Certains lecteurs de passage sur ce
blogue l’ignorent
peut-être, mais je suis écrivain pour happy
few : trop « fantastique » pour la lithérature, trop littéraire
pour « l’imaginaire » et pas assez copain
avec quiconque. Seuls quelques éditeurs m’apprécient assez pour me
publier, on
ne sait par quel motif nébuleux, sûrement en rapport avec une
disposition
masochiste étant donné les résultats des ventes. Remarquons au passage
que ceux
qui me publient ne semblent pas mieux placés que moi au niveau des
finances…
Nous sommes quelques-uns dans cette position étrange qui nous fait
figurer dans
des ouvrages très honorables, mais qui ne se vendent pas, sans doute
parce que
les couvertures ne sont pas gaufrées comme des boîtes de bonbons
produites en
série. Que l’on ne perçoive pas ceci comme une marque d’acrimonie
quelconque. Cela
fait un bail que j’ai pris conscience que je ferais partie de toute
façon d’une
certaine marge. L’intérêt demeure de pouvoir continuer à écrire, de
persister à
y prendre du plaisir, et de lire parfois un ou deux encouragements.
Cinq livres
ont été édités sous mon nom, c’est déjà plus que ce que j’aurais pu
espérer en
commençant à écrire sérieusement. J’ai rédigé plus de cent cinquante
nouvelles
dont la moitié a été également publiée en revues ou en plaquettes. Vous
ne me
verrez pas dans les festivals dits de « l’imaginaire », parce que je me
figure
mal figurer dans une manifestation où les mauvais bouquins sont aussi
bien
accueillis que les bons au prétexte qu’ils font partie de la même
famille (Au plus dans des manifestations locales, pour serrer la main à
des potes) . D’ailleurs,
je ne crois pas me situer vraiment dans cette sphère, même si j’ai
participé
abondamment et activement au mouvement de la SF il y a une trentaine
d’années,
par exemple. Je suis un très mauvais « signeur » : les envois
autographes signés m’embarrassent. Et puis, qui lit donc du Letort, à
part mes
éditeurs et quelques amis (et encore, ils n’ont pas tout lu) ? Non,
tout va bien, à
partir du moment que l’on décide de travailler pour un autre motif que
la
gloriole, c’est-à-dire avec l’ambition de faire bien les choses, même
si c’est
une existence assez solitaire. Alors, cela acquiert du sens. On se
prend à
percevoir des signes de confrères — de véritables confrères, ceux
qui
partagent également cette solitude. Tous n’écrivent pas, mais ils tentent de
bien faire les
choses, comme moi. Cela aide. N’est-ce pas, chers lecteurs de ce blogue ?
lundi 4 mars 2024
dimanche 3 mars 2024
samedi 2 mars 2024
Une historiette de Béatrice
vendredi 1 mars 2024
Remarque
Vient de lire dans un commentaire de blog : « Ça fait mal au cul d'entendre ça... »
Je préfère ne pas vérifier l'état du Sonotone...
Je préfère ne pas vérifier l'état du Sonotone...
Télépathie
Nouvel opus de votre Tenancier, Télépathie reste très anecdotique dans ce numéro 7 de Lard-Frit qui s’étoffe et prend des allures de « Livrezine » (terme que je préfère à Mook). La tendance à concentrer les publications en une seule livraison se comprend eu égard à l’augmentation du prix du papier et des frais d’expédition. L’on vous encourage à souscrire et ainsi encourager ce travail, afin de cultiver la diversité dans les publications, parce que la « bollorisation » touche également ces secteurs.
Reste que Télépathie est une nouvelle humoristique avec un chat dedans. M’enfin, il n’y pas que le Fleuve dans les écrits de votre Tenancier chéri…
jeudi 29 février 2024
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 30
Jean-Pierre Brisset
Angers — Éditions Deleatur, 1998
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1998 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques latinistes
Extrait de La
Grammaire logique Résolvant toutes les difficultés Et faisant connaître
Par l'analyse de la parole La formation des langues et Celle du genre
humain, par Pierre
Brisset, Ancien Professeur de
Langues vivantes. Extrait de l'édition
originale parue chez Ernest Leroux, Paris 1883
Le Tenancier : Revoici Brisset, déjà évoqué dans le volume 20, avec un nouvel extrait de sa Grammaire logique. Dans Les Fous littéraires d’André Blavier, on compte treize entrées le concernant, plus ou moins importantes…Pour Brisset, « le latin, c’est l’italien renversé », une sorte d’argot pour classe dirigeante, en poussant un peu. On renoue ici avec un système de pensée que ne renieraient pas certains complotistes. Tu avais prévu de nous en dire plus au sujet de l’auteur...
