dimanche 1 septembre 2024

Les pleurs de Boccace

[…] Il y avait près de deux siècles que Boccace, séjournant au royaume de Naples, et avide de voir la bibliothèque du célèbre monastère du Mont Cassin, avait demandé à un moine de lui faire la grâce de la lui ouvrir. Il s’était entendu répondre : « Monte, c’est ouvert. » Et de lui montrer une longue échelle. Boccace, tout joyeux, monte : il trouve un local sans porte, entre, voit que l’herbe pousse entre les fenêtres ; stupéfait, il remarque de nombreux ouvrages d’auteurs anciens où manquent des cahiers entiers, où l’on a coupé les marges des pages. Pleurant de douleur, il demande au premier moine qu’il rencontre dans le cloître pourquoi des livres si précieux ont été mutilés ; on lui répond que les moines, pour gagner quatre ou cinq sous, arrachent un cahier de temps en temps et en font des petits psautiers qu’ils vendent aux enfants ; d’autres avec des marges découpées, font des bréviaires qu’ils vendent aux femmes.

Manuel de Dieguez : Rabelais par lui-même (1960)



samedi 31 août 2024

Et vous achetez encore ces merdes ?

Un postillonneur de chroniques radiophoniques — quand il ne produit pas du vérisme emmerdant chez des éditeurs paresseux — s’est mis dans la tête de rédiger un « roman » de politique-fiction, genre qu’ici nous avions cru obsolète, tant il a été mis à mal par les showrunners hollywoodiens qui s’y connaissent un tantinet dans le « thrill » politicard. Bé non, ça ne semble pas effleurer l’auteur et l’éditeur, qui a accepté le manuscrit, sans doute friands de récupérer à bon compte une insatisfaction à l’égard de la médiocrité gouvernementale et oppositionnelle. Voici donc une merdouille sans intérêt qui va investir les rayons avec diverses recommandations suscitées ou téléguidées par un attaché de presse. Nous avions croisé ce genre de production lorsque l’on travaillait en librairie de neuf, bon à renvoyer au distributeur passé la première semaine d’engouement de critiques soi-disant littéraires. Pour ce qui concernait la librairie d’occasion, que je connaissais aussi bien, et peut-être mieux, en fin de compte, ces conneries finissaient à la benne.
Puisse le recyclage opérer un saut qualitatif en court-circuitant ces saloperies dès la conception. Pour cela, une seule solution, se passer de la médiocrité de certains rédacteurs, ceux qui lisent et rendent compte et ceux qui écrivent…

vendredi 16 août 2024

Jeu


Quelle bibliothèque ! Mais, dites-moi, où trouve-t-on cette image et puisque nous y sommes, que lit donc le personnage dans le fauteuil, au fond ? Le Tenancier veut bien vous aider un peu, mais pas trop tout de même. Cela faisait longtemps qu'on ne vous avait pas proposé de jeu (honni soit celui qui s'aide d'internet !) On peut agrandir l'image en cliquant dessus.

mercredi 14 août 2024

Une historiette de Béatrice

— Et bonjour!
— Bonjour madame, voyons Emile, tu ne dis pas bonjour?
— Caca !
Émile ! Puisque c'est comme ça on s'en va.

Finalement ils restent, et Émile, du haut de ses 4 ans (maxi) s'intéresse fort aux BD.
— Ah mais non Émile, tu sais très bien que c'est écrit dedans, et toi tu ne sais pas lire.

samedi 3 août 2024

Annie Le Brun (1942 - 2024)

« De toute façon, je déteste les hommages nécrologiques. C’est un genre aussi faux que les enterrements. La plupart du temps, banalités et mauvais goût y triomphent pour célébrer le moment où la singularité d’un être disparaît dans le lot commun. Prétend-on le déplorer, il se trouve toujours quelqu’un pour sacrifier à ce kitsch. Enfin, pour peu que les spécialistes s’en mêlent, ceux-ci se font un devoir d’ajouter la dose de contrevérités et d’approximations qui vont aussitôt être prises pour données objectives. »

Annie Le Brun, in : Éclipse de la liberté (2010) repris dans le recueil Ailleurs et autrement.

mercredi 24 juillet 2024

Le titre khon du jour

«Je ne pourrai jamais plus commander un œuf mayonnaise sans penser à lui» : l’hommage émouvant de Michel Houellebecq à Benoît Duteurtre

Le Figaro, 19 juillet 2024

lundi 22 juillet 2024

À la recherche d'une bibliographie

Le Tenancier vous l’a signalé à plusieurs reprises : il n’est pas concierge, mais il a l’esprit d’escalier. Ainsi, évoquant le site Banned Book dans un précédent message ici-même, l’on s’est laissé entraîner à évoquer pour soi la censure gaullo-pompidolienne et par association facile (le Tenancier est un garçon facile pour certaines questions) aux mésaventures d’Éric Losfeld, non en qualité d’éditeur sur lequel on a déjà glosé ici et là mais sur son activité d’écrivain. On connaît au moins un des ses romans érotiques publié sous le pseudonyme transparent de Dellfos (Cerise ou le moment bien employé), mais il se plaisait à raconter qu’il écrivait des polars, après-guerre, dont un Vous qui après moi vivrez (titre inspiré de la Ballade des pendus de François Villon) tiré à soi-disant 80 000 exemplaires. Or, une recherche hâtive ne permet de trouver qu’un ouvrage d’Hervé Le Corre sous cette entrée dans les sites de ventes de livres d’occasion. Pourtant, un tel tirage devait laisser quelques « scories »… Cela nous mène à la part mystificatrice de Losfeld ou peut-être à la malédiction qui touche certains livres. Bien entendu, on s’est livré à une recherche très superficielle et sur ce seul titre. Or, il semble en avoir écrit beaucoup et dans tous les genres. Alors, se pose la question : quels sont donc les ouvrages écrits par Éric Losfeld et dans quel genre ? Existe-il une bibliographie ?
Si un érudit passe devant ce message, il nous comblerait d'aise à nous donner quelques informations à ce sujet et contribuerait à une amorce d'une série d'été ravigotante.
Post scriptum ajouté quelques jours plus tard : On a omis de dire que ces ouvrages putatifs auraient été rédigés sous pseudonyme, ce qui rend la recherche plutôt ardue...

samedi 20 juillet 2024

Une historiette de Béatrice

La jeune ado qui demande, en arrivant toute seule, si j'ai du Jules Verne. Plus loin dans la conversation, elle me dit qu'elle a un problème car elle n'aime pas lire. Sauf du Jules Verne. Mais ce n'est pas un problème, choupinette, c'est juste un excellent début.