samedi 10 janvier 2015

Je ne suis pas Charlie

Sans avoir pu le contacter, je m'autorise tout de même à reproduire l'article de Claude Guillon à partir de son site, puisqu'il a été repris au moins six fois par d'autres blogs. Je ne me doutais pas qu'en lisant La Terrorisation démocratique dont il est l'auteur, je me retrouverais à en éprouver rapidement les effets qu'il y décrit si bien. 


Je ne doute pas qu’il existe des « Charlie » sympathiques et plein(e)s de bonnes intentions. Je suis inondé, comme tout le monde, de leurs courriels indignés. Je n’en suis pas.
Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de me « rassembler », sur l’injonction du locataire de l’Élysée, avec des politicards, des flics et des militants d’extrême droite. Je ne parle pas en l’air : une connaissance m’explique que sur son lieu de travail, ce sont des militants cathos homophobes de la dite « Manif pour tous » qui s’impliquent dans l’organisation d’une minute de silence pour l’équipe de Charlie Hebdo.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de pleurer sur les cadavres de Charlie Hebdo avec un François Hollande qui vient d’annoncer que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera construit, autrement dit qu’il y aura d’autres blessé(e)s graves par balles en caoutchouc, et sans doute d’autres Rémi Fraisse.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis viscéralement — et culturellement — hostile à toute espèce d’ « Union sacrée ». Même les plus sots des journalistes du Monde ont compris qu’il s’agit bien de cela ; ils se demandent simplement combien de temps cette « union » peut durer. Se « rassembler » derrière François Hollande contre la « barbarie islamiste » n’est pas moins stupide que de faire l’union sacrée contre la « barbarie allemande » en 1914. Quelques anarchistes s’y sont laissés prendre à l’époque ; ça va bien comme ça, on a donné !

Je ne suis pas Charlie, parce que le « rassemblement » est l’appellation néo-libérale de la collaboration de classes. Certain(e)s d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il n’existe plus de classes et moins encore de lutte entre elles. Si vous êtes patron ou chef de quelque chose (bureau, atelier…), il est normal que vous prétendiez ça (et encore ! il y a des exceptions) ou que vous puissiez le croire. Si vous êtes ouvrier, ouvrière, contraint(e) à des tâches d’exécution ou chômeur/chômeuse, je vous conseille de vous renseigner.

Je ne suis pas Charlie, parce que si je partage la peine des proches des personnes assassinées, je ne me reconnais en aucune façon dans ce qu’était devenu, et depuis quelques dizaines d’années, le journal Charlie Hebdo. Après avoir commencé comme brûlot anarchisant, ce journal s’était retourné — notamment sous la direction de Philippe Val — contre son public des débuts. Il demeurait anticlérical. Est-ce que ça compte ? Oui. Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. J’apprends que Houellebecq et Bernard Maris s’étaient pris d’une grande amitié, et que le premier a « suspendu » la promotion de son livre Soumission (ça ne lui coûtera rien) en hommage au second. Cela prouve que même dans les pires situations, il reste des occasions de rigoler.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis un militant révolutionnaire qui essaie de se tenir au courant de la marche du monde capitaliste dans lequel il vit. De ce fait, je n’ignore pas que le pays dont je suis ressortissant est en guerre, certes sur des « théâtres d’opération » lointains et changeants. De la pire manière qui soit, puisque partout dans le monde et jusque dans mon quartier, des ennemis de la France peuvent me considérer comme leur ennemi. Ce qui est parfois exact, et parfois non. Au moins, sachant que la France est en guerre, je n’éprouve pas le même étonnement que beaucoup de Charlie à apprendre qu’un acte de guerre a été commis en plein Paris contre des humoristes irrespectueux envers les religions.

Je ne suis pas Charlie, parce que faute de précisions, et du fait même de l’anonymisation que produit la formule « Je suis Charlie », cette formule s’entend nécessairement, et au-delà des positions sans doute différentes de tel ou telle, comme un unanimisme « antiterroriste ». Autrement dit : comme un plébiscite de l’appareil législatif dit « antiterroriste », instrument de ce que j’ai appelé terrorisation démocratique.

