dimanche 29 novembre 2015
jeudi 26 novembre 2015
Œil
Œil n.m. A formé les locutions : 1. « A l'œil » : gratuitement ○ EXEMPLE
: Récupère, mec! Faut pas laisser les Sora voir ce coup-là à l'œil. (Auguste Le Breton, Du rififi chez les hommes.)
2. « Oeil de bronze » : sphincter anal. ○ EXEMPLE : Bourré à craquer le vioc ! Tous les petits truqueurs de Pigalle savaient que chez lui, en frappant à l'œil de bronze on était sûr de s'y retrouver.
2. « Oeil de bronze » : sphincter anal. ○ EXEMPLE : Bourré à craquer le vioc ! Tous les petits truqueurs de Pigalle savaient que chez lui, en frappant à l'œil de bronze on était sûr de s'y retrouver.
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)
(Index)
mercredi 25 novembre 2015
Otto Naumme est-il marxiste-léniniste ?
Les habitués de céans le savent, le Tenancier et Otto Naumme
se connaissent depuis fort longtemps et n’était l’éloignement ils se
gobergeraient plus souvent sur les terrasses conjecturales autour d’un single
malt. La tendre affection qui les unit les incitent à s’offrir mutuellement
quelques cadeaux lors de visites en leurs principautés…
C’est pas le tout, mais Otto a d’étranges manies.
Depuis trente ans que le Tenancier et Otto se fréquentent, ce dernier a adopté une constante dans le choix de ses présents qui préoccupe. Elle aboutit à cette question : Otto Naumme, cher et vaillant ami, est-il un adepte farouche du marxisme-léninisme, voire du maoïsme ? Pas mal de cadeaux pourraient y faire penser. Ainsi, alors que votre serviteur n’avait pas atteint le stade du trentenaire, il se voyait offrir un exemplaire du Petit Livre Rouge, avec un supplément du même tonneau, tous deux de petit format comme il se doit. Il ne fait pas de doute qu’Otto soit un visionnaire. A une époque ou une telle littérature était à verser au domaine de la kitcherie rétrograde, Otto par un volontarisme digne d’éloges transforma l’objet en manifeste camp. Ainsi il en est des vulgates comme il en est pour l’art contemporain : rien dans la nature mais beaucoup dans la désignation détermine la fonction profonde de l’artefact. « Qui t’a fait critique, homoncule ? » aurait pu être la réponse à la présomption d’Otto. En réalité la désignation devait plus au goût qu’à la posture. Otto n’étant pas du genre à appliquer les préceptes du Grand Timonier (surtout parce que le whisky chinois doit être dégueu) et vraiment pas du genre à embarquer ses amis dans un telle galère, il fallait se résoudre à l’idée que l’index judicieux de notre ami avait transmis un message esthétique certain. Hélas, cette production digne de l’urinoir de Duchamp disparut de l’environnement du Tenancier au cours d’un déménagement. Nous sommes quiet à ce sujet : la personne qui en a hérité involontairement est une conne. La perte n’est donc pas galvaudée par une possession étrangère qui susciterait la jalousie sachant que les cons ne constituent pas une concurrence. N’empêche, on regrette ce Petit Livre Rouge, merde.
Récemment, votre serviteur fit l’acquisition d’une version Jean de Bonnot de ce Livre des Morts. Tentative kitsch qui n’atteint pas sa valorisation, scorie d’une prétention à vouloir suivre Otto. On est bien peu de chose.