Pierre Laurendeau : Ah oui… Euh… À relire la notice du numéro 20, je trouve qu’il y a peu à ajouter à mes relations brissettiennes. Quant à analyser l’œuvre… il faudrait y consacrer une encyclopédie !
Peut-être attaquer un angle mort de l’histoire littéraire, alors. Quand les surréalistes découvrent Brisset, ils sont « fréquentés » par le jeune Lacan. Dans les années 80, quand je disais : « Lacan a tout piqué à Brisset », c’était inaudible – notamment par l’intelligentsia de gauche, qui vouait un culte à la piscanalyse (étude des poissons morts) lacanienne. J’ai toujours pensé que Lacan était un escroc – outre que sa méthode de décortication du langage, comme je continue de l’affirmer, est entièrement pompée sur Brisset –, il a dévasté bien des familles, dont la sienne.
Il y a quelques années, Michel Onfray a publié un ouvrage contre Freud, Crépuscule d’une idole. Mal lui en prit ! Il fut cloué au pilori par la gauche bien-pensante, ce qui accéléra je pense sa dérive vers la droite plus que droite. C’était pourtant un livre nécessaire, qui posait les bonnes questions, mais noyées dans un fatras d’approximations biographiques et d’erreurs de méthodologie : Onfray écrivait trop vite (et publiait trop).
Cinq points, cependant, auraient mérité d’être relevés :
-
Freud n’était pas le seul à travailler sur
l’« inconscient »
(quelque nom que l’on donne à cette zone floue où sont enfouis les
souvenirs).
- La psychanalyse n’a jamais guéri qui que ce soit, même si l’écoute thérapeutique, héritée entre autres de la confession auriculaire (je connais plusieurs curés en rupture de Vatican qui se sont reconvertis dans la psychanalyse), apporte un soulagement au mal-être.
- Le fonctionnement sectaire. Le processus d’adoption relève des mêmes techniques que les autres sectes : le futur ou la future adepte doit se faire psychanalyser afin de parvenir au Graal de membre à part entière – je pense notamment aux pythagoriciens, et à la séparation entre acousmaticiens, qui écoutaient l’enseignement du maître derrière un rideau pendant 5 ans !, et adeptes à part entière.
- Le parcours analytique du « patient » (mot qui porte ici pleinement sa signification, la « cure » pouvant se dérouler sur de nombreuses années, voire décennies !) obéit un rituel qui n’a rien à envier à ceux des religions à mystère – transfert, contre-transfert, etc.
- Comme pour toute religion (ou secte), les écoles de psychanalyse sont aussi nombreuses que se détestant cordialement. À ce sujet, le film de Raoul Ruiz, Généalogies d’un Crime (1996), est une réjouissante satire de ce petit monde.
Ce
qui est grave, à mon sens, c’est que cette secte est
figée dans ses rituels archaïques sans tenir compte des avancées
considérables dans
la compréhension du fonctionnement du cerveau, notamment ce que l’on
appelle la
plasticité mémorielle : les souvenirs ne se constituent pas en
strates figées ;
quand on les convoque, la mémoire reconstitue les événements en
piochant dans
différents clusters, ce qui produit souvent des erreurs de restitution
– et favorise
les manipulations par des gourous (psychanalystes, hypnothérapeutes et
autres « bioquanticiens »).
Aux États-Unis se multiplient les procès de jeunes adultes persuadées
d’avoir
été violées ou maltraitées par leur père – ce qui peut arriver, certes
– à la
suite d’une cure psychanalytique orientée.
- La psychanalyse n’a jamais guéri qui que ce soit, même si l’écoute thérapeutique, héritée entre autres de la confession auriculaire (je connais plusieurs curés en rupture de Vatican qui se sont reconvertis dans la psychanalyse), apporte un soulagement au mal-être.
- Le fonctionnement sectaire. Le processus d’adoption relève des mêmes techniques que les autres sectes : le futur ou la future adepte doit se faire psychanalyser afin de parvenir au Graal de membre à part entière – je pense notamment aux pythagoriciens, et à la séparation entre acousmaticiens, qui écoutaient l’enseignement du maître derrière un rideau pendant 5 ans !, et adeptes à part entière.