Je ne suis pas Charlie. Je suis Claude. Révolutionnaire anarchiste, anticapitaliste, partisan du projet communiste libertaire, ennemi mortel de tous les monothéismes — mais je sacrifie à Aphrodite ! — et de tout État. Cela suffit à faire de moi une cible pour les fanatiques religieux et pour les flics (j’ai payé pour le savoir).

Je suis disposé à débattre avec celles et ceux pour qui la tuerie de Charlie Hebdo est une des horreurs de ce monde, auxquelles il est inutile d’ajouter encore de la confusion, à forme d’émotion grégaire.

Claude Guillon.
C'est la dernière fois avant longtemps que j'aborde le sujet sur ce blog, ne voulant pas participer à l’obscénité générale ni à la validation de ce que je réprouve : la guerre, la répression et le racisme entre autres. Mais la date du 7 janvier 2015 sera un marqueur, celui qui consacrera le retour d'un esprit critique que j'avais un peu trop tendance à mettre sous le boisseau, et sans doute, aussi, un engagement que j'ai trop différé par le passé.

vendredi 9 janvier 2015

Où Grégoire écrit à sa Tata...

[...] « Ensuite j'ai filé m'inscrire chez Paul Emp', après ma préinscription sur internet. Et là, tantine, là ! devine sur qui je tombe ??
Un conseiller pôle-emploi-tout-en-cravate-blanche, tant qu'on se serait dit à un mariage antillais, qui en visionnant mon C.V. relève la tête et me dit : "vous avez publié un livre ?"
— Oui m'sieur. En 2013, éditions L'Harmattan, ma tante est orhtophonistopédiatricotypographologue, on a fait du super boulot.
— J'adore la littérature, que me répond l'encravaté, j'écris moi aussi, des polars, en auto-édition seulement, mais j'ai quand même gagné le prix de la bibliothèque de Rumilly (un coin perdu à côté d'Annecy, je ne savais même pas qu'ils z'avaient une bibliothèque dans ce trou.)
— Bravo, dis-je.
— Je vais commander votre livre. Je lis trente pages tous les soirs, sinon je dors pas.
— Moi je dors pas tout court, trente pages ou non.
Bref, la moitié du rendez-vous, on a parlé littérature, polar, Fajardie, Stephen King, puis classique, Camus, Henri Michaux, qu'il affectionne...
À la fin, je lui dis que pour la recherche active d'emploi, bon, faut pas trop non plus compter sur bibi, j'essaie d'écrire.
— Oui, je comprends bien. je vais m'occuper de votre cas et mettre ce qu'il faut en termes de recherches pour que ça cible difficilement, ça vous laissera du temps pour écrire. Continuez, c'est cool des jeunes qui écrivent !
 
Ah, merci Paul Emp'. »

jeudi 8 janvier 2015

Gueule de bois.

J'ai réagi hier à la tuerie qui s'était déroulée à Charlie Hebdo. J'ai aussi contemplé en peu de temps l'instrumentalisation de ce crime à des fins qui ne me concernent pas. La mort de ces gens me concernait, pas la pantalonnade qu'on nous prépare et ses suites répressives.
Ci joint un communiqué de gens qui me sont proches dans les idées :

Nous ne hurlerons pas avec les loups !

