Paul-Jean Toulet
lundi 8 juin 2015
Balade, Balader (Se), Baladeur
Balade, s. f.
« Promenade, flânerie, » dit Alfred Delvau. C'est vrai ; mais, pour les
typographes, la balade est quelque chose de plus ; c'est une promenade
au bout de laquelle il y a un déjeuner, un dîner, ou tout au moins un
rafraîchissement; c'est aussi la promenade au hasard et sans but
déterminé ; mais il arrive presque toujours que l'un des baladeurs a une
idée lumineuse et entraîne ses camarades dans quelque guinguette
renommée.
Balader (Se), v. pr. Flâner, se promener sans but déterminé.
Baladeur, adj. Qui aime à se balader, à faire une balade.
Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883
(Index)
dimanche 7 juin 2015
« Duck you sucker ! »
Il y a quelques jours, George
vous proposait une devinette
sur un passage connu de Il
était une fois la révolution. On ne pouvait manquer ici de vous
présenter le passage concerné dans le film (désolé pour la vf…)
Et pour que vous ne le manquiez pas chez votre bouquiniste préféré, voici la couverture de l’ouvrage dans son édition française.
Il est à noter que, comparant le nombre de pages entre l’édition en langue anglaise (154 pp) et la présente (192 pp), la différence probable réside dans le fait que les mots français sont un peu plus longs en général et aussi à cause de la mise en page. On déduira que, contrairement à la coutume, cette Série Noire n’a pas été caviardée pour respecter les contraintes de fabrication. On tempèrera notre enthousiasme en confirmant que cet ouvrage semble bien une novellisation puisque la trame et les incidents du film sont reproduits assez scrupuleusement — ce qui arrive rarement quand il s’agit d’une histoire originale adaptée au cinéma — seules quelques petites scènes de liaisons ont été introduites. On ne fera pas la part de ce qui est dû à l’adaptateur ou au traducteur pour le contenu de cet écrit, tant notre esprit critique est obéré par le souvenir vivace du film. On se contentera de déclarer l’ouvrage lisible.
Pour le reste, reportez vous aux commentaires de la devinette…
(Le Tenancier remercie son ami Éric de lui avoir fourni ce volume, par ailleurs exemplaire du Service de Presse, hé hé !)
Et pour que vous ne le manquiez pas chez votre bouquiniste préféré, voici la couverture de l’ouvrage dans son édition française.
Il est à noter que, comparant le nombre de pages entre l’édition en langue anglaise (154 pp) et la présente (192 pp), la différence probable réside dans le fait que les mots français sont un peu plus longs en général et aussi à cause de la mise en page. On déduira que, contrairement à la coutume, cette Série Noire n’a pas été caviardée pour respecter les contraintes de fabrication. On tempèrera notre enthousiasme en confirmant que cet ouvrage semble bien une novellisation puisque la trame et les incidents du film sont reproduits assez scrupuleusement — ce qui arrive rarement quand il s’agit d’une histoire originale adaptée au cinéma — seules quelques petites scènes de liaisons ont été introduites. On ne fera pas la part de ce qui est dû à l’adaptateur ou au traducteur pour le contenu de cet écrit, tant notre esprit critique est obéré par le souvenir vivace du film. On se contentera de déclarer l’ouvrage lisible.
Pour le reste, reportez vous aux commentaires de la devinette…
(Le Tenancier remercie son ami Éric de lui avoir fourni ce volume, par ailleurs exemplaire du Service de Presse, hé hé !)
Zig, Zigue
Zig, Zigue
: Compagnon, ami. — « Entrez, nous sommes tous ici de bons zigues. »
(Monselet.) — « Je suis un bon zig, il a l'air d'un bon enfant, nous
nous entendrons. » (Montépin.)
Zigue : Finale ajoutée arbitrairement à certains mots : « Cavale tezigue vers mesigue : Cavale-toi vers moi. » (Paillet.)
