mercredi 14 février 2018

Aller de (y)

Aller de (y) : — Fournir. — « On y va de ses cinq francs ou de sa larme. » (Monselet.) — « Elle a tourné de l'oeil sans dire : ouf !... Pauvre vieille ! j'y ai été de ma larme.. » (About.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

Avertissement

Les personnages de ce livre ont été
conçus uniquement pour vous distraire.
S'ils ressemblent à quelqu'un de
votre connaissance, c'est uniquement
par hasard.
Les Éditeurs.

San Antonio : Des clientes pour la morgue (1954)

Aligner (s')

Aligner (s') : — Tomber en garde pour se battre. Mot à mot : se mettre sur la même ligne que son adversaire. — « Ils mettent parfois le sabre à la main et s'alignent. » (R. de La Barre.) — « À la suite d'un bisbille, ils sont descendus pour s'aligner. » (J.Arago, 38.) V. Aplomb.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 13 février 2018

Devinette cinématographique (suite)

Comme le quiz cinématographique, proposé il y a quelques jours à été vite résolu, Grégory nous propose une question subsidiaire :
« La Corde contient, dans ses dialogues, au moins trois blagues sur l'univers des livres : disons une sur l'édition, une sur la bibliomanie et une sur la lecture. Quelles sont-elles ? »
Nous allons devoir revoir le film...

Alentoir

Alentoir : — Alentour. — Changement arbitraire de la finale.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 12 février 2018

Trieste en sa lumière

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas signaler. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…

Ce récit existe certainement : au gré du hasard, un personnage croise à plusieurs reprises les traces d’une ville réelle qui se transforme en cité fantasmée, puisqu’il n’y a jamais mis les pieds. Le pressentiment tenace d’une issue fatale, ou d’un événement extraordinaire, si jamais le personnage s’y déplaçait, l’obséderait. Arrive le moment où, volontairement, ou par accident, il s’y retrouve, la menace au-dessus de lui. Qu’arriverait-il ? Pour ma part, je souhaiterais qu’il ne se passe rien, non par superstition personnelle, mais parce que le désenchantement, la déception, le lâche soulagement demeurent des sentiments intéressants à explorer bien plus, à mon gré, que l’événement extraordinaire qui reste à la portée de tout littérateur moyen ? Moi qui ne suis qu’un écrivaillon — et qui l’assume allégrement — je ne peux que confier cela à plus doué, me doutant bien par ailleurs que le sujet a été traité cinquante-douze-mille fois, au moins. Ceux qui suivent le blogue savent d’où vient cette idée, qui tourne autour de Trieste depuis pas mal de temps. C’est dans une de ses évocations que j’appris récemment par un ami (qu’il me permette cette familiarité !) la parution d'une livre de Patrick Boman sur le sujet. Non seulement j’étais avisé de l’existence de cet ouvrage, mais je le recevais anonymement. Trieste en sa lumière rassemble les notes de plusieurs séjours dans les murs de la ville, ponctués de promenades érudites et des stations dans les cafés fort nombreux. Évidemment, les écrivains de Trieste se profilent dans ces pages, comme Roberto Bazlen ou Umberto Saba et ceux qui s’y sont arrêtés comme, bien sûr, James Joyce, dont Boman aborde malicieusement le versant alcoolique, souvent négligé de la part des thuriféraires. Mais Trieste apparaît aussi comme une curiosité géographique, un vestige de l’Empire austro-hongrois, un port méditerranéen, une frontière évanescente et pourtant disputée autour d’un rideau de fer qui semble ici plus fusible qu’ailleurs. Combien de fois Trieste a-t-elle changé de drapeau et de fonctionnaires (les représentants de l’Empire se montraient, paraît-il, incorruptibles et sourcilleux !) et combien de langues y parle-t-on ? Combien de plats différents, également, retenant le gastronome Boman (son Palais des saveurs accumulées est un opuscule remarquable sur la cuisine chinoise !), et qu’y boirions-nous ? Les morts s’invitent aussi dans cette flânerie, et leurs traces portent témoignage de l’intrication de tous ces univers. Trieste possède la qualité de certains écrivains situés sur des limites, plus exactement sur les limes de l’Empire. Ici, l’empire est géographique, là, il sera littéraire. Il demeure toutefois un endroit privilégié pour voir passer les hommes, les événements, les navires et les drames. Patrick Boman se place idéalement à cheval sur toutes ces perspectives et ses notes de voyage dispensent le soussigné de se hâter d’aller vérifier par lui-même. Ce faisant, Patrick Boman aura peut-être sauvé la vie du Tenancier… 
Patrick Boman
Trieste en sa lumière
Ginkgo éditeur (2017)

