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mercredi 27 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

On découvrira un peu plus Stéphane Mahieu dans une conversation avec Pierre Laurendeau que je vous réserve dans quelques billets. Rien de plus stimulant qu’une lecture pour en susciter une autre et amener à quelques interrogations. Que je m’explique : piqué par la relecture du Grand animal de Maastricht dans la collection des Minilivres, j’ai exploré la bibliographie de son auteur et découvert cet ouvrage dont le titre allèche et promet d’alimenter quelques réflexions. En effet, je poursuis depuis plusieurs années l’exploration d’un univers personnel autour du Fleuve, gigantesque territoire où la communication n’est pas obérée par les barrières linguistique. Pour autant, le recours à la facilité d’une lingua franca suscite une culpabilité, dans le sens où je suis pris en défaut d’imagination à ce sujet. La découverte de ce titre, rédigé par un membre du Collège de ‘Pataphysique, ne réparera pas la lacune puisque beaucoup de mes récits ont été publiés, mais pourrait devenir une ouverture pour la suite. Il devient nécessaire parfois d’alimenter l’imagination par le raisonnement et Le Phalanstère des langages excentriques semble un moyen de se renouveler. Au-delà de cette vision un peu utilitaire, ce que j’ai lu déjà de Stéphane Mahieu me promet un moment de plaisir littéraire…


Petit aparté : il faut collectionner les titres hors du commun, comme dans un cabinet de curiosités impalpable. Ainsi, Le Phalanstère des langages excentriques, gagnera une place de choix à côté du Sanatorium des malades du temps d’Éric Faye, autant de lieux improbables qui mériteraient de se retrouver aussi dans le Guide nulle part et d’ailleurs


Rien de ce qu’entreprend Pierre Laurendeau ne peut laisser indifférent er le plaisir de découvrir dans ma boîte aux lettres le dernier ouvrage écrit et publié par lui au Club Samizdat, sa collection particulière, nanti de plus d’un envoi autographe signé, ne pouvait qu’accentuer mon plaisir. Décidément, Mercure favorise les coïncidences car, entreprenant de revenir sur les Minilivres qu’il publia 30 ans plus tôt, me penchant sur un de ses auteurs dont je fais l’acquisition plus haut, j’ignorais que Pierre avait publié ce petit ouvrage de nouvelles courtes (parfois une page) également, achevé d’imprimé en juillet. Il me manque plusieurs volumes de cette délicieuse collection, fort rare  parce que sa distribution est aléatoire et seulement dans quelques librairies. Sans être obsédé par la complétude, le défi risque d’être ardu qui va consister à les posséder tous. On évoquera ces volumes plus en détail un de ces jours. Je vais picorer avec toute la lenteur requise, sachant que ce type de nouvelle se savoure, surtout avec l’humour de Pierre. Cela fait un certain temps que je n’avais pas reçu un livre avec envoi. Ici, il s’agit de l’un de mes éditeurs, d’un confrère talentueux en écriture et d’une personne que j’estime à la hauteur de l’amitié.
C’est tout pour aujourd’hui. Maintenant, il va falloir trouver du temps pour lire ce qui s’accumule…

Stéphane Mahieu : Le phalanstère des langages excentriques — Ginkgo éditeur, 2005
Pierre Laurendeau : Le passager clandestin et autres histoires brèves — Club Samizdat, 2023

jeudi 21 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Où le Tenancier se prépare au deuil de son scanner (presque 20 ans de services !), où il se réjouit de ses trouvailles et, enfin, se félicite d’avoir croisé quelques amis. Où la conclusion se révèle toutefois un peu chagrine...
 
Du jour où je vous écris, se déroule le désherbage de la médiathèque de la riante sous-préfecture où je réside. Jugeant que j’avais assez de livres comme cela, je me résolus à ne prendre que le strict nécessaire en y passant ce matin. Mais comme on n’est pas de bois, on n’a pas échappé à la fièvre acheteuse, surtout que ces petites choses-là ne coûtent presque rien :
Je n’ai pas lu de Virilio depuis des années, sans doute fatigué des récits dystopiques et catastrophistes qu’on nous sert à l’heure de l’apéro par les lucarnes aveugles. Suis-je apte à de nouveau tester ma maigre appétence pour l’énonciation structurée de nos malheurs ? Le bouquin est court : 104 pages, en comptant les liminaires, le sommaire et le catalogue, la dépression restera brève, du moins je l’espère.
 
 
 
Je ne suis qu’un très modeste amateur de musique qui reconnaît volontiers ses lacunes, mais pas au point de me fader de forts volumes pour compenser. Cette petite biographie de Bach, courte, mais sans doute suffisante pour moi, semblait m’attendre et je ne pouvais la contrarier. Cela ne veut pas dire que je ne viendrai pas un jour à un travail monumental… Avec l’âge, on se découvre de l’intérêt pour l’Opéra. On trouvera bien quelque chose l’année prochaine pour compléter ce rayonnage (pourquoi pas ceux de chez Fayard) Pardon pour l’image pourrie, mais mon matériel (honni soit qui mal y pense) n’est plus à la hauteur.
 
 
 
Évidemment, dans ce genre de manifestation, il faut s’attendre à une association de malfaiteurs. Ainsi, outre l’un des bibliothécaires, dont j’aime accroire qu’il est un ami, je rencontrais quelques personnes plus ou moins proches : serrages de louches, comment ça va, c’est la rentrée, etc. L’un d’eux, pervers bibliomane se trouve à l’origine de mes deux meilleures acquisitions : d’abord cette anthologie des Romans libertins dans la collection Bouquins. L’on possède certes quelques titres (Crébillon, Fougeret de Monbron dans l’édition Pauvert, Nerciat et Vivant Denon), mais le sommaire restait alléchant pour moi, qui sortait des Sonnettes de Guillard de Servigné —, dont vous avez pu lire un extrait il y a peu ici. Remercions cet ami-là de me l’avoir mis sous le nez et de ne pas l’avoir conservé pour lui. Bien sûr, on le connaissait depuis sa parution, mais on ne peut tout acheter, n'est-ce pas ? On peut du moins réparer les lacunes.
 