- Le parcours analytique du « patient » (mot qui porte ici pleinement sa signification, la « cure » pouvant se dérouler sur de nombreuses années, voire décennies !) obéit un rituel qui n’a rien à envier à ceux des religions à mystère – transfert, contre-transfert, etc.
- Comme pour toute religion (ou secte), les écoles de psychanalyse sont aussi nombreuses que se détestant cordialement. À ce sujet, le film de Raoul Ruiz, Généalogies d’un Crime (1996), est une réjouissante satire de ce petit monde.
Brisset, lui, se livrait sans retenue aux associations d’idées que son cerveau produisait à jet continu ! Sa créativité linguistique était sans frein. « Le latin ne vient pas plus du Latium que l’argot de l’Argovie, le javanais, de Java. » C’est dit !
mercredi 28 février 2024
Conclusion rationaliste qui n'a rien à voir avec ce blogue, mais qui soulage :
Donc il n'y a pas eu de pastis dans la Zone 51...
mardi 27 février 2024
Paf, dans ma bibliothèque !
J’avais rencontré Christian Oster à l’occasion d’une
interview à mon émission à Radio Libertaire dans les années 1980. À
l’époque,
il avait publié quelques nouvelles de SF dans Libération et des romans
dans la
collection Engrenage au Fleuve Noir (La
pause du tueur). Sa conversion vers les éditions de Minuit est
assez
exemplaire de cette génération happée par la vénérable maison, comme
Antoine
Volodine, qui démontre que les littératures dites de
« l’imaginaire »
possédaient une porosité avec la notabilité littéraire. J’avais suivi
l’auteur avec
une certaine assiduité à l’époque où je travaillais encore en librairie
de neuf
(sept bouquins de chez Minuit et l’Engrenage cité plus haut résident
encore
chez moi) et cette trouvaille dans cette solderie, un SP, en plus,
était devenu
une tentation. Avec le temps écoulé, l’auteur et son lecteur s’étant
perdus de
vue, qu’en sortira-t-il ? Je verrai bien…
Diable, Tenancier, vous n’avez donc pas lu le bouquin d’Orwell ? Mais pour qui me prenez-vous, bande de lecteurs ? Bien sûr que si et à plusieurs reprises ! Seulement, jusqu’à maintenant, je ne possédais que l’édition en Idées/Gallimard. La présente est propre et agréable. Je garderai l’autre qui sera transférée vers la bibliothèque historique. Je n’étais pas passé depuis un bail chez le bouquiniste local. Vertu de l’absence : au retour dans ces murs-là, l’on a envie de tout.
Gary : même motif que précédemment. On améliore sa bibliothèque et l’on se demande soudainement depuis combien de temps on n’a pas ouvert un bouquin de Gary : 10, 20, 30 ans ? Ouh la la ! Il était temps.
Si l’on aime la littérature, on ne peut passer à côté de Stevenson. Bon… si on peut, mais c’est bien dommage pour vous si vous êtes dans ce cas. Comme c’est un 10/18, vous retrouverez le volume un de ces jours dans la rubrique ad hoc. En attendant, je recherchais — mollement, certes — ce titre-là dans cette collection à cause du dernier article du recueil : Les romans d’aventures de Jules Verne. Votre Tenancier est un amateur de Verne depuis son enfance, relançant à chaque phase de son existence son intérêt sans toutefois en retrouver les saveurs juvéniles. Tant pis. En revanche, L’île au Trésor reste pour moi une jouvence. Quoi de plus tentant que de confronter deux admirations ? Vous faites erreur Tenancier, me répliquera-ton. Il existe d’autres romanciers sur ce genre avant Stevenson, tout de même ! Et de me citer Dumas, par exemple. Qu’à cela ne tienne, on trouvera également dans le recueil À propos du vicomte de Bragelonne. Et avec ceci, on aura un temps bâillonné les fâcheux et les ratiocineurs, quoique rien n’est sûr avec cette engeance. Le reste du sommaire, nous ne le connaissons pas (on a eu connaissance du texte sur Verne ailleurs, entretemps) et on éprouve un plaisir anticipé à le découvrir, d’autant que le résumé de 4e évoque ceci comme un complément au Voyage avec un âne dans les Cévennes…
(L’ouvrage est correct, mais le pelliculage est un peu dégueu, surtout sur le dos et le second plat. Si vous êtes dans le cas — et si c’est bien un pelliculage — vous pouvez utiliser un chiffon imbibé de liquide pour les vitres. Faites gaffe tout de même, parce que le carton ou le papier peuvent être imbibés et changer de couleurs dans les petites scarifications qui manquent rarement dans les anciens volumes, surtout dans les angles.)
