mardi 31 octobre 2023

Une historiette de Béatrice

Il regarde avec attention les dessins accrochés au-dessus du bureau.
— Il est où le mien ?
— Regarde, c'est celui-ci.
— Oh, mais j'ai très mal écrit mon nom!
— Mais souviens-toi, tu étais tout petit et tu savais à peine écrire
— Et je peux t'en refaire un ?
Mon visiteur hebdomadaire depuis quelques années, du haut de ses 7 ans maintenant.

lundi 30 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 09


Pierre Laurendeau
Oli Bobo et les 40 douleurs

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : On ne conteste pas ici ce conte enfantin joyeux et plein d’humour, mais que l’on fasse accroire à un enfant que l’on peut transformer un McDo en restau gastronomique relève de la faute professionnelle. Même la fantasy la plus échevelée garde quelques limites, M. Laurendeau ! J’ai l’impression qu’un jeune garçon de 8 ans n’a pas été peu fier de ce récit plein de plaies et de bosses, cela dit…
 
Pierre Laurendeau : Tu as raison, ô Tenancier, le McDo est à la gastronomie ce que les 50 Nuances de Graisse sont à la littérature érotique…
J’ai écrit Oli Bobo pour calmer les ardeurs à se faire des bosses d’Olivier, mon fils alors âgé de huit ans – en tant que père, il sera prochainement confronté au problème. Le conte l’a beaucoup amusé… Je ne suis pas certain qu’il ait eu un effet prophylactique.
Il existe une version numérique superbement illustrée par Émilie Harel, disponible sur les plates-formes de téléchargement.

dimanche 29 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — Hors collection (ou presque)



Pierre Laurendeau
Une nuit dans la Grande Bibliothèque

Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en septembre 2023 à un exemplaire (voir ci-dessous)



Le Tenancier : Je ne possède pas cet ouvrage, pourtant indiqué comme le neuvième de la collection les premières années et ensuite comme « HC ». Les indices et, je crois, le souvenir d’une conversation font penser à une publication de circonstance. Était-ce en rapport avec la BNF ? Rappelons que le site actuel fut inauguré à cette époque…
Le Tenancier conçoit quelque amertume de ne point posséder cet item.
 
Pierre Laurendeau : Ah zut ! il va falloir que j’en fabrique un pour le Tenancier ! Une bibliothèque d’une petite ville près d’Angers m’avait demandé une animation au début des années 90. J’avais proposé un texte personnalisable où le lecteur se trouverait acteur du livre, dont l’intrigue se déroulerait au sein de la bibliothèque… Ce n’était donc pas la BNF, mais celle de Champigné (Maine-et-Loire). L’animation fut un succès, même si quelques désabusés me firent ce compliment : « Bah ! c’est juste une fonction recherche-remplace ! » Une fois l’opération de personnalisation effectuée, j’imprimais le corps du livre sur imprimante laser – la première ! La couverture était réalisée en Canson bleu avec étiquette rapportée et couture au fil. Très chic ! Tout cela au format A5.
L’histoire était une sorte de mise en abyme livresque : le personnage arrivait à se faire enfermer une nuit dans une bibliothèque ; il assistait à des phénomènes étranges de génération spontanée de livres.
C’est lors de cette même animation que je fus victime d’un « vol » de dédicace : un petit salon du livre avait été organisé au même endroit, où je présentais mes livres ; une dame m’en achète un et… va le faire dédicacer à la voisine, une star locale. Étant un dédicateur angoissé (toujours peur d’oublier le nom du ou de la dédicataire, de mal l’orthographier, de ne pas savoir quoi mettre ou de faire une horrible faute de syntaxe ou d’orthographe), je fus soulagé !
Quelques années plus tard, j’ai intégré Une nuit dans la Grande Bibliothèque dans la collection des minis.
Il y eut une déclinaison commerciale du concept à la demande d’un éditeur pour lequel mon ami Alain Royer et moi avions créé une collection documentaire pour la jeunesse : « Raconte-moi… », dont j’avais coécrit avec Alain le premier volume consacré à la mairie. L’éditeur nous commanda un conte de Noël qu’Alain écrivit (c’était sa spécialité) et dont j’assurai l’adaptation technique.

Poche scriptum : bien reçu, mon cher Pierre, merci !

samedi 28 octobre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Continuons donc notre chronique, devenue abondante par le don d’un ami, touché par la félicité amoureuse. L’homme heureux et apaisé voyage-t-il léger ? En tout cas, nous avons découvert précédemment qu’il s’était séparé d’ouvrages alléchants. Ce billet paraîtra alors un peu terne : pas de curiosité bibliophilique ou de reprint prestigieux.


