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Et le tout jeune homme qui débarque avec une liste, afin de lire les plus anciens prix Goncourt et « se faire une idée ». Bonne pioche. J'adore mon boulot. |
lundi 3 mars 2025
Une historiette de Béatrice
vendredi 28 février 2025
La production de papier en Bretagne — II
Voici le deuxième article
provenant de la même source, le Bulletin de l’Association bretonne
de 1959. Ici, l’on s’intéresse à l’implantation
historique des moulins à papier, qui laisse par ailleurs deviner de
multiples
activités le long des cours d’eau dans la région. On regrette le style
guère
chaleureux et la sécheresse des informations, liée à une onomastique
pas très
familière à beaucoup d’entre nous. Tant pis, le fond reste intéressant
et donne
même envie d’en savoir un peu plus. La question demeure :
existe-t-il
encore des moulins à papier sur les bords des fleuves côtiers et des
rivières
bretonnes, plus de soixante-cinq ans après la conclusion de ce papier ?
Là, aussi, le texte a été repris d’après une numérisation, merci de signaler d’éventuelles coquilles.
Là, aussi, le texte a été repris d’après une numérisation, merci de signaler d’éventuelles coquilles.
Note sur l’histoire
des
papeteries comme industrie locale
Le nom de
Tsal-Loun, dès l’an 210 avant l’ère chrétienne, marque le
point de départ de cette histoire. Puis en 751, on retrouve le nom de
Samarkano ;
mais il faudra encore attendre quatre siècles avant de
voir
apparaître en Europe les premiers moulins à papier.
On doit tout d’abord citer les pays méditerranéens : Espagne en 1150 et, un siècle plus tard, l’Italie en 1268. À partir du milieu du quatorzième siècle, exactement en 1348, date qui marque la fondation du Moulin du Roy à Troyes, on peut suivre le développement considérable des moulins à papier dans l’extrémité occidentale de l’Europe avec Ville-sur-Saulx, puis Bar-le-Duc, Pont-Audemer, et enfin les moulins de Bretagne mentionnés pour la première fois dans des pièces datant de 1499, environ un demi-siècle avant le traité d’Union signé entre la Bretagne et la France. On peut cependant affirmer qu’entre 1400 et 1455 plusieurs papeteries fonctionnaient déjà en Basse-Bretagne : entre autres celles de Vannes, Morlaix et Bréhant-Loudéac, petite paroisse aux confins des anciens diocèses de Saint-Brieuc, Vannes et Saint-Malo. Avant d’aborder l’étude des moulins de la région morlaisienne, d’une très grande densité, il est bon de citer l’aveu présenté au Roi en 1499 par Jehan de Rohan, seigneur du Gué-de-l’Isle, qui contient la plus ancienne mention des moulins. Ce gentilhomme auquel on attribue la fondation du moulin en question, sur la rivière de « Helyer », à la limite des paroisses de Plumieux et de Bréhant, établit également en 1484, à proximité de son château, la première imprimerie de Bretagne. Dans une pièce de la même année que l’aveu de Jehan de Rohan, il est fait mention d’une Tente, évaluée en rames de papier, payable par Jean de Kerloaguen à Yves Pinart, seigneur du Val, propriétaire du Manoir et du moulin du Val-Pinart(1). Dès le seizième siècle, l’usage du papier était très répandu à Morlaix, et une imprimerie s’y établit en 1557 ; mais il n’est pas prouvé que le papier utilisé fut intégralement fabriqué dans la région, car de très nombreux moulins à blé ne furent transformés qu’aux environs de 1625, tels le moulin de Pont-Paul ou ceux de Pleyber-Christ. Citons dans cette dernière paroisse Roudougoualen en 1621, Gelaslan en 1629, Rosanvern en 1632. Les familles Le Bihan de