Alea jacta est

Alea jacta est : — Le sort en est jeté. — Phrase prononcée par César lorsqu'il passa le Rubicon pour marcher sur Rome. — « Le fameux alea jacta est qu'on a répété tant de fois depuis César. » (Rozan.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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jeudi 8 février 2018

« Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ? »

— Voyez les choses en face, reprit-il. Je n’augmente pas votre loyer parce que je veux votre peau. Croyez-moi, ça n’a rien de personnel. Même avant que vous preniez ce magasin, son loyer était ridicule. Votre petit copain, Litzauer… mais c’est un crétin qui lui a refilé ce magasin ! Un bail de trente et un an ! Jamais les augmentations des baux de cet immeuble n’ont même seulement essayé de suivre les réalités de l’immobilier commercial en période d’inflation ! Dès que je vous aurai foutu dehors, je démolirai vos étagères et je loue à un restaurant thaï ou à un épicier coréen… Vous avez une idée du loyer que je vais encaisser pour un si bel espace ? Dix mille cinq cents ? Vous rigolez. Dites plutôt quinze mille par mois et le locataire sera heureux de les payer.
— Mais… et moi là-dedans ? Qu’est-ce que je fais ?
— Ce n’est pas mon problème. Je suis bien sûr qu’il y a des coins de Brooklyn ou dans le Queens où vous trouverez le même genre de superficie pour un prix abordable.
— Et qui ira m’y acheter des livres ?
— Qui vient vous en acheter ici ?  Vous êtes un anachronisme ambulant, mon ami. Un dinosaure qui remonte à l’époque où tout le monde savait que la Quatrième Avenue était le paradis du livre. Ces douzaines de librairies, que sont-elles devenues ? Le business a changé. Le poche a miné le livre d’occasion. Les librairies d’occasion sont devenues des reliques du passé, et leurs propriétaires des gens qui partent en retraite ou qui meurent. Les rares qui sont encore en activité arrivent au bout de leurs baux, ou bien alors ce sont de vieux radins qui ont eu la sagesse d’acheter tout l’immeuble dès le début. Vous faites partie d’un monde en voie de disparition, monsieur Rhodenbarr. regardez ! Nous sommes en septembre, l’après-midi est superbe et je suis votre seul client. Ça vous dit quoi, ça, sur votre affaire ?
— Sans doute que je devrais vendre des kiwis, ou des nouilles froides à la sauce de sésame.
— Rendre ce commerce profitable n’est peut-être pas infaisable, dit-il. Vous balancez quatre-vingt-quinze pour cent de ces cochonneries et vous vous spécialisez dans le haut de gamme pour collectionneurs. Un dixième de cette surface vous suffirait. Vous n’auriez plus besoin d’une boutique et pourriez diriger tout ça d’un bureau, voire de chez vous. Mais bon… je ne voudrais surtout pas vous dire comment gérer votre affaire.
— Vous me dites déjà de dégager.
— Parce qu’il faudrait que je vous encourage à poursuivre alors que vous êtes condamné ? Je ne fais pas des affaires pour la beauté de l’art, moi.
— Mais…
— Mais quoi ?
— Vous ne protégez donc pas les arts ? La semaine dernière pourtant, j’ai lu votre nom dans le New York Times. Vous avez fait don d’un tableau lors d’une collecte de fonds au bénéfice de la bibliothèque de New York.
— Sur les conseils de mon comptable, dit-il. Il m’avait expliqué que je paierais ainsi moins d’argent au fisc qu’en le vendant.
— Peut-être, mais vous avez des goût littéraires. Les librairies de ce genres constituent un bien culturel et sont, à leur manière, aussi importantes que la Bibliothèque de New York. Je ne vois pas comment ce point pourrait vous échapper. Collectionneur comme vous l’êtes…
