jeudi 27 février 2025

George Sand

George Sand est la vache bretonne de la littérature.
Jules Renard

George Sand avait la sérénité de ces animaux ruminants dont les yeux pacifiques semblent refléter l'immensité.
Maxime Du Camp

mardi 25 février 2025

Un homme heureux

Il y a une dizaine de jours, votre Tenancier chéri a convié quelques amis locaux à une causerie «gourmande» (crêpes nature, au rhum et à la cannelle) autour de la bibliophilie. Rien de très développé, on vous rassure, quelques notions exposées de façon assez brouillonne, mais le moyen de faire autrement sur un sujet aussi riche? On espère avoir intéressé, tout de même. Le même jour, le soir, on accueillait un ami de longue date, bouquiniste et également un peu antiquaire, de passage dans la région pour «faire une adresse». On eut la chance de contempler le merveilleux bordel qui encombra sa camionnette le lendemain : boîtes contenant des images qu’on trouvait dans les paquets de chocolats, vieille chaussette remplie de pièces de monnaie, pas très «fleurs de coin» pour la plupart. On identifia même une ou deux datant du XVIIe siècle, fort usées puis pas mal de monnaie du Second Empire, etc. Dans le lot récupéré, seulement quatre livres, ou plus exactement un livre et trois numéros de revue, documents concernant la Bretagne, son folklore, son économie, etc. Cet ami a bien voulu me confier ces ouvrages et c’est ainsi que vous avez pu lire ici même un article sur la production de papier en Bretagne (un autre arrive sous peu). On pourrait s’arrêter là et se déclarer satisfait de la bienveillance du destin qui vous nous fait retrouver la joie des réunions amicales et la jouissance de farfouiller dans de vieux objets. De façon surprenante, l’article en question a provoqué pas mal de réactions intéressées, preuve que l’érudition ne se dilue pas encore dans l’obscurité qui nous gagne de toute part.
Cette succession de plaisirs ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un don amical, suscité par l’article sur le papier, me fit recevoir un livre que je convoitais depuis sa parution en 1991. Papier de Jean-Pierre Lacroux consiste en un ouvrage sur sa fabrication entre autres et dont chaque page est imprimée sur un papier différent, prouesse remarquable, tant sur le plan du brochage et du cartonnage que pour les variétés utilisées. Yearling, Rotostable, Gama, Opale de Rives, mais aussi Vélin Arches, Centaure ivoire, etc., apportent au propos une matérialité assez sensuelle à un livre à un prix plutôt élevé à l’époque (390F de 1991, cher pour un salarié en librairie) et qui s’est épuisé très rapidement. L’on a vécu sur le souvenir de cet ouvrage pendant tout ce temps sans trop d’illusions sur la possibilité de le retrouver et voici qu’il nous parvient dans notre boîte aux lettres : émotion, joie et reconnaissance envers cet ami! Cette décade s’est révélée «prodigieuse» à sa manière. Maintenant, on va se plonger de nouveau dans ce livre, longuement parcouru par votre Tenancier lorsqu’il s’activait en librairie. Il va apprendre encore, d’autant que l’on attend beaucoup de Jean-Pierre Lacroux dont on recommande également ses travaux sur l’orthotypographie
Oui, le titre de ce billet fait un peu benêt, mais il traduit bien ce qui se passe pour votre Tenancier.

Avec jaquette

Sans jaquette

samedi 22 février 2025

Le rêve de mon papa


La première nouvelle publiée cette année annonce également le printemps ! En effet, Le rêve de mon papa parle en entre autre de la course Paris-Nice qui, même si elle se déroule dans la première quinzaine de mars, reste une échappée vers le soleil. Le Tenancier cycliste ? Diable, pour un peu cela vaudrait la peine d’y aller voir de plus près.
Lard-Frit n°10 - Lien

mardi 18 février 2025

La production de papier en Bretagne — I

Hasard de la chine, votre Tenancier est tombé sur deux articles intéressants qui concernent l'histoire du livre et plus précisément sur l'histoire de la fabrication du papier. Ces deux textes ont été publiés dans le Bulletin de l'Assiociation bretonne de 1959. On a décidé de vous en infliger la teneur in-extenso, en commençant par le plus long. On a respecté autant que se peut l'orthographe en vous priant de bien vouloir excuser les quelques fautes qui ont pu se glisser ici et là en raison du recours à un logiciel de reconnaissance de texte.

