’armoire métallique. Éventuellement, il nous prendra le tirage ordinaire pour le lire. Il va pour prendre congé… hésite. Heum, s’il pouvait voir le Gide…
A peine ce client sorti, v’là le prof d’université, qui entre. Sale type. M’a déjà menacé un jour parce que, par ordre de ma Bien Aimée Direction, l’on interdisait l’accès du rayon du catalogue – qui se situait dans l’arrière-boutique – à quiconque. Me l’a joué menaçant. J’avais une certaine patience avec les désagréables. Toujours était-il que je passais la main pour celui-là, à défaut de la consacrer à un autre exercice…
Ainsi, je réponds à la question posée en première partie : oui, il y avait des pignoufs et un ou deux individus que mes pauvres ressources lexicales m’obligent à appeler des connards.
Ils étaient rares et suffisamment dilués. L’exemple ci-dessus était le plus outré, cador à talonnettes, fort avec les faibles, sirupeux avec qui pouvait lui apporter un avantage comme les libraires – et non la valetaille qui pouvait travailler avec ceux-là.
Il faut de tout pour faire un monde. Et le microcosme des clients du catalogue n’échappait pas à cette sentence prudhommesque.
Hélas.
Le soir est tombé, la librairie ferme une demi-heure plus tard, parce qu’un client ne pourra pas passer le lendemain. On l’aime bien, on reste un peu.
Demain, c’est samedi…
*
L’homme se nourrit de pain et d’eau et erre longuement dans les ténèbres de l’amour. Il ne lui reste que la sourde insatisfaction des livres qu’il a déjà lus et la mince idée que ces dits livres pourraient lui survivre. C’est pour cela qu’il aime les éditions sur beau papier et qu’il a existé des catalogues pour les vendre.
Et c’est ainsi que les samedis du Catalogue existèrent : acmé du bibliophile, marathon du libraire.
Ce jour là, l’ouverture est symphonique. Clients et téléphone vous interpellent, vous hèlent et se lamentent. Cinq ou six amateurs piaffent à l’entrée, catalogue à la main, annoté dans tous les sens. Certains viennent retirer des ouvrages déjà réservés au téléphone, d’autres avec une liste et une infime partie n’a rien sinon qu’une idée fixe.
Au premier de ces messieurs (sur 300 personnes à recevoir le catalogue, il ne devait y avoir qu’une dizaine de femmes) : déclinaison du nom, course à la réserve, pile réservée, rapportée et posée sur la table qui occupe le centre de la librairie. On l’abandonne aussitôt pour le suivant : même chose, pile plus importante. Celui-là en délaissera plus de la moitié. Il a usé de son droit de réserver les ouvrages. N’avait nulle envie de les acheter. Voulait les voir. On remballe ce qu’il n’a pas pris et on recherche dans les demandes non assouvies ce qui pourrait bien correspondre. On insère les livres dans les piles déjà réservées, bonne surprise pour le client, ou l’on met de côté momentanément, dans l’attente d’un moment clément ou l’on pourra enfin utiliser le téléphone. Le premier client vous interpelle : « Et le Gide, alors ? ». Vendu, trois fois vendu, dix mille fois vendu.
Pfff.
