samedi 27 janvier 2024
vendredi 26 janvier 2024
jeudi 25 janvier 2024
Fake news, mon cul !
Parmi les mots
anglo-saxons à la mode, Fake News
tient bien la rampe depuis plusieurs années dans les médias qui, l’on
s’en
aperçoit de plus en plus, se casse de moins en moins le tronc pour
livrer une
traduction du terme. Le Comité d’enrichissement de la langue française
(sic !)
propose le mot-valise « infox » qui fleure bon son montage
technocratique à l’usage des « communicants ». Quant à nous,
nous
préférons encore cette vieille catin de langue française, enfin celle qui n'a nul besoin d'être « enrichie » :
CANARD :
Fausse nouvelle, récit
mensonger inséré dans
un journal. — « Nous appelons un canard, répondit Hector, un fait
qui a l’air
vrai, mais qu’on invente pour relever les Faits-Paris quand ils sont
pâles. »
(Balzac.) — « Ces sortes de machines de guerre sont d’un emploi
journalier
à la Bourse, et on les a, par euphémisme, nommés canards. »
(Mornand.) — Une anecdote du tome Ier du Dictionnaire
de l’Industrie (Paris,
Lacombe, 1776), semble nous livrer l’origine de ce mot : On lit, dans la Gazette d’agriculture, un procédé singulier pour prendre les canards sauvages. On fait bouillir un gland de chêne, gros et long, dans une décoction de séné et de jalap ; on l’attache par le milieu à une ficelle mince, mais forte ; on jette le gland à l’eau. Celui qui tient le bout de la ficelle doit être caché. Le gland avalé purge le canard qui le rend aussitôt ; un autre canard survient, avale ce même gland, le rend de même ; un troisième, un quatrième, un cinquième s’enfilent de la même manière. On rapporte à ce sujet l’histoire d’un huissier, dans le Perche, qui laissa enfiler vingt canards ; ces canards, en s’envolant, enlevèrent l’huissier. La corde se rompit, et le chasseur eut la cuisse cassée. Ceux qui ont inventé cette histoire auraient pu la terminer par une heureuse apothéose, au lieu de la terminer par un denoûment aussi tragique. La grossièreté de cette histoire, comme dit notre citation, — l’aura fait prendre comme type des contes de gazette, et canard sera resté pour qualifier le genre entier. On trouve « donner des canards : tromper » dans le dictionnaire d’Hautel (1805). |
Mais se priver de la mémoire des mots fait sans doute, également, partie d’un « projet »…
mercredi 24 janvier 2024
mardi 23 janvier 2024
Une époque extraordinaire
Il est entendu de ce côté-ci du
clavier que je m’interdis de
délivrer des anathèmes envers