Rapport sur l’industrie du papier et du carton dans la Région de Lannion
 
S’il est une question qui préoccupe les Bretons soucieux de l’avenir de leur chère Bretagne, c’est bien le manque de débouchés sur place pour la jeune génération.
La région de Lannion n’échappe pas à cette conjoncture du fait de la mécanisation de l’Agriculture qui demande moins de bras, et du peu d’industrie du Pays.
Aussi faut-il se féliciter des efforts qui ont été faits dans ce sens à Lannion même pour implanter de nouvelles activités.
Or, de plus en plus, il devient évident que le développement d’une région est intimement lié à la production d’énergie, à telle enseigne qu’un spécialiste de ces problèmes, décédé récemment à l’Arcouest, M. Schueller, proposait de remplacer tous les impôts par une taxe sur l’énergie.
Voyons donc quelle est la situation de la Bretagne à ce sujet.
Des nombreux cours d’eau, malheureusement bien courts du fait de la configuration du sol, actionnaient autrefois quantité de moulins échelonnés le long de leur cours.
Ces moulins produisaient de la farine, foulaient des tissus de laine, broyaient des écorces, fabriquaient du carton ou du papier.
Les uns et les autres ont disparu par suite de la création de grandes minoteries, de l’arrêt de tissages familiaux, des modifications des procédés de tannage, de la tendance à établir de grandes papeteries dans les ports ou à proximité des grosses sources de force motrice, hautes chutes et mines de charbon.
Sur les 67 moulins à papier qui existaient en Bretagne : en 1776, il ne reste plus qu’une douzaine d’établissements, dont deux très importants dans le Finistère, trois dans le Morbihan, un dans l’Ille-et-Vilaine, un à Nantes, et enfin cinq dans les Côtes-du-Nord, dont une papeterie et quatre cartonneries.
Ce sont particulièrement (puisque nous vous confinons dans la région de Lannion) les Établissements placés sur le Léguer ou ses affluents qui nous intéressent, et il serait trop long de passer en revue toutes les usines de Bretagne. Un rapport très étudié et très développé a été établi à ce sujet par le Directeur Général des Papeteries Vallée, rapport demandé par le C.E.L.I.B. au cours de son enquête pour le développement de l’Industrie en Bretagne.
Si les moulins établis sur le Léguer, en amont de Belle ­Isle-en-Terre, par les familles Le Loutre et Le Corju ont disparu, ainsi que ceux de la région de Ploubezre, les trois cartonneries établies sur le Guic en Plounévez-Moëdec et sur le Saint-Émilion en Loguivy-Plougras n’ont cessé de fonctionner et sont toujours gérées par la famille Alexandre, dont un ancêtre fonda en 1610 le « Milin Kreiz Izellan », qui est l’un des plus anciens de Bretagne.
Cet établissement, bien modernisé, occupe une dizaine d’ouvriers ; ainsi que les deux autres qui sont de fondation plus récente. Ils produisent des cartons fort appréciés et adaptés aux besoins modernes.
En aval de Belle-Isle-en-Terre se trouve la seule usine de Bretagne fabriquant des papiers d’écriture en même temps du reste que des papiers d’emballage fins.
Autrefois, la région la plus papetière de Bretagne était celle de Morlaix et les nombreux moulins échelonnés le long du Kéfleut donnèrent naissance aux importantes papeteries de Glazlan. C’est de là que vint la famille Vallée, il y a 103 ans, avec un groupe de papetiers qui se succèdent à l’usine de Loc-Maria de père en fils.