 
 
Tout de même, le plus chouette, toujours présenté par ce dénicheur fou, a été cet ouvrage de Robert Crumb. Que dire de plus sinon : joie, reconnaissance, plaisir anticipé, etc. L’ami est généreux et me l’a laissé. Je ne possède pas assez de Crumb à la maison. La dernière acquisition avait été un roman illustré par ses soins et que j’ai trouvé médiocre, avec quelques remarques assez douteuses sur l’alcoolisme des amérindiens : Le gang de la clef à mollette, par Edward Abbey. Peut-être devrais-je vandaliser l’ouvrage (après tout, je rejoindrais un peu le sujet du roman) et ne garder que les illustrations dans un petit cahier… Heureusement, ce Héros du Blues, du Jazz et de la Country m’enthousiasme. Comment pourrait-il en être autrement, dites-moi ?


Toute bonne histoire se termine par de la mélancolie, à cause du temps qui passe, ce que l’on aurait pu et ce que l’on devrait… Ainsi s’achève la chronique du jour, faite des regrets que procure la jouissance spontanée et dont la descente, il est vrai légère, se prolonge un peu.
Tant pis.

Paul Virilio : Le Futurisme de l'instant — Stop-Eject — Galilée; 2009
Davitt Moroney : Bach, une vie, traduit de l'anglais par Dennis Collins — Actes Sud / Crea, 2000
Romans Libertins du XVIIIe siècle, textes établis, présentés et annotés par Raymond Trousson — Laffont, coll. Bouquins, 1993
Robert Crumb : Héros du blues, du jazz et de la country — Éditions de La Martinière, 2009

samedi 9 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

C’est lassant, cette rubrique qui revient aussi rapidement ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Lorsque vous trouvez un Elmore Leonard très propre, vous ne vous posez pas de question, vous adressez un remerciement muet à celui qui a eu la bonne idée de l’abandonner dans la boîte à livre...

 

Et pourquoi diable prendre cet exemplaire sale avec quelques soulignures ? Le Gaëtan Picon nous cause d’auteurs extrêmement connus… quel intérêt ? Eh bien, il en existe un, celui qui me sert de prétexte à une vielle vanne de mon cru (mais je serais étonné d’y avoir pensé le premier) : en effet, contrairement à une idée reçue, Gaëtan Picon ne serait pas l’auteur du Vieil homme et l’amer.

 

Oui, bon… Le livre va regagner la boîte sous peu, maintenant que le Tenancier a fait sa blagounette...

Elmore Leonard : Quand les femmes sortent pour danser — Rivages/Écrits noirs, 2005
Gaëtan Piccon : Panorama de la nouvelle littérature française — Gallimard, 1976

dimanche 3 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe un certain décalage entre la rédaction des billets et leur parution sur le blog, ce qui explique que, à l’heure où j’écris ce mot, mon anniversaire est arrivé il y a deux jours, mais vous allez lire tout ça une semaine plus tard, à peu près. Quelques jours avant ce qui ressemble de plus en plus à une commémoration, étant donné le compteur qui monte, j’entreprenais de visiter ma librairie chérie afin de commander le fameux Connell, dont je vous rebats les oreilles depuis quelque temps. Nous allons y revenir plus bas.


Bien : passons à la veille d’un anniversaire qui s’est déroulé il y a deux jours… vous suivez ? J’ai opéré un détour tout naturellement à la boîte à livre dans laquelle j’ai pioché Les fainéants de la vallée fertile de Cossery. Il fallait au moins cela pour me consoler de la merde d’Oberlé, brièvement citée dans ce blog (cherchez donc, je ne vais pas vous tenir la main tout le temps, dites !) Cossery ? Oui, j’avais parcouru en diagonale, j’avais aimé, mais avec cette pointe de méfiance qui m’accompagnait à l’époque où je travaillais en librairie vis-à-vis d’ouvrages d’une certaine renommé et la peur subséquente d’une déception. Décidément, la boîte à livre, outre qu’elle fait ressurgir mon passé de libraire de neuf, me procure l’aubaine d’un rattrapage et aussi d’une rédemption. À ma décharge, le programme d’un libraire en exercice oblige à des choix et parfois à s’abstenir d’aller au secours d’un succès, ce qui était le cas à cette époque et en ce lieu pour cet ouvrage.


Il fallait bien que je m’offre un menu plaisir le jour même de mon anniversaire. « Menu », d’abord, parce que le gisement en question se situe dans une solderie où les prix restent très modiques (n’allez pas croire, mais je ne roule pas sur l’or, moi). Je tombais sur ce roman japonais. Bigre, le Tenancier s’adonnerait-il à la pêche ? Bien sûr que non ! En revanche tout ce qui se déroule près d’un cours d’eau m’intéresse… Les familiers de mes petits travaux comprendront.


Il m’est arrivé de crouler sous les trouvailles dans cette solderie. Sans doute à cause d’un été qui tire à sa fin, la récolte est maigre. Je dénichai tout de même ce livre d’architecture qui mélange l’intérêt pour un certain Paris et l’amour de la Ligne claire. Votre serviteur n’apprécie plus trop de déambuler dans la capitale, mais l’idée d’accomplir un parcours ce livre à la main devient tout à coup tentante. C’est tout ? Oui, enfin c’est tout pour ce qui concerne les bouquins dans ce magasin (ajoutez un petit carnet de dessin et un blourai).