Et voici que les reproches vont continuer bon train, je le sens, en constant que mes acquisitions n’apportent pas vraiment leur lot de nouveautés. C’est vrai, je me suis montré frileux dans ces choix volontaires, voire très conservateur. C’est que la littérature actuelle m’ennuie un peu, voyez-vous ? De plus, je me suis déshabitué dès la fin de ma carrière de salarié en librairie de neuf de me tenir au courant de ce qui paraît. Cela peut paraître bizarre, mais cette désaccoutumance se révèle comme un sevrage au tabac. On respire bien mieux, l’esprit se dégage et l’on n’a pas à supporter des effets secondaires comme d’autres addictions. Cependant, l’encouragement, l’amitié et, tout de même, la curiosité m’amènent parfois à acquérir un livre neuf. Que le contenu soit un recueil de nouvelles érotico-gourmandes — avec un joli titre en sus ne peut qu’éveiller en moi de la concupiscence. Nous lirons à petites bouchées.
Un livre neuf dans les acquisitions récentes ? Ce n’est pas souvent.
On se trouve parfois au passage d’une circulation de livres propulsés par l’amitié, ainsi on a offert au Tenancier ce livre de Tom Kromer, inconnu de lui et qui évoque les hobos, cette fois-ci au cœur de la Grande dépression aux États-Unis. Comment ne pas songer aux Vagabonds du rail, de London, à L’empereur du Nord, d’Aldrich, etc. ? La curiosité l’emporte !
Cette même circulation amicale me met devant ce qui ressemble à un thriller politique. On tentera de le lire pour montrer de la bonne volonté. Encore un livre neuf, mais qui compte pour du beurre, en quelque sorte. Ce type de récit ne m’emballe jamais. S’il me déplaît au bout du compte, je le rendrai afin qu’il trouve des bras plus accueillants.
Retombons dans nos ornières avec un vieux machin : le numéro 202 (octobre 1970) de la revue Fiction. Au sommaire : Robert Bloch, Harlan Ellison, Philippe Curval et des seconds couteaux (le terme n’est pas si péjoratif chez moi, puisque j’en suis un ! — j’adore faire dans le chleuasme !) comme Edgard Pangborn ou Otis Kidwell Burger — celui-ci complètement inconnu pour moi. Un titre de nouvelle retient mon attention : Comment mater un chômeur, de Barry N. Malzberg, intention prometteuse, ou pas… Il reste un auteur intéressant, sans doute méconnu à l’heure actuelle, comme pas mal de confrères de sa génération, en particulier à cause de son éclectisme. Le problème du « genre » touche aussi la littérature, si je puis dire. En conclusion de ce numéro et de cette chronique on trouve un article de Jean-Pierre Andrevon : Un Marabout bien planté qui fait le point sur cette maison qui publia tant de titres fantastiques ou de SF repris ici et là à l’heure actuelle. Je lis très rarement des ces littératures, désormais et lorsque je m’y retrouve, je picore au-delà de la limite de péremption. Comme il faut toujours être à la pointe dans la littérature de genre, je préfère à l’avant-garde éclairé, demeurer un traînard à lumignon. On brille moins, mais l’on dure.
On a essayé de ne pas trop se montrer bavard, et puis vous savez ce que c’est…
Christian Oster : Sur la dune — Éditions de Minuit, 2007
George Orwell : Hommage à la Catalogne, traduction par Yvonne Davet — Éditions Champ Libre, 1982
Roman Gary : Les cerfs-volants — Éditions Gallimard, 1981
Robert-Louis Stevenson : La France que j’aime, ou le voyage sans âne, Textes réunis avec une préface et une bibliographie par Francis Lacassin, traduction de Léon Bocquet et Jacques Parsons — UGE, coll. 10/18 , série « l’Aventure insensée », 1978
Silène Edgar : Les moelleuses au chocolat et leurs recettes, Gephyre édition, 2023
Tome Kromer : Les vagabonds de la faim, traduction de Raoul de Roussy de Sales, préface de Philippe Garnier, Christian Bourgois, 2022
Thomas Bronnec : Collapsus — Folio policier, 2023
Revue Fiction, n°202, octobre 1970.
Diable, Tenancier, vous n’avez donc pas lu le bouquin d’Orwell ? Mais pour qui me prenez-vous, bande de lecteurs ? Bien sûr que si et à plusieurs reprises ! Seulement, jusqu’à maintenant, je ne possédais que l’édition en Idées/Gallimard. La présente est propre et agréable. Je garderai l’autre qui sera transférée vers la bibliothèque historique. Je n’étais pas passé depuis un bail chez le bouquiniste local. Vertu de l’absence : au retour dans ces murs-là, l’on a envie de tout.