Le deuxième item remarquable s’affranchit un peu plus de l’orthodoxie instaurée par le ready-made pour aborder une sorte de relativisme figuratif qui fait un retour de la contestation picturale des années quatre-vingt, mais avec une distanciation dialectique/critique qui interroge au niveau du vécu (si si). A l’instar du héros du roman de Philippe Goy (Faire le mur, 1980), Otto s’est-il transformé en gardien farouche de l’orthodoxie révolutionnaire après avoir passé la frontière ? Car signalons-le, contrairement à l’item précédent, çui-là fut cueilli sur place. Que nenni, cette apparente allégeance fait retour sur l’altérité et même la dualité de sa démarche. Notons en incise ici que, de même, Otto ne revint pas les yeux bridés, enfin pas plus que son ascendance gasconne ne lui permet, ce n'est pas le Monocle. Il n’en demeure pas moins que le roman de Goy — faut suivre ! — demeure pertinent, hein. Bref, l’objet offert est une photographie d’un potentat local (entendons par là : d’un dignitaire provincial) dont le portrait se transmue selon l’angle de vue en portrait de Mao Zedong jeune — enfin, disons plus frais que vers la fin où, tout de même, il ressemblait à une pâtisserie ayant souffert de la chaleur (nos amis de la Chine populaire nous excuseront volontiers, l’homme demeure toujours sous la chair devenue triste, d’ailleurs si je vous parlais de mon cas… enfin bon). Otto, par ce nouvel avatar kitsch interroge de façon cruciale l’héritage et les implications régressives de la transmission. On voit ici que notre cher donateur pose une question à laquelle il doit répondre dans sa vie personnelle : que devenir après ce que l’on est ? Le cadeau fut accepté avec joie et trône dans nos cabinets peints en rouge comme il se doit.
C’est pas le tout, mais Otto a d’étranges manies.
Depuis trente ans que le Tenancier et Otto se fréquentent, ce dernier a adopté une constante dans le choix de ses présents qui préoccupe. Elle aboutit à cette question : Otto Naumme, cher et vaillant ami, est-il un adepte farouche du marxisme-léninisme, voire du maoïsme ? Pas mal de cadeaux pourraient y faire penser. Ainsi, alors que votre serviteur n’avait pas atteint le stade du trentenaire, il se voyait offrir un exemplaire du Petit Livre Rouge, avec un supplément du même tonneau, tous deux de petit format comme il se doit. Il ne fait pas de doute qu’Otto soit un visionnaire. A une époque ou une telle littérature était à verser au domaine de la kitcherie rétrograde, Otto par un volontarisme digne d’éloges transforma l’objet en manifeste camp. Ainsi il en est des vulgates comme il en est pour l’art contemporain : rien dans la nature mais beaucoup dans la désignation détermine la fonction profonde de l’artefact. « Qui t’a fait critique, homoncule ? » aurait pu être la réponse à la présomption d’Otto. En réalité la désignation devait plus au goût qu’à la posture. Otto n’étant pas du genre à appliquer les préceptes du Grand Timonier (surtout parce que le whisky chinois doit être dégueu) et vraiment pas du genre à embarquer ses amis dans un telle galère, il fallait se résoudre à l’idée que l’index judicieux de notre ami avait transmis un message esthétique certain. Hélas, cette production digne de l’urinoir de Duchamp disparut de l’environnement du Tenancier au cours d’un déménagement. Nous sommes quiet à ce sujet : la personne qui en a hérité involontairement est une conne. La perte n’est donc pas galvaudée par une possession étrangère qui susciterait la jalousie sachant que les cons ne constituent pas une concurrence. N’empêche, on regrette ce Petit Livre Rouge, merde.
Récemment, votre serviteur fit l’acquisition d’une version Jean de Bonnot de ce Livre des Morts. Tentative kitsch qui n’atteint pas sa valorisation, scorie d’une prétention à vouloir suivre Otto. On est bien peu de chose.
Le deuxième item remarquable s’affranchit un peu plus de l’orthodoxie instaurée par le ready-made pour aborder une sorte de relativisme figuratif qui fait un retour de la contestation picturale des années quatre-vingt, mais avec une distanciation dialectique/critique qui interroge au niveau du vécu (si si). A l’instar du héros du roman de Philippe Goy (Faire le mur, 1980), Otto s’est-il transformé en gardien farouche de l’orthodoxie révolutionnaire après avoir passé la frontière ? Car signalons-le, contrairement à l’item précédent, çui-là fut cueilli sur place. Que nenni, cette apparente allégeance fait retour sur l’altérité et même la dualité de sa démarche. Notons en incise ici que, de même, Otto ne revint pas les yeux bridés, enfin pas plus que son ascendance gasconne ne lui permet, ce n'est pas le Monocle. Il n’en demeure pas moins que le roman de Goy — faut suivre ! — demeure pertinent, hein. Bref, l’objet offert est une photographie d’un potentat local (entendons par là : d’un dignitaire provincial) dont le portrait se transmue selon l’angle de vue en portrait de Mao Zedong jeune — enfin, disons plus frais que vers la fin où, tout de même, il ressemblait à une pâtisserie ayant souffert de la chaleur (nos amis de la Chine populaire nous excuseront volontiers, l’homme demeure toujours sous la chair devenue triste, d’ailleurs si je vous parlais de mon cas… enfin bon). Otto, par ce nouvel avatar kitsch interroge de façon cruciale l’héritage et les implications régressives de la transmission. On voit ici que notre cher donateur pose une question à laquelle il doit répondre dans sa vie personnelle : que devenir après ce que l’on est ? Le cadeau fut accepté avec joie et trône dans nos cabinets peints en rouge comme il se doit.