Oui, certes, cette moisson noire date un peu, mais je ne suis plus taraudé par l’obsession de la nouveauté littéraire, même au sujet de la « littérature de genre ». Je confesse quelques wagons de retard pour ce qui concerne le roman et la nouvelle, noirs et sans sucre. Voici donc de quoi entretenir quelques lectures vespérales variées, selon le rythme établi il y a quelque temps : une nouvelle, une nouvelle d’un autre recueil et d’un autre auteur puis enfin un roman, dans un registre différent, encore. Les habitués ici le savent, votre serviteur a commis quelques dizaines de nouvelles et l’intérêt reste toujours vif vis-à-vis de cette catégorie.


Mais bien entendu que je possède déjà ce Jack London ! C’est d’ailleurs une épine dans mon flanc, car après l’amour fou il peut exister des séparations déchirantes (ce que je ne souhaite pas à cet ami !) qui nous obligent à disperser une bibliothèque : des milliers de bouquins de SF dont je ne souffre pas trop de l’absence, mais aussi de livres de London en Crès ou en Hachette, bon sang ! Rien ne consolera de cette disparition. Je possédais également cette série, dans la collection 10/18, presque complète et que je reconstitue peu à peu, ne négligeant pas les doublons afin d’améliorer mes exemplaires. Je réserve les titres excédentaires à quelques amis de passage. Il ferait beau voir que je me livre à de la rétention ! Ce serait également contredire mes propos dans La main d’Émeline, au sujet de Jack. En tout cas, je me fais une raison, dommage collatéral de la sénescence : je ne reverrai pas mes vieux London. (On retrouvera ce volume un de ces jours dans la liste des 10/18 dressée dans ce blogue).


Eh bien oui, Copi ! Je n’en ai pas assez lu. Quelle drôle d’idée de s’en séparer. Je vais bouquiner celui-ci, que je ne connais pas, et peut-être relancerais-je cet ami pour qu’il le récupère, selon l’adage qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Ce sont des sentiments fâcheux. Après tout et après réflexion, je ne vais peut-être pas l’interpeller…


Ce petit livre fut offert par l’éditrice à tout acheteur, je devine, de volumes provenant de chez elle. Chemin balisé d’un certain humour qui a occupé les deux rives de l’Atlantique, avec, par exemple, Benchley ou Runyon (pour ce dernier, je voudrais bien un de ces jours me procurer ses chroniques de Broadway qui ont été publiées chez Gallimard…) Le sourire aux lèvres devient une denrée rare.


Oui, bon, scrogneugneu c’est du Saint-John Perse ! Je m’amuse par avance d’entendre ou de lire quelques amis poètes m’en faire le reproche, d’autant que, me portant volontaire pour cette acquisition, je ne professe pas du tout l’esprit de découverte. J’en avais déjà lu et n’avais pas détesté (ouh ! ouh !), sans doute parce que je reste assez obtus en matière de poésie : « Pas de sensibilité », « Pas la maîtrise », tout ce que vous voulez… pas grave. Je vous aime quand même, les gars.


L’ami en question cultive un côté Saint-bernard dès qu’il s’agit de récupérer des livres. On peut lui reprocher parfois son manque de discernement dans le « sauvetage » d’exemplaires d’occase, même pour combler une lacune. Celui-ci est vraiment dégueu : gauchi, bruni, avec des rousseurs, il n’a pour lui que de ne pas figurer dans la bibliothèque consacrée à Westlake. Est-ce bien raisonnable ? Je n’en lis plus trop (et là, tous les zélotes vont me tomber sur le râble), je fatigue un peu à la longue. Vous croyez qu’on peut devenir blasé de Westlake ? J’en frémis. C’est sans doute passager. Je l’espère, parce qu’Otto et George m’attendent au tournant. Allez, je garde ce volume-là, ne serait-ce que par prudence.

Je faisais allusion à la SF plus haut et vous n’en verrez pas trop dans cette chronique. Je dois admettre que je n’ai plus trop d’appétence pour une littérature dont une grande partie coure après son obsolescence — c’est dans sa nature. Bien sûr quelques auteurs surnagent et ce ne sont sans doute pas les mêmes que les vôtres. D’ailleurs, cet ami ne m’en a pas proposé. J’aurais toutefois succombé à la nostalgie des Chute Libre et Titres/SF alignés dans un coin de sa bibliothèque. On n’est pas de bois. Mais cette cession n’était pas à l’ordre du jour. Et puis, où vais-je entreposer tout ça ?
 