Au suivant. « Ah ben, c’est bien dommage, pour le Gide ». Celui-là est venu avec son catalogue, annoté à chaque page avec quelques signes ésotériques. Il faudra décrypter, car il vous le confie. Charge à vous d’éplucher le dit catalogue pour en retirer les ouvrages. On comprend enfin la logique des signes une fois arrivé à la dernière page. On se rend compte que les références marquées d’une croix n’étaient pas à sortir, sauf si elles étaient entourées d’un cercle. Une dizaine de livres à ranger, du coup. Et pas le temps : le premier amateur vous hèle, il veut soit passer à la caisse ou bien veut voir un autre livre. S’indigne presque que l’on se s’occupe pas exclusivement de lui. Pendant ce temps là, un de ceux qui n’était pas encore servi, un nouveau venu depuis l’ouverture, louche sur le tas d’un autre. Ce dernier interpose un dos méfiant et presque rancuneux entre le curieux et son butin.
Au suivant. Un hotu, un monosyllabique. Ne vous confiera pas son catalogue. Ne vous donnera sa commande que titre par titre. Après avoir examiné le bouquin, vous renverra à la réserve du catalogue chercher l’ouvrage suivant. Et les clients qui s’accumulent.
Au suivant. Un libraire - Tiens, les voilà ! Celui-ci, jeune type, sympa, grand amateur d’ouvrages du XIXe siècle, confectionne des catalogues qui sont des petits chefs-d’œuvre d’érudition et d’humour. Oui ? On l’a encore… Çui-là aussi. Le Gide ? Non. On se confie, on fait part de son étonnement. Y’a-t-il une raison pour que l’on demande plus spécialement ce titre ? Parce que Gide, hein, actuellement… L’interrogé ne sait pas. Vous le dirait certainement, mais… Voulait le voir, comme ça, en passant. Règle avec les 10% de remise confraternelle. Remet son casque et repart sur sa rutilante moto.
Suivant. Ah ! Le prof de Janson... Plutôt éclectique. Pas le temps de converser comme nous le faisons habituellement et avec grand plaisir pour ma part, lors de ses visites régulières.
Suivant. Gros client de la librairie. Avocat féru de littérature, a déjà rédigé plusieurs ouvrages autour de ses préoccupations, si je puis dire. Il va rester longuement. L’un des rares à ne pas demander le Gide. Il l’a. Règle. Son chauffeur prendra les ouvrages plus tard.
Suivant…
Suivant…
Et encore, et encore : particuliers, libraires, bibliothèques, de tous poils et de différentes humeurs, polis, affables ou revêches. Cette journée va voir défiler toute une galerie de personnages, défilé qui se renouvela trois fois par an pendant plus de treize ans passés à la librairie.
Nous avons vieilli ensemble, vu les goûts évoluer, vu certains amateurs rentrer dans une discrète dèche, d’autres disparaître, vu des jeunes cadors qui voulaient nous apprendre des choses, en avoir appris beaucoup, avoir contredit aussi, un peu. Vu des drames en direct, des exemplaires convoités, ratés de peu, et la désolation, la détresse et parfois la colère.
Nous avons entendu le mot « merde » plusieurs fois au téléphone, et des compliments.
Avec le recul, j’ai une affection toute particulière pour une espèce qui fréquentait la librairie Delatte, les jours de catalogue : les acheteurs de petite bibliophilie, les éditions originales sur papier d’édition ou alors d’auteur tombés en disgrâce à un moment donné : Han Ryner, France, Istrati, etc. C’était une règle de la maison : le catalogue était également constitué de petites choses, destinées aux impécunieux, aux jeunes loups dont les crocs n’avaient pas encore poussé ou bien aux vieux lions qui dormaient à côté de leurs dents.
Il reste désormais cette sorte de saveur amère que provoquent les souvenirs, celle d’une époque révolue, dans un lieu précis, intense.
Et cette question lancinante : qu’est-ce qu’il avait de si spécial, ce Gide ?