Kerallo, de Coatanscours, Le Marant du Val, Le Gualès, de Brézal, afféagèrent de nombreux terrains à des papeteries entre 1630 et 1650. À cette époque, beaucoup de noms de maîtres et compagnons papetiers sont normands, et les registres d’état civil mentionnent « normands de nation », et l’on retrouve les mêmes noms d’un petit nombre de familles qui se vouent à cette industrie. En 1661 et 1669, Alain de la Mare — un autre normand — achetait l’un des moulins de Glaslan et deux moulins à Loguivy-Plougras. Cette époque est celle où l’on retrouve l’origine de véritables dynasties de papetiers devenus de « bonne bourgeoisie », tels les Huet, Guesdon, Le Maître... Jusqu’au dix-neuvième siècle subsistèrent quelques moulins à papier à Lannion et dans les paroisses voisines : Buhulien, Ploubezre, Tonquédec, Loguivy-Plougras, Kerven et Plounévez-Moëdec. Les seigneurs de Tonquédec avaient fondé vers la fin du dix-septième siècle le moulin de Kermeur, sur la rive du Leguer. À la fin du dix-huitième siècle commencèrent les difficultés : un décret de 1771 ordonnait la suppression de toutes les papeteries situées à moins de dix kilomètres des villes maritimes, c’est-à-dire Lannion, Morlaix, Châteaulin, Quimper... En 1774, les États de Bretagne obtinrent la non-application de ce décret après de vives protestations. D’autres difficultés surgirent : saisies de matière première, conflits entre patrons et ouvriers. Dès 1756, il y eut une heureuse tentative pour transformer les papeteries morlaisiennes et créer une véritable usine. Joseph Gigant du Mont essaya de constituer, sous la protection des États de Bretagne, une société au capital de 40 000 livres, qui aurait établi une papeterie rénovée à Belle-Isle-en-Terre. Son neveu Raymond aidé de Mazurié, riche marchand morlaisien, fit une tentative analogue en 1722, appuyée par le Duc de Rohan qui lui concéda un emplacement favorable sur le bord de l’Elorn, â proximité de la Roche-Maurice. Ces louables essais échouèrent, mais le coup le plus rude porté à cette industrie bretonne fut la Révolution qui engendra un appauvrissement général, et ce fut progressivement la mort de la petite industrie rurale, aussi sensible dans le domaine des innombrables tisserands dont cette époque vit la ruine. Quelques chiffres résumeront cette situation saisissante : en 1776, il existait en Bretagne 67 moulins à papier dont il ne subsiste plus que 13 en 1958, dont 5 dans les Côtes-du-Nord, 3 dans le Finistère et le Morbihan, un seul en Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique. (1) Le Val-Pinart était en la paroisse de Saint-Martin de Morlaix. P. LEMOINE. |
jeudi 27 février 2025
George Sand
George Sand est la vache bretonne de la littérature.
George Sand avait la sérénité de ces animaux ruminants dont les yeux pacifiques semblent refléter l'immensité.
Jules Renard
George Sand avait la sérénité de ces animaux ruminants dont les yeux pacifiques semblent refléter l'immensité.
Maxime Du Camp
mardi 25 février 2025
Un homme heureux
Il y a une dizaine de jours, votre
Tenancier chéri a convié
quelques amis locaux à une causerie « gourmande » (crêpes
nature, au rhum
et à la cannelle) autour de la bibliophilie. Rien de très développé, on
vous
rassure, quelques notions exposées de façon assez brouillonne, mais le
moyen de
faire autrement sur un sujet aussi riche ?
On espère avoir intéressé, tout de même. Le même jour, le soir, on
accueillait
un ami de longue date, bouquiniste et également un peu antiquaire, de
passage
dans la région pour « faire
une adresse ».