publié le : 8 Jan 2015

L’attentat commis à Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier dans la matinée par quelques individus se réclamant de l’Islam ne doit pas nous faire perdre toute raison, malgré l’émotion bien compréhensible de nombre de nos camarades que nous partageons. Si à une époque le milieu libertaire, tout particulièrement notre organisation, a été proche de ces héritiers d’Hara Kiri, leur émanation contemporaine a cessé de nous faire rire depuis longtemps.
Nous n’avons pas choisis et nous ne choisirons pas entre des intégristes et des désinhibiteurs d’un racisme « de gauche ». Nous ne choisirons pas entre des réactionnaires religieux dont nous connaissons bien les pratiques quelle que soit leur secte et un journal véhiculant l’islamophobie sous couvert de lutte en faveur de la laïcité et de la liberté d’expression. Depuis son origine notre organisation combat toutes les religions et leurs émanations intégristes d’où qu’elles viennent. Nous ne tomberons pas dans le piège grossier de l’unité nationale contre « l’ennemi commun ».
Notre solidarité va vers ceux qui vont subir le contrecoup de cet assassinat imbécile et criminel à plus d’un titre. L’hallali a déjà sonné et tout ce qui retient le pouvoir « socialiste » de s’y joindre pleinement c’est la crainte de ne pas être ceux qui en récolteront les fruits aux prochaines élections. Nous voyons déjà fleurir les discours sur la guerre civile, quelques heures à peine après cet attentat.
Nous ne choisissons pas non plus le camp d’une extrême-gauche qui confond dans sa connerie essentialiste et politicienne des réalités aussi diverses que le prolétariat, l’Islam, le racisme, les sans-papiers ou les « jeunes de banlieue », fantasmant sur un soi-disant potentiel révolutionnaire des musulmans.
Cet attentat intervient dans une période de stigmatisation vis à vis des musulmans ou assimilés comme tel. Il faut rappeler que l’islamophobie est un outil du pouvoir visant à diviser notre classe et ses luttes. Elle ne se développe pas en réaction à un soit disant « problème musulman ». Le mouvement anti-Islam allemand « Pegida » qui prend de l’ampleur est ici caractéristique de cette psychose, la population « musulmane » de ce pays représentant moins de cinq pour cent de la population.
C’est pourtant principalement sur ce sentiment d’invasion, « d’islamisation », que l’extrême droite se structure depuis ces dernières années. Nul doute que la tuerie réactionnaire de Charlie Hebdo renforcera ce phénomène et donnera au FN et ses satellites, une plus grande légitimité à prôner le conflit ethnique comme problème de fond, et la préférence nationale comme solution.
Dans cette période troublée, nous anarchistes devons garder la tête froide et maintenir une ligne de démarcation claire entre nous et nos ennemis : intégristes de toutes les chapelles, xénophobes de gauche comme de droite, sexistes de tous horizons, et soi-disant communistes versant dans la réconciliation nationale et l’inter-classisme.
 Le groupe Regard noir – Fédération anarchiste
 J'adhère à cette position.

vendredi 2 janvier 2015

Vache

Vache : Prostituée avachie. — « Les jours de dispute, elle traitait très-bien sa mère de chameau et de vache. » (Zola.) V. Blagueur, Veau.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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jeudi 1 janvier 2015

2015

Pour la nouvelle année, le Tenancier a le plaisir de vous présenter tous ces vieux :


 Allez, bonne année quand même, hein...

jeudi 11 décembre 2014

Marcel Schwob

(Larousse mensuel, 1927)

Saccade, Saccader

Saccade, saccader
Donner la saccade à une femme : pratiquer avec elle l'acte de chair.
Saccader. — Et elle saccada de toute la force de ses reins. (Rétif, Anti-Justine.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

(Index)

Apprenons nos classiques avec Plastic Bertrand

Raboureur

Raboureur
Homme vigoureux en amour.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Dans lequel le Tenancier a des affres et finit par un sentiment de relieur.

