samedi 29 novembre 2014

Cadran

Cadran
Sexe de la femme. (Théâtre italien.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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vendredi 28 novembre 2014

Privations

Ils se rendirent tous les trois à l’atelier de MM. Mittchell, où l’une de ces balances dites romaines avait été préparée. Il fallait effectivement que le docteur connût le poids de ses compagnons pour établir l’équilibre de son aérostat. Il fit donc monter Dick sur la plate-forme de la balance ; celui-ci, sans faire de résistance, disait à mi-voix :
« C’est bon ! c’est bon ! cela n’engage à rien.
— Cent cinquante-trois livres, dit le docteur, en inscrivant ce nombre sur son carnet.
— Suis-je trop lourd ?
— Mais non monsieur Kennedy, répliqua Joe ; d’ailleurs, je suis léger, cela fera compensation. »
Et ce disant, Joe prit avec enthousiasme la place du chasseur ; il faillit même renverser la balance dans son emportement ; il se posa dans l’attitude du Wellington qui singe Achille à l’entrée d’Hyde-Park, et ce fut magnifique, même sans bouclier.
« Cent vingt livres, inscrivit le docteur
— Eh ! eh ! » fit Joe avec un sourire de satisfaction. Pourquoi souriait-il ? Il n’eût jamais pu le dire.
« A mon tour », dit Fergusson, et il inscrivit cent trente-cinq livres pour son propre compte.
« A nous trois, dit-il, nous ne pesons pas plus de quatre cent livres.
— Mais, mon maître, reprit Joe, si cela était nécessaire pour votre expérience, je pourrais bien me faire maigrir d’une vingtaine de livres en ne mangeant pas.
— C’est inutile, mon garçon, répondit le docteur ; tu peux manger à ton aise, et voilà une demi-couronne pour te lester à ta fantaisie. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VI
(Sommaire)

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

Bagasse

Bagasse
Femme de mauvaise vie. — On n'entend que ces mots : chienne, louve, bagasse ! (Molière, L'Étourdi)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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mercredi 26 novembre 2014

Chasseur de trous

Orientation professionnelle. Exemple d’un sujet type présenté par la Compagnie périphérique d’enseignement E-Z.
SUJET : Je ne sais pas lire.
ORIENTATEUR : Cela ne fait rien. Je te répondrai oralement à partir de maintenant. Tu n’as qu’à ignorer ces mots sur l’écran. D’accord ?
s : Heu… d’accord. Comment que j’peux, heu… j’veux dire, heu… Comment qu’on fait pour être chasseur de trous ?
o : Un chasseur de trous, hein ? C’est l’une des ambitions les plus fréquentes. C’est romantique n’est-ce pas ? Tu es ton propre patron. Tu as un vaisseau à toi tout seul et tu peux devenir riche. c’est cela qui t’attire dans la chasse aux trous ?
s : Ouais, j’pense.
o : Nous n’encourageons pas les jeunes à devenir chasseurs de trous. Cela pose des tas de problèmes, par exemple : sais-tu combien peut coûter un de ces vaisseaux ?
s : Pas mal, j’imagine.
o : Ouah, tu l’as dit ! Tu dois d’abord économiser pour acheter le vaisseau. L’équiper pour un voyage coûte encore plus cher. Et c’est dangereux. Et qu’est-ce qui se passe ? des fois que tu ne le saurais pas, tu es là dans ton vaisseau tant que les moteurs tiennent le coup. Tu es là, tu es assis et tu regardes ton détecteur de masse. Tu peux attendre comme cela quinze ans sans rien découvrir. Alors tu arrêtes et tu rentres bredouille. Trois voyages sur quatre ne donnent rien. Et tu seras fauché comme les blés à ton retour. Ton premier voyage sera le dernier. Si tu en reviens…
s : Qu’est-ce que vous voulez dire ?
o : C’est dangereux ! Si tu découvres un trou, tu dois ralentir bien avant pour essayer de le localiser et de repérer sa trajectoire. Tu peux aussi rentrer en plein dedans. Mais si tout se passe bien, tu dois revenir le chercher avec un remorqueur électromagnétique.
Il y a plein de types qui n’attendent que cela sur Pluton. Ils te suivront. Tu peux te retrouver à une demi-année lumière du soleil. Qui va appeler la police ? Il faudra que tu te battes.
s : Je peux me défendre comme tout le monde. C’que j’veux savoir c’est si j’dois apprendre à lire ?
o : Je ne vois pas pourquoi. A quoi sert ton ordinateur ?
 
John Varley : Le Canal ophite — 1977
(Trad. Rémi Lobry) 

Abandonnée

Abandonnée
Femme débauchée. — Je ne veux point brûler pour une abandonnée. (Molière, L'Étourdi.) — C'est une infâme qui va courir le pays avec eux, et qu'ils ne sauraient regarder que comme une abandonnée. (Boileau, Joconde.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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L'Empereur et le critique

 
— « Désirez-vous, Sire, que quelques nouveautés soient critiquées pour vous ? » demanda le Doyen.
— « Certainement, mon ami » répondit fort courtoisement l’Empereur, et faites donc ouvrir ces fenêtres car il fait fort chaud.
Le critique de METAL HURLANT s’avança alors. Il avait avec lui un pile de livres d’où il extrayait des petites fiches griffonnées en tous sens. Et le critique commença à lire :
 
[…]
 
L’Empereur se tourna vers le Doyen.
— « Est-ce tout, votre excellence ? »
— « C’est tout, Sire ».
— « Parfait. Eh bien, Messieurs les Auteurs, puisque c’est vous les nègres, je vous souhaite de continuer… ».
Puis l’Empereur se leva. Il était content. Deux très beaux mots dans la même journée. Cela ne lui arrivait pas si souvent.
 