lundi 27 avril 2015

Interlude


La fabrication d'un livre en typo
éditions Æncrages & Co, 2008

Acidité du papier

L'acidité est le plus grave et le plus vaste problème concernant la pérennité du livre. Ce phénomène provoque la dégradation du papier qui devient cassant, s’émiette, se transforme en poussière dès que vous ouvrez le livre. Le problème touche, semble-t-il, près de trois millions d’ouvrages conservés à la Bibliothèque Nationale. On peut penser que la majorité des bibliothèques conservant un fonds un peu ancien est également touchée par le problème puisque l’acidité atteint tous les ouvrages publiés entre la moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 80.
Au cours de l’année 1840, une pénurie de papier sévit en France. La production traditionnelle à base de chiffon ou de lin ne pouvait plus faire face à l’essor spectaculaire de la presse et de l’édition. A cette véritable révolution éditoriale il fallut répondre par des techniques de production alternatives. Les industriels proposèrent en 1844 un procédé de production du papier à partir de bois de résineux, le liant étant opéré par un mélange de colophane et de sulfate d’aluminium en milieu acide. Or ce procédé engendre avec le temps des acides qui hydrolysent la cellulose. Cette destruction lente est inégale selon les éditeurs, les ouvrages ou même parfois à l’intérieur d’un tirage. Aucun procédé de conservation simple et bon marché n’est satisfaisant. La plupart des ouvrages que nous lisons encore maintenant dureront moins qu’un ouvrage publié au XVIIe ou au XVIIIe siècle. Il vous suffit, pour vous en convaincre, d’ouvrir l’un de ceux-là et de le comparer à un titre sur bouffant d’édition publié ne serait-ce qu’il y a une trentaine d’années.
De même, on ne s’étonnera pas de voir certains ouvrages du Mercure de France de la période symboliste s’émietter en une sorte de neige brune lorsqu’on en entrouvre les pages.
Le seul recours à cette destruction est un procédé par autoclave qui libère les acides, qu’utilise la Bibliothèque Nationale. Mais ces systèmes sont longs et ne permettront de ne sauver que les parties les plus précieuses des collections. Des choix devront être faits. L’autre solution est la numérisation des textes. Les curieux et les amateurs se reporteront avec bonheur au site de la Bibliothèque Nationale et sa bibliothèque numérisée GALLICA. Cette solution est destructrice, elle impose un démembrement des ouvrages ou, à tout le moins une cassure des dos. Elle implique – et ce sera certainement le sujet d’un autre article – que le choix du format électronique soit lui-même pérenne. Pour notre part, nous avons du mal à penser que les formats en vigueur soient définitifs et craignons plutôt que les normes de numérisation ne deviennent rapidement obsolètes…
En réalité, bien que les éditeurs et les imprimeurs n’y eurent pas songé en apparence, une technique de conservation du papier était déjà à l’œuvre bien avant 1844. Il s’agissait tout simplement de la manie de décliner les éditions en tirages de luxe. Ainsi, la plupart des beaux papiers utilisés provenaient — même encore maintenant — de productions semi-artisanales excluant la pulpe de bois : Hollande, Japon, Vergé, Pur Fil, Chine, etc. ont gardé leur fraîcheur tandis que les tirages ordinaires brunissent et s’effacent sous leur encre.
La bibliophilie est un facteur de conservation des livres, mais nous savions déjà que ce n’était pas qu’une activité de dangereux maniaques.
A l’heure, actuelle, on a de plus en plus recours à des papiers qui excluent la pulpe de bois. Ces normes internationales sont de plus en plus adoptées par les éditeurs. L’exemple le plus célèbre en France est l’édition courante de Harry Potter. J’ai assisté, lors d’un voyage en Finlande, à la fabrication de ce type de papier.
Il est désormais temps de retrousser nos manches et de faire des réimpressions de nos éditions préférées. Elles pourront être lues alors que nous-mêmes aurons été mordus définitivement par l’acidité du temps.

Cet articulet n'aurait pu être rédigé sans la lecture enrichissante de l'article de Bertrand Lavédrine : "Comment sauver les livres ?", publié dans le numéro 323 de la revue Pour La Science (septembre 2004). On trouvera également un long développement sur les normes du papier permanent ici.



Publié en octobre 2008 sur le blog Feuilles d'automne, ce billet fit l'objet d'un commentaire d'Otto Naumme :

Quelques remarques sur la numérisation :
— il y a belle lurette qu'on sait numériser un livre sans lui casser le dos ; j'imagine que ce sont les méthodes utilisées par la BN, que je ne vois pas massacrer sciemment des ouvrages précieux. Faut dire que ce sont pas les mêmes scanners que ceux dont on dispose à la maison. C'est plus lent, mais ça casse rien.
— en ce qui concerne les formats numériques : oui, ça évoluera dans le temps, on passera des actuels Jpg ou Pdf à quelque chose d'autre. Mais le transfert d'un format numérique à un autre n'est pas bien compliqué, il s'agit juste de convertir. Ça peut prendre du temps, c'est tout.
Pour le reste, si j'avais su dans mes jeunes années que le papier était acide, j'aurai léché les pages ! Coooooool, man...