Zigue : Finale ajoutée arbitrairement à certains mots : « Cavale tezigue vers mesigue : Cavale-toi vers moi. » (Paillet.)
Je suis l’auteur de L’insurrection qui vient
« Je
suis l’auteur de L’insurrection qui vient
Le
parquet du tribunal de grande instance de Paris vient de demander le renvoi en
correctionnelle de huit personnes, dont trois pour actes de terrorisme, dans
l’affaire dite « de Tarnac ». Une affaire lancée voilà sept ans par
une opération à grand spectacle qui avait vu les forces de l’ordre cagoulées se
déployer autour d’une « épicerie tapie dans l’ombre ». La défense
pugnace des mis en cause et quelques enquêtes sérieuses ont permis depuis
longtemps à tout un chacun de comprendre qu’il s’agissait d’une opération de
communication du pouvoir sarkoziste de l’époque. Une opération que, par esprit
de corps, la police et la magistrature, avec l’appui du personnel politique au
pouvoir aujourd’hui, n’ont pas voulu démentir. Et quel pouvoir peut-il, de nos
jours, se passer de l'antiterrorisme, ne fût-ce que pour remonter brièvement
dans les sondages ?
Dans
le récent réquisitoire, un acte de sabotage présumé, qui ne pouvait en aucun
cas entraîner de dégâts humains, qualifié d’ordinaire comme « acte de
malveillance » est devenu un acte cherchant à imposer une idéologie
« par l’intimidation et la terreur ». Pour effectuer cette
transmutation, le parquet s’appuie sur un livre : L’insurrection qui vient, ouvrage dont, tout en reconnaissant qu’il
est le fruit d’un travail collectif, l’accusation décide arbitrairement que
Julien Coupat est « la plume principale ». Et cela, contre les déclarations réitérées de l’intéressé.
L’enjeu, pour les magistrats, est de créer une figure de chef, tant il leur est
difficile d’imaginer une pratique politique qui s’en passerait.
Que
des juges s’attribuent ainsi la compétence d’entrer dans le délicat travail de
l’écriture ne peut laisser indifférent ni un auteur ni un lecteur de livres.
Cela laisse d’autant moins indifférent quand on considère que l’intimidation
des populations est la politique réellement poursuivie par tous ceux qui
pratiquent le chantage au chômage pour imposer la paix sociale, et que la
dénonciation de la « terreur » cache de plus en plus mal les
pratiques proprement terrifiantes des forces armées « démocratiques »
dans nombre de théâtres d'opérations extérieurs.
L’insurrection qui vient est avant tout un ouvrage,
discutable et discuté, critiquant la société capitaliste. La liberté d’expression
ne saurait se limiter au « droit au blasphème » : qu’un livre
politique devienne la pièce centrale d’un procès où de lourdes peines de prison
sont encourues, prouve de manière irréfutable qu’il s’agit bien d’un procès
politique.
Nous
avons le droit de dire qu’il faut transformer le monde. Nous avons également le
droit de dire que, comme souvent par le passé, à l’instar de ce que rappelle
l’Histoire, cela ne se fera probablement pas dans le strict respect de ses lois
et règlements. Traiter en « terroriste » ce qui a trait à la
révolution, ou du moins à sa possibilité, est de très mauvais augure.
D'ailleurs, cela n'a pas porté chance à un Ben Ali ou un Moubarak.
L’insurrection qui vient est une expression parmi bien d’autres d’un courant de critique
de la civilisation capitaliste. Si ses positions sont discutables, c’est
toujours du point de vue de cette entreprise multiforme de critique du vieux
monde dans laquelle je me reconnais et qui n'appartient à personne.
C’est
pourquoi il me semble important de passer enfin aux aveux : le véritable
auteur de L’Insurrection qui vient, c’est
moi. »
On peut également aller signer là et ainsi se déclarer l'auteur de cet ouvrage.