— Michael Connelly présente : Moisson noire — Rivage/noir, 2006
— Jack London : L’amour de la vie — 10/18, 1974
— Copi : Une langouste pour deux — Christian Bourgois, 1999
— P.G. Wodehouse: Webster le chat — Joëlle Losfeld, 1999
— Saint-John Perse : Éloges — Poésie/Gallimard, 1967
— Donald Westlake: Drôles de frères — Rivages/noir, 1991

vendredi 27 octobre 2023

10/18 — Cavanna : Cavanna




Cavanna
Cavanna
Préface de Wolinski
n° 612


Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quadruple
252 pages (256 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1971
Achevé d'imprimer : 7 octobre 1977
Dessins de couverture de Cavanna


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

jeudi 26 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 08


Stéphane Mahieu
Le Grand Animal de Maastricht

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques paléontologues



Le Tenancier : Toute bonne collection tisse des liens entre les volumes qui la complètent. Le compte-rendu assez facétieux de Stéphane Mahieu établit un pont avec l’Explorateur au pays des dinosaures, dont le rapport semble évident, mais également avec l’exposition ambiguë de La voie de la montagne. En effet, même si le récit de la mise à jour du premier Mosasaure est vrai, l’auteur change par son point de vue la relation de la découverte au point que l’on peut s’interroger au bout du compte sur la véracité des faits. La ‘Pataphysique pointe de nouveau son nez…
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle subtilité dans la mise au jour des corrélations !
Je connais Stéphane Mahieu depuis la fin des années 70 (nous étions plus jeunes et plus chevelus), à l’époque du Melog, la revue qu’il animait avec Jimmy Gladiator. Nous avions gardé contact ensuite grâce aux rendez-vous du Pompadour, un café près des Halles, à Paris… Les rendez-vous du mercredi migrèrent au Bougainville, sous la haute protection d’une octogénaire au pied sûr (nous ne la regardions pas sans frémir disparaître dans l’escalier de la cave – d’où son mari n’était pas remonté, les vertèbres brisées, quelques décennies plus tôt (les mauvaises langues chuchotaient qu’elle l’avait poussé dans l’escalier – il est vrai qu’il buvait, ce qui, pour un Aveyronnais, était le pire crime : dilapider le fonds !). Puis chez Madame Paulette, au Carrefour, seul bistrot du Quartier latin affichant résolument : « Pas de wifi / Pas d’ordinateur ».
Pour en revenir à Stéphane, j’avais publié de lui, dans la collection La Nouvelle postale, une charmante nouvelle, Des dangers de la botanique, racontant comment un bandit de grand chemin, à force de planquer dans les fossés, s’était pris de passion pour la botanique.
Pour cette collection, Stéphane m’adressa ce petit texte plein d’esprit sur la découverte du Mosasaure maastrichtien, qu’il avait écrit l’année des fameux accords commerciaux européens anticipant la création de l’Union européenne. Il sera encore question de Stéphane à l’occasion du numéro 42.
Pour clore la boucle des corrélations : le fils de l’auteur de L’Explorateur au pays des dinosaures, que nous recevons fréquemment chez nous en qualité de grands-parents, a une passion pour les dinosaures, ce qui est assez commun à son âge, mais tout particulièrement pour le Mésosaure !

mardi 24 octobre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

J’y ai fait allusion à plusieurs reprises dans ce blogue : « L’homme heureux n’a pas de chemise ». Je ne sais pas d’où cela vient, mais ce proverbe me plaît, même si du côté vestimentaire je n’ai pas à me plaindre, tout en étant préservé du malheur (croisons les doigts). Mais pour les possesseurs de livres, existe-t-il aussi un précepte autant inepte ? Assurément, on en a vu passer lors du confinement tandis que les libraires avaient été contraintes de fermer : déclarations connes sur la liberté — ou la libération — liée au livre, comme si Mein Camphre ou autre truc de ce genre n’avait jamais existé. Bref, dois-je craindre un accroissement des emmerdements en accumulant les volumes ici et là ? Eh bien, cela risque fort d’arriver au bout d’un moment avec notre maison qui n’en pourra mais sous le poids. Pour l’instant, pas de craquement suspect. On reste serein. Tout de même, il convient de se méfier du bonheur des autres, qui, se sentant légers, se défaussent encore plus sur les amis, tel celui-ci, amoureux au point d’en perdre des kilos, se libère également de nombre de livres de sa bibliothèque. À nouvel homme, de nouvelles perspectives, et bien dégagées s’il vous plaît ! Voici les rayons qui se vident et mes bras chargés d’une pile : pas moins de dix-neuf livres à « rentrer » (comme disent les libraires d’occasion et les bouquinistes) ! Bigre, vais-je m’amuser à chroniquer ici tout cet arrivage d’une traite, vous infliger un placard indigeste, d’autant que je vous tiens la jambe depuis environ 1500 signes avec mon babil ? Allons, je vais me montrer raisonnable et vous appâter par deux ouvrages non négligeables :
 
 
Oui, c’est bien le reprint complet de la revue chez Jean-Michel Place, superbe et à l’état neuf. Petite bouffée de nostalgie puisqu’il m’est arrivé de voir circuler les originales dans un passé qui s’éloigne de plus en plus. Que dire de plus, sinon que je biche ce genre de publication !
 