Gary : même motif que précédemment. On améliore sa bibliothèque et l’on se demande soudainement depuis combien de temps on n’a pas ouvert un bouquin de Gary : 10, 20, 30 ans ? Ouh la la ! Il était temps.
Si l’on aime la littérature, on ne peut passer à côté de Stevenson. Bon… si on peut, mais c’est bien dommage pour vous si vous êtes dans ce cas. Comme c’est un 10/18, vous retrouverez le volume un de ces jours dans la rubrique ad hoc. En attendant, je recherchais — mollement, certes — ce titre-là dans cette collection à cause du dernier article du recueil : Les romans d’aventures de Jules Verne. Votre Tenancier est un amateur de Verne depuis son enfance, relançant à chaque phase de son existence son intérêt sans toutefois en retrouver les saveurs juvéniles. Tant pis. En revanche, L’île au Trésor reste pour moi une jouvence. Quoi de plus tentant que de confronter deux admirations ? Vous faites erreur Tenancier, me répliquera-ton. Il existe d’autres romanciers sur ce genre avant Stevenson, tout de même ! Et de me citer Dumas, par exemple. Qu’à cela ne tienne, on trouvera également dans le recueil À propos du vicomte de Bragelonne. Et avec ceci, on aura un temps bâillonné les fâcheux et les ratiocineurs, quoique rien n’est sûr avec cette engeance. Le reste du sommaire, nous ne le connaissons pas (on a eu connaissance du texte sur Verne ailleurs, entretemps) et on éprouve un plaisir anticipé à le découvrir, d’autant que le résumé de 4e évoque ceci comme un complément au Voyage avec un âne dans les Cévennes…
(L’ouvrage est correct, mais le pelliculage est un peu dégueu, surtout sur le dos et le second plat. Si vous êtes dans le cas — et si c’est bien un pelliculage — vous pouvez utiliser un chiffon imbibé de liquide pour les vitres. Faites gaffe tout de même, parce que le carton ou le papier peuvent être imbibés et changer de couleurs dans les petites scarifications qui manquent rarement dans les anciens volumes, surtout dans les angles.)
Et voici que les reproches vont continuer bon train, je le sens, en constant que mes acquisitions n’apportent pas vraiment leur lot de nouveautés. C’est vrai, je me suis montré frileux dans ces choix volontaires, voire très conservateur. C’est que la littérature actuelle m’ennuie un peu, voyez-vous ? De plus, je me suis déshabitué dès la fin de ma carrière de salarié en librairie de neuf de me tenir au courant de ce qui paraît. Cela peut paraître bizarre, mais cette désaccoutumance se révèle comme un sevrage au tabac. On respire bien mieux, l’esprit se dégage et l’on n’a pas à supporter des effets secondaires comme d’autres addictions. Cependant, l’encouragement, l’amitié et, tout de même, la curiosité m’amènent parfois à acquérir un livre neuf. Que le contenu soit un recueil de nouvelles érotico-gourmandes — avec un joli titre en sus ne peut qu’éveiller en moi de la concupiscence. Nous lirons à petites bouchées.
Un livre neuf dans les acquisitions récentes ? Ce n’est pas souvent.
On se trouve parfois au passage d’une circulation de livres propulsés par l’amitié, ainsi on a offert au Tenancier ce livre de Tom Kromer, inconnu de lui et qui évoque les hobos, cette fois-ci au cœur de la Grande dépression aux États-Unis. Comment ne pas songer aux Vagabonds du rail, de London, à L’empereur du Nord, d’Aldrich, etc. ? La curiosité l’emporte !
Cette même circulation amicale me met devant ce qui ressemble à un thriller politique. On tentera de le lire pour montrer de la bonne volonté. Encore un livre neuf, mais qui compte pour du beurre, en quelque sorte. Ce type de récit ne m’emballe jamais. S’il me déplaît au bout du compte, je le rendrai afin qu’il trouve des bras plus accueillants.