On eut
la chance de contempler le merveilleux bordel qui encombra sa
camionnette le
lendemain : boîtes contenant des images qu’on trouvait dans les
paquets de
chocolats, vieille chaussette remplie de pièces de monnaie, pas très « fleurs de coin » pour la
plupart. On
identifia même une ou deux datant du XVIIe siècle, fort
usées puis pas
mal de monnaie du Second Empire, etc. Dans le lot récupéré, seulement
quatre
livres, ou plus exactement un livre et trois numéros de revue,
documents
concernant la Bretagne, son folklore, son économie, etc. Cet ami a bien
voulu
me confier ces ouvrages et c’est ainsi que vous avez pu lire ici même
un
article sur la production de papier en Bretagne (un autre arrive sous
peu). On
pourrait s’arrêter là et se déclarer satisfait de la bienveillance du
destin
qui vous nous fait retrouver la joie des réunions amicales et la
jouissance de farfouiller
dans de vieux objets. De façon surprenante, l’article en question a
provoqué pas
mal de réactions intéressées, preuve que l’érudition ne se dilue pas
encore
dans l’obscurité qui nous gagne de toute part.
Cette succession de plaisirs ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un don amical, suscité par l’article sur le papier, me fit recevoir un livre que je convoitais depuis sa parution en 1991. Papier de Jean-Pierre Lacroux consiste en un ouvrage sur sa fabrication entre autres et dont chaque page est imprimée sur un papier différent, prouesse remarquable, tant sur le plan du brochage et du cartonnage que pour les variétés utilisées. Yearling, Rotostable, Gama, Opale de Rives, mais aussi Vélin Arches, Centaure ivoire, etc., apportent au propos une matérialité assez sensuelle à un livre à un prix plutôt élevé à l’époque (390F de 1991, cher pour un salarié en librairie) et qui s’est épuisé très rapidement. L’on a vécu sur le souvenir de cet ouvrage pendant tout ce temps sans trop d’illusions sur la possibilité de le retrouver et voici qu’il nous parvient dans notre boîte aux lettres : émotion, joie et reconnaissance envers cet ami ! Cette décade s’est révélée « prodigieuse » à sa manière. Maintenant, on va se plonger de nouveau dans ce livre, longuement parcouru par votre Tenancier lorsqu’il s’activait en librairie. Il va apprendre encore, d’autant que l’on attend beaucoup de Jean-Pierre Lacroux dont on recommande également ses travaux sur l’orthotypographie…
Oui, le titre de ce billet fait un peu benêt, mais il traduit bien ce qui se passe pour votre Tenancier.
Cette succession de plaisirs ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un don amical, suscité par l’article sur le papier, me fit recevoir un livre que je convoitais depuis sa parution en 1991. Papier de Jean-Pierre Lacroux consiste en un ouvrage sur sa fabrication entre autres et dont chaque page est imprimée sur un papier différent, prouesse remarquable, tant sur le plan du brochage et du cartonnage que pour les variétés utilisées. Yearling, Rotostable, Gama, Opale de Rives, mais aussi Vélin Arches, Centaure ivoire, etc., apportent au propos une matérialité assez sensuelle à un livre à un prix plutôt élevé à l’époque (390F de 1991, cher pour un salarié en librairie) et qui s’est épuisé très rapidement. L’on a vécu sur le souvenir de cet ouvrage pendant tout ce temps sans trop d’illusions sur la possibilité de le retrouver et voici qu’il nous parvient dans notre boîte aux lettres : émotion, joie et reconnaissance envers cet ami ! Cette décade s’est révélée « prodigieuse » à sa manière. Maintenant, on va se plonger de nouveau dans ce livre, longuement parcouru par votre Tenancier lorsqu’il s’activait en librairie. Il va apprendre encore, d’autant que l’on attend beaucoup de Jean-Pierre Lacroux dont on recommande également ses travaux sur l’orthotypographie…
Oui, le titre de ce billet fait un peu benêt, mais il traduit bien ce qui se passe pour votre Tenancier.