Ce ne fut pas le seul présent. Deux répliques d’affiches de
la Révolution culturelle l’accompagnaient. Cela fera l’objet d’un autre
billet, ne soyons pas gourmands.
Otto allait-il continuer dans la veine maoïste ? Certes, il demeurait encore beaucoup de matière à explorer, ne serait-ce que l’imagerie qui nous est chère de ces jeunes filles membres des gardes rouges en short dans les rizières et dont la présence, la prestance et la compétences renvoient Silvana Mangano à un putatif poster (je n’ai pas dit postère, hein !) pour la maison Taureau Ailé. Las, Otto n’est point pékinois comme on fut « moscoutaire » au siècle dernier (et comme on l’est maintenant quand on est facho). Fi de la Grande Muraille, foin de la Chine, d’autres horizons, je dirais même d’autres Shangri-La attendaient avec impatience le débarquement de notre ami.
Nous ne fûmes pas déçus de notre attente.
Alors que nous l’attendions dans un cheminement dialectique, toujours adepte de la distanciation critique, mêlant les prodromes du formalisme à un déterminisme idéologique tempéré par une contestation formelle, Otto nous révéla son génie en revenant aux sources de l’art par une technique fresquiste… non : à une chanson de geste tapissière ! Avec ce cadeau exceptionnel, nous étions confrontés à une forme moderne (et en rupture avec la contemporanéité) de l’expression graphique appliqué à l’historicité du signifiant et du signifié. Jamais le collage n’avait atteint avant le cas présent un tel degré de pertinence. Avec cet album nous étions à Bayeux sur Caraïbes ! Que l’on imagine un volume à l’italienne de trente-deux pages relatant les grandes heures de la Révolution cubaine avec des vignettes contrecollées ! Otto — dont nous sommes a peu près certains qu’il avait dû posséder des albums Panini dans sa jeunesse — magnifiait la rupture avec un continent et une culture par un bain de jouvence, une reprise de contact avec la ferveur populaire, un enthousiasme qui semble le rapprocher de plus en plus des prises de position en faveur de l’action-art — concept opportuniste de notre cru, certes, mais révélateur dans notre cas de la dévolution d’Otto. L’album Revolucion Cubana est une réponse au formalisme glacé d’un Lichtenstein par une ferveur latine qui lui est quasi contemporaine. La qualité incertaine de l’impression, à l’instar des sérigraphie warholiennes donne à chaque exemplaire une unicité dominée par l’aléatoire, non redevable au passage manuel de l’encre sur la soie mais tout à l’imperfection des presses. Le procédé réduit encore l’intervention humaine et rejoint le système de représentation anonyme de l’iconographie marxiste-léniniste au service du culte de la personnalité. Otto, après des années de quêtes esthétiques quittait enfin l’obsédante recherche de la pensée conceptuelle pour arriver à l’émotion pure de la construction iconographique. Il faut signaler que ce fut également à cette époque qu’il changea de paire de lunettes. Ce lapsus est du reste révélateur : chez Otto tout est affaire désormais de vision et de ressenti… En tout cas ses prises de position esthétiques en rapport avec la marxisme-léninisme orthodoxe ne sont que pur hasard.
Nous attendons avec impatience un futur voyage au Vietnam de notre ami.
En attendant voici quelques images de l’album.
