samedi 9 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

C’est lassant, cette rubrique qui revient aussi rapidement ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Lorsque vous trouvez un Elmore Leonard très propre, vous ne vous posez pas de question, vous adressez un remerciement muet à celui qui a eu la bonne idée de l’abandonner dans la boîte à livre...

 

Et pourquoi diable prendre cet exemplaire sale avec quelques soulignures ? Le Gaëtan Picon nous cause d’auteurs extrêmement connus… quel intérêt ? Eh bien, il en existe un, celui qui me sert de prétexte à une vielle vanne de mon cru (mais je serais étonné d’y avoir pensé le premier) : en effet, contrairement à une idée reçue, Gaëtan Picon ne serait pas l’auteur du Vieil homme et l’amer.

 

Oui, bon… Le livre va regagner la boîte sous peu, maintenant que le Tenancier a fait sa blagounette...

Elmore Leonard : Quand les femmes sortent pour danser — Rivages/Écrits noirs, 2005
Gaëtan Piccon : Panorama de la nouvelle littérature française — Gallimard, 1976

jeudi 7 septembre 2023

Jeu

Nous n'avons pas joué depuis longtemps ! Ici, je vous demande dans quel film l'on aperçoit cette vitrine de libraire. Comme j'ai affaire à des cinéphiles avertis, j'ai préféré montré cette image plutôt que la scène suivante, où vous auriez tout de suite deviné...

mardi 5 septembre 2023

Une historiette de Béatrice

La petite dame qui me demande toutes les deux minutes « Et celui-ci c'est combien? », car elle n'a pas ses lunettes, et attrape tous les livres à reliure bien voyante et brillante. Sans même savoir ce qu'ils contiennent, donc « Je ne vois rien sans mes lunettes, excusez-moi ».

dimanche 3 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe un certain décalage entre la rédaction des billets et leur parution sur le blog, ce qui explique que, à l’heure où j’écris ce mot, mon anniversaire est arrivé il y a deux jours, mais vous allez lire tout ça une semaine plus tard, à peu près. Quelques jours avant ce qui ressemble de plus en plus à une commémoration, étant donné le compteur qui monte, j’entreprenais de visiter ma librairie chérie afin de commander le fameux Connell, dont je vous rebats les oreilles depuis quelque temps. Nous allons y revenir plus bas.


Bien : passons à la veille d’un anniversaire qui s’est déroulé il y a deux jours… vous suivez ? J’ai opéré un détour tout naturellement à la boîte à livre dans laquelle j’ai pioché Les fainéants de la vallée fertile de Cossery. Il fallait au moins cela pour me consoler de la merde d’Oberlé, brièvement citée dans ce blog (cherchez donc, je ne vais pas vous tenir la main tout le temps, dites !) Cossery ? Oui, j’avais parcouru en diagonale, j’avais aimé, mais avec cette pointe de méfiance qui m’accompagnait à l’époque où je travaillais en librairie vis-à-vis d’ouvrages d’une certaine renommé et la peur subséquente d’une déception. Décidément, la boîte à livre, outre qu’elle fait ressurgir mon passé de libraire de neuf, me procure l’aubaine d’un rattrapage et aussi d’une rédemption. À ma décharge, le programme d’un libraire en exercice oblige à des choix et parfois à s’abstenir d’aller au secours d’un succès, ce qui était le cas à cette époque et en ce lieu pour cet ouvrage.


Il fallait bien que je m’offre un menu plaisir le jour même de mon anniversaire. « Menu », d’abord, parce que le gisement en question se situe dans une solderie où les prix restent très modiques (n’allez pas croire, mais je ne roule pas sur l’or, moi). Je tombais sur ce roman japonais. Bigre, le Tenancier s’adonnerait-il à la pêche ? Bien sûr que non ! En revanche tout ce qui se déroule près d’un cours d’eau m’intéresse… Les familiers de mes petits travaux comprendront.