Cette usine emploie 200 personnes et possède trois machines. C’est avec plaisir que la Direction s’offre à la faire visiter par les personnes que la question intéresse. Se rendant parfaitement compte que l’avenir d’une papeterie est intimement lié à la question énergie, cette Direction n’a pas hésité à tirer parti de la force hydraulique du Léguer aménageant un barrage qui lui donne un millier de chevaux. Elle projetait même dès 1920, d’équiper d’autres chutes sur le cours du Léguer, dont la dernière eut été une marémotrice au Yaudet. Le projet fut même établi de monter une machine à Journal à Lannion même, à l’endroit où depuis a été construite l’usine à gaz.
Les bois et les pâtes auraient été reçus à quai par petits navires.
Depuis, la fabrication du papier journal s’est concentrée dans de très grandes usines près des mines dans le Nord et à Rouen où peuvent accoster de grands navires apportant les matières premières et les combustibles.
C’est dire que la Papeterie, comme toutes les industries, attache la plus grande importance à la question force motrice. Or, si la Bretagne ne dispose pas de houille noire, de houille blanche, ni d’or noir, ces termes désignant le charbon, la neige et le pétrole, elle a sur ces côtes une magnifique source d’énergie, la houille bleue des marées et il est inconcevable que l’on n’en ait pas encore tiré parti.
Le barrage de la Rance a déjà fait couler beaucoup d’encre, espérons qu’il verra passer dans ses groupes bulbes beaucoup d’eau et qu’il fournira à la région de l’Ouest, si déshéritée, les 800 millions de kilowatt-heure promis, en attendant les 13 milliards de la baie du Mont Saint-Michel.
Plus modestement, les estuaires de la rivière de Tréguier et du Trieux donneraient ensemble leurs 40 millions de kilo­watt-heures suivant les études déjà anciennes de MM. Pel­nard, Considéré et Caquot.
Mais il est un autre point dans la conjoncture actuelle qui fait craindre des restrictions d’importation de matières premières et qu’il convient d’examiner de très près, c’est le reboisement.
En dépit de ce qu’on aurait pu penser de la diminution de l’emploi du bois par suite de la construction en fer et en béton armé, cet emploi s’accroît dans des proportions constantes du fait de nouveaux débouchés dans le déroulage, la fabrication du papier et les multiples industries de la cellulose.
Donc, la plantation d’arbres représente une affaire de première importance, elle permet de tirer un excellent parti de terrains incultes ou incultivables par leur situation. Mais comme dans tous les domaines, il faut faire de la vitesse et il est nécessaire de choisir des essences à croissance rapide : les résineux et les peupliers. L’Administration des Eaux et Forêts est là pour donner toutes les indications utiles, et la pépinière qu’elle a créée dans la forêt de Coat-an-Noz est des plus instructive. Il est à noter que les forêts de Coat-an-Noz, Coat-an-Nay et Beffou se trouvent dans le bassin du Léguer et représentent un attrait de plus pour la région de Lannion déjà si connue par ses magnifiques plages.
De son côté, M. Pierre Lemoine à qui j’avais communiqué diverses notes sur les Papeteries de Bretagne, dont un ouvrage de M. Bourde de la Rogerie qui a été complété par M. Fanch Gourvil, a condensé ces précieux renseignements en une note succincte dont il va vous donner lecture. M. Ca­doret qui depuis 64 ans a contribué à l’essor de l’usine de Loc-Maria a, lui aussi, recueilli des indications très intéressantes sur les familles papetières qui ont exercé à Morlaix et à Belle-Isle.