Otto allait-il continuer dans la veine maoïste ? Certes, il demeurait encore beaucoup de matière à explorer, ne serait-ce que l’imagerie qui nous est chère de ces jeunes filles membres des gardes rouges en short dans les rizières et dont la présence, la prestance et la compétences renvoient Silvana Mangano à un putatif poster (je n’ai pas dit postère, hein !) pour la maison Taureau Ailé. Las, Otto n’est point pékinois comme on fut « moscoutaire » au siècle dernier (et comme on l’est maintenant quand on est facho). Fi de la Grande Muraille, foin de la Chine, d’autres horizons, je dirais même d’autres Shangri-La attendaient avec impatience le débarquement de notre ami.
Nous ne fûmes pas déçus de notre attente.
Alors que nous l’attendions dans un cheminement dialectique, toujours adepte de la distanciation critique, mêlant les prodromes du formalisme à un déterminisme idéologique tempéré par une contestation formelle, Otto nous révéla son génie en revenant aux sources de l’art par une technique fresquiste… non : à une chanson de geste tapissière ! Avec ce cadeau exceptionnel, nous étions confrontés à une forme moderne (et en rupture avec la contemporanéité) de l’expression graphique appliqué à l’historicité du signifiant et du signifié. Jamais le collage n’avait atteint avant le cas présent un tel degré de pertinence. Avec cet album nous étions à Bayeux sur Caraïbes ! Que l’on imagine un volume à l’italienne de trente-deux pages relatant les grandes heures de la Révolution cubaine avec des vignettes contrecollées ! Otto — dont nous sommes a peu près certains qu’il avait dû posséder des albums Panini dans sa jeunesse — magnifiait la rupture avec un continent et une culture par un bain de jouvence, une reprise de contact avec la ferveur populaire, un enthousiasme qui semble le rapprocher de plus en plus des prises de position en faveur de l’action-art — concept opportuniste de notre cru, certes, mais révélateur dans notre cas de la dévolution d’Otto. L’album Revolucion Cubana est une réponse au formalisme glacé d’un Lichtenstein par une ferveur latine qui lui est quasi contemporaine. La qualité incertaine de l’impression, à l’instar des sérigraphie warholiennes donne à chaque exemplaire une unicité dominée par l’aléatoire, non redevable au passage manuel de l’encre sur la soie mais tout à l’imperfection des presses. Le procédé réduit encore l’intervention humaine et rejoint le système de représentation anonyme de l’iconographie marxiste-léniniste au service du culte de la personnalité. Otto, après des années de quêtes esthétiques quittait enfin l’obsédante recherche de la pensée conceptuelle pour arriver à l’émotion pure de la construction iconographique. Il faut signaler que ce fut également à cette époque qu’il changea de paire de lunettes. Ce lapsus est du reste révélateur : chez Otto tout est affaire désormais de vision et de ressenti… En tout cas ses prises de position esthétiques en rapport avec la marxisme-léninisme orthodoxe ne sont que pur hasard.
Nous attendons avec impatience un futur voyage au Vietnam de notre ami.
En attendant voici quelques images de l’album.
Natchaver (Se)
Natchaver (Se) v.réfl. S'enfuir. Prendre le large. ○ EXEMPLE
:
Dans ces cas extrêmes, je me glisse vers la lourde... se natchaver,
jouer rip... règle de simple sagesse ! Rien à affurer... des gnons pour
que dalle ! (Alphonse Boudard, Les Matadors.)
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)
(Index)
mardi 24 novembre 2015
Incertitude
« Une liaison naturelle de la vertu avec le bonheur, et du
vice avec le malheur, serait bien plus propre à remuer l’esprit mercenaire, que
ne l’est sans une grâce efficace la persuasion des orthodoxes. Cette liaison
sortirait toujours son plein et entier effet, puisqu’elle ne serait point
soumise à une cause qui trouve quelquefois bon de déroger à ses lois, de les
étendre, de les rétrécir, d’en hâter ou d’en retarder l’exécution ; d’en
disposer, en un mot selon ses vues et selon la variété des circonstances. […]
Mais en supposant une providence qui dispose de toute chose selon son bon
plaisir, et avec une sagesse dont nous ne comprenons pas toutes les vues, on ne
peut pas être certain qu’une bonne action sera utile, ni qu’une mauvaise action
sera dommageable ; car on ne peut s’imaginer dans chaque rencontre
particulière, que c’est un des cas où il plaît à Dieu de ne point suivre la loi
générale de la récompense du bien, ou celle de la punition du mal. »
Pierre Bayle
(Merci à Didier Pemerle pour nous avoir mis cette citation sous les yeux)
samedi 21 novembre 2015
Macquesée
Macquesée n.f.
