Philippe Curval
La vie est courte,
la nature hostile,
et l'homme ridicule
Angers —
Éditions Deleatur, 1998
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 32 pages,
dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1998
sur
les presses de Deleatur pour le compte de quelques baigneurs prudents
Le Tenancier : Nous avons
en commun d’avoir publié
Philippe Curval, ce qui n’étonne guère lorsque l’on considère son
affection
pour les petites publications (Il a même produit de ses propres
nouvelles et sa
bibliographie en plaquettes, j’en possède quelque part).
On oublie aussi volontiers qu’il s’adonnait au collage comme
ici. On en retrouve dans les anciens numéros de Fiction
et, bien sûr, sur la couverture du Petit Silence illustré.
Enfin, ce récit d’un homme sur une plage rappelle à quel
point l’écrivain était doté d’humour et que son nom ne doit pas
forcément être
accolé à l’univers de la SF, même s’il en a été un acteur important.
Il me semble bien que c’est l’unique ouvrage avec une
pagination doublée — 32 pages.
Au fait, comment est-il arrivé dans cette collection ?
Pierre Laurendeau :
O Tenancier, tu évoques avec justesse un des grands
écrivains français, récemment disparu…
J’ai fait la connaissance de Philippe Curval lorsque j’étais
correcteur à l’agence de com’ d’EDF – Sodel Conseil –, qui regroupait
les
activités de com’ interne et la revue diffusée à tous les agents, La
Vie
électrique. Philippe y exerçait, sous son vrai nom, son métier de
journaliste.
C’était en 1981-1982 et il avait entendu parler de Deleatur
par Jacques Veuillet (voir Minilivres 7 et 21), qui était un de
ses
amis. Il était particulièrement enthousiasmé par la Nouvelle postale,
la
collection « d’entrée » de Deleatur qui a précédé les
minilivres (de
1980 à 1987). Il me promettait sans cesse un texte, qui n’est jamais
venu.
Après mon repli vers Angers à l’automne 1982, j’ai gardé
contact avec lui. J’ai eu l’occasion de le faire intervenir deux fois
dans le
cadre de nos activités professionnelles du Polygraphe :
-
En octobre 1991, à l’occasion d’une
performance
que j’avais organisée pour la librairie Richer (le plus important
libraire de
la ville) : il s’agissait, dans la même journée, d’écrire un
texte, de le
mettre en pages et de le proposer aux clients de la librairie. Philippe
avait
accepté avec plaisir de relever le défi – cela a donné lieu à une jolie
plaquette
de 24 pages, Le Chant du Rossignol, sur vergé Conquéror 100 g,
avec
couverture Canson et son étiquette rapportée ; reliure au fil.
Très chic.
Il était venu à Angers avec sa femme, Anne Tronche, critique d’art
réputée, qui
nous avait dit son admiration pour Pierre Bettencourt.
-
Quelques années plus tard, pour la
carte de vœux
d’une entreprise autoroutière pour laquelle nous effectuions des
travaux sporadiques
(pas de réfection de bitume !). De mémoire (car je n’ai pas gardé
ladite
carte), il avait écrit un joli conte de Noël.
Finalement, Curval m’adressa en 1998 La vie est courte,
la nature hostile et l’homme ridicule, qu’il avait autoédité un an
plus tôt
dans la Collection particulière – éditions du Pigeonnier. L’ouvrage,
orné d’une
« gravure originale sur ordinateur de l’auteur », était tiré
à 10
exemplaires. Je possède le numéro 4. Je fus tout de suite emballé par
ce conte
philosophique risible, teinté de désespoir. J’avais tout de même un
problème de
taille : le texte débordait largement les capacités d’accueil du
format
standard : 16 pages A7. D’où la nécessité d’un volume double – cas
effectivement
unique dans la collection…
Philippe Curval m’adressa un deuxième texte, paru
initialement dans la même « Collection particulière », La
Moustache anglaise ; on en reparlera à l’occasion du
numéro 54.
La dernière fois où j’ai croisé Curval, c’était aux
Utopiales de Nantes, il y a une dizaine d’années. Il se promenait dans
les
coursives de ce grand paquebot de la SF comme l’habitant d’une planète
extrasolaire débarqué là par une erreur d’aiguillage. Nous avions pris
un verre
ensemble au Bar de Madame Spock, tels deux cosmonautes à la dérive.
Pour l’anecdote, Philippe m’avait confié qu’il avait emprunté
son pseudonyme à un des pires sacripants des Cent Vingt Journées de
Sodome
de Sade, le président de Curval. [Ce que le Tenancier savait
également... NDLR]