— « Alors, Tenancier, comment ça va, ces temps-ci ?
— Petitement, je l’avoue. L’hiver, sans doute…
— Le manque de lumière, je pense. Il vous faudrait une de ces lampes qu’utilisent les Finlandais pour soigner leur déprime.
— Un bon bouquin ferait le même effet, mais comme j’ai le goût à rien, ça risque de tomber à plat.
— Comment ça ? Je viens de voir que vous avez fait l’acquisition de livres de Jacques Abeille et que vous n’avez pas encore lu le Gracq inédit qui est sorti il y a peu !
— C’est une partie de mon problème : j’ai très envie de les lire. Encore une fois je vais devoir vous expliquer les choses. Je me suis mis dans la tête de rédiger une histoire assez longue, achevée il y a peu et je viens d’enquiller sur une nouvelle dont je ne sais pas trop vers quoi elle m’emmène. Je veux dire que je sais bien ce que je vais écrire, l’histoire existe même si elle n’est pas rédigée, mais je ne sais pas vers quelle satisfaction je vais aboutir. Et c’est important, ça, la satisfaction…
— Les affres de la création…
— Non, ça j’ai l’habitude d’en baver. Je suis un tâcheron. C’est plutôt le résultat qui est déprimant, parfois, parce qu’on s’est bridé ou que l’on est incapable de traduire ce que l’on a voulu raconter. Et puis persiste une hantise, se laisser phagocyter par ses lectures. Imaginez ça : vous retrouvez des vrais morceaux d’un autre dans ce que vous avez fait. Ça m’est arrivé une fois, un pastiche involontaire, très désagréable.
— C’est la raison pour laquelle vous ne lisez pas vos auteurs préférés ?
— Tout juste ! Je les garde pour les périodes de sécheresse. Mais ce n’est pas si simple non plus. Vous savez que j’ai assisté à la lecture de Jacques Abeille, il y a peu ? Eh bien, cela m’a donné l’envie d’infléchir le cours de la nouvelle que je suis en train de faire parce que j’ai découvert que je manquais d’amplitude et d’audace. Tout à coup, cela m’a donné un autre paradigme pour aborder mon sujet. Fort heureusement, je n’ai pas tout à réécrire…
— Donc, vous ne devriez pas être perturbé par vos lectures, en fin de compte…
— Si, malheureusement, cela ne change rien à ce que je viens de dire et je me retrouve donc dans une contradiction.
— Vous ne lisez pas, alors.
— Des petits romans qui ne pissent pas loin, des choses qui ne sont pas dans mon registre. Je lis des essais, sinon, des textes théoriques. Je fais comme Simenon (là s’arrête la comparaison, hein !)
— Qu’est-ce qu’il faisait, Simenon ?
— Il paraît qu’il ne lisait pas ses confrères en période d’écriture.
— Histoire de ne pas être contaminé, je vois.
— Oui. Je ne veux pas paraître trop élitiste — surtout quand on voit ce que j’écris — mais ça me laisse pas mal de lectures de disponibles. Et puis, je relis, je deviens ludique, je papillonne. Depuis une dizaine d’années, je vis une grande liberté : je n’ai pas à lire ce qui vient de paraître et c’est avec joie que je vois des pans entiers de littérature m’échapper. Déjà que l’autofiction, au départ, ça m’atterrait…
— Ce n’est pas un peu dommage de se mettre en dehors de la Littérature ?
— Je n’ai franchement pas l’impression d’en faire partie. Je m’en fous. Je raconte mes histoires pour le plaisir pas pour un plan de carrière. Ce serait malheureux, à mon âge. Et puis comme la Lithérathüre devient un distributeur à mouchoirs jetables, mieux vaut rester entre soi, non ?
— Et c’est cela qui vous déprime ? Vous devriez être content.
— C’est que vous oubliez une chose importante…
— Laquelle ?
— Je suis un esprit chagrin. »

Quailler

Quailler
Quailler une femme : pratiquer avec elle la futution.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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mercredi 10 décembre 2014

Jacques Abeille

Ceux qui nous suivent au fils des années savent combien nous sommes attachés viscéralement à la prose de Jacques Abeille. Le lundi 8 décembre 2014, l’auteur est venu à la Maison de la Poésie à Paris faire la lecture d’un de ses textes, Mers perdues, accompagné par François Schuiten pour les dessins projetés au mur et l’illustration musicale de Bruno Letort. Nous avons été assez peu à assister à la séance et cela donne l’état de la réputation médiatique de Jacques Abeille, sans que cela nous déçoive grandement, après tout. Comme il l’explique lui-même dans un entretien accordé à Article 11, un succès ferait sans doute que son intégrité littéraire serait entamée. D’un autre côté, le spectateur que je suis est fier de compter parmi les happy few, à suivre de parution en parution le labeur patient que constitue un univers littéraire tourné vers un paysage intérieur riche et profond. Cette profondeur, on la retrouve aussi dans la voie chaude du scripteur dont la narration suit le rythme caractéristique de son style. Il y a dans la scansion de Jacques Abeille comme un curieuse stase, un moment d’étonnement comme au bord d’un basculement, une empreinte dont on ne se défait pas, une parole hypnotique que l’on retrouve hors même le champ de la fiction, au sein d’une conversation, menée il y a plus de quinze ans et dont les émanations persistent encore dans la mémoire…