Stan Barets (in : Métal Hurlant n°23 — Novembre 1977)

Vignette

Vignette, s. f. Visage.
Piger la vignette, Regarder. V. Piger

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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mardi 25 novembre 2014

Interlude

Où le Tenancier se montre martial, mais seulement vers la fin

— «  Alors, Tenancier, ça baigne ?
— Z’êtes bien familier.
— Depuis le temps que je vous interpelle…
— Ça fait trois fois, si je ne me trompe. C’est vrai qu’à ce stade-là, c’est plus de l’intimité. Bientôt, va falloir que je vous cède un bout de mon plumard ou de ma gamelle, non ?
— C’est pas possible, ça, toujours de mauvaise humeur !
— J’aime pas qu’on me dérange. Est-ce que je viens, moi, vous emmerder dans les recoins ? Comme je vais encore avoir droit à des questions, allez-y tout de suite.
— Pas de question cruciale, non… je voulais seulement savoir si vous étiez au courant de ce qui s’est passé à Toulouse.
— Non, et ?
— Je vous résume alors : un dessinateur a entrepris de créer un blog où il avait rassemblé les histoires de harcèlement ordinaire dont les femmes étaient victimes. Tous les harceleurs étaient uniformément représentés sous la forme de crocodiles, d’où le nom, d’ailleurs : Projet Crocodiles. C’est souvent bien observé, et un éditeur a décidé d’ailleurs d’en publier quelques planches en album.
— Je connais, je suis allé sur ce blog.
— Une expo a été prévue à Toulouse, donc. D’après ce que j’ai compris, les dessins devaient être exposées dans la ville. La municipalité a décidé que ça ne se ferait pas étant donné la « violence » de certaines planches.
— Ah ouais ? Sont forts, ces Toulousains…
— N’est-ce pas ?
— On pourrait même se poser une question.
— Laquelle ?
— Tous les Toulousains sont-ils des crocodiles ?
— Certainement pas. Enfin, j'espère que non...
— C’est marrant, tout de même, comme l’ordre moral revient au galop. Moi, je m’attendais à une condamnation quelconque pour obscénité pour un livre ou un spectacle, mais j’avais compté sans le côté faux-derche de nos censeurs : l’alibi d’une violence supposée, alors que pas un édile n’a dû se poser la question de l’obscénité de la représentation de la violence, celle dont les images sont nettement plus explicites et qui courent les rues et les médias. De là à se dire qu’ils se sentent concernés directement par le sujet du harcèlement sexuel…
— Oh, doucement, Tenancier, il y a une femme qui est venue expliquer tout ça devant une caméra. Je crois qu’elle fait partie du Conseil municipal. Il y aurait des enfants choqués potentiellement par les planches exposées au public.
— Et alors ? Je ne vois pas pourquoi les femmes ne seraient pas complices. On voit bien des chiens ne jamais ronger leur laisse… Pour les mômes, je rigole doucement, comme s’ils n’étaient pas confrontés à pire. D’ailleurs, s’ils sont assez grand pour comprendre le sens de ces crobards, ils sont assez mûrs pour en saisir les implications. Ce serait toujours ça de pris. Enfin pas par les gluants toulousains, en tout cas. J’aime bien les censeurs, moi, quand même.
— ?
— Oui, on est jamais déçu dès qu’il s’agit de guetter les contorsions par lesquelles ils passent pour interdire un truc. Enfin, le coup de la violence vis à vis des enfants, c’est pas très frais comme idée. Mais après tout, c’est à la hauteur de l’objet censuré. Sans faire injure au dessinateur, c’est pas du Genet, quoi… Dans le temps, on faisait intervenir les paras.
— On voit la nostalgie dans vos yeux d’azur..
— Négatif, mon p’tit gars, mais faut reconnaître qu’ils savaient crever leur plafond !
— Pas des gonzesses, quoi.
— Allez, rompez ! »

Urfe

Urfe, adv. Très bien. Peu usité.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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lundi 24 novembre 2014

Sandwich

« Quand tu m'auras écouté pendant dix minutes, répondit tranquillement le docteur, tu me remercieras.
— Tu parles sérieusement ?
— Très sérieusement.
— Et si je refuse de t'accompagner ?
— Tu ne refuseras pas.
— Mais enfin, si je refuse ?
— Je partirai seul.
— Asseyons-nous, dit le chasseur, et parlons sans passion. Du moment que tu ne plaisantes pas, cela vaut la peine que l'on discute.
— Discutons en déjeunant, si tu n'y vois pas d'obstacle, mon cher Dick. »
Les deux amis se placèrent l'un en face de l'autre devant une petite table, entre une pile de sandwiches et une théière énorme.
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre III
(Sommaire)

Tableau !

Tableau ! Exclamation par laquelle on exprime la surprise ou la joie maligne que l'on éprouve à la vue d'un accident risible arrivé à un ou à plusieurs de ses confrères.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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