Auquel je répondis :

Vos remarques sont très justes, et je crains de m'être un peu trop avancé pour ce qui concerne la numérisation, d'autant que j'avais vu déjà de tels appareils fonctionner.
Pour les formats, certes, une conversion est toujours envisageable, bien que cela consiste à passer le plus souvent d'un format "propriétaire" à un autre. Je me demande s'il ne serait pas préférable d'opter pour une norme et un format libres pour la conservations des données du patrimoine publique.
Par ailleurs, se pose également la question de la pérennité des supports matériels de l'information.
Enfin, cher Otto, je vous avoue mes lacunes en matière de buvards...

lundi 16 mars 2015

Je ne vend(ai)s pas de livres anciens

Le Tenancier n'est plus libraire. Fini, a plus ! N'empêche il ne l'a pas été pendant 35 ans pour rien. Donc il a encore raison de remettre ce billet qui fut publié sur le blogue Feuilles d'automne en juin 2012...

— « Bon, on s'résume : vous vendez des livres anciens ?
— Euh... non.
— Vous vendez des livres neufs alors ?
— Non plus. Je vends des livres modernes.»
A ce stade, certains interlocuteurs ont déjà décroché. Pour la plupart, le livre ancien est une chose qui n'est plus disponible.
Un point, c'est tout.
Mais, ce genre de généralisation finit toujours par froisser quelqu'un, parce que vraiment pas conforme à la réalité du commerce de livres en France. Comme nous sommes emplis de cette longanimité qui fait les grands buveurs ou les grands mystiques, nous allons vous débroussailler un peu tout cela. Notons, pour les puristes, que nous allons travailler à la hache, instrument qui résoud les conflits dynastiques en Angleterre, les déviances trotskistes au Mexique et fait très bonne figure dans Shining. On le voit, c'est un outil dialectique puissant mais guère nuancé.
Charge, donc, à ces puristes de finir aux ciseaux de couture ce que nous aurons déjà essarté.
Qu'est-ce qu'un livre ancien ?
Eh bien, c'est un livre qui présente quelques singularités, dont la principale est d'avoir été imprimé avant la Révolution, ce qui représente tout de même une période extrêmement longue. Pour autant, on ne peut confondre les premiers livres imprimés (dénommés "incunables" pour tout ce qui précède 1500) et les oeuvres du Marquis de Saint Evremond publiées en 1714 à Londres, par exemple : différence de formats, de techniques et de contenus, bien évidemment. Et donc, différence de valeur. Le commerce de livres anciens ne s'improvise pas. Il faut une solide culture classique, la maîtrise du latin est la bienvenue. On travaille assez souvent sur des pièces plutôt exceptionnelles. La raison en incombe au temps qui décime les rangs des tirages, à ces mêmes tirages assez réduits (à raison de l'alphabétisation des époques concernées, et des techniques d’impression). Même dans le livre ancien, il existe des spécialités bien déterminées, liées aux périodes : incunables et un peu après, ouvrages du XVIIe et XVIIIe, ouvrages scientifiques (pensons à l'Encyclopédie, à Buffon, à Linné, etc., ouvrages souvent superbement illustrés, du reste !), ouvrages reliés "aux armes", etc.
Précisons brièvement que ces armes constituent en quelque sorte le blason que le propriétaire fait apposer sur ses ouvrages. A défaut de connaissances approfondies, le libraire concerné se devra de posséder nombre d'ouvrages d'héraldique pour identifier tel ou tel ouvrage. Du reste, certains de ces ouvrages ont un pedigree, une "traçabilité", pour parler comme les cadres de l'agroalimentaire, qui permet de retracer leur pérégrination de propriétaire en propriétaire. Souvent, devenus précieux - encore plus précieux qu'ils ne le furent à l'origine pour quelques-uns - ils ont figuré dans les inventaires d'héritages, de dispersions, dans les catalogues de vente. On devine donc le caractère chaque fois exceptionnel de ce type d'ouvrage et l’on comprend qu'il fasse l'objet de la plus grande attention des bibliophiles concernés, la valeur ajoutée étant dans ces cas précis le fait que ces ouvrages furent en possession de personnes connues, voire célèbres.