Retombons dans nos ornières avec un vieux machin : le numéro 202 (octobre 1970) de la revue Fiction. Au sommaire : Robert Bloch, Harlan Ellison, Philippe Curval et des seconds couteaux (le terme n’est pas si péjoratif chez moi, puisque j’en suis un ! — j’adore faire dans le chleuasme !) comme Edgard Pangborn ou Otis Kidwell Burger — celui-ci complètement inconnu pour moi. Un titre de nouvelle retient mon attention : Comment mater un chômeur, de Barry N. Malzberg, intention prometteuse, ou pas… Il reste un auteur intéressant, sans doute méconnu à l’heure actuelle, comme pas mal de confrères de sa génération, en particulier à cause de son éclectisme. Le problème du « genre » touche aussi la littérature, si je puis dire. En conclusion de ce numéro et de cette chronique on trouve un article de Jean-Pierre Andrevon : Un Marabout bien planté qui fait le point sur cette maison qui publia tant de titres fantastiques ou de SF repris ici et là à l’heure actuelle. Je lis très rarement des ces littératures, désormais et lorsque je m’y retrouve, je picore au-delà de la limite de péremption. Comme il faut toujours être à la pointe dans la littérature de genre, je préfère à l’avant-garde éclairé, demeurer un traînard à lumignon. On brille moins, mais l’on dure.
On a essayé de ne pas trop se montrer bavard, et puis vous savez ce que c’est…
Christian Oster : Sur la dune — Éditions de Minuit, 2007
George Orwell : Hommage à la Catalogne, traduction par Yvonne Davet — Éditions Champ Libre, 1982
Roman Gary : Les cerfs-volants — Éditions Gallimard, 1981
Robert-Louis Stevenson : La France que j’aime, ou le voyage sans âne, Textes réunis avec une préface et une bibliographie par Francis Lacassin, traduction de Léon Bocquet et Jacques Parsons — UGE, coll. 10/18 , série « l’Aventure insensée », 1978
Silène Edgar : Les moelleuses au chocolat et leurs recettes, Gephyre édition, 2023
Tome Kromer : Les vagabonds de la faim, traduction de Raoul de Roussy de Sales, préface de Philippe Garnier, Christian Bourgois, 2022
Thomas Bronnec : Collapsus — Folio policier, 2023
Revue Fiction, n°202, octobre 1970.
lundi 26 février 2024
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 29
François Fasula
Angers — Éditions Deleatur, 1997
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 199è sur les presses de Deleatur pour le compte des amis de la Loire et du Train réunis
Requiem in pace
Le Tenancier : Pourquoi beaucoup de textes publiés dans cette collection s’attachent à une sorte de sentiment géographique, comme ceux de Jacques-Élisée Veuillet déjà abordés ici ? Pourtant, Cendres se révèle si court ! En peu de mot beaucoup de sensations passent. Très beau texte, très touchant… « La terre brune avait une épaisseur de graisse »… diable, on aimerait être l’auteur de ça !
Pierre Laurendeau : Texte très très bref, en vérité ! J’ai dû utiliser au moins un corps 16 pour l’étendre sur le nombre de pages fixe de la collection…
J’ai rencontré François Fasula, qui habitait Angers, lors de manifestations littéraires – à la fois confidentielles et sympathiques – organisées par les « Traumfabrik », un couple très investi dans l’édition de poésie (ils furent les organisateurs du salon de Rochefort-sur-Loire). En 1997, François venait de publier son premier roman, La vallée nuageuse ou De l'influence du whiskey sur le comportement des anges, chez Alfil – après un recueil de nouvelles, Le Voleur de temps, paru chez le même éditeur. J’avais été séduit par la tonalité et l’étrangeté de ses textes.
François appréciait les minilivres et me proposa un jour ce très très court texte, dont tu as si bien parlé.
Pour l’anecdote, François Fasula avait adressé à Fayard deux manuscrits (de mémoire, un recueil de nouvelles et un roman), qui furent acceptés par Claude Durand, un des derniers « géants » de l’édition : Claude Durand regardait tout ce qui était adressé à Fayard. Lors de l’entretien que François eut avec lui, Claude Durand fit une remarque qui m’a obligé à changer de chaussettes : « J’ai vu dans votre bibliographie un ouvrage publié par Deleatur… Excellent éditeur ! »
J’ai perdu contact avec François Fasula, et je le regrette… Il semble poursuivre ses publications chez un éditeur angevin, le Petit Pavé.
dimanche 25 février 2024
samedi 24 février 2024
Dystopie
La fiction dystopique, c'est lorsqu'on prend les choses qui arrivent dans la vie réelle à des populations marginalisées et qu'on les applique à des privilégiés.
(Piqué sur le ouèbe)
(Piqué sur le ouèbe)
vendredi 23 février 2024
Une historiette de Béatrice
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