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vendredi 7 novembre 2014

Où le Tenancier évoque Verne et ses éventuelles obsèques

Or donc, votre Tenancier fut verniste. Qu’on s’entende : il l’est toujours mais il fut une époque ou le fait était officiel et estampillé. Il en possède encore la preuve par devers lui sous la forme d’un petit bristol à en-tête de la Société Jules Verne, avec la signature et le coup de tampon. Nous ne nous livrerons pas à la narration de toutes les turpitudes auxquelles se livra votre serviteur sous l’égide de cette vénérable association afin de ne pas alimenter les folliculaires et les éventuels voisins sociopathes. Nous sommes comme ça, nous avons notre jardin secret. Il n’empêche qu’il l’a été et que ce le sera de toute éternité. Hors le fait que cela vous fait une belle jambe, il demeure que toute publication qui passe à sa portée concernant ce Jules-là lui fait plaisir. Je vous dis cela parce que Noël approche et on ne sait jamais trop comment faire plaisir, hein.
Dans cette logique verniste — adjectif qui s’applique aux amateurs, vernien caractérisant la production de l’auteur — il fallait bien que votre Tenancier ouvre le dernier numéro du Magazine du Bibliophile puisqu’il était question de notre auteur. Un entretien avec Antoine Fleury, libraire à Chartres ainsi qu’un article assez bien fourni sur Hetzel ont su l’intéresser. Un reportage complète d’ailleurs ce petit dossier, et porte sur Olivier Maupin, restaurateur de reliures et également de cartonnages…
Si votre Tenancier perdure dans son amour — qui s’accomplit avec grâce parce que de façon perverse — pour l’auteur du Chancellor ou du Tour du monde en 80 jour, il est à noter que ces ébats s’accomplissent généralement dans des ouvrages de format ordinaire et non dans les cartonnages polychromes publiés par Hetzel. Ainsi, aucun grand in-octavo n’orne ce coin de sa bibliothèque. Ce choix est délibéré : la scène primitive, si l’on peut dire, s’étant déroulé dans les replis du Livre de Poche, le Tenancier a décidé qu’il se fera incinérer en compagnie de la collection complète (augmentée des 10/18). Qu’on se le dise.
Néanmoins et puisque nous avons fricoté avec la bibliophilie pendant quelques années, il était intéressant de revenir au propos d’Antoine Fleury sur les cartonnages et il faut bien dire que son contenu a la vertu de remettre cette fièvre des cartonnages Hetzel en perspective. D’une façon assez synthétique il retrace les principales séries complètes évoques les variantes et remet les pendule à l’heure sur le sujet, car il est encore besoin de le faire. En effet, il existe toujours nombre de personnes s’imaginant receler des trésors sous la forme d’un in-octavo tout pourri dans un recoin. Ce n’est presque jamais le cas lorsque cet ouvrage est mis dans les mains d’un libraire pour expertise. Il n’est pas rare, d’ailleurs, que ce même libraire donnant une estimation se voit considéré comme un escroc espérant se faire une marge sur le dos du pôvre vendeur. Or, il se trouve que ces ouvrages sont dûment cotés et que, si l’on a les outils adéquat et les bons descriptifs il est peu probable que l’on se trompe.
Autrement, je ne vais tout de même pas vous tenir par la main pour vous décrire tout le dossier, alors débrouillez-vous pour le lire. 