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dimanche 23 février 2025
samedi 22 février 2025
Le rêve de mon papa
La première nouvelle publiée cette année annonce
également le printemps ! En effet, Le
rêve de mon papa parle en entre autre de la course Paris-Nice
qui, même si elle se déroule dans la première quinzaine de mars, reste
une échappée vers le soleil. Le Tenancier cycliste ? Diable, pour un
peu cela vaudrait la peine d’y aller voir de plus près.
Lard-Frit n°10 - Lien
Lard-Frit n°10 - Lien
mardi 18 février 2025
La production de papier en Bretagne — I
Hasard
de la chine, votre Tenancier est tombé sur deux articles intéressants
qui concernent l'histoire du livre et plus précisément sur l'histoire
de la fabrication du papier. Ces deux textes ont été publiés dans le
Bulletin de l'Assiociation bretonne de 1959. On a décidé de vous en
infliger la teneur in-extenso, en commençant par le plus long. On a
respecté autant que se peut l'orthographe en vous priant de bien
vouloir excuser les quelques fautes qui ont pu se glisser ici et là en
raison du recours à un logiciel de reconnaissance de texte.
Rapport
sur l’industrie du papier et du carton dans la Région de Lannion
S’il est une question qui préoccupe les Bretons soucieux de l’avenir de leur chère Bretagne, c’est bien le manque de débouchés sur place pour la jeune génération. La région de Lannion n’échappe pas à cette conjoncture du fait de la mécanisation de l’Agriculture qui demande moins de bras, et du peu d’industrie du Pays. Aussi faut-il se féliciter des efforts qui ont été faits dans ce sens à Lannion même pour implanter de nouvelles activités. Or, de plus en plus, il devient évident que le développement d’une région est intimement lié à la production d’énergie, à telle enseigne qu’un spécialiste de ces problèmes, décédé récemment à l’Arcouest, M. Schueller, proposait de remplacer tous les impôts par une taxe sur l’énergie. Voyons donc quelle est la situation de la Bretagne à ce sujet. Des nombreux cours d’eau, malheureusement bien courts du fait de la configuration du sol, actionnaient autrefois quantité de moulins échelonnés le long de leur cours. Ces moulins produisaient de la farine, foulaient des tissus de laine, broyaient des écorces, fabriquaient du carton ou du papier. Les uns et les autres ont disparu par suite de la création de grandes minoteries, de l’arrêt de tissages familiaux, des modifications des procédés de tannage, de la tendance à établir de grandes papeteries dans les ports ou à proximité des grosses sources de force motrice, hautes chutes et mines de charbon. Sur les 67 moulins à papier qui existaient en Bretagne : en 1776, il ne reste plus qu’une douzaine d’établissements, dont deux très importants dans le Finistère, trois dans le Morbihan, un dans l’Ille-et-Vilaine, un à Nantes, et enfin cinq dans les Côtes-du-Nord, dont une papeterie et quatre cartonneries. Ce sont particulièrement (puisque nous vous confinons dans la région de Lannion) les Établissements placés sur le Léguer ou ses affluents qui nous intéressent, et il serait trop long de passer en revue toutes les usines de Bretagne. Un rapport très étudié et très développé a été établi à ce sujet par le Directeur Général des Papeteries Vallée, rapport demandé par le C.E.L.I.B. au cours de son enquête pour le développement de l’Industrie en Bretagne. Si les moulins établis sur le Léguer, en amont de Belle Isle-en-Terre, par les familles Le Loutre et Le Corju ont disparu, ainsi que ceux de la région de Ploubezre, les trois cartonneries établies sur le Guic en Plounévez-Moëdec et sur le Saint-Émilion en Loguivy-Plougras n’ont cessé de fonctionner et sont toujours gérées par la famille Alexandre, dont un ancêtre fonda en 1610 le « Milin Kreiz Izellan », qui est l’un des plus anciens de Bretagne. Cet établissement, bien modernisé, occupe une dizaine d’ouvriers ; ainsi que les deux autres qui sont de fondation plus récente. Ils produisent des cartons fort appréciés et adaptés aux besoins modernes. En aval de Belle-Isle-en-Terre se trouve la seule usine de Bretagne fabriquant des papiers d’écriture en même temps du reste que des papiers d’emballage fins. Autrefois, la