Il est tout de même encore possible d'accéder à des livres anciens à des prix raisonnables, à ces petits in-16° modestes et cependant curieux et attachants. L'état de ces livres, hélas, n'est pas souvent de la première fraîcheur. Il reste cette sensation du toucher du papier ancien, de la façon dont le livre même s'ouvre sous nos yeux, et le texte, cela va de soi !
La période révolutionnaire va bouleverser l’ancien monde et aussi apporter quelques changements au livre. On assiste aux premières tentatives d'impression à bon marché et en quantité avec des techniques telles que la stéréotypie. Les reliures vont changer d'aspect, les ornements et l'architecture des reliures va évoluer. Peut-on parler encore de livres anciens ? Pré-modernes ? « Anté-romantiques »? Voici une question à laquelle j'aimerais avoir un éclaircissement satisfaisant. Si quelqu'un parmi vous... Bien sûr, je répercuterai la réponse !
Pour brève que fut cette période intermédiaire, elle va être une période de mutations intenses : quelques dynasties de libraires (en ce temps-là, la notion d'éditeur n'existe pas vraiment, c'est le libraire qui se charge de la publication des livres) vont développer une véritable politique de production, telle la dynastie des Lebel pour des ouvrages religieux, par exemple.
En matière de livre, tout est pratiquement en place pour une révolution industrielle : essor de l'alphabétisation, mobilisation de capitaux importants pour des entreprises de presse ou d'édition et enfin la capacité technique sous la forme de presses à vapeur (Koenig et Bauer en 1813)
Ainsi, cet essor technique qui allait favoriser la presse populaire des deux côtés de l'océan (Greeley et Gordon Bennett à New York, Girardin à Paris) va provoquer la naissance de plusieurs phénomène éditoriaux :
La naissance du feuilleton dans la presse, bien sûr.
L'individuation (1) de la notion d'auteur - La société des gens de lettres est un paraphénomène de ce changement de statut.
L'apparition de dynasties d'éditeurs : Mame à Tour, Hachette, Firmin Didot à Paris, etc.
On abandonne la reliure en cuir traditionnelle pour l'emploi de cartonnages polychromes illustrés - souvent des récits édifiants pour ce qui concerne les ouvrages de chez Mame.
Cette période du Livre Romantique va également connaître les débuts ou la systématisation de nombreux procédés de reproductions graphiques : gravures sur acier, eaux-fortes, etc., favorisant ainsi la diffusion des images.
Arrive enfin le livre moderne. Datons sa naissance vers 1848. A ce moment, l'univers éditorial se met en place. Nous voyons la disparition progressive du libraire comme commanditaire d'édition, la notion de droit d'auteur est amplifiée, l'édition devient un métier à part entière. A côté de Didot et Hachette, l'on voit apparaître ou bien se confirmer des noms qui vont perdurer très longtemps : Hetzel, Calmann-Lévy, etc. Le livre se diversifie, l'ouvrage broché - avec une couverture papier - remplace de plus en plus la reliure destinée désormais aux ouvrages de luxe sur les étals de librairies.
Le livre moderne, sa disparité, son abondance, va aussi galvaniser la création littéraire. C'est l'impression en masse à un coût relativement réduit qui va favoriser l'essor de jeunes écoles littéraires et de créations marginales. C'est aussi cette production de masse qui va favoriser l'apparition du "Best Seller", de l'auteur comme "Monstre Sacré" et de son ombre, qu'est "l'Écrivain Maudit". C'est aussi l'essor de la production bibliophilique qui va créer des essais originaux qui perdurent avec quelque éclat de nos jours en matière de création de livres. Cette explosion du livre pourrait être, par analogie, comparée à l'explosion du Cambrien, commentée par Stephen Jay Gould...
Evidemment, dans le Livre Moderne, il n'est pratiquement pas de frein à celui qui voudrait se spécialiser : Histoire, Philosophie, Littérature, Sciences, Belles Lettres, Illustrés, etc.
Ces spécialités feront l'objet d'une autre blogueuse promenade.
On résume :
Livres Anciens : avant la Révolution
Livres Romantiques : Avant 1848
Livres Modernes : Après 1848.
Les amateurs éclairés constateront plusieurs lacunes et imprécisions. N'ayant en aucune manière prétention à tout connaître de son métier (2), le soussigné serait enchanté qu'on lui communique précisions et corrections.
En tout cas, je ne vends pas de livres anciens. Où alors, qu'exceptionnellement.
Vous voilà prévenus.