samedi 24 mai 2014

Jules Verne en 10/18

Les amateurs de l'irremplaçable collection 10/18 reconnaissent du premier coup ce qui en faisait à l'époque l’identité : le double filet séparant le nom de l’auteur et le titre, le logo, toujours de la même taille, se déclinant en couleurs différentes d’un volume à l’autre…
La série « Jules Verne inattendu » présente cependant quelques caractéristiques supplémentaires :
Le logo représentant un phare (emblématique de la production vernienne) situé au coin supérieur gauche, à côté du nom de l'auteur et du titre – cette idée sera également utilisée dans cette collection pour les ouvrages de Jack London (une tête de loup) ou d'autres auteurs.
Le sous-titre « maison » en long accolé à la marge gauche de la couverture.
Le fond bleu des couvertures.
Mais bien plus que l’aspect physique, c’est bel et bien la mise en œuvre de cette série qui doit retenir notre attention. La préface générale qui en ouvre le premier volume est explicite : il s’agit pour son maître d’œuvre, Francis Lacassin, de présenter un aspect méconnu, à l’époque, de l’œuvre de Verne. Il est à signaler que cette série – publiée sur quelques mois seulement – partait de la dynamique générée par de nombreuses publications au cours des années 70 et dont la plus remarquable fut peut être le numéro des Cahiers de L’Herne. Ne pas négliger non plus une manifestation importante qui fut sans doute le point d’orgue de la réévaluation de l’œuvre, avec le Colloque de Cerisy. Il était donc tout naturel que l’on assiste à l’apparition d’une collection qui allait présenter une autre facette de Verne, plus souterraine, avec des hypothèses et des conjectures sur les idées politiques et l’inconscient… Ces lectures différentes vont se retrouver tant dans les préfaces de Lacassin que dans les autres textes des spécialistes qui parsèment ces éditions. D'ailleurs, les sous-titres en long sur la couverture annoncent clairement les orientations de l'appareil critique. Une question, du reste, se pose. A cette époque, les seuls Verne disponibles à bon marché étaient ceux de la collection du Livre de Poche. On se prend à penser soudainement que la série « Jules Verne inattendu » a constitué une sorte de complément à la fois marginal et intelligent de cette collection grand public. Contrepoint bienvenu, avec notes, appareil critique et même quelques bibliographies. On se prend à rêver si la collection avait entreprit une édition des œuvres – complètes ? – avec le même appareil critique. Certes, désormais, le foisonnement des « lectures » de Verne s’est un peu atténué. On est revenu à une certaine mesure. Il faut penser à ces douze volumes comme une parenthèse curieuse et très récréative, fort bien dans la lignée de ce que publia Francis Lacassin en 10/18 pour d’autres auteurs (London, Stevenson) ou pour des thèmes précis (comme « L'aventure insensée », concernant la littérature populaire).
Découvrons maintenant les ouvrages de cette série publiée entre 1978 et 1979.
Notons que nombre de ces volumes sont encore aisés à trouver pour une somme modique à l’exception des « Textes oubliés ».
Les Naufragés du Jonathan
n° 1209
Famille-sans-nom
n° 1210
P'tit Bonhomme
n° 1220
L'île à hélice
n° 1221
Histoires inattendues
n° 1129
L'invasion de la mer, suivi de "Martin Paz"
n° 1239
César Cascabel
n° 1247
Sans dessus dessous
n° 1273
Un billet de loterie
n° 1274
Le pilote du Danube
n° 1286
Textes oubliés
n° 1294
Clovis Dardentor, suivi de Un neveu d'Amérique
n° 1308

Il s'avère après examen que notre rêve évoqué plus haut n'était pas si insensé puisque, au hasard de nos butinages dans les volumes de la série, nous avons relevé nombre de titres en préparation. Voici ce que nous avons trouvé dans Clovis Dardentor, dernier volume publié de la série :

— Claudius Bombarnac
— Souvenirs de voyage en Angleterre et en Écosse
— Les frères Kip
— Le Volcan d'Or
— Le Village aérien et M. de Chimpanzé
— Mirifiques aventures de Maître Antifer
— Le Superbe Orénoque
— Le Chemin de France
— L'Épave du « Cynthia »
— Seconde Patrie
— Le secret de Whilem Storitz
— Aventures de trois Russes et de trois Anglais
— L'Étonnante aventure de la mission Barsac
— Le Testament d'un excentrique
— L'Agence Thompson and Co.
— Bourse de voyage

La présence d'un telle liste n'indique pas forcément que ces textes allaient être publiés à coup sûr, mais réservait une possibilité à l'éditeur de ne pas être coiffé au poteau par un autre. Il faut donc relativiser le projet que constituait une telle liste. Du reste, Francis Lacassin développe les raisons de la disparition de cette série au sein de la collection : en résumé, le public n'avait pas suivi.

A cette présence de Verne en 10/18, on se devait d'ajouter trois volumes, à titres divers :
Tout d'abord le Colloque de Cerisy, publication guère exceptionnelle dans le corpus de cette collection puisque nombre de colloques sur des auteurs ou des sujets divers y furent déjà publiés. Cette publication consacra nombres d'avancées dans la recherche verniste. Comme je l'ai indiqué plus haut, on en sent même les effets dans la série « Jules Verne inattendu ». Quoi de plus naturel que d'ajouter encore le livre de Francis Lacassin consacré à quelques passagers clandestins de l'Histoire ou de la Littérature ? Verne y côtoie Mata Hari, Harry Dickson, Jack London et Gustave Le Rouge, par exemple. Et puisque nous citons Le Rouge, on ne pouvait manquer en conclusion de mentionner son amusant « Sous-marin Jules Verne », publication encore cornaquée par le même Lacassin...

Jules Verne : Colloque de Cerisy
n° 1233
Francis Lacassin : Passagers Clandestins /1
n° 1319
Gustave Le Rouge : Le sous-marin « Jules Verne »
n° 1245

Le Tenancier remercie tout particulièrement MM. Francis Ester et Vincent Reignier pour lui avoir fourni les volumes qui lui manquaient. On retrouvera chacun de ces volumes dans des bibliographies par titre et dans les bibliographies secondaires.