Prise de vue (avec les moyens du bord) : Élisabeth Haakman

mardi 9 décembre 2014

Paillard

Paillard
Homme luxurieux. — J'y ai satisfait pendant une semaine entière les fantaisies de plusieurs paillards. (Sade, Philos. dans le boudoir.)
Paillarder : se livrer à la débauche. — Les maris ne laissent pas de paillarder. (Cholière.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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lundi 8 décembre 2014

Henri de Régnier

(Je Sais Tout, 1910)

Oiseau

Oiseau
Membre viril.
Elle trouve que son oiseau
Est poltron à la remise.
(Parnasse des Muses.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Bouque

Naples

Naples
Mal ou marchandise de Naples : syphilis.
Mais sous la chemise au-devant,
Le mal de Naples est bien souvent.
(Parnasse des Muses.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Vivres

Il calcula également le poids exact de ses vivres ; ils consistèrent en thé, en café, en biscuits, en viande salée et en pemmican, préparation qui, sous un mince volume, renferme beaucoup d’éléments nutritifs. Indépendamment d’une suffisante réserve d’eau-de-vie, il disposa deux caisses à eau qui contenaient chacune vingt-deux gallons1.
La consommation de ces divers aliments devait peu à peu diminuer le poids enlevé par l’aérostat. Car il faut savoir que l’équilibre d’un ballon est d’une extrême sensibilité. La perte d’un poids presque insignifiant suffit pour produire un déplacement très appréciable.
Le docteur n’oublia ni une tente qui devait recouvrir une partie de la nacelle, ni les couvertures qui composait toute la literie du voyage, ni les fusils du chasseur, ni ses provisions de poudre et de balles.
Voici le résumé de ces différents calculs :
Ferguson.....................................135 livres
Kennedy......................................153  —
Joe..........................................120  —

Poids du premier ballon......................650  —

Poids du second ballon.......................510  —
Nacelle et filet.............................280  —
Ancres, instruments,
Fusils, couvertures,        }................190  —
Tente, ustensiles divers,
Viande, pemmican,
Biscuits, thé,              }................386  —
Café, eau-de-vie,
Eau..........................................400  —
Appareil.....................................700  —
Poids de l’hydrogène.........................276  —
Lest.........................................200  —
                               Total........4000 Livres
Tel était le décompte des quatre mille livres que le docteur Ferguson se proposait d’enlever ; il n’emportait que deux cent livres de lest, « pour les cas imprévus seulement », disait-il, car il comptait bien ne pas en user grâce à son appareil.
 
1 : Cent litres à peu près. Le gallon qui contient 8 pintes vaut quatre litres 453
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VII
(Sommaire)

dimanche 7 décembre 2014

Madure

Madure
Fille mûre pour le mariage.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Une historiette de Béatrice

— « OH ? Vous n’avez pas de poésie aujourd’hui dans votre caisse à 1 euro ?
………
— Bon, je repasserai cet après-midi, peut-être que d’ici-là, il y en aura. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en décembre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Lampe

Lampe
Lampe amoureuse : sexe de la femme. (Cholières.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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samedi 6 décembre 2014