région la plus papetière de Bretagne était celle de Morlaix et les nombreux moulins échelonnés le long du Kéfleut donnèrent naissance aux importantes papeteries de Glazlan. C’est de là que vint la famille Vallée, il y a 103 ans, avec un groupe de papetiers qui se succèdent à l’usine de Loc-Maria de père en fils. Cette usine emploie 200 personnes et possède trois machines. C’est avec plaisir que la Direction s’offre à la faire visiter par les personnes que la question intéresse. Se rendant parfaitement compte que l’avenir d’une papeterie est intimement lié à la question énergie, cette Direction n’a pas hésité à tirer parti de la force hydraulique du Léguer aménageant un barrage qui lui donne un millier de chevaux. Elle projetait même dès 1920, d’équiper d’autres chutes sur le cours du Léguer, dont la dernière eut été une marémotrice au Yaudet. Le projet fut même établi de monter une machine à Journal à Lannion même, à l’endroit où depuis a été construite l’usine à gaz. Les bois et les pâtes auraient été reçus à quai par petits navires. Depuis, la fabrication du papier journal s’est concentrée dans de très grandes usines près des mines dans le Nord et à Rouen où peuvent accoster de grands navires apportant les matières premières et les combustibles. C’est dire que la Papeterie, comme toutes les industries, attache la plus grande importance à la question force motrice. Or, si la Bretagne ne dispose pas de houille noire, de houille blanche, ni d’or noir, ces termes désignant le charbon, la neige et le pétrole, elle a sur ces côtes une magnifique source d’énergie, la houille bleue des marées et il est inconcevable que l’on n’en ait pas encore tiré parti. Le barrage de la Rance a déjà fait couler beaucoup d’encre, espérons qu’il verra passer dans ses groupes bulbes beaucoup d’eau et qu’il fournira à la région de l’Ouest, si déshéritée, les 800 millions de kilowatt-heure promis, en attendant les 13 milliards de la baie du Mont Saint-Michel. Plus modestement, les estuaires de la rivière de Tréguier et du Trieux donneraient ensemble leurs 40 millions de kilowatt-heures suivant les études déjà anciennes de MM. Pelnard, Considéré et Caquot. Mais il est un autre point dans la conjoncture actuelle qui fait craindre des restrictions d’importation de matières premières et qu’il convient d’examiner de très près, c’est le reboisement. En dépit de ce qu’on aurait pu penser de la diminution de l’emploi du bois par suite de la construction en fer et en béton armé, cet emploi s’accroît dans des proportions constantes du fait de nouveaux débouchés dans le déroulage, la fabrication du papier et les multiples industries de la cellulose. Donc, la plantation d’arbres représente une affaire de première importance, elle permet de tirer un excellent parti de terrains incultes ou incultivables par leur situation. Mais comme dans tous les domaines, il faut faire de la vitesse et il est nécessaire de choisir des essences à croissance rapide : les résineux et les peupliers. L’Administration des Eaux et Forêts est là pour donner toutes les indications utiles, et la pépinière qu’elle a créée dans la forêt de Coat-an-Noz est des plus instructive. Il est à noter que les forêts de Coat-an-Noz, Coat-an-Nay et Beffou se trouvent dans le bassin du Léguer et représentent un attrait de plus pour la région de Lannion déjà si connue par ses magnifiques plages. De son côté, M. Pierre Lemoine à qui j’avais communiqué diverses notes sur les Papeteries de Bretagne, dont un ouvrage de M. Bourde de la Rogerie qui a été complété par M. Fanch Gourvil, a condensé ces précieux renseignements en une note succincte dont il va vous donner lecture. M. Cadoret qui depuis 64 ans a contribué à l’essor de l’usine de Loc-Maria a, lui aussi, recueilli des indications très intéressantes sur les familles papetières qui ont exercé à Morlaix et à Belle-Isle. O. VALLÉE, Directeur des Papeteries de Locmaria, en Belle-Isle-en-Terre |
samedi 15 février 2025
Une déclaration d'incompétence
On ne se doutait pas il y a quelques
jours que notre
transcription d’un extrait de propos de Jean-Patrick Manchette
trouverait un
écho, en quelque sorte, dans l’actualité « littéraire ».