Tenancière d'une maison de tolérance (peu usité de nos jours). A formé
« sous-macquesée » : sous-maîtresse d'une maison de tolérance, dite
plus couramment « sous-mac ». ○ EXEMPLE
: Mme Pauline, la sous-mac de l'avenue Mac-Mahon, présentait ses filles comme personne..
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)
(Index)
vendredi 20 novembre 2015
Faits divers
Le 28 octobre 1928, un étrange illustré apparaissait dans
les kiosques : en couverture, la photo d’une foule entourant un car
cellulaire ; légende : « Chicago, capitale du crime. » En
page 2, un éditorial de Me Maurice Garçon : « de tous
temps, le récit des affaires criminelles a passionné l’opinion… » Plus
loin un referendum-concours : « Voici 10 dossiers de forçats. lequel
gracieriez-vous si vous étiez chef de l’État ? »
Détective, premier
magazine de faits divers, venait de voir le jour. Fondé par une équipe de
jeunes risque-tout sans pécune : les frères Kessel, Jef et Georges ;
Louis Roubaud, Marius Larique, Paul Bringuier, Henri Danjou, aujourd’hui
disparu ; et Marcel Montarron.
Au troisième numéro, assis tristement sur une montagne d’invendus, ils s’apprêtaient à mettre la clef sous la porte. Un gros hommes barbu et grasseyant sauva l’entreprise : Léon-Paul Fargue leur apportait un merveilleux reportage poétique intitulé Paris la nuit. Mac orlan, Carco, Morand prirent le relais… Et les lecteurs d’accourir, rassurés par ces cautions littéraires.
Montarron a raconté l’aventure de Détective1 :
« Nous étions les chiffonniers du fait divers et nous eûmes bientôt rassemblé dans un tiroir tant de documents impubliables (femmes coupées en morceaux et suppliciés en tous genres) que nous n’osions plus sans frémir nous plonger dans ce musée macabre, dans cet enfer de cauchemar.
« Un seul de nos amis y trouvait ses délices, c’était le cher Michel Simon qui, ponctuellement, venait se repaître de cette collection d’horreurs et qui même, avec cette politesse exquise qui a toujours fait le charme de ce grand comédien, nous demandait d’emporter chez lui quelques unes de ces images d’épouvante pour enrichir ses archives personnelles. » […]
Au troisième numéro, assis tristement sur une montagne d’invendus, ils s’apprêtaient à mettre la clef sous la porte. Un gros hommes barbu et grasseyant sauva l’entreprise : Léon-Paul Fargue leur apportait un merveilleux reportage poétique intitulé Paris la nuit. Mac orlan, Carco, Morand prirent le relais… Et les lecteurs d’accourir, rassurés par ces cautions littéraires.
Montarron a raconté l’aventure de Détective1 :
« Nous étions les chiffonniers du fait divers et nous eûmes bientôt rassemblé dans un tiroir tant de documents impubliables (femmes coupées en morceaux et suppliciés en tous genres) que nous n’osions plus sans frémir nous plonger dans ce musée macabre, dans cet enfer de cauchemar.
« Un seul de nos amis y trouvait ses délices, c’était le cher Michel Simon qui, ponctuellement, venait se repaître de cette collection d’horreurs et qui même, avec cette politesse exquise qui a toujours fait le charme de ce grand comédien, nous demandait d’emporter chez lui quelques unes de ces images d’épouvante pour enrichir ses archives personnelles. » […]
1. Tout ce joli monde, Table Ronde, 1965
Jean-Paul Lacroix : La Presses indiscrète — Julliard (1967)
Jean-Paul Lacroix : La Presses indiscrète — Julliard (1967)
Ladé
Ladé Adv.