Il m’est arrivé de crouler sous les trouvailles dans cette solderie. Sans doute à cause d’un été qui tire à sa fin, la récolte est maigre. Je dénichai tout de même ce livre d’architecture qui mélange l’intérêt pour un certain Paris et l’amour de la Ligne claire. Votre serviteur n’apprécie plus trop de déambuler dans la capitale, mais l’idée d’accomplir un parcours ce livre à la main devient tout à coup tentante. C’est tout ? Oui, enfin c’est tout pour ce qui concerne les bouquins dans ce magasin (ajoutez un petit carnet de dessin et un blourai).

 
Fort heureusement, je reçois le même jour l’avis d’arrivée de mon livre. Je me dirige donc au centre-ville de notre charmante sous-préfecture de 10 000 habitants quérir ma commande. Mais auparavant, je passe chez Katia et Tony (j’en parle dans ma précédente chronique) les saluer et, bon sang, je trouve un Kurt Steiner que je n’avais pas vu à ma dernière visite ! De plus, je découvre qu’il me manquait. En effet, pas mal de ses bouquins avaient été bouffés par des souris lors d’un entreposage malheureux. Quel plaisir !


Il fallait conclure par le passage in extremis à la libraire. À force de traîner ici et là, la fermeture était proche ! Et voici donc le Connell que j’avais envie de découvrir dans une version moins bâclée que celle dont je vous fais part depuis plusieurs chroniques. Je suis déçu… Au fond, ce n’est pas de la faute du livre que je n’ai pas encore lu et qui saura sans doute me consoler. Je m’attendais à un ouvrage plus copieux... Or la typo et le format laissent penser à un récit du même calibre que sa traduction précédente, constat toutefois négligeable, puisqu’on ne peut juger l’œuvre par le nombre de signes. L’autre déception provient de mon manque de perspicacité ! En effet, la nouvelle avait déjà été publiée dans cette traduction dans la revue Le Visage Vert. Honte à moi qui a eu la très grande chance d’y avoir figuré trois fois ! Mes recherches bibliographiques ont été en dessous de tout ! Allons, après ce mea culpa, consolons-nous avec la perspective alléchante de s’offrir une journée Zaroff : lecture de la nouvelle, visionnage du film de 1932, celui du remake de 1961, des bonus des deux dévédés en ma possession, etc. Autre réconfort, découvert en fin du volume, je découvre que l’éditeur a publié les textes à l’origine de Freaks de Browning, d’Elephant Man de Lynch et autour de Méliès et de Chaplin. M’est avis qu’on en reparlera dans cette rubrique…
En tout cas, mon anniversaire s’est révélé un moment agréable et, heureusement, pas uniquement grâce à ces bouquins.
 
Albert Cossery : Les fainéants dans la vallée fertile — Joëlle Losfeld, 1996
Shinsuke Numata : La pêche au toc dans le Tôhoku, traduit du japonais par Patrick Honoré — Philippe Picquier, 2020
Jean-Marc Larbodière : L’architecture des années 30 à Paris — Massin, 2009
Kurt Steiner : Aux armes d’Ortog — Fleuve Noir Anticipation, 1960
Richard Connell : Le plus dangereux des jeux ; traduction et postface de Xavier Mauméjan — Éditions du Sonneur, 2020

samedi 2 septembre 2023

T'as préparé ton cartable, toi ?

Y vont z'à l'école ?
Bien.
Ces enfants connaîtront enfin l'injustice, le rejet, l'indifférence, la jalousie, l'âpreté, la vantardise, le dégoût de soi et des autres, l'iniquité, la solitude et la violence, outre l'arbitraire de leurs maîtres.
Après tout, l'Éducation Nationale, c'est aussi l'école du « citoyen », non ?