(1) - Ce terme est utilisé notamment par Sartre à propos de Baudelaire...
(2) - Pour corriger toutes les sottises que j'ai pu proférer, le lecteur qui voudra en savoir plus et qui a du temps devant lui consultera avec bonheur l'Histoire de l'édition française en quatre volumes publiée par Fayard et le Cercle de la Librairie. Il existe d'autres ouvrages plus spécialisés et plus précis encore. On les citera à l'occasion.

jeudi 5 mars 2015

Beaux poches et poches momoches

Il arrive que, lorsque l'on fait l'acquisition d'une bibliothèque, la profusion des ouvrages ne permet pas de discerner correctement des opuscules ou des productions marginales. Il se trouve également que l’œil, habitué à certaines récurrences de formes exerce une sorte de dissonance cognitive vis à vis de formats exotiques, ou en-dehors du brouet ordinaire des imprimés contemporains à large diffusion. Il arrive encore que, tout simplement, l'on arrive point à concevoir qu'un livre d'une collection de poche puisse être soigné au point de devenir un objet bibliophilique.
Certes, la bibliophilie s'exerce dans les recoins des pauquettes (1). Exemple : La Chandelle Verte, de Jarry, est l'édition originale collective de divers articles. Le poche est momoche (s'cusez : je me désaltère d'allitérations) et n'a pas vraiment d'attraits à part sa particularité éditoriale, perceptible seulement par les amateurs de 'Pataphysique, de Jarry et par le libraire qui veut sortir sa science. On le voit, peu de monde, donc, surtout dans la dernière catégorie...
Et on le constate accessoirement : pour la modestie, je ne crains personne.
Mais la bibliophilie, c'est aussi et d'abord l'émotion. C'est le contact charnel avec le livre. Bien sûr, la sensualité du toucher du livre ne saurait se comparer à celle de la soie, quoiqu'il y ait autant de prétextes à l'érotisme dans le livre que dans les étoffes...
Donc...
Il y peu, j'ai fait l'acquisition d'une assez importante quantité de livres : romantiques, post-romantiques, poésie, philosophie, théâtre, etc. Tout ceci fut emballé et stocké et est ressorti au fur et à mesure du catalogage des ouvrages. Opération relativement lente car nombre de ces articles méritent une vérification, un "recollement", pour parler en bibliothécaire. Ainsi, ces ouvrages ne sont véritablement découverts que lors de l'ouverture des cartons. C'est un moment particulièrement plaisant, une chose dont je ne me lasse jamais depuis trente ans que je fais ce métier. Il faut alors regarder de plus près les ouvrages, trier le bon grain (pour le whisky single malt) et la patate à vodka russe. Dans le cas présent, nous sommes dans de jolis lots, promettant quelques ivresses...
Hier, j'ai ouvert un de ces cartons et j'y ai découvert trois ouvrages de poche en langue anglaise publiés récemment. Soudainement, j'ai eu envie de posséder ces livres. Pure coincidence, au premier abord, que les auteurs soient intéressants. Ce qui m'a impressionné, c'était le soin apporté à l'élaboration des couvertures : papier à grain, ni ciré, ni pelliculé, gaufré pour faire ressortir le décor ou les éléments typographiques (2).


Ainsi, le triple et le double filet qui encadrent le titre du Hazlitt sont légèrement creusés, chaque lettre bénéficie du même traitement. Là ou l'édition commune et sans imagination nous collerait une énième reproduction d'une toile, les maquettistes ont choisi la sobriété d'une présentation typographique que je trouve pour ma part extrêmement harmonieuse et évocatrice !


Et que dire du Ruskin, dont les entrelacs de ce rouge si caractéristique constituent un rappel efficace de la période Préraphaëlite, de ces revues comme The Yellow Book où l'on découvrait les dessins de Beardsley.


Si le Thorstein Veblen semble un peu en décalage avec sa couverture, il demeure tout de même attrayant. Le manque d'appréciation en incombe à ma méconnaissance de cet auteur.
Le papier intérieur est correct, l'impression est "Set in Monotype Dante"- typographie agréable pour des essais un peu anciens, bien que ces caractères ne furent crées qu'en 1950.
Et tout ceci, Messieurs-Dames, se trouve dans une collection de poche, oui oui ! En somme "l'émotion bibliophilique" peut également se ressentir sur ce type d'ouvrage, parce que l'on ne trouve qu'exceptionnellement ce genre de soin apporté à une production importante. Certes, la collection Penguin Books — Great Ideas ne doit pas être une collection de best sellers. Il n'en demeure pas moins qu'un éditeur de grande diffusion a choisi un classicisme paradoxalement audacieux car en désaccord avec la vulgate qui est apparemment en vigueur dans les sections marketing et "artistiques" de nombre d'éditeurs de livres de poche.
Il est des courages payants.
Celui de faire des beaux livres - même en poche - en fait partie.