 
Puisqu’il est question d’édition originale, voici un des 925 exemplaires sur vélin ivoire de cette « édition publique » de Cendrars. Cette publication a fait un peu polémique à l’époque, en 1997, en raison de la rareté du document-source et donc de l’attente qu’il a suscité. Parfois, le prodige d’une réapparition peut faire douter. On a en mémoire, vers la même époque, d’un roman inédit à l’histoire miraculeuse[1] et pour lequel on continue ici et là à concevoir des doutes, sans preuve concluante, mais avec le chiffre d’affaires d’un poids lourd de l’édition. Pour revenir à cette Légende de Novgorode, sa page Wikipédia fait état des polémiques qui courent encore. Tout ce qui prête à une enquête sur la nature matérielle de la publication, la codicologie, donc, reste passionnant. Tant que les « raretés » ou les manuscrits sont gardés hors de portée des spécialistes, le scepticisme demeure la règle… On accueille donc ce volume avec un certain plaisir, celui de lire du Cendrars, ou celui de conserver peut-être un faux, sachant que les deux peuvent se confondre. La couverture de celui-ci était légèrement tachée, mais rien qu’une gomme blanche n’a pu enlever. L’on a vu également des exemplaires du tirage de tête nous passer sous le nez avec l’eau-forte d’Alechinsky. Les livres, cela existe aussi pour rêver ou se souvenir, un épisode mélancolique, parfois.
La suite un peu plus tard…
 
[1] Paris au xxe siècle, de Verne.

Le Surréalisme au service de la Révolution, numéros 1 à 6, juillet 1930 à mai 1933, colleciton complète — Jean-Michel Place, 2002
Blaise Cendrars : La légende Novgorode — Fata Morgana, 1997

lundi 23 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 07


Jacques-Élisée Veuillet
La lettre close

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : Voici un texte qui possède une saveur poétique que l’on retrouve jusque dans le nom de son auteur. Cette prose séduit le Tenancier par sa précision, son choix des mots et son approche très allusive jusqu’à son terme. Quel beau récit ! Mais qui est donc Jacques-Élisée Veuillet ? Je sais par le catalogue de Deleatur que ce n’est pas sa seule production, mais qu’elle est parcimonieuse. Pourquoi ai-je une sensation de familiarité avec lui, cette envie de lui emboîter le pas ? Comme cette histoire est curieuse, comme cette rareté est regrettable ! Y a-t-il suffisamment de matière pour qu’on puisse regrouper ce qui a été publié et ce qui pourrait l’être ?
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, ton vibrant hommage au texte de Jacques Veuillet me va droit au cœur ! J’ai fait sa connaissance en 1972. Il figurait comme éditeur de référence dans l’anthologie des Poètes singuliers du surréalisme et autres lieux, de AV Aelberts et JJ Auquier, parue en 10/18 (1971) – complément indispensable à L’Anthologie de l’humour noir d’André Breton !
Je lui avais adressé un manuscrit, un vrai, écrit à la main par un gaucher contrarié. Il m’a répondu par une lettre aimable, précisant qu’il avait été sensible à l’énergie d’un jeune poète un peu rebelle mais qu’il me conseillait, pour être lu, d’acheter une machine à écrire. Ce que je fis séance tenante, y consacrant l’argent de mon activité d’été d’arroseur de pelouses aux HLM de la ville d’Angers. J’eus le culot d’aller le voir chez lui – son adresse figurait dans le livre – imaginant, à dix-neuf ans, un vaste complexe de bâtiments où s’activerait une nuée de secrétaires et autres commis d’édition. Je découvris un appartement certes bien agencé mais particulier, où Jacques me reçut avec amabilité et, je pense, un certain amusement. Il était très lié aux surréalistes et aux poètes du Manifeste électrique (Bulteau, Messagier, Pélieu…). Il m’offrit plusieurs ouvrages, que j’ai conservés. Sa marque d’éditeur – activité totalement clandestine – s’appelait Première Personne. Il avait alors publié deux livres : Clément Magloire-Saint-Aude, Dialogue de mes lampes, avec des gravures de Camacho, de Wifredo Lam et la première d’Hervé Télémaque[1]. L’autre : Sang de Satin, de Michel Bulteau, était illustré d’une magnifique gravure de Jacques Hérold, dont il était un ami proche.
Chaque fois que je venais à Paris, j’allais le voir. Il était toujours disponible et orientait mes lectures : il me fit découvrir, entre autres, Les Vanilliers de Georges Limbour et Peter Ibbetson de George du Maurier.
Il me fit un éloge sincère – je pense – de mon premier livre, une pièce de théâtre marquée par mes lectures surréalistes, notamment Jean-Pierre Duprey : Moche ou la Quête du Rabot, que je vais rééditer prochainement pour fêter les cinquante ans de la première édition.
Lorsque parut au Soleil noir La Victoire à l’ombre des Ailes de Stanislas Rodanski, auteur que j’avais repéré dans l’anthologie d’Aelberts et Auquier, je découvris au fil du texte un certain Jacques Veuillet que Rodanski tour à tour encensait ou vouait aux gémonies. Je demandai à Jacques si c’était lui. Il me fit alors la confidence de ses années de jeunesse à Lyon, de son amitié « toxique » avec Rodanski[2] et de son rejet final lorsque Rodanski lui lança un appel à l’aide désespéré, juste avant de se présenter à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, où il restera toute sa vie.
En 1983, je proposai à Jacques d’intégrer le « consortium » Deleatur pour y poursuivre son activité éditoriale, notamment les textes de Rodanski dont il possédait un grand nombre[3], dans des cartons – ceux publiés par Le Soleil noir provenaient de Julien Gracq, chez qui Rodanski abandonnait des textes quand il venait à Paris – ainsi que chez Jacques Hérold. De Rodanski, parurent chez Première Personne nouvelle formule : Spectracteur, puis Le Journal d’Arnold, La Montgolfière du Déluge et le Journal 44-48.
En 1987, Jacques me fit un plaisir immense en m’invitant à rejoindre sa collection pour mes Ethnograffiti, qui l’avaient enchanté, plaisir doublé par des illustrations et une lithographie de Jorge Camacho.
Je découvris tardivement le talent d’écrivain de Jacques Veuillet : lorsque je créai la collection des mini-livres, il m’adressa La Lettre close, puis Oncle Ted. Avec parcimonie, je dirais… puisque je ne publiais rien de plus.
Je dois à Jacques Veuillet sinon mon amour des livres, du moins mon orientation professionnelle : c’est grâce – ou à cause ? de lui que je suis devenu éditeur.