George Auriol : Monogrammes et cachets

 

vendredi 1 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe des périodes fastes en matière de trouvailles, même si cela concerne des choses très connues déjà, pour plusieurs raisons.
Commençons par une bienveillance lointaine, celle de Béa, de la Bouquinerie Kontrapas qui m’a expédié le Bukowski manquant dans mes rayonnages (excepté la poésie, simple impéritie de ma part). Que dire sur cet auteur qui n’a été déclaré sinon verser dans les clichés et les a priori pour pas mal de personnes. Cette chronique publiée dans le journal Open Press remet en perspective — comme chacun de ses livres — la vision que nous devrions en garder : un sacré prosateur, bien servi, je trouve par Gérard Guégan, auteur d’une postface pour le présent ouvrage. Je retourne à Bukowski de temps à autre. La fréquentation me remet à ma place lorsque j’évoque le travail d’écriture : pas très haut en définitive, à mesurer la distance qui me sépare d’un véritable écrivain. Voilà un exercice salutaire…

 

Comme j'avais reçu le Bukowski la veille, le lendemain je me suis résolu à aller commander le Connel, Le jeu le plus dangereux, dont je vous rebats les oreilles depuis un certain temps : il s’agit de Zaroff, encore ! Attendons de satisfaire cette lubie, sous peu. Bien sûr, j’ai fait un crochet à la boîte à livres. J’y ai découvert un bordel immonde. On aimerait que l’endroit soit respecté. Mais je t’en fiche : les bouquins sont empilés n’importe comment, gauchis, maltraités. De quoi désespérer ? Même pas, puisque l’on sait de longue date que les gens sont des cons et des gougnafiers. Quand c’est gratuit, pourquoi se gêner, hein ? Allez, on a trouvé un Peter Ackroyd, mais en langue anglaise, ce qui m’arrange moyen parce que je la maîtrise assez peu. Toutefois, l’envie me donnera peut-être des facilités à l’égard d’un auteur au corpus assez intrigant, en tout cas pour moi. Au moins j’aurais essayé, encore une fois. L’autre volume trouvé dans un état très propre (petite odeur de renfermé, quand même) est un Sheckley que je possédais jadis dans ma bibliothèque (mon rayon SF occupait une place importante). Plus de vingt ans plus tard, après m’être débarrassé de presque tous ces volumes, voici qu’un peu de nostalgie me cueille au débotté. Tant pis pour moi, ou tant mieux : relire du Sheckley ne se révèle pas la pire punition que l’on puisse s’infliger (j’ai des noms, mais je ne suis pas une balance).

 
Dans l’aimable sous-préfecture où je réside, quelques auteurs trouvent un refuge paisible et il nous arrive désormais de nous réunir tous les mois autour d’un repas. Nous le prenions à L’Improbable, restaurant qui faisait aussi brocante, c’est-à-dire que vous pouviez repartir avec la table, les chaises, les couverts, mais également des bibelots parfois… improbables et le tout à des prix démocratiques — même de démocratie populaire, me risquerais-je à affirmer. « À cause d’eux », je me retrouve à la tête d’une collection de près de 300 buvards publicitaires ! C’est malin... Ils ferment, victimes de la pandémie avec un peu de retard, mais également de l’augmentation de tout… et sans doute par un peu de lassitude. Ils ferment, donc, alors depuis quelques semaines ils ne font plus à manger, mais il déballe leur fonds. Puisqu’il n’y avait que quelques pas depuis la boîte à livre nous y sommes rentrés pour dire bonjour à Katia et à Tony, adorables de coolitude. Je suis tombé en arrêt sur une étagère ou traînaient encore des appâts à nostalgie, entre deux jouets en fer blanc :
— un Kurt Steiner plus beau que celui que je possède
— des numéros de la revue Fiction où, tiens, je retrouve Sheckley, mais également le très rare François Valorbe, Walter Tevis, ce curieux John Anthony West (Un mari à l’engrais) qui allait devenir un « égyptologue » hétéroclite et puis des personnes que j’ai eu le bonheur de publier : Philippe Curval, Jean-Claude Forest et Gérard Klein. Nous les retrouvons d’ailleurs dans :
— ce numéro spécial de Fiction (n° 4 : Anthologie de la SF française), rejoints par un certain André Ruellan qui signa nombre de romans sous le nom de… Kurt Steiner. Les livres d’André, ou ceux où figurent ses nouvelles font partie des rares bouquins du genre conservés avec soins dans un recoin de la maison, en souvenir de trop fugaces rencontres, passionnantes.
 

