Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous n’avez pas été
très brillants à deviner qui avait prononcé ses dernières paroles, lors
d’un
récent billet.
Puisque j’ai été surpris par Grégory dans le pillage d’une
source que je ne voulais pas nommer dans les premiers temps (histoire de ne pas vous
faciliter le travail), je serais bien empêché maintenant d’en celer plus à
propos de cet ouvrage. Auparavant, il faut se rendre compte de l’état
d’isolement dans lequel je me trouve, et l’état d’ennui manifeste qui m’anime
quand j’ose mettre le nez dehors. Certains ont recours au caboulot, moi je
passe la porte du bouquiniste du coin (et pas trop le libraire, qui me
coûterait un peu trop de sesterces pour ma boulimie) sans idée préconçue, cela
va de soi. C’est ainsi que je suis tombé sur l’ouvrage qui m’a servi pour ce
jeu un peu mortifère, je le conçois. Il s’agit des
Miscellanées de Mr. Schott, ouvrage anglais dans son essence et
dont l’adaptation est assez fidèle pour la mise en page et l’édition
« hard cover ». C’est un livre qui ne sert à rien et qui s’avère
indispensable si vous ne songez pas à le lire méthodiquement. D’ailleurs, il
n’y a aucun ordre dans la succession des rubriques, ce qui est un peu le propre
des miscellanées. Ainsi, l’on passe des
Axiomes
& postulats d’Euclide (« Les grandeurs égales à une même grandeur
sont égales entre elles. ») au
Code
irlandais du Duel (1777 — « Le seconds doivent tenter une conciliation
avant la rencontre, ou bien
après un échange de feu ou de coups jugé
suffisant. »), à un bref glossaire en yiddish en passant par
Quelques Canadiens célèbres (aucun
intérêt pour moi, je n’en citerai donc pas). Bien sûr vous trouverez également
ce qui a fait la matière de notre
P.P.C. : la rubrique intitulée
Ultima verba. Outre que ce petit ouvrage
fait perdre du temps, la somme des connaissances qui y sont enfermées ne
rendront même pas service en cas de naufrage ou de fin du monde (au cas où vous
seriez un survivant, le mort est peu lecteur). Mais doit-il forcément avoir une
utilité ? Rien n’est moins sûr. Je vois toutefois deux cas de figure pour l'infirmer, plutôt
ludiques, en dehors de la possibilité de vous poser des colles :
1. Convenir avec un proche avant de se rendre à une soirée
entre amis d’introduire dans la conversation un de sujets du livre, pris au hasard. On doit
s’assurer que le sujet devra tenir un temps déterminé — un quart d’heure, une
demi heure, voire plus — sans que bien évidemment personne d’autre ne soit au
courant de la manœuvre. Le gagnant gagne le resto, le perdant le paye — ou
devient esclave sexuel, éventuellement. Vous êtes adultes, vous saurez
déterminé cela auparavant.
Le deuxième postulat est plus coton et demande du temps et
de la motivation :
2. Prenez trois sujets, toujours au hasard et rédigez une
histoire où devront rentrer de façon crédible chacune des rubriques qui
vous sont attribuées. Fixez une longueur et un temps donné. Pour le coup, vous
serez obligé de disserter dans une fiction convaincante de sujets divers tels
Les Clubs londoniens,
Les appels du maître d’équipage et
Les pays membres de l’OTAN.
« Facile », me diriez-vous, il suffit d’écrire une aventure inédite
de James Bond qui commence dans un de ces clubs, continue dans un sous-marins
(n’oublions pas que James a le grade de
Commander)
et s’achève au siège de l’OTAN. Je répondrais : « Bien joué, Petit
Scarabée, alors que dirais-tu des
Pierres
de naissance, des
Scores à la canasta
et de
L’échelle de coma de Glasgow ?
Tu fais moins le malin… Tu as quinze jours, ce qui montre ma mansuétude. C’est
marrant : quinze jours et quinze mille signes au minimum. Au
boulot. »
Et ne vous laissez pas avoir par les sentiments. Ces
écrivains, ils sont tous pareils.
Bon, maintenant, il faut vous procurer le livre. J’ignore
s’il est encore disponible, cette édition-là date de 2006 et, au fond, je m’en
fous. J’ai mon exemplaire. C’est ce qui compte.
Jaquette sale mais intérieur très frais, comme une princesse en haillons, mais avec un intérêt sexuel moindre, toutefois
(c'est comme cela que nous préférons les princesses, nous autres, sinon.)