[1] Je ne possède hélas que l’édition courante…
[2] Alain Jouffroy consacre un ouvrage à Rodanski, Le Temps d’un livre, où il fait part de l’impossibilité de vivre avec lui.
[3] Vers la fin de sa vie, il en fit don à la Bibliothèque Jacques-Doucet. François-René Simon poursuit l’édition de ce fonds, aux éditions des Cendres notamment.

samedi 21 octobre 2023

Un épisode galvanique


Inaugurons ce retour aux parutions de votre serviteur avec Un épisode galvanique, nouvelle qui doit beaucoup à Mary Shelley, mais en nettement moins subtil, bien qu’écrit avec soin et en tentant de rattraper une atmosphère « d’époque »… Bref, votre Tenancier s'essaye à l'humour. Enfin, vous verrez bien, n’est-ce pas, puisque vous allez tous vous précipiter pour vous abonner à Lard-frit, ou est insérée cette nouvelle histoire !
 Le cycle des parutions reprend et ce n’est pas dommage de ce côté-ci de l’écran. Cela donne du cœur à l’ouvrage pour le travail en cours…

samedi 14 octobre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Diable, aurais-je l’intention de doubler, voire de tripler ma bibliothèque simenonienne en prenant ces quatre bouquins dans la boîte à livre et en les joignant à l’héritage maternel? La pêche reste pourtant simple, qui va peut-être s’ajouter aux cartonnages sous jaquette des romans de Simenon aux Presses de La Cité, que ma mère allait acheter, en faisant un crochet chez un bouquiniste au retour du marché des Lices, à Rennes. À détour plus modeste, résultat en rapport. On se contentera de ces merles au format poche. On l’a constaté déjà, Simenon n’est pas rare dans ce genre de gisement et pas le pire, à côté de conneries, comme les livres de Slaughter ou des trucs que notre dissonance cognitive se refuse à identifier comme des livres. Simenon convient bien à la Vie de Province et même à l’ambiance de sous-préfecture où je réside. Rentrer du marché avec de quoi faire un bœuf bourguignon et des bouquins de Simenon dans le cabas, c’est décider de se mettre au diapason. Cela revient à se plier également à un certain art de vivre et à une certaine façon de manger. La cuisine de ma mère me manque, sa bibliothèque me la rappelle…
Tiens donc! Je n’avais pas ce Mac Orlan! J’étais pourtant convaincu de le posséder dans une édition correcte… Il est vrai qu’à force de l’avoir croisé lorsque j’étais libraire, je me suis persuadé qu’il était à m’attendre parmi les autres livres de l’auteur, derrière moi, là, au moment où je vous écris. Bien, comme les Simenon, l’exemplaire est modeste, mais sympathique, comme le sont les bouquins de la collection Le Livre de Poche dans leur ancienne édition. En effet, la typo moins pâlotte rend leur lecture agréable. Celui-là comporte des rousseurs, pas rédhibitoires, toutefois. Je possède quelques bons exemplaires de livres de Mac Orlan, sans prétendre à la bibliophilie — parce que je n’en ai pas les moyens. Je vais tout de même tenter d’améliorer cette prise un de ces jours.
Bon sang, il me reste si peu de temps (je vais bien, rassurez-vous, mais la vie est trop courte)...