(1) - A ne pas confondre avec les "Poquettes volantes" qui est une collection de l'éditeur Daily Bull.
(2) - On excusera d'ailleurs l'aspect tremblé de la couverture de l'ouvrage de Hazlitt, le scanner a également enregistré ce gaufrage. Le photographe n'avait donc pas picolé pour cette fois.


Billet originellement paru en septembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne.

Dos, tranches et plats

Votre Tenancier a de nouveau été confronté à une erreur courante chez nombre de personnes, confusion qui touche également quelques professionnels du livre — enfin presque exclusivement dans le secteur du livre neuf pour être plus précis. Le sujet avait déjà été évoqué il y a des années dans les colonnes de notre blog précédent. Ainsi, pour une description, il est parfois important de se repérer et avoir un langage commun. Or, il est encore courant d’entendre parler d’un dos alors qu’il s’agit d’un 2e plat de couverture, d’une tranche au lieu d’un dos, etc. Tant il est vrai qu’une erreur de ce genre n’empêchera jamais quiconque de prendre plaisir à la lecture d’un livre en papier, il est toutefois fâcheux que cela soit transmis en toute bonne conscience. Voici donc une illustration qui permettra, on l’espère, de se repérer. C’est volontairement, que l’on se limite à trois notions. Le curieux qui voudrait aller plus avant n’a désormais que l’embarras du choix pour trouver un glossaire des termes techniques du livre…
On a pris comme modèle le Dictionnaire d’argot de Lorédan Larchey, dont vous êtes coutumiers ici… 




La logique opère au moins pour une des appellations, à savoir la tranche. Tout le monde a au moins lu une fois l’expression « tranche dorée » ou « dorée sur tranche ». On conviendra qu’un tel ouvrage serait assez kitsch dans une bibliothèque si sa partie visible ressemblait à la déco d’un oligarque pétrolier. En réalité la tranche est la partie que l’on massicote pour égaliser les pages. On les tranche, d’où le mot, et on les recouvre parfois, en bibliophilie, d’une couche dorée ou d’une décoration jaspée ou granitée afin de préserver les pages de la poussière. En général, la dorure s’applique sur la tranche supérieur (de tête) mais rien n’interdit qu’elle s’étende au deux autres car, oui, il y a trois tranches dans un livre. Si la tranche n’est pas ce que l’on croit, le dos n’est pas ce que l’on appelle aussi la « 4e de couverture » — appellation vraisemblablement héritée de la presse — ou 2e plat de couverture. Le dos est donc la partie visible du livre une fois serré dans un rayonnage. Donc le dos ne comporte ni résumé, ni biographie succincte de l’auteur. Tout au plus y trouvera-t-on les informations essentielles que sont le titre, le nom de l’auteur et l’éditeur. Dans les reliures, on y trouvera à la place une petite vignette assez souvent en cuir appelée pièce de titre, comme sur cette illustration.
On pourrait éventuellement penser que ces informations sont inutiles pour celui qui ne s’intéresse qu’au texte. On donnerait éventuellement raison à ces personnes si nous ne nous souvenions pas que par le passé et même encore à l’heure actuelle la forme et la composition d’un livre peu conditionner son contenu. Que le néophyte ou le désinvolte suspende son indifférence et jette un coup d’œil dans certains catalogues, il verra que l’enchantement d’un livre se prolonge parfois dans sa matérialité…

lundi 3 novembre 2014

Les mains dans le cambouis (ou presque)

ArD a attiré notre attention sur cette émission animée par Charles Dantzig sur France Culture et qui donne la parole au patron de l'imprimerie Floch sur son métier et les techniques d'impression contemporaine pour les gros tirages dont sa maison est spécialiste.



Le Tenancier remercie Ard de lui avoir signalé cette émission tout en regrettant que celle-ci se fasse rare par ici...