Une notice de livre, dans un catalogue se construit selon
une architecture particulière et peut se diviser en plusieurs sections :
— Le numéro d’entrée dans le catalogue.
— L’identification de l’ouvrage et ses mentions d’édition,
c'est-à-dire, concrètement, le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage,
l’éditeur, la collection, la date d’édition, tout élément imprimé que l’on
trouve généralement sur la page de titre du livre.
— La description physique du livre qui englobe son format,
sa pagination et toute particularité liée soit au tirage (originale sur beau
papier, service de presse, etc.) soit à l’ouvrage lui-même (défaut, comme des
réparations sur la couverture) ou des améliorations (reliure de luxe, envoi
autographe, etc.).
— Les indications bibliophiliques : citation de la
source bibliophilique, particularités éventuelles de l’ouvrage dans l’histoire
de l’auteur ou l’histoire littéraire, etc.
— Le prix
Ces éléments peuvent s’interpénétrer, s’imbriquer ou ne pas
exister pour certains d’entre eux, ou alors être considérablement lapidaires,
au choix du libraire qui rédige ces notices. On reviendra ultérieurement sur le
contenu de ces sections.
En général, chacune de ces parties fait l’objet d’une mise
en page spécifique : Titres en italique, noms d’auteur en gras — ce qui
peut aussi être le cas pour des mentions d’envoi autographe, par exemple.
Il n’y aucune règle officielle, comme c’est le cas pour les
bibliothécaires, qui régit les fiches bibliographiques et la rédaction des
catalogues. Ce sont généralement des usages entérinés par la pratique. Certes,
l’influence des bibliographies consultées par le rédacteur, les règles
instituées par les bibliothécaires ne sont pas méconnues et sont volontiers
utilisées. Reste qu’il demeure une grande latitude dans la présentation et même
l’esprit de chaque brochure, à l’image de celui qui les rédige. Pour peu qu’on
veuille se pencher sur chaque détail (ce que nous ferons un peu sommairement
pour ne pas vous barber, dans nos prochains billets) on s’apercevra que la
philosophie du livre de chaque libraire peut différer.
Si ces notices peuvent apparaîtrent comme disparates dans
leur présentation, elles se sont donné pour mission d’informer les clients sur
les ouvrages rassemblés par le libraire à l’occasion de ce catalogue. Il faut
vendre, donc être précis et même alléchant. Cela n’empêche pas le jansénisme de
certains : aucune mention sinon que le strict nécessaire. Tout acheteur de
ce librairie-là sachant pertinemment que les ouvrages présentés sont comme
neufs et qu’il n’y a vraiment pas besoin de faire de la glose sur les auteurs
vendus. D’autres ont besoin de se répandre, de conjecturer, parfois au
détriment de la place pour d’autres livres…
On vient une nouvelle fois d’enfoncer une porte ouverte en
vous affirmant que chaque notice diffère à chaque libraire, à l’instar des
catalogues.
Il va de soi qu’à l’heure actuelle les notices des livres
qui n’ont pas été vendus se retrouvent sur le net et trouvent un lectorat plus
élargi que les lecteurs habituels des catalogues.
A propos du net on s’apercevra que les sites de vente de
livres ont emprunté la structure des notices de catalogue. Ce n’est pas par
hasard. Les libraires d’occasion et d’anciens, nettement moins pusillanimes et
timorés que leurs confrères de la librairie de neuf, furent des pionniers dans
l’exploitation des listes à destination des bases de données. Pour notre part,
il nous a été donné de contempler des catalogues extrêmement bien structurés
sur logiciel dBase III élaborés au début des années 90 et même peut être avant,
cas extrême mais qui donne une idée de la perméabilité de la corporation aux
idées susceptibles d’améliorer la gestion de stocks pléthoriques. Parfois à
regret, les prédateurs de la librairie (
i.e. :
les intermédiaires de vente que sont ces sites) ont entériné cet agencement non
sans réticence. Les informaticiens ou donnés lieu comme tels eurent un peu de
mal avec ces structures-là, par manque évident de culture bibliophilique. Le
marché du livre d’occasion en pleine mutation (l’ancien, lui, semble suivre une tangente et revenir
à une niche spécifique) voit tout une partie de son fonds mise à l’écart par
l’obligation faite de ne plus utiliser que les codes barre (EAN 13) et ISBN
imposée par les sites de vente… Sur ce plan-là, c’est toute une partie du fonds
de la librairie d’occasion qui se voit marginalisé. On reviendra également sur
ce sujet qui nous semble important.
Revenons une ultime fois sur la mis en page des notices. Si
votre serviteur fut le dernier, sans doute, à utiliser une offset de bureau
pour l’impression de catalogues, pas mal de libraires utilisaient depuis
longtemps le traitement de texte et les possibilités offertes par ceux-ci, pour
la mise en forme des notices. Enfin, les catalogues purent être produits sans
l’intermédiaire coûteux d’un imprimeur pour la question de la mise en page ou à
se résoudre à des feuilles chichement dactylographiées. La possibilité
d’utiliser plusieurs corps et donc de caser plus de textes par page améliora la
lisibilité et l’abondance du contenu.
Un jour, il faudra bien q’un historien de la librairie se
penche sur l’évolution des catalogues…