De l’écriture manuscrite, considérée dans sa possible disparition

Faire sa fête à l’écriture manuscrite : l’idée provient sans doute d’un consortium d’hyper cerveaux du côté de quelque Silicon Valley. Il s’agit de substituer à l’apprentissage, par enfants et adolescents, du geste graphique, le glorieux et rapide « traitement de texte » que permet la technologie. Pratique obscurantiste et démodée que l’écriture manuscrite ? Avatar médiéval ? Luxe aristocratique ? Nous y sommes. S’agirait-il de la mettre hors la loi, comme c’est le cas désormais dans une partie des états américains ? et comme c’est en débat dans certains états d’Europe du Nord ? L‘école ne serait plus un lieu où la pensée se construit à la main, dans le sillon des lignes. Adieu plumes et stylos, crayons et feutres. Au revoir la page intimidante, les brouillons griffonnés, les incipit emblasonnés, les calligraphies tâtonnantes où la lettre prend corps. Exit enfin,la musicalité du cahier, cet ensemble relié de variations sur le thème de l’apprentissage personnel.. Autant d’accessoires à ranger au cabinet des antiques , avec étiquette datée, pour tout cet attirail devenu historique, obscur témoin de l’écriture et de la différence. C’est d’ailleurs cette « différance », avec ses ratures et ses marges, qu’il s’agit de traiter comme une approximation, ou une tare. Mais s’est-on suffisamment enquis de ce que pourrait bien signifier une enfance sans trace écrite, et, dans nos sociétés, une entrée dans la vie dénuée de cettealchimie lettriste qui ouvre la porte des signes ?
Alors oui, surveillons nos plumes et nos (belles) lettres ! Quelles que soient par ailleurs nos pratiques sociales et culturelles, applaudissons l’écriture manuscrite, canevas premier d’une toile ultérieur. Retrouvons parfois l’émotion du « vide papier que sa blancheur défend »… Mesurons aussi l’ampleur des risques à l’aune de la « haine de l’écriture », et de ses conséquences historiques.

Jean-François Cassat

Italien

Italien
Pédéraste.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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jeudi 4 décembre 2014

Quelques humoristes

(Je Sais Tout, 1910)

Harpe

Harpe
Jouer de la harpe (Théâtre italien) : caresser une femme érotiquement.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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L'Ange des livres

Je connaissais toutes les librairies de New York dans lesquelles on trouvait des livres français.
Leurs propriétaires, vieux et juifs pour la plupart me laissaient errer dans les réserves. Ils comprenaient. Lorsque je poussais la porte, ils faisaient une mine à la fois grognonne et narquoise, hochaient la tête ; puis avec un soupir, ils se levaient, tournaient des boutons : la magie des couloir s’illuminait ; sans un mot ils regagnaient leur coin, se penchaient de nouveau sur leurs paperasses. J’entrais dans un silence immortel.
Il est certain que je fus souvent guidé. Tout se passait comme si une invisible Sagesse se fût condensée en clé pour m’ouvrir certaines portes. Les ouvrages que je voulais — que je devais — connaître, en cette heure essentielle de la jeunesse, l’Ange des livres aussitôt les plaçait entre mes mains.
 
Il existe indubitablement — ainsi que Breton a tenté de l’établir dans les parties scientifiques de son œuvre — une connexion occulte entre le désir et son objet.
Occulte parce que l’objet ne se donne pas toujours à qui le convoite quand il le convoite. De sorte que les sceptiques ont beau jeu, qui prétendent que cette connexion est illusoire, et que ceux qui y croient sont les dupes de leur imagination.
De fait, Il ne serait pas trop difficile de montrer qu’ici comme ailleurs ce sont les sceptiques qui sont les dupes de leur scepticisme, lequel empêche les phénomènes dont ils nient l’existence de se produire.

Charles Duits : André Breton a-t-il dit passe (1969)

Galant(e)

Galant(e)
Fille galante, prostituée. — La Baudoin, la trouvant d'ailleurs d'une figure intéressante, n'eut pas de peine à lui faire embrasser l'état de fille galante. (Inspect. de Police.)
Vert galant : jeune homme entreprenant auprès des femmes. — Belle servante et mari vert galant. (La Fontaine, Contes.)
Galante : femme qui recherche des aventures amoureuses. — Tudieu, quelle galante ! Comme elle prend feu d'abord ! (Molière, Pourceaugnac.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

(Index)