 

J’ai connu l’auteur dans mon enfance, par une de mes sœurs, qui en était l’amie. J’étais curieux d’apprendre les détails de l’épisode de son bref emprisonnement en raison de son implication avec Action Directe, de cet étrange manque de lucidité au nom d’un romantisme révolutionnaire qui a semblé traverser une certaine génération. Aussitôt acheté, aussitôt lu : je mesure l’effort consenti à ce retour de mémoire. Il est moins question de dialectique et de praxis que d’amitié trahie et d’emprise. Cela nous est tous arrivé, certes, mais cela ne nous a pas tous conduits à l’isolement en Préventive. Du reste, c’est-à-dire de la lucidité politique qui le fait mêler Makhno et Marx, jusqu’aux «bonnes œuvres» de la mitterrandie, on s’abstiendra de se prononcer. On a bien fréquenté de ce côté-ci du clavier des gens de gôche (Mitterrand, Lang, toussa) — dont une que j’avais sous les yeux — à Radio libertaire… Au moins, pour ce qui concerne Dan Franck, il semble en accord avec lui-même et n’a sans doute impliqué que lui par son obstination à respecter son éthique. Je n’avais pas lu de ses livres depuis longtemps. Celui-ci m’a renvoyé au temps où ma sœur — qui n’y est pas citée, comme dans certains de ses romans — était encore vivante.

 

Dites-donc, cette rubrique vire à la nostalgie…

Georges Simenon : Le haut mal — Arthème Fayard, 1955
Georges Simenon : Les 4 jours du pauvre homme — Presses de La Cité, 1954
Georges Simenon : Strip-tease — Presses de La Cité — 1986
Georges Simenon : Le coup de Lune — Presses Pocket — 1976
Pierre Mac Orlan : À bord de l'Étoile matutine — Le Livre de Poche, 1962
Dan Franck : L'arrestation — Grasset, 2023

jeudi 12 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 06


Jean de La Bruyère
« Le ministre
ou le plénipotentiaire
est un caméléon"
EXTRAIT DES
Caractères
DU SOUVERAIN
OU DE LA RÉPUBLIQUE

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques électeurs avertis



Le Tenancier : Si j’en crois l’achevé d’imprimer de cet exemplaire (avril 1996), nous avons affaire à une réimpression de ce titre puisque la couverture indique 1995. Cela indique que la collection se porte assez bien pour envisager des retirages. As-tu souvenir de l’accueil de ces ouvrages ? En a-t-on parlé ?
Cet extrait est assez divertissant. Tu sembles attiré par la littérature « Grand Siècle » : La Fontaine, La Bruyère et bientôt Perrault…
 
Pierre Laurendeau : C’est vrai, j’éprouve une certaine prédilection pour quelques auteurs du Grand Siècle (du moins supposé tel), notamment pour la précision – et la concision – de leur style… Rien n’est à jeter dans ce portrait de l’homme politique – au sens étroit –, qui habillerait remarquablement nos élus et potentats. « Il se fait longtemps prier, presser, importuner sur une chose médiocre pour éteindre les espérances et ôter la pensée d’exiger de lui rien de plus fort. » Ne croirait-on pas le portrait d’un ministre aux ordres de Jupiter Premier ?
L’édition première de ce minilivre date de 1995, l’année de lancement de la collection. Mon exemplaire porte, à l’achevé d’imprimer, la mention « avril 2002 ». Comme je l’ai expliqué par ailleurs, j’effectue des tirages restreints (10 ou 20 exemplaires, sauf circonstances particulières – j’en parlerai à l’occasion du numéro 31), ce qui me permet de loger l’intégralité du stock dans une boîte à chaussures !