 
Fort heureusement, je reçois le même jour l’avis d’arrivée de mon livre. Je me dirige donc au centre-ville de notre charmante sous-préfecture de 10 000 habitants quérir ma commande. Mais auparavant, je passe chez Katia et Tony (j’en parle dans ma précédente chronique) les saluer et, bon sang, je trouve un Kurt Steiner que je n’avais pas vu à ma dernière visite ! De plus, je découvre qu’il me manquait. En effet, pas mal de ses bouquins avaient été bouffés par des souris lors d’un entreposage malheureux. Quel plaisir !


Il fallait conclure par le passage in extremis à la libraire. À force de traîner ici et là, la fermeture était proche ! Et voici donc le Connell que j’avais envie de découvrir dans une version moins bâclée que celle dont je vous fais part depuis plusieurs chroniques. Je suis déçu… Au fond, ce n’est pas de la faute du livre que je n’ai pas encore lu et qui saura sans doute me consoler. Je m’attendais à un ouvrage plus copieux... Or la typo et le format laissent penser à un récit du même calibre que sa traduction précédente, constat toutefois négligeable, puisqu’on ne peut juger l’œuvre par le nombre de signes. L’autre déception provient de mon manque de perspicacité ! En effet, la nouvelle avait déjà été publiée dans cette traduction dans la revue Le Visage Vert. Honte à moi qui a eu la très grande chance d’y avoir figuré trois fois ! Mes recherches bibliographiques ont été en dessous de tout ! Allons, après ce mea culpa, consolons-nous avec la perspective alléchante de s’offrir une journée Zaroff : lecture de la nouvelle, visionnage du film de 1932, celui du remake de 1961, des bonus des deux dévédés en ma possession, etc. Autre réconfort, découvert en fin du volume, je découvre que l’éditeur a publié les textes à l’origine de Freaks de Browning, d’Elephant Man de Lynch et autour de Méliès et de Chaplin. M’est avis qu’on en reparlera dans cette rubrique…
En tout cas, mon anniversaire s’est révélé un moment agréable et, heureusement, pas uniquement grâce à ces bouquins.
 
Albert Cossery : Les fainéants dans la vallée fertile — Joëlle Losfeld, 1996
Shinsuke Numata : La pêche au toc dans le Tôhoku, traduit du japonais par Patrick Honoré — Philippe Picquier, 2020
Jean-Marc Larbodière : L’architecture des années 30 à Paris — Massin, 2009
Kurt Steiner : Aux armes d’Ortog — Fleuve Noir Anticipation, 1960
Richard Connell : Le plus dangereux des jeux ; traduction et postface de Xavier Mauméjan — Éditions du Sonneur, 2020

vendredi 1 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe des périodes fastes en matière de trouvailles, même si cela concerne des choses très connues déjà, pour plusieurs raisons.
Commençons par une bienveillance lointaine, celle de Béa, de la Bouquinerie Kontrapas qui m’a expédié le Bukowski manquant dans mes rayonnages (excepté la poésie, simple impéritie de ma part). Que dire sur cet auteur qui n’a été déclaré sinon verser dans les clichés et les a priori pour pas mal de personnes. Cette chronique publiée dans le journal Open Press remet en perspective — comme chacun de ses livres — la vision que nous devrions en garder : un sacré prosateur, bien servi, je trouve par Gérard Guégan, auteur d’une postface pour le présent ouvrage. Je retourne à Bukowski de temps à autre. La fréquentation me remet à ma place lorsque j’évoque le travail d’écriture : pas très haut en définitive, à mesurer la distance qui me sépare d’un véritable écrivain. Voilà un exercice salutaire…

 

Comme j'avais reçu le Bukowski la veille, le lendemain je me suis résolu à aller commander le Connel, Le jeu le plus dangereux, dont je vous rebats les oreilles depuis un certain temps : il s’agit de Zaroff, encore ! Attendons de satisfaire cette lubie, sous peu. Bien sûr, j’ai fait un crochet à la boîte à livres. J’y ai découvert un bordel immonde. On aimerait que l’endroit soit respecté. Mais je t’en fiche : les bouquins sont empilés n’importe comment, gauchis, maltraités. De quoi désespérer ? Même pas, puisque l’on sait de longue date que les gens sont des cons et des gougnafiers. Quand c’est gratuit, pourquoi se gêner, hein ? Allez, on a trouvé un Peter Ackroyd, mais en langue anglaise, ce qui m’arrange moyen parce que je la maîtrise assez peu. Toutefois, l’envie me donnera peut-être des facilités à l’égard d’un auteur au corpus assez intrigant, en tout cas pour moi. Au moins j’aurais essayé, encore une fois. L’autre volume trouvé dans un état très propre (petite odeur de renfermé, quand même) est un Sheckley que je possédais jadis dans ma bibliothèque (mon rayon SF occupait une place importante). Plus de vingt ans plus tard, après m’être débarrassé de presque tous ces volumes, voici qu’un peu de nostalgie me cueille au débotté. Tant pis pour moi, ou tant mieux : relire du Sheckley ne se révèle pas la pire punition que l’on puisse s’infliger (j’ai des noms, mais je ne suis pas une balance).

 
Dans l’aimable sous-préfecture où je réside, quelques auteurs trouvent un refuge paisible et il nous arrive désormais de nous réunir tous les mois autour d’un repas. Nous le prenions à L’Improbable, restaurant qui faisait aussi brocante, c’est-à-dire que vous pouviez repartir avec la table, les chaises, les couverts, mais également des bibelots parfois… improbables et le tout à des prix démocratiques — même de démocratie populaire, me risquerais-je à affirmer. « À cause d’eux », je me retrouve à la tête d’une collection de près de 300 buvards publicitaires ! C’est malin... Ils ferment, victimes de la pandémie avec un peu de retard, mais également de l’augmentation de tout… et sans doute par un peu de lassitude. Ils ferment, donc, alors depuis quelques semaines ils ne font plus à manger, mais il déballe leur fonds. Puisqu’il n’y avait que quelques pas depuis la boîte à livre nous y sommes rentrés pour dire bonjour à Katia et à Tony, adorables de coolitude. Je suis tombé en arrêt sur une étagère ou traînaient encore des appâts à nostalgie, entre deux jouets en fer blanc :
— un Kurt Steiner plus beau que celui que je possède
— des numéros de la revue Fiction où, tiens, je retrouve Sheckley, mais également le très rare François Valorbe, Walter Tevis, ce curieux John Anthony West (Un mari à l’engrais) qui allait devenir un « égyptologue » hétéroclite et puis des personnes que j’ai eu le bonheur de publier : Philippe Curval, Jean-Claude Forest et Gérard Klein. Nous les retrouvons d’ailleurs dans :
— ce numéro spécial de Fiction (n° 4 : Anthologie de la SF française), rejoints par un certain André Ruellan qui signa nombre de romans sous le nom de… Kurt Steiner. Les livres d’André, ou ceux où figurent ses nouvelles font partie des rares bouquins du genre conservés avec soins dans un recoin de la maison, en souvenir de trop fugaces rencontres, passionnantes.
 