Évidemment, devais-je laisser tous ces beaux exemplaires à la concupiscence d’une tierce personne, sachant la profession de foi que je clamais quelques lignes plus haut, vis-à-vis de ces connards de gens, même s’ils évitent cet antre-là ? Pourtant, j’avais, lors de ma crise des 40 ans, largué les amarres du monde de la SF dans lequel d’ailleurs je m’étais peu intégré pendant la presque vingtaine d’années où j’y avais eu des activités. La sagesse venant, la vieillesse aussi peut-être, l’on se permet le loisir d’un retour sans risque sur des sentiers balisés. Ce n’est certes pas avec ces pioches-là que je me trouverai à la pointe de l’actualité du genre. Mais vous savez quoi ? Je m’en fous.

Il n’empêche, où va-t-on se retrouver pour discuter le bout de gras, maintenant, que l’Improbable est fermé ?
 
Charles Bukowski : Journal d’un vieux dégueulasse (1969), traduction et postface de Gérard Guégan — Grasset, 1996
Robert Sheckley : Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ? Le livre de Poche, 1977
Peter Ackroyd : The House of Doctor Dee — Penguin, 1994
Kurt Steiner : Menace d’Outre-Terre — Fleuve Noir Anticipation, 1958
Fiction n° 30, mai 1956
Fiction n° 113, avril 1963
Fiction n° 144, mai 1963
Fiction n° 124, mars 1964
Fiction Spécial n° 4 (112 bis) : Anthologie de la science-fiction française, 1963

jeudi 31 août 2023

Quant le Tenancier s'emmerde, il se livre à de drôles de choses...

Il y a quelques mois, par ennui, j’atterrissais par hasard sur le site d’un « éditeur », comme il s’en est multiplié depuis l’arrivée d’internet. Un simple parcours permet de se rendre compte de la qualité des prestations. Ainsi, la vantardise est controuvée par l’imprudence des exemples.
« Des services personnalisés pour des livres de qualités : relecture, corrections orthographiques et typographiques, mise en page, insertions de visuels, infographie, conseil littéraire, reécriture… »
Déjà, oublier un accent dans « réécriture », ça la fout mal pour un « éditeur »... La cerise sur le gâteau, c’est lorsqu’après trois minutes de butinage sur le site en regardant ce qui est publié, on tombe sur cette phrase dans un roman :
« Le soufflet est vite retombé quand on m’a annoncé que j’allais jouer au poste de milieu de terrain alors que j’étais un attaquant, avide des courses dans le dos des défenseurs et des buts astucieux… »
Un soufflet, vraiment ? Quant au « milieu de terrain », en basket, puisqu'il en était question dans ce texte, je signale au réviseur de cette prestigieuse maison (et à l’auteur aussi, tiens…) que la notion n’existe pas (poste 1, 2, 3, 4 ou 5, ou ailier, ou meneur, ou pivot, etc., oui ça, ça existe...) Et que l’on y fait des paniers et non des « buts »… Oui, certes, il faut connaître un peu ce sport, ou bien encore se renseigner à ce sujet. Je ne blâme pas l’auteur, qui fait ce qu’il peut et qui a cru que ça passerait crème, mais ce n’est pas la peine de la part de « l’éditeur » de venir rouler des mécaniques, si c’est pour laisser trois conneries dans une seule phrase et dans des pages qui semblent la conversion en PDF d’un bête traitement de texte.
Par pudeur, on taira le nom de l’officine qui fleure bon le compte d’auteur…

George Auriol : Monogrammes et cachets