O.
VALLÉE,
Directeur des Papeteries de Locmaria, en Belle-Isle-en-Terre

samedi 15 février 2025

Une déclaration d'incompétence

On ne se doutait pas il y a quelques jours que notre transcription d’un extrait de propos de Jean-Patrick Manchette trouverait un écho, en quelque sorte, dans l’actualité «littéraire». Récapitulons pour l’éventuel tardif qui lira ce billet dans quelque temps, ou bien qui débarquerait de Sirius : le prix Goncourt de l’année est accusé de s’être inspiré d’un peu trop près de la vie d’une femme algérienne, au point que le travail d’écriture ressemblerait en certains points à de la transcription pure et simple et non une œuvre d’imagination. Qui cela peut-il étonner à l’heure actuelle dans un milieu critique prompt à considérer ce genre de pratique comme normale, pourvu qu’elle ne se montrât point trop ou alors qu’elle fit preuve d’un peu d’industrie? Ainsi, deux jours avant d’écrire ce billet, on entendit sur France Culture (appellation de plus en plus oxymorique) une critique déclarer qu’un ouvrage documentaire (traitant là de la pédophilie) appartenait au genre du roman en raison du style employé par l’auteur. Nous voici donc dans la «représentation plaisante» et les «lamentations réformistes» évoquées par Manchette. Le souci avec cet auteur Goncouré réside plus dans la paresse dans son travestissement que dans le fait que son travail ait peu à voir avec l’imagination et le talent narratif. Certains autres «auteurs» échappent, on se demande pourquoi, à ce genre d’accusation : tel qui dépeint son dégoût des classes populaires dont il est issu rencontre une certaine grâce, sans doute parce qu’il illustre à son tour la fameuse lamentation réformiste citée plus haut et peut-être également parce que la représentation échappe à la matière même de l’écrit. L’on achète moins le livre que la posture de l’auteur, pulsion entretenue par des médias qui n’aime pas le contrefait, sauf s’il devient paroxystique, lui préférant le glamour et le touchant (ah, le bafouillage charmant de Modiano!). Revenons à notre Goncouré, paresseux, médiocre transcripteur, si le fait est avéré. En quoi devrions-nous en définitive nous offusquer d’une telle pratique puisqu’elle est entérinée dans les mœurs de la production dite «littéraire», et dont les employés, on l’a vu il y a peu, se permettent de mépriser La Métamorphose de Kafka, par exemple(1), le jugeant «malaisant» ?
Citons Stevenson(2) :
«Cette insistance sur les aspects ternes de la vie et la mesquinerie de l’homme est dans le fond une bruyante déclaration d’incompétence. Peindre un homme sans aucune espèce de poésie (...) révèle plutôt les insuffisances de l’auteur.» Car, dit-il, «les causes de la joie d’un homme sont souvent difficiles à cerner. Elles ont si peu de rapport avec l’extérieur (tel que l’observateur l’inscrit dans son carnet) qu’elles n’y touchent peut-être même pas — et la véritable existence de l’homme, pour laquelle il consent à vivre, serait uniquement réservée au domaine de l’imagination. Il est possible que l’homme d’Église, à ses moments perdus, gagne des batailles, que le fermier pilote des navires, que le banquier triomphe dans les arts (...). Dans pareil cas, la poésie court, souterraine, et l’observateur (pauvre âme, avec ses documents!) est toujours au mauvais endroit. Car prétendre “observer” l’homme, c’est aller au-devant de bien des déconvenues. Nous voyons le tronc d’où il tire sa subsistance, mais lui-même est bien au-delà, déployé dans le dôme du feuillage, traversé par les murmures du vent, peuplé de nids de rossignols. Et le véritable réalisme est celui des poètes, qui grimpent après lui comme un écureuil et ainsi entrevoient un coin du ciel pour lequel il vit. Oui, le véritable réalisme, toujours et partout, est celui des poètes : découvrir où réside la joie, et lui donner une voix bien au-delà du chant. Car manquer la joie, c’est tout manquer. Dans la joie des acteurs réside le sens de toute action. D’où l’irréalité obsédante et vraiment spectrale des ouvrages “réalistes”. (...) Car aucun homme ne vit dans la réalité extérieure, parmi les sels et les acides, mais dans la chaude pièce fantasmagorique de son cerveau, aux fenêtres peintes et aux murs historiés.»
Mais qui se soucie encore de Stevenson? Et qui se préoccupe de littérature ?