Évidemment, devais-je laisser tous ces beaux exemplaires à la concupiscence d’une tierce personne, sachant la profession de foi que je clamais quelques lignes plus haut, vis-à-vis de ces connards de gens, même s’ils évitent cet antre-là ? Pourtant, j’avais, lors de ma crise des 40 ans, largué les amarres du monde de la SF dans lequel d’ailleurs je m’étais peu intégré pendant la presque vingtaine d’années où j’y avais eu des activités. La sagesse venant, la vieillesse aussi peut-être, l’on se permet le loisir d’un retour sans risque sur des sentiers balisés. Ce n’est certes pas avec ces pioches-là que je me trouverai à la pointe de l’actualité du genre. Mais vous savez quoi ? Je m’en fous.

Il n’empêche, où va-t-on se retrouver pour discuter le bout de gras, maintenant, que l’Improbable est fermé ?
 
Charles Bukowski : Journal d’un vieux dégueulasse (1969), traduction et postface de Gérard Guégan — Grasset, 1996
Robert Sheckley : Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ? Le livre de Poche, 1977
Peter Ackroyd : The House of Doctor Dee — Penguin, 1994
Kurt Steiner : Menace d’Outre-Terre — Fleuve Noir Anticipation, 1958
Fiction n° 30, mai 1956
Fiction n° 113, avril 1963
Fiction n° 144, mai 1963
Fiction n° 124, mars 1964
Fiction Spécial n° 4 (112 bis) : Anthologie de la science-fiction française, 1963

mercredi 16 août 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Tiens, revoici un Alfred Hitchcock présente dans la pioche de jour de marché. Je dois bien avouer que j’ai pris ce volume-là par le vice de l’habitude et pour ne pas revenir bredouille. Le sommaire évoquera sûrement des choses aux amateurs de nouvelles policières étatsuniennes des années 1950 et 1960. Pour moi, n’en faisant pas partie, je n’y reconnais qu’Arthur Porges et Henry Slesar pour les avoirs rencontrés dans les premiers numéros de la revue Fiction et peut-être Galaxie, toutes deux éditées par la maison Opta, qui publiait également Alfred Hitchcock Magazine, ce me semble. Ces deux auteurs (et sans doute d’autres dans cette table des matières) évoquent pour moi comme une compagnie de chevau-légers de la littérature populaire, à peu près polygraphes et fournissant du texte à la demande pour une presse qui, à l’époque et de ce côté-là de l’Atlantique glissait volontiers des nouvelles dans ces colonnes. Cette souplesse et cette adaptabilité méritent un hommage ici, tant on regrette ces lectures vite faites, mais honnêtes, car remplissant leur rôle le temps de plusieurs stations de métro ou de prise de mélanome en période de congé payé. À ceux-là, ma mémoire et ma reconnaissance me recommandent d’ajouter un type comme Mack Reynolds. Tous se révèlent des auteurs passés plus ou moins sous les radars, contrairement à Fredric Brown qui en illustre l’achèvement, tant par la qualité que par l’humour ou la variabilité des thèmes.
À ce propos, la maison vous tient au courant : le précédent volume de cette série, pris également dans la boîte à livre et commenté ici dans cette chronique a été lu en petite partie, façon « bouche-trou ». D’abord, une nouvelle cruelle de Saki traduite par Jean Rosenthal (très actif à cette époque), très plaisante, et Les chasses du comte Zaroff dont il faut déplorer le fait qu’il ait été tronqué et dans une traduction pas formidable. On y note d’ailleurs une coquille amusante puisque l’on y chasse l’original et non l’orignal. À chaque chose malheur est bon : cette nouvelle a été republiée en texte intégral il y a peu aux Éditions du Sonneur. Il existe de fortes chances pour que nous reparlions de ce titre, que j’ai noté pour mes prochaines acquisitions. Je disposerai alors d’un élément de comparaison. Remarquons que dans l’histoire telle que je l’ai lue aucun personnage féminin n’apparaît… Pichel, Schoedsack et Olliwoude y ont remédié. À mon avis ces deux recueils regagneront assez vite la caisse pour les potes (et s’ils n’en veulent pas : retour à la boîte à livres).


J’ai trouvé également un autre ouvrage, un Tony Hillerman, espérant me promener de nouveau dans la réserve Navajo, balade en général émolliente, mais tout de même sympa. Balpeau : il s’agirait d’après la 4e de couverture d’un thriller politique à Washington. J’aurais dû vérifier avant de le prendre, mais je portais le sac des courses. Bof. Je vais le rapporter.
Remarque finale : non, je ne vous mets pas de lien vers les rubriques antérieures, picorez donc un peu dans ce blog, cela entretiendra votre forme intellectuelle.
 