mercredi 11 octobre 2023

Une historiette de Béatrice

Deux fillettes entrent, saluent poliment, pendant que leurs parents s'arrêtent devant la vitrine. Elles regardent avec des yeux pleins d'envie les livres posés devant moi, sur la chaise.
« Vous pouvez les consulter si vous voulez », échange de sourires et les voilà chacune à commenter, feuilleter, plaisanter.
Les parents entrent avec un « Reposez immédiatement ces livres » tonitruant.
— Mais Maman...
— Excusez-moi, mais c'est moi qui viens de les autoriser madame
— Reposez ça de suite, vous pourrez regarder des livres quand vous serez plus soigneuses !
— Et dehors ! J'ai dit dehors !
Le père continue à déambuler, pendant que dehors le cirque continue.
— Non mais dis-donc, je t'y prends à me répondre comme ça ! Tu vas voir si je te mets la tête sous l'eau, ça ira plus vite pour que tu comprennes !

mardi 10 octobre 2023

Réflexion sur l'écriture qui laisse le Tenancier rêveur devant l'évidence

« Le travail d'une bonne prose comporte trois niveaux : un niveau musical, dans lequel elle est composée ; un niveau architectonique, dans lequel elle est construite : enfin un niveau textile, dans lequel elle est tissée. »

Walter Benjamin : Rue à sens unique

(C'est donc pour cela que le Tenancier a souvent envie de tisser).

lundi 9 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 05



Olivier Laurendeau
L'explorateur au pays des dinosaures

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte des explorateurs en culotte courte



Le Tenancier : Voici un jeune auteur de huit ans qui rejoint l’univers de Winsor McKay au moins par deux points :
— La présence d’un dinosaure, qui n’est pas Gertie, mais un ceratopsidae présentant des caractères juvéniles, fort bien dessiné par l’auteur ;
— Une fin de récit qui ressemble fort à Little Nemo !
Je dois dire qu’il se passe plus de choses dans ce récit en corps 14 (ou plus ?) que bien des récits d’aventures. Quelle fraîcheur…
 
Pierre Laurendeau : Quel plaisir de relire L’explorateur au pays des dinosaures ! Peut-être en corps 16 ! L’auteur, qui a maintenant 36 ans, s’est un peu éloigné de la littérature – du moins en tant qu’écrivain – ce que je regrette… À l’occasion de cette publication, une journée de dédicaces fut organisée au salon du livre de Paris (cuvée 1995, donc), sur le stand des Pays de la Loire où Le Polygraphe, la maison d’édition des parents du jeune auteur, avait un corner. Le succès fut à la hauteur des attentes ! Olivier avait mis au point une stratégie d’optimisation des dédicaces : il préparait texte et dessin pendant les temps morts, laissant la place pour le prénom du futur dédicataire. Cette année-là, mon beau-frère Alain Cotteverte gérait le stand de Larousse. Il réorientait systématiquement les passants vers le stand des Pays de la Loire, précisant : « C’est le plus jeune auteur du salon du livre ! »
Cette première expérience fut suivie, quelques années plus tard, par la création de La Raturière, un atelier éditorial autogéré par quatre copains d’école, avec comité de lecture, choix des textes, diffusion… Seule la mise en pages et l’impression étaient sous-traitées (tout d’abord à l’imprimante laser paternelle). Grâce à quelques livres sur le modèle de cette collection, ils constituèrent une trésorerie qui leur permit d’accéder à l’étape suivante : ils demandèrent un texte à Yak Rivais – à l’époque star de L’École des loisirs – qui leur concocta Deux enquêtes de Sherlock Holmes très drôles et très bien illustrées. L’impression fut confiée à Ivan Davy, un ami imprimeur. Les associés se partagèrent le façonnage, pour réduire les coûts. Au salon du livre de 1999, Yak vint dédicacer son livre sur le stand des Pays de la Loire : un véritable raz-de-marée de têtes blondes et brunes (je me souviens qu’un gamin lança l’alerte : « Là ! il y a Yak Rivais qui dédicace ! »). Les ventes du livre permirent à la jeune équipe de se lancer dans un projet encore plus ambitieux : un inédit d’un auteur inconnu, Laurent Devismes, qui leur avait adressé un texte très drôle, parfaitement en phase avec les préoccupations des jeunes collégiens qu’ils étaient devenus : Mon Dictionnaire. Un des quatre mousquetaires de la Raturière illustra l’ouvrage, dont toute la fabrication fut confiée à Ivan Davy, façonnage compris. Ils présentèrent le livre au salon jeunesse de Montreuil en novembre 2000. Il eut moins de succès que celui de Yak Rivais et cela, en plus des préoccupations de leur âge, sonna la fin de l’expérience… qui eut tout de même deux conséquences : aucun des quatre ne devint éditeur (ils avaient compris que c’était peu rémunérateur) ; leur amitié, au moins pour trois d’entre eux, est restée solide, ce qui nous vaut le plaisir de les voir régulièrement, et de voir grandir la génération suivante.