(1) Émission La Grande Librairie, mai 2023 — Lien
(2) Extraits de : Essais sur l’art de la fiction, cités sur le site Périphéries— Lien

mercredi 12 février 2025

Un dialogue intime

Ce n’est pas la première fois que votre Tenancier s’empare de quelques Simenon (ici, que des Maigret), dans la boîte à livres de sa ville. Il possède désormais certains de ces titres en double voire en triple, chaque fois dans une collection différente, sa préférée restant celle de l’édition Arthème Fayard, avec le regret que ces ouvrages se trouvent en général dans un état médiocre ; ainsi constate-ton une fâcheuse pliure sur le premier plat d’un des exemplaires du jour… On a pris tout de même, songeant que le hasard des trouvailles nous poussera un jour à améliorer celui-là. Le Tenancier ressent-il une passion particulière pour Simenon ? Eh bien, pas tant que cela, mais il satisfait de façon honorable l’envie de repartir avec « quelque chose » de cette boîte à livre en général garni de titres de Konsalik quand ce n’est pas du Sulitzer (on ne s’étendra pas dans ce billet sur la pauvreté organisée de cet emplacement). Mais ces livres ne répondent pas à la seule pulsion bibliomane : le Tenancier entretient ainsi le lien qui l’unit à sa mère, lectrice dudit Simenon, comme on l’a déjà signifié il y a pas mal de temps sur ce blogue. Ce morceau de dialogue se poursuit de façon ténue de trouvaille en trouvaille. La mère du Tenancier ne se contentait pas que de cela, mais vous n’en saurez guère plus, le reste de sa bibliothèque, artistique en majeure partie, dont il a hérité demeure dans l’intimité d’un dialogue chaleureux et nostalgique avec une femme éprise de beauté. 

mardi 11 février 2025

Un peu de sérotonine...

Il arrive que le Tenancier soit l’objet d’attentions sympathiques qui consiste à lui expédier des livres. C’est le cas avec ces deux petits ouvrages de Patrick Boutin. L’un — Futur intérieur — est un recueil de nouvelles express, telles que le pratiquait Sternberg, entre autres. Le récit ultra-court reste un exercice difficile et plutôt élitiste, dans le sens où une mince frange de littérateurs sait exprimer une situation ou une histoire en peu de mots. On connaît ainsi un Éric Chevillard et son extraordinaire capacité de renouvellement dans ce domaine… Patrick Boutin, lui, opère sur des distances un peu plus longues et reflète également un certain bonheur d’écrire ; sans doute secrète-t-il un taux élevé de sérotonine, production qui récompense notre assiduité vertueuse à nos claviers et à nos stylos. Ici, elle se transmet par des nouvelles à l’humeur souvent légère au travers desquelles on s’amuse à retrouver quelques influences, comme celle de Gripari dans la nouvelle Se lacer de tout.


On connaît le Club Samizdat que Pierre Laurendeau porte à bout de bras au travers de plus de cinquante volumes, publiant nombre de textes disparates et réjouissants, au point de rejoindre par certains titres la collection dont nous avons interrompu (à tort !) la chronique dans ce blog, à savoir les Minilivres (nous allons y revenir sous peu…) Si l’on compte bien, c’est le deuxième volume de Patrick Boutin dans ce Club Samizdat, que vous serez plus assurés de trouver dans des boîtes à livres, puisque c’est leur lieu d’élection, à moins que vous ne les commandiez chez l’éditeur lui-même. Pêli-mélo, sous-titré « Nano-nouvelles », tire vers le recueil d’aphorismes ou de calembours : même bonheur d’écrire avec, en sus, l’incitation à papillonner plutôt que de se livrer à une lecture linéaire. En effet, ce type de recueil s’y prête, on relève ainsi « Six baryton sybarites se relaxaient de cinq ascètes » qui dénote une appétence pour l’allitération et pour l’étymologie, puisque l’on sait que les habitants de Sybaris, abhorraient les bruits intempestifs !
On devrait l'apprendre, le Tenancier, ne s’adonne que par exception à la « critique » de livre, encore faut-il, aussi, qu’on lui en procure l’occasion. Parce que, ce n’est pas pour dire, il n’est pas si bégueule.