Alfred Hitchcock présente : Histoires à vous glacer le sang (1970) — Presses Pocket, 1994
Tony Hillerman : La mouche sur le mur — Rivages/noir 1993

lundi 14 août 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

La chronique, aujourd’hui copieuse, s’ouvre avec deux livres neufs, commande qui met un terme à une irrésolution remontant à des années, comme on va le découvrir plus loin. Outre ce qui est imparti à votre serviteur, ces ouvrages possèdent des points communs intéressants : ils ont tous deux été publiés par un autre éditeur et présentaient des lacunes.
 On connaît désormais le fait établi par Manchette pour ce qui concerne la Série Noire, avec ses traductions tronquées, destinées à rentrer dans le moule d’un façonnage calibré. L’édition populaire a longtemps obéi à des critères économiques dont la création et la littérature ne constituaient pas forcément la principale variable, quoique cela ait bien pu concourir à sauver quelques ouvrages médiocres en les raccourcissant. Ce livre de Jim Thompson, Pottsville, 1280 habitants, ne rentre certes pas dans cette catégorie et on se demande encore de ce côté-ci de ce clavier quelle malice s’est emparée de Marcel Duhamel, le traducteur et directeur de la collection, en même temps qu’il raccourcit le texte, à diminuer la population dans le titre : 1275 âmes. Où sont passés les cinq absents ? Sans doute obtiendrai-je une réponse dans ce livre que je confesse n’avoir jamais lu, reportant sans cesse sa découverte alors que je connais l’auteur — ma bibliothèque en témoigne — depuis pas mal de temps.

 

Les Journaux de Kafka furent traduits dans le temps par Marthe Robert. Je me méfie assez des ouvrages republiés sous une nouvelle traduction, soupçonnant plus souvent une affaire de droit qu’une « revisitation » de l’œuvre. Toutefois, l’éditeur, Nous, me semble digne de confiance, peu déçu de ce que je connais du catalogue. Dans les points communs à ces deux livres, il faut évoquer également la stimulation due au papillonnage dans ma bibliothèque pour le Kafka puisqu’il m’a été remis en mémoire par la lecture d’une chronique d’Alejo Carpentier. Pour le Thompson, le nouveau visionnage de Coup de torchon de Tavernier a éveillé la culpabilité latente de ne pas être allé au texte plus tôt. Tout de même, on ne se comportera pas comme Zelig de n’avoir pas lu Moby Dick… Ce qui lie encore ces ouvrages se résume à l’incessante dilation qui a présidé à l’acquisition de ces livres-là. Ma carrière de libraire a consisté à me dire que j’aurais bien le temps de me les procurer, à me cantonner dans l’ignorance — parfois parcellaire puisque j’ai feuilleté le Kafka de temps à autre — au profit d’ouvrages plus fantomatiques : la proie pour l’ombre, en somme. Cette commande groupée vaut pour une réparation, à moi-même et à celle que je dois aux auteurs. Pardon.


Je ne sors presque jamais de ma librairie sans opérer un détour à la boîte à livres. Plaçons ici deux incises :
— « Ma » librairie signifie « celle que je fréquente », terme inusité jusqu’à il y a une dizaine d’années et qui me fait encore tout drôle.
— La boîte à livres ressemble plus à une bibliothèque en plein air et peu abritée du vent et de la pluie. Il faut alors se dépêcher à l’arrivée d’un grain…
Facétie de l’existence, le premier volume dont je m’empare est une revue, Grumeaux, n° 1, édité par Nous, l’éditeur de Kafka, mentionné plus haut. Cela date de 2009, donc pas trop tard pour me dire que je découvrirai quelques poètes contemporains intéressants… ou pas, manière de recoller à une certaine actualité littéraire, mais pas de trop près et sans m’y impliquer plus que ça. La poésie n’est pas le fort de votre Tenancier, savez-vous… Nous allons bien voir.

 

Le reste paraîtrait bien trivial : cinq Maigret en format poche, classique de la boîte à livre puisque j’ai rentré déjà quelques titres de Simenon (Maigret ou non) de cette provenance. Outre l’intérêt, je perpétue un hommage à ma mère, grande lectrice en général et de cette série en particulier. Sur ces cinq, j’en découvre deux que ma mère, et donc moi, ne possédait pas : Le voleur de Maigret et La colère de Maigret. Il existe pire devoir de mémoire et de façon de rester inconsolable. Les trois autres seront offerts à des amis de passage en mal de lecture (on prépare une caisse à piocher de ces petites choses-là).


La dernière prise démontre que j’assume mes contradictions, dans le sens où la collection Carré Noir (avec ses couvertures merdiques) semble aussi tronquée que la Série Noire pour ce qui concerne les traductions — et mon impéritie renouvelée ici, car après le Thompson, voici que j’avoue ne pas avoir lu Quand la ville dort, de Burnett. Tant pis, je suis déconsidéré auprès des puristes dont je ne jamais prétendu vouloir appartenir, d’ailleurs. Ne me cherchez pas trop, tout de même : j’ai vu le film et lu d'autres Burnett (tout comme Thompson), qu’est-ce que vous croyez ?

 

Voici donc que j’étais parti quérir deux livres et que je reviens avec six (je ne compte pas les doubles Maigret) qui garniront ma bibliothèque. Seul le doute subsiste au sujet de la revue. Elle rejoindra éventuellement la caisse en préparation.
La place ?
L’on a choisi d’ignorer ce problème à la maison, ce qui conforte notre sérénité…
(Ajoutons un post-scriptum, tant pis pour la longueur : le livre sur la marijuana dont je parlais à la chronique précédente amuse suffisamment ma fille pour que je le lui garde. Rien ne se perd, chez le Tenancier.)
__________