On peut également aller signer là et ainsi se déclarer l'auteur de cet ouvrage.
Youte, Youtre
Youte, youtre : Juif. — Germanisme.
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881
(Index)
[Note du Tenancier : Votre serviteur a hésité un instant avant de publier cette définition. A une époque où un entarteur se fait traiter d’antisémite et où chaque mot est évalué au travers d‘un a priori où les intentions ne sont jamais éloignées, fallait-il nous exposer et exposer ce mot ? Nulle part ici on a proclamé l’ambition d’être exhaustif. D’un autre côté, on a peu d’appétences pour la censure. Ces mots dégueulasses existent. Ils sont le reflet d’un société marginale qui a pu se montrer très souvent sexiste, raciste, etc. Le truand est parfois le plus sûr ami de l’ordre et il arrive que cet ordre soit « nouveau », comme pour ces messieurs de la Carlingue. L’idéal serait que les lecteurs de ce blog soient intelligents et ne méconnaissent point l’idée qui sous-tend cette rubrique qui, pas neutre de toute façon, entend reproduire certains mots très fortement connotés parce qu’ils existent et non parce qu’on les approuve. Que ces lecteurs soient intelligents tombe sous le sens, ils ne fréquenteraient pas ces pages sinon. Aux égarés vindicatifs, adeptes de la prétérition en matière de dialectique ou amateurs du mot «Youtre » que ce soit ouvertement ou mezzo voce, le Tenancier les emmerde.]
(Voir aussi à ce sujet notre introduction à cette rubrique.)
mercredi 3 juin 2015
Une historiette de Béatrice
Vache espagnole (Parler français comme une)
Vache espagnole (Parler français comme une) : Parler un très mauvais français.
Certains néologistes ont imaginé de modifier encore cette expression qui devient alors tout à fait dépourvue de sens : — « Incontestablement, M.B... s'est montré habile... sa rhétorique comme celle de M. L..., parle un français de vache enragée et prétentieuse. » (Paris-Journal, juillet 72.) — Pour s'expliquer le mot, il faut savoir qu'on a dit dans le principe : Parler comme un vacce espagnol, par allusion aux habitants des provinces basques de l'Espagne cédées à la France (Bayonne et Mauléon), qui s'exprimaient difficilement en français. On disait alors vacce pour basque. On a dit ensuite vache pour vacce, ce qui n'est plus du tout la même chose, et on dit enfin vache enragée pour vache espagnole, ce qui est pis encore.
Qu'on se moque après cela des étymologistes !
Certains néologistes ont imaginé de modifier encore cette expression qui devient alors tout à fait dépourvue de sens : — « Incontestablement, M.B... s'est montré habile... sa rhétorique comme celle de M. L..., parle un français de vache enragée et prétentieuse. » (Paris-Journal, juillet 72.) — Pour s'expliquer le mot, il faut savoir qu'on a dit dans le principe : Parler comme un vacce espagnol, par allusion aux habitants des provinces basques de l'Espagne cédées à la France (Bayonne et Mauléon), qui s'exprimaient difficilement en français. On disait alors vacce pour basque. On a dit ensuite vache pour vacce, ce qui n'est plus du tout la même chose, et on dit enfin vache enragée pour vache espagnole, ce qui est pis encore.
Qu'on se moque après cela des étymologistes !
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881
(Index)
mardi 2 juin 2015
Un travail en cours...
En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie
Futurs antérieurs, dirigée par Daniel
Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée
selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière
que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages
extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire.
Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation
n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de
republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques
essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus
ou qui furent considérablement remaniés.
On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
____________________
* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...
Tabatière (Ouvrir sa)
Tabatière
(Ouvrir sa) : Peter — Allusion au bruit qu'on faisait en ouvrant les
tabatières sans charnière. — « Que son ponent te serv' de tabatière. » (L'après-souper de la Halle, XIIIe siècle.)
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881
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