— Investisseur.
— Ça, un investissement ? lui demandai-je en lui montrant C comme Cambrioleur.
— Évidemment, et un bon encore. Les reines  du crime font un malheur en ce moment. A comme Alibi valait moins de quinze dollars quand il a été publié il y a une douzaine d’année de ça. Et vous savez combien, en parfait état et avec sa jaquette, va chercher un exemplaire de ce livre aujourd’hui ?
— De tête, non.
— Dans les quatre-vingt-quinze dollars. Voilà pourquoi j’achète du Sue Grafton, du Nancy Pikard et du Linda Barnes. À la librairie Murder Ink, j’ai un bon de commande permanent pour tous les premiers romans policiers écrits par des femmes. Comment savoir laquelle va décoller ? Les trois quarts d’entre elles n’arriveront jamais à rien, mais en procédant de la sorte, je suis sûr de ne pas rater la perle qui passera de vingt à mille dollars en quelques années.
— En somme, il n’y a que l’investissement qui vous intéresse.
— Exactement. Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ?
Je lui tendis sa carte de crédit et son permis, puis je pris son chèque et le déchirai en deux, puis encore en deux.
— Sortez d’ici !
— Qu’est-ce qui vous prend ?
— Rien. Je vends des livres aux gens qui aiment les lire. C’est anachronique, je sais, mais c’est ce que je fais. J’en vends aussi à ceux qui aiment collectionner des éditions rares de leurs auteurs préférés, et sans doute à quelques autres qui, plus intéressés par le visuel, apprécient de beaux ouvrages rangés sur une étagère à côté de la cheminée ? Il n’est même pas impossible que certains de mes clients pensent au côté investissement de la chose, quoique ça ne me paraisse pas être la meilleurs façon de s’assurer une vieillesse confortable. Mais c’est bien la première fois que je tombe sur quelqu’un qui se moque aussi ouvertement de ce qu’il achète et ce quelqu’un, je ne cois pas en vouloir comme client. Il se peut que je n’arrive pas à payer mon loyer, monsieur Stopplegard, mais tant que je tiendrai ce magasin, je sera le seul à dire à qui j’accepte un chèque.
— Vous préférez du liquide.
— Je n’en veux pas non plus.
Je tendis la main vers le livre, mais il s’en saisit avant moi.
— Ah mais non ! s’écria-t-il. Je l’ai trouvé, je le veux. Et vous êtes tenu de me le vendre.
— Mon œil.
— C’est la loi. Je vous colle un procès si vous refusez. Mais nous n’en viendrons pas là, n’est-ce pas ?
Il sortit un billet de cent dollars de son portefeuille et le posa bruyamment sur le comptoir.
— Gardez la monnaie, dit-il. Ce livre, je le prends. Et si vous tentez de m’en empêcher, je vous accuse d’agression.
— Pour l’amour de Dieu, m’exclamai-je, je ne vais pas me battre pour ça ! Attendez un instant que je vous rende la monnaie.
— Je vous ai dit de la garder. Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? C’est un livre à cinq cent dollars que je viens de vous acheter ! Pauvre idiot ! Vous ne savez même pas la valeur que vous avez en stock ! Pas étonnant que vous n’arriviez pas à payer votre loyer !

Lawrence Block : Le blues du libraire, une enquête de Bernie Rhodenbarr (1994)
Traduit de l'américain par Robert Pépin

Alarmiste

Alarmiste : — Chien de garde. (Vidocq.) — Il donne l'alarme.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Quizz cinématographique

Grégory a tiré ces quatre images d'un film... Duquel s'agit-il ?
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.
Merci à Grégory Haleux.