— Futur intérieur et autres rêveries sans queue ni tête — ‘Co éditions
— Pêli-Mêlo, nano-nouvelles — Club Samizdat

lundi 3 février 2025

Boustrophédon, apophtegme & antanaclase

Il n’a rien d’un crapoussin. Sa glabelle n’est pas villeuse, mais son vomer, couvert par un stéatome, lui donne l’aspect d’un miquelet. Bref, c’est le genre de type capable de lire couramment le boustrophédon et qui ne confondrait pas un apophtegme avec une antanaclase ; si vous voyez ce que je veux dire.
San Antonio : En avant la moujik (1969)

dimanche 2 février 2025

Un bordel ordonné, malgré tout

Il y a quelque temps, votre Tenancier avait entamé un roman et en était rendu à environ 95000 signes(*) avant de l’arrêter pour diverses raisons, mais surtout parce que la chose se complexifiait et qu’il devenait nécessaire de prendre de la distance. Une grande partie de ce travail était opérée au stylo dans un bloc de papier quadrillé, comme de coutume. Le temps passa, accaparé par l’élaboration d’autres ouvrages et, l’ennui aidant, on se décida enfin à repêcher ces débuts afin de les prolonger. Or, le problème trouve sa source dans le fait que votre Tenancier papillonne assez entre les blocs, insérant les divers chapitres entre deux nouvelles ou de parties appartenant à d’autres textes longs, ce qui aboutit à un effroyable bordel dès qu’il s’agit de collationner ces blocs. On vient à ce titre d’évoquer avec la nièce de votre serviteur, le désarroi probable qu’un étudiant éprouverait à l’appréhension de ces archives…
Pour le moment, votre Tenancier n’a rien trouvé et se dit qu’après tout il pourrait se contenter des bouts qu’ils possèdent et repartir sur des bases quasi neuves. L’on va y réfléchir. Mais il serait bon qu’il se discipline également, histoire de ne pas perdre trop de temps dans ce genre de recherche.

(*) Par signe, on entend chaque caractère figurant sur nos claviers, y compris les espaces et les ponctuations. Ainsi, avec cette notule, ce billet fait 1399 signes.

jeudi 30 janvier 2025

Désobéissance civile et résistance

Les Relay submergés de marque-pages et stickers contre Bolloré
La note d’information de Lagardère

Depuis début décembre des centaines de milliers de marque-pages et stickers se répandent à l’intérieur des librairies. Ils invitent à boycotter les livres Hachette, à lutter contre l’emprise de Bolloré et à soutenir les éditions indépendantes.
Une note interne de la « direction de la communication de Lagardère » nous a été transmise par un certain nombre d’employé-es des Relay, enseignes appartenant au groupe Bolloré et présents dans de multiples gares, stations de métro et aéroports. On y trouve la confirmation que « l’ensemble des enseignes et librairies qui vendent des livres Hachette » sont largement arrosées de petites surprises informatives qui s’immiscent malicieusement entre les pages et les rayons et que « les Relay ne font pas exception ». Malgré les consignes des « Ressources Humaines » visant à endiguer la vague, les employés des Relay qui nous ont contacté anonymement nous invitaient plutôt à poursuivre l’opération et promettaient de ne pas mettre trop d’ardeur à « procéder au retrait des marque-pages et stickers dès leur découverte », comme leur intime la circulaire.
Comme nous l’a transmis l’un•e des vendeuses dans un courrier : « Avec ses milliards, au prix où il nous paye et tant qu’ils nous oblige à mettre du Bardella dans ses rayons, on va pas se plier en quatre pour protéger l’image du grand patron. »
Alors que du 29 janvier au 2 février ont lieu des journées d’actions contre l’empire Bolloré tout un chacun.e devrait prendre cette note inquiète de nos adversaires comme un bel encouragement à reproduire ce geste simple dans le Relay le plus près de chez soi avec quelques ami.es en mode festif ou incognito en attendant le train.
D’autant que comme l’indique le site relay.com : « Avec plus de 350 magasins en France, présents dans près de 300 gares et stations de métro et près de 25 aéroports du territoire, vous trouverez toujours un RELAY à proximité. »

Source : Les soulèvements de la terre