Jim Thompson : Pottsville, 1280 habitants — Rivages Noir, 2016
Franz Kafka : Journaux
Éditions Nous, 2020
Revue Grumeaux, n°1 Éditions Nous, 2009
Simenon : Les vacances de Maigret — Le Livre de Poche, 2001
Simenon : Maigret chez le coroner — Le Livre de Poche, 2001
Simenon : Maigret a peur — Le Livre de Poche, 2006
Simenon : Le voleur de Maigret — Le Livre de Poche, 1998
Simenon : La colère de Maigret — UGE Poche, 1997
W.R. Burnett : Quand la ville dort — Gallimard, Carré noir, 1973

dimanche 6 août 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Le fond de cette rubrique se résume en somme à quelques expectations autour de l’acquisition d’un livre, qu’il fut acheté ou bien sauvé plus ou moins provisoirement du trottoir. Ici, l’on ne critique pas, faute de temps. En effet, l’exploration d’un ouvrage ne suit pas forcément la prise. Je relis également, passion qui survient à un certain âge (que je commence à avoir) et qui se figure qu’il possède du temps devant lui. L’inconscient se conduit comme la citoyenne Bécu avec son bourreau en lui réclamant encore cinq minutes, à moins que la perception lénifiante des années qui passent nous prépare au grand saut. Cette dilation reste néfaste à l’apprentissage de la nouveauté. L’on revient aux vieilles ornières, souvent encouragé par le contenu des boîtes à livres où je trouve quelquefois des ouvrages que je vendais lors de mes débuts en librairie à la toute fin des années 1970. Pour être honnête, quelques bouquins récents y échouent également et, toute révérence gardée, qu’est-ce que vous voulez que je foute des conneries « mainstream » et des livres pratiques ? À mon passage, le jour où je vous écris ceci (c'est-à-dire pour vous il y a quinze jours), j’ai failli prendre un Denis Lehane en Rivages noir et puis j’ai renoncé en raison de la tonne de polars qui m’attendent et qui ne sont même pas des relectures !
En revanche le premier des deux ouvrages capturés m’a vivement amusé. Même si le sujet de la marijuana a, de façon certaine, été abordé depuis avec une exhaustivité augmentée par les années qui passent. En effet, l’édition originale américaine date de 1971, la Française de 1973. Il devient alors récréatif de considérer qu’un ouvrage identique, traité à l’heure actuelle, sur une pagination similaire, s’exprimerait plus brièvement sur ce qui se déroula 50 ans plus tôt. Reste donc l’intérêt sociologique : comment un toubib appréhendait le phénomène à l’époque alors que, désormais, la marijuana est légalisée dans plusieurs états étatsuniens ? Ce livre aura une existence écourtée dans ma bibliothèque, le temps de le feuilleter en diagonale, de combler ma curiosité non sur le fond, mais sur la forme et la sensibilité de l’époque, autre que le point de vue de la littérature. Tel le pêcheur sportif, je rejetterai le spécimen à la baille. On me demandera peut-être : « Et vous, Tenancier, fumez-vous ces choses-là ? » Mettez cela au passé lointain, voulez-vous ? Je puis vous avouer que ce genre de consommation me rend désormais parano assez rapidement et me renvoie à une situation inconfortable, sans compter que j’embarrasse les personnes autour de moi. Proposez-moi donc à la place un bon verre de Bourgogne, s’il vous plaît.
Merci.
L’autre livre fait partie de cette production qui a longtemps habité les rayons des librairies universitaires. Nous avons déjà croisé les Que sais-je ?  Ici, les Classiques du XXe siècle se consacre à la littérature, tout comme la plus célèbre collection du Seuil : Écrivains de toujours, par exemple. Bien entendu, je possède quelques Bloy sur mes étagères, honneur douteux, je l’admets, que je ne concède pas à des types comme Céline. Allez donc savoir ce qui détermine cette différence de traitement… sans doute la qualité des auteurs ou bien ce qui nous fait préférer l’original aux suiveurs sinon aux plagiaires. Ce livre-là fait partie de ce que l’on peut appeler de la documentation, le genre de chose que l’on aime bien avoir sous la main, même si internet en a scellé le sort. Il va donc être rangé en appendice des quelques ouvrages de Bloy sur l’étagère.

Solomon H. Snyder : La marijuana — Seuil, Point Actuels, 1981
Georges Cattaui : Léon Bloy, Éditions universitaires, Classique du XXe siècle, 1954
Post scriptum : l'état du livre sur Bloy, avec sa mouillure sur le premier plat ne paraît pas très alléchant. On rétorquera "qu'à cheval donné, etc.", que l'intérieur reste très correct, que c'est un ouvrage très secondaire et qu'enfin, rien ne m'empêche d'en rechercher un plus beau. Mais, justement, en ai-je envie ?

samedi 29 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Allons bon ! À peine cette rubrique créée et la voici dévoyée par une intention autre que celle annoncée par son titre. Ce livre n’est pas destiné à ma bibliothèque, mais à ma fille aînée qui aura sans doute besoin d’un peu de documentation pour ce qui concerne le mobilier et la décoration (à ce propos, si vous avez des choses un peu techniques et pas chères…) Admettons que le présent volume vaut surtout pour un clin d’œil, car le savoir, condensé et vieilli, demeure succinct. En somme, je prends un soupçon d’avance avec cette acquisition parce que, cassant ma pipe un de ces jours, mes filles se partageront ma bibliothèque et dilapideront le reste — sic transit… — chez un bouquiniste ou un libraire, bref. Quand même, un Que sais-je : marqueur de générations successives dont on commence à perdre la trace dans le paysage des librairies à mesure de la progression des encyclopédies en ligne et du moindre besoin de « se lasser de tout, excepté de connaître ». Quelques exemplaires usés traînent chez certains bouquinistes, peut-être dubitatifs sur les espoirs de vente qui s’amenuisent pour certains titres : L’acoustique des bâtiments, Chimie de la beauté qui, en 1961, date de l’ouvrage ou figurent ces titres parmi d’autres au deuxième plat de couverture, fleurent l’obsolescence, profitable seulement à un bizarre épistémologue, allez savoir. Je vais le feuilleter quand même, celui-là, parce que cela m’amuse. Si cela n’intéresse pas ma fille, il retournera dans la boîte à livre où il fut découvert — on en rend parfois, mais moins que ce que l’on prend, n’est-ce pas ? Pour conclure ce blablatage, évoquons la bibliothèque garnie de ces ouvrages dans Tchao Pantin, naïveté qui voudrait posséder le monde de cette manière... Je me rends compte que j’en possède peu chez moi, un sur la SF, un autre sur la littérature fantastique (manie de la « documentation », gardée malgré la séparation de 95% de ma bibliothèque spécialisée), quelques-uns sur l’histoire, et puis quoi ? Et vous, ça ne vous est jamais arrivé de rêver devant l’extrait du catalogue, en retournant un Que sais-je ?

Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961


jeudi 20 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

J’effectue peu d’achats prémédités, ce qui rend ma présence en librairie de neuf plutôt discrète. J’avoue m'être déconnecté depuis des années de la course aux nouveautés, assez indifférent au temps qui passe en littérature. Cependant, il reste des domaines qui requièrent ma vigilance, comme la littérature scientifique et historique, domaines où la péremption survient rapidement, sous le coup de nouvelles découvertes ou de nouveaux concepts. L’archéologie concerne les sciences dures et les sciences humaines, l’histoire également, bien sûr. Elle se consacre aussi bien à la préhistoire qu’aux temps récents (elle s’intéresse même aux vestiges de la Seconde Guerre mondiale) et, bien naturellement, est en butte à différentes attaques néfastes. En effet, une belle brochette que la pudeur nous fera appeler des baratineurs diffuse des contre-vérités, des fariboles et autres sottises mystiques souvent délicates à controuver, car « Le mensonge prend l’ascenseur quand la vérité prend l’escalier ». On l’a déjà compris lorsque nous évoquions Le matin des magiciens dans un précédent billet de cette rubrique, tout cela sert souvent des idéologies faisandées et revenir de temps à autre à des ouvrages scientifiques rédigés par des personnes compétentes consiste à effectuer un acte militant. C’est le cas ici avec ce livre qui constitue une suite de réfutations de certaines absurdités véhiculées par l’archéologie biblique, les soucoupistes, les héritiers de Charles Fort et autres imposteurs. Du reste, certains médias se font parfois le relais de ces sottises sans recul critique : le chapitre consacré à l’Arche de Noé et le commentaire par le journal Le Monde reste éloquent à cet égard (on a picoré un peu dans l’ouvrage, déjà). La plupart des médias sont gangrenés par le charlatanisme, comme la chaîne de télévision RMC avec la diffusion régulière de conneries pyramidales ou Arte qui relaya en son temps, guère lointain, de l’archéologie biblique entre deux complaisances vis-à-vis de l’anthroposophie. Alors, oui, il faut considérer la lecture des ouvrages scientifiques comme un acte prophylactique, parce que cela met en jeu notre perception du réel et préserve notre santé mentale. Le livre de Jean-Loïc Le Quellec a attiré mon attention pour ces raisons. Espérons qu'il ouvrira les yeux à une ou deux personnes, voire plus si affinités.

Jean-Loïc Le Quellec : Des Martiens au Sahara, Deux siècles de fake new archéologiques — Éditions du Détour, 2023

mardi 18 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Que l’on possède une certaine expérience dans le commerce n’empêche pas de se faire piéger par les petits trucs et les appâts divers disposés dans le magasin. Le présent opuscule fait partie des « achats par impulsion », pris au dernier moment sur la caisse du libraire au moment de régler. Cela établi, l’achat tient moins de l’incitation par une couverture assez chouette que par ce que le livre promet. D’autre part, je connais assez bien les productions des éditions Allia, dont le catalogue contient un certain nombre de textes importants insérés dans une présentation à mes yeux irréprochable. Donc, oui, cette Peste à Naples m’intéresse, comme toute relation d’épidémie (celle-ci en 1656, ce me semble) parce que le thème me fascine assez pour l’avoir abordé dans une de mes histoires, tout en prenant garde de ne pas en faire l'idée principale, mais un accident relativement lointain. Rien à voir avec la pandémie que nous avons subie tous, car l’idée de cette histoire remonte à six ou sept ans. Cela tient en réalité plus à la lecture du Décaméron qu’aux faits contemporains, évitant accessoirement la prose du glandu ordinaire en temps de confinement. Cette longue nouvelle ne sera vraisemblablement publiée qu’en 2024. Nous verrons.
Revenons à ce bref ouvrage, 64 pages dans un format de 10X14cm : je ne connais pas du tout Gustaw Herling et la lecture en ligne de sa biographie en rentrant à la maison m’a confirmé dans mon choix (et donc ma fidélité à Allia) et un peu dans une certaine frustration d’être passé à côté depuis autant de temps, du moins lorsque je travaillais en librairie. Le format de cette publication prêtera bien à une découverte à peu de frais en même temps que cela satisfera mon « intérêt épidémique ». Mais puisque le récit est achevé, pourquoi y retourner en lisant quelque chose a posteriori ? Et le plaisir, qu’en faites-vous ? Et qui vous dit que je n’ai pas envie d'y revenir même si, au bout du compte, je ne tirerais aucun profit de cette lecture pour une future histoire. Cela arrive : on lit sur un sujet et l’on en tient peu compte ou l’on se convainc qu'il s’est éteint par l’abondance et que l’on ne peut plus y revenir, ou par désintérêt, avec le temps. Et puis, je bouquine rarement « utile », mais souvent pour m’imprégner.
Qui dit « achat par impulsion » infère qu’il y eut un autre livre dans l’affaire, une acquisition raisonnée et prévue. Ce sera sans doute le sujet du prochain billet de cette rubrique.