Là. L'adjonction d'un suffixe destiné à rendre un vocable
incompréhensible au profane est un procédé que les argotiers modernes
paraissent avoir abandonné. Toutefois subsistent encore, synonymes de «
ladé » : « lago », « laga ». ○ EXEMPLE
: On avait rembour chez Dupreux avec Charlot la roupane, il était pas laga.
A permis de former l'expression « ils sont pas laga ! », signifiant la pénurie totale de monnaie.
A permis de former l'expression « ils sont pas laga ! », signifiant la pénurie totale de monnaie.
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)
(Index)
jeudi 19 novembre 2015
Un traitement du texte
[…] Précisons, avant de commencer,
que nous sommes pleinement autorisés à interroger Restif sur l’enjeu de la
pratique de l’italique : venu en effet à la littérature par la typographie (ce fut un ouvrier
imprimeur qui ne devint écrivain que sur le tard), Restif imprima lui-même
plusieurs de ses œuvres. La typographie ne pouvait donc être pour lui
transparente. Elle entretenait même dans son esprit d’étranges rapports avec l’écriture :
Restif allait jusqu’à ne pas préparer de manuscrit pour se lancer parfois
directement, sans copie, dans d’étonnantes improvisations typographiques. Nous
seulement il pense en termes d’imprimerie
mais il « écrit typographie »
comme on parle anglais *.
* « Les endroits faits à la casse sont toujours les mieux écrits » dit-il dans la Revue des ouvrages de l’Auteur. S’il semble presque confondre écriture et impression, Restif sais aussi se montrer attentif à leur différence : « on sent que, dans l’impression, les lettres accentuées ne coûtent pas plus à mettre que les autres ; au lieu que dans l’écriture, tout ce qui retarde la course rapide est très gênant » (Les Nuits de Paris). Claire conscience donc des lois corrélatives de rapidité et d’économie qui régissent la pratique scripturale. Mais ces lois propres à l’écriture, Restif les reverse sur sa typographie, reconfusion, par un mouvement de retour, du manuscrit et de l’impression : quand il composait à la casse, il était tellement « pressé » qu’il économisait des signes en éliminant les doubles lettres et en utilisant de constantes abréviations. Écriture, typographie : circularité d’où Restif ne sort pas.
Philippe Dubois : L’italique et la ruse de l’oblique — Le tour et le détour
in : Cahiers Jussieu / 3 (1977)
* « Les endroits faits à la casse sont toujours les mieux écrits » dit-il dans la Revue des ouvrages de l’Auteur. S’il semble presque confondre écriture et impression, Restif sais aussi se montrer attentif à leur différence : « on sent que, dans l’impression, les lettres accentuées ne coûtent pas plus à mettre que les autres ; au lieu que dans l’écriture, tout ce qui retarde la course rapide est très gênant » (Les Nuits de Paris). Claire conscience donc des lois corrélatives de rapidité et d’économie qui régissent la pratique scripturale. Mais ces lois propres à l’écriture, Restif les reverse sur sa typographie, reconfusion, par un mouvement de retour, du manuscrit et de l’impression : quand il composait à la casse, il était tellement « pressé » qu’il économisait des signes en éliminant les doubles lettres et en utilisant de constantes abréviations. Écriture, typographie : circularité d’où Restif ne sort pas.
Philippe Dubois : L’italique et la ruse de l’oblique — Le tour et le détour
in : Cahiers Jussieu / 3 (1977)
mercredi 18 novembre 2015
mardi 17 novembre 2015
Une raison
Le silence observé depuis plusieurs jours sur ce blog n’est
pas l’effet d’une sidération. Il ne convient pas non plus d’en chercher l’origine
dans un quant-à-soi d’essence supérieure face aux événement qui viennent de se
dérouler Paris, du genre « je vous l’avais bien dit ». Cet mutité est
réfléchie, c’est un pas d’écart, une mise en congé de soi. Je me refuse à
commenter l’horreur dans ses détails, je ne veux participer ni à la haine ni à
une compassion abstraite. Je veux seulement m’exercer à un sentiment qui semble ici juste :
la pudeur.
C’est pour cela que le blog va continuer et que nous ne dirons rien sinon les futilités qui sont de notre usage.
C’est pour cela que le blog va continuer et que nous ne dirons rien sinon les futilités qui sont de notre usage.
dimanche 15 novembre 2015
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