samedi 7 octobre 2023

jeudi 5 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 04


Pierre Laurendeau
La voie de la montagne

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de rares intiés



Le Tenancier : Voici un exposé curieux, à mi-chemin de ton amour de la montagne et de la littérature conjecturale, qui rappelle fortement le mythe de Shangri-la. La différence réside dans la localisation du lieu secret, éminemment exotique, en définitive. Il faut signaler l’incertitude qui règne autour des faits présentés, joli exemple de brouillage auquel le lecteur doit se laisser abandonner, pour son plaisir.
Ce titre-là est-il passé par un « comité de lecture », ou étais-tu sûr de ton propos? Comment garder la distance lorsque l’on devient son propre éditeur?
 
Pierre Laurendeau : Ouh la la ! que de questions… Tout d’abord, c’est un des rares textes liés à la montagne que j’ai signé de mon nom, et non « Pierre Charmoz ». Je l’ai écrit, je crois, en 1992 après la lecture d’un roman de Gustav Meyrink qui parlait de la fameuse voie de la dissolution du cadavre et de l’épée du taoïsme1. Le taoïsme a toujours été la religion du peuple chinois, opposée au confucianisme, religion des élites lettrées. Je ne suis adepte d’aucune religion ou secte à mystère, mais cette image m’a durablement marqué par son étrangeté. Par ailleurs, lors du traité de Paris de 1947, l’Italie s’est vue rabotée de quelques territoires : notamment les trois dernières communes du comté de Nice qui étaient restées italiennes et la vallée Étroite, une vallée magnifique qui est orographiquement, hydrologiquement, linguistiquement et culturellement italienne, mais qui est devenue administrativement française. Il n’y a certes pas d’habitants permanents, mais ça complique les relations administratives ! J’ai imaginé qu’une secte crypto-taoïste avait profité des accords de Paris pour décaler la géographie et rendre la vallée invisible pour s’y cacher. Les références au géographe Occey-Lawson sont imaginaires (comme le géographe lui-même), mais le texte mêle le faux et le vrai, un peu à la manière de Borges (en toute humilité !). La Voie de la montagne a été repris, il me semble, dans la très belle et éphémère revue Altitude, il y a une vingtaine d’années... Que le temps passe !
Quant au comité de lecture de Deleatur, voilà une question très embarrassante : j’en parlerai à MM. Pierre Charmoz, Hurl Barbe, Jules Veine et consorts.

1 Le Dominicain blanc

mercredi 4 octobre 2023

Une historiette de Béatrice

Deux enfants s'arrêtent sur le pas de la porte, sans entrer. La BD est visible depuis dehors.
« Tiens regarde le dessin là, vite, vite avant qu'elle n'arrive, celui avec écrit "Vive les femmes", Maman a dit que c'était vulgaire, c'est rigolo non ? Je l'ai vu hier en passant. »
Reiser, avec en couverture une dame mettant la main à la fesse d'un monsieur.

lundi 2 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 03


Anecdotes pour servir à l'Histoire secrète des Ebugors

Extrait

à Medoso, L'an de l'Ère des Ebugors, MMMCCCXXXIII
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques curieux



Le Tenancier : Cet extrait d’ouvrage explore un autre aspect de la collection : les mondes imaginaires et la littérature conjecturale, même sous la forme d’un récit cryptique et satirique, comme souvent dans les textes anciens du genre. En réalité, ces intérêts (humour, érotisme, conjecture… et la montagne dont on reparlera au prochain volume) dépassent le cadre de la collection, puisqu’on les retrouve dans tes écrits et tes éditions…
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle pertinence dans l’analyse ! Je revendique l’éclectisme et la liberté de publier à ma fantaisie, n’étant point comme certains de mes confrères enfermé dans le cadre strict des ouvrages estampillés BCL (Bonne Critique Littéraire).
Au mitan des années 80, j’ai reçu une belle édition des Ebugors d’un correspondant toulousain, Patrick Oustric, qui était un admirateur inconditionnel du livre de Phil Frib, Loxéra Vroom Vroom, paru à l’enseigne de Deleatur en 1985. J’en profite pour le saluer ici !
Ce petit érotique crypté (Ebugors = bougres) met en scène les Omines (anagramme de « moines »), dont les plus sournois sont les Caginiens (Ignaciens ou jésuites), aussi fourbes que subtils. C’est assez drôle, et ça met à mal la gent des monastères, à une époque où ça pouvait coûter cher à son auteur. Si l’on en croit la couverture de l’édition originale, le livre fut publié en 3333 à Medoso (Sodome).