Gustaw Herling : La Peste à Naples, relation d’un état d’exception — Allia, 2022 
 

samedi 15 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Nous allons à la halle exceptionnellement le samedi, parce que les fruits se dégradent avec une rapidité déconcertante en ce moment. Mieux vaut alors se procurer de petites quantités en passant plus souvent. La visite devient assez désagréable, d’ailleurs, car le marché couvert en été est envahi de «campingcaristes» qui circulent entre les travées les mains dans le dos, l’air de se dire que c’est moins cher que dans leur coin. De toute façon, ils vont acheter leur merde au supermarché. La route c’est bien, mais sous cellophane. Pas loin, une étagère a été installée par la municipalité. Il y a peu encore, existaient quelques boîtes à livres réparties dans la ville. Au moins se trouve-t-elle sur le chemin du retour, les sacs pleins, prétexte à la pause. Aujourd’hui, maigre récolte, ce Hitchcock présente que l’on ne gardera peut-être pas et que l’on parcourra pour faire connaissance avec quelques soutiers de la littérature policière. Si j’ai lu Saki, Robert Bloch et John Collier dans ce sommaire, d’autres me sont complètement étrangers. Tout de même, je m'interroge sur la conservation de ce volume en me rendant compte qu’il contient Les chasses du comte Zaroff, de Richard Connell. Allez, donnons-lui un sursis en attendant de trouver un exemplaire un peu plus propre, de l’améliorer, comme on dit (signature du précédent propriétaire sur la garde, quelques rousseurs ce qui reste peu acceptable pour ce genre d’édition, soulignures à la page du catalogue…) Tout ce qui concerne le divin comte ne peut que m’intéresser.

Hitchcock présente : Histoires abominables (1960) — Presses Pocket, 1979
 

jeudi 13 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Serais-je atteint d’une pathologie analogue au syndrome de Noé qui veut héberger tout animal errant, mais transposé au livre ? D’ailleurs, quel nom porterait-il, hors la « bibliomanie » et ses dérivés ? L’on désirerait un patronyme tout aussi biblique, mythologique ou dédié à une figure antique. Outre les librairies d’occasion (et de neuf quand je ne peux faire autrement), je fréquente les boîtes à livres et il m’est arrivé de prélever quelques exemplaires inattendus, ainsi ce petit ouvrage fâcheusement abîmé sur son premier plat (mais très frais à l’intérieur). D’ailleurs, cette blessure m’a permis de déduire une partie de son histoire : les bords de l'injure conservaient les restes d’une étiquette orangée facilement reconnaissable puisqu’en provenance du Nooz voisin (cimetière de dépôts de bilans et des excédents de production). Ces gougnafiers utilisent un système avec une colle qui ne pardonne pas sur des surfaces non lisses et, en plus, en plein sur le premier plat. Cette couverture altérée a sans doute décidé son ancien possesseur à s’en séparer, ou en tout cas a servi d’alibi pour l’abandon d’un livre qu’il a dû estimer médiocrement. Ce livre de Gadenne attendait donc à côté d’un Patrick Grainville de livres-club de deux ou trois merdouilles de Slaughter, etc. Gadenne, tout de même… je devais m’en emparer rien que pour le souvenir que m’a laissé L’invitation chez les Stirl que, au rebours de pas mal de critiques, j’avais bien aimé. Le passage devant la boîte fut bref et ce n’est qu’au retour à domicile que j’appris le contenu : plus un ensemble d’annotations qu’un roman et qui allait servir à la rédaction des Hauts-Quartiers. J’ai sans doute d’autres Gadenne à lire avant celui-ci, revoir quarante ans plus tard cette Invitation ou aborder la Plage de Scheveningen, conservé dans ma bibliothèque depuis la fin de mon exercice de libraire. Gadenne fait partie, dans mon esprit, de ces auteurs qu’on se déclare libre de visiter, à cause des reparutions sporadiques qui les font « découvrir » par des générations successives d’éditeur. C’est le cas de Calet et de Guérin, par exemple (il en existe d’autres), dont les résurgences se passent souvent sous le signe du « miracle », phénomène cyclique qui entretient la flamme… surtout d’une certaine réclame. Alors, le lirai-je, celui-là ? Bien sûr, un jour, comme le reste des livres qui m’encombrent. Ce qui importe, c’est d’avoir le choix, n’est-ce pas ?

Paul Gadenne : G.R. Le Livre de la Haine — La Part Commune, 2005
 

mardi 11 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

(Cette rubrique a déjà existé dans d’autres cieux, où les algorithmes ont commencé sérieusement à emmerder votre cher Tenancier. Il recommence ici, mais cette fois-ci en ajoutant un commentaire…)
 
Cela vous étonnera peut-être, mais j’étais toujours passé au large de Salammbô depuis des décennies alors que je possède au moins deux éditions différentes dans ma bibliothèque, aucune n’étant remarquable d’ailleurs. Je me suis décidé enfin à lire le roman après deux départs avortés — fatigue ou inattention —, ne m’arrêtant pas loin, c'est-à-dire jusqu’à la crucifixion des lions. La bonne circonstance se déroula entre les pages de l’édition de la Pléiade. Peu après, je découvrais une photo de la vitrine de la Bouquinerie Kontrapas (oui, l’auteure des Historiettes, ici même) et aperçus ces deux petits volumes de chez Lemerre. Voici sans doute ce qui manquait à ma lecture : le format, la typographie et la reliure d’une époque. Rien de remarquable sur le plan bibliophilique si l'on considère la pratique sous le régime de l’exception. S’il s’agit du plaisir, c’est une autre limonade. Je me promets ainsi une possible relecture dans un ouvrage un peu plus contemporain de l’œuvre et dans un format agréable, même si le corps paraît un peu petit pour beaucoup. Qu'on se rassure, il existe de fortes chances que l'édition en Pléiade atterrisse chez ma fille.
 
Gustave Flaubert : Salammbô — 2 Vol in-16. Ed. Lemerre, sd, rel. pleine basane rouge un peu frottée. Quelques légères rousseurs, ce qui est assez courant avec le papier de ces éditions. (Attention, il ne s’agit pas d’une fiche de libraire, mais seulement d’une description sommaire).