Récapitulons pour l’éventuel
tardif qui lira ce billet dans quelque temps, ou bien qui débarquerait
de
Sirius : le prix Goncourt de l’année est accusé de s’être inspiré
d’un peu
trop près de la vie d’une femme algérienne, au point que le travail
d’écriture
ressemblerait en certains points à de la transcription pure et simple et
non une œuvre
d’imagination. Qui cela peut-il étonner à l’heure actuelle dans un
milieu
critique prompt à considérer ce genre de pratique comme normale, pourvu
qu’elle
ne se montrât point trop ou alors qu’elle fit preuve d’un peu
d’industrie ?
Ainsi, deux jours avant
d’écrire ce billet, on entendit sur France Culture (appellation de plus
en plus
oxymorique) une critique déclarer qu’un ouvrage documentaire (traitant
là de la
pédophilie) appartenait au genre du roman en raison du style employé
par l’auteur.
Nous voici donc dans la « représentation
plaisante »
et les « lamentations
réformistes »
évoquées par Manchette.
Le souci avec cet auteur Goncouré
réside plus dans la paresse dans son travestissement que dans le fait
que son
travail ait peu à voir avec l’imagination et le talent narratif.
Certains
autres « auteurs » échappent,
on se
demande pourquoi, à ce genre d’accusation : tel qui dépeint son
dégoût des
classes populaires dont il est issu rencontre une certaine grâce, sans
doute
parce qu’il illustre à son tour la fameuse lamentation réformiste citée
plus
haut et peut-être également parce que la représentation échappe à la
matière
même de l’écrit. L’on achète moins le livre que la posture de l’auteur,
pulsion
entretenue par des médias qui n’aime pas le contrefait, sauf s’il
devient
paroxystique, lui préférant le glamour et le touchant (ah, le
bafouillage
charmant de Modiano !).
Revenons à notre Goncouré, paresseux,
médiocre transcripteur, si le fait est avéré. En quoi devrions-nous en
définitive nous offusquer d’une telle pratique puisqu’elle est
entérinée dans
les mœurs de la production dite « littéraire », et dont les
employés,
on l’a vu il y a peu, se permettent de mépriser La
Métamorphose de Kafka, par exemple(1), le jugeant « malaisant » ?
Citons Stevenson(2) :
Citons Stevenson(2) :
« Cette insistance sur les aspects ternes de la vie et la mesquinerie de l’homme est dans le fond une bruyante déclaration d’incompétence. Peindre un homme sans aucune espèce de poésie (...) révèle plutôt les insuffisances de l’auteur. » Car, dit-il, « les causes de la joie d’un homme sont souvent difficiles à cerner. Elles ont si peu de rapport avec l’extérieur (tel que l’observateur l’inscrit dans son carnet) qu’elles n’y touchent peut-être même pas — et la véritable existence de l’homme, pour laquelle il consent à vivre, serait uniquement réservée au domaine de l’imagination. Il est possible que l’homme d’Église, à ses moments perdus, gagne des batailles, que le fermier pilote des navires, que le banquier triomphe dans les arts (...). Dans pareil cas, la poésie court, souterraine, et l’observateur (pauvre âme, avec ses documents !) est toujours au mauvais endroit. Car prétendre “observer” l’homme, c’est aller au-devant de bien des déconvenues. Nous voyons le tronc d’où il tire sa subsistance, mais lui-même est bien au-delà, déployé dans le dôme du feuillage, traversé par les murmures du vent, peuplé de nids de rossignols. Et le véritable réalisme est celui des poètes, qui grimpent après lui comme un écureuil et ainsi entrevoient un coin du ciel pour lequel il vit. Oui, le véritable réalisme, toujours et partout, est celui des poètes : découvrir où réside la joie, et lui donner une voix bien au-delà du chant. Car manquer la joie, c’est tout manquer. Dans la joie des acteurs réside le sens de toute action. D’où l’irréalité obsédante et vraiment spectrale des ouvrages “réalistes”. (...) Car aucun homme ne vit dans la réalité extérieure, parmi les sels et les acides, mais dans la chaude pièce fantasmagorique de son cerveau, aux fenêtres peintes et aux murs historiés. » |
Mais qui
se soucie encore de Stevenson ?
Et qui se préoccupe de littérature ?
(1) Émission La Grande Librairie, mai 2023 — Lien
(2) Extraits de : Essais sur l’art de la fiction, cités sur le site Périphéries— Lien
mercredi 12 février 2025
Un dialogue intime
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mardi 11 février 2025
Un peu de sérotonine...
Il arrive que le Tenancier soit
l’objet d’attentions
sympathiques qui consiste à lui expédier des livres. C’est le cas avec
ces deux
petits ouvrages de Patrick Boutin. L’un — Futur intérieur — est un recueil de nouvelles express, telles
que le pratiquait Sternberg, entre autres. Le récit ultra-court reste
un
exercice difficile et plutôt élitiste, dans le sens où une mince frange
de littérateurs
sait exprimer une situation ou une histoire en peu de mots. On connaît
ainsi un
Éric Chevillard et son extraordinaire capacité de renouvellement dans
ce
domaine… Patrick Boutin, lui, opère sur des distances un peu plus
longues et reflète
également un certain bonheur d’écrire ;
sans doute secrète-t-il un taux élevé de sérotonine, production qui
récompense
notre assiduité vertueuse à nos claviers et à nos stylos. Ici, elle se
transmet
par des nouvelles à l’humeur souvent légère au travers desquelles on
s’amuse à
retrouver quelques influences, comme celle de Gripari dans la nouvelle Se lacer de tout.
On connaît le Club Samizdat que Pierre Laurendeau porte à bout de bras au travers de plus de cinquante volumes, publiant nombre de textes disparates et réjouissants, au point de rejoindre par certains titres la collection dont nous avons interrompu (à tort !) la chronique dans ce blog, à savoir les Minilivres (nous allons y revenir sous peu…) Si l’on compte bien, c’est le deuxième volume de Patrick Boutin dans ce Club Samizdat, que vous serez plus assurés de trouver dans des boîtes à livres, puisque c’est leur lieu d’élection, à moins que vous ne les commandiez chez l’éditeur lui-même. Pêli-mélo, sous-titré « Nano-nouvelles », tire vers le recueil d’aphorismes ou de calembours : même bonheur d’écrire avec, en sus, l’incitation à papillonner plutôt que de se livrer à une lecture linéaire. En effet, ce type de recueil s’y prête, on relève ainsi « Six baryton sybarites se relaxaient de cinq ascètes » qui dénote une appétence pour l’allitération et pour l’étymologie, puisque l’on sait que les habitants de Sybaris, abhorraient les bruits intempestifs !
On devrait l'apprendre, le Tenancier, ne s’adonne que par exception à la « critique » de livre, encore faut-il, aussi, qu’on lui en procure l’occasion. Parce que, ce n’est pas pour dire, il n’est pas si bégueule.
On connaît le Club Samizdat que Pierre Laurendeau porte à bout de bras au travers de plus de cinquante volumes, publiant nombre de textes disparates et réjouissants, au point de rejoindre par certains titres la collection dont nous avons interrompu (à tort !) la chronique dans ce blog, à savoir les Minilivres (nous allons y revenir sous peu…) Si l’on compte bien, c’est le deuxième volume de Patrick Boutin dans ce Club Samizdat, que vous serez plus assurés de trouver dans des boîtes à livres, puisque c’est leur lieu d’élection, à moins que vous ne les commandiez chez l’éditeur lui-même. Pêli-mélo, sous-titré « Nano-nouvelles », tire vers le recueil d’aphorismes ou de calembours : même bonheur d’écrire avec, en sus, l’incitation à papillonner plutôt que de se livrer à une lecture linéaire. En effet, ce type de recueil s’y prête, on relève ainsi « Six baryton sybarites se relaxaient de cinq ascètes » qui dénote une appétence pour l’allitération et pour l’étymologie, puisque l’on sait que les habitants de Sybaris, abhorraient les bruits intempestifs !
On devrait l'apprendre, le Tenancier, ne s’adonne que par exception à la « critique » de livre, encore faut-il, aussi, qu’on lui en procure l’occasion. Parce que, ce n’est pas pour dire, il n’est pas si bégueule.
— Futur intérieur et autres rêveries sans queue ni tête — ‘Co éditions
— Pêli-Mêlo, nano-nouvelles — Club Samizdat
lundi 3 février 2025
Boustrophédon, apophtegme & antanaclase
Il n’a rien d’un crapoussin. Sa glabelle n’est pas villeuse, mais son vomer, couvert par un stéatome, lui donne l’aspect d’un miquelet. Bref, c’est le genre de type capable de lire couramment le boustrophédon et qui ne confondrait pas un apophtegme avec une antanaclase ; si vous voyez ce que je veux dire. |
San Antonio : En avant la moujik (1969) |
dimanche 2 février 2025
Un bordel ordonné, malgré tout
Il y a quelque temps, votre Tenancier
avait entamé un roman
et en était rendu à environ 95 000
signes(*) avant de l’arrêter pour diverses raisons, mais
surtout
parce que la chose se complexifiait et qu’il devenait nécessaire de
prendre de
la distance. Une grande partie de ce travail était opérée au stylo dans
un bloc
de papier quadrillé, comme de coutume. Le temps passa, accaparé par
l’élaboration
d’autres ouvrages et, l’ennui aidant, on se décida enfin à repêcher ces
débuts
afin de les prolonger. Or, le problème trouve sa source dans le fait
que votre
Tenancier papillonne assez entre les blocs, insérant les divers
chapitres entre
deux nouvelles ou de parties appartenant à d’autres textes longs, ce
qui
aboutit à un effroyable bordel dès qu’il s’agit de collationner ces
blocs. On
vient à ce titre d’évoquer avec la nièce de votre serviteur, le
désarroi
probable qu’un étudiant éprouverait à l’appréhension de ces archives…
Pour le moment, votre Tenancier n’a rien trouvé et se dit qu’après tout il pourrait se contenter des bouts qu’ils possèdent et repartir sur des bases quasi neuves. L’on va y réfléchir. Mais il serait bon qu’il se discipline également, histoire de ne pas perdre trop de temps dans ce genre de recherche.
(*) Par signe, on entend chaque caractère figurant sur nos claviers, y compris les espaces et les ponctuations. Ainsi, avec cette notule, ce billet fait 1399 signes.
Pour le moment, votre Tenancier n’a rien trouvé et se dit qu’après tout il pourrait se contenter des bouts qu’ils possèdent et repartir sur des bases quasi neuves. L’on va y réfléchir. Mais il serait bon qu’il se discipline également, histoire de ne pas perdre trop de temps dans ce genre de recherche.
(*) Par signe, on entend chaque caractère figurant sur nos claviers, y compris les espaces et les ponctuations. Ainsi, avec cette notule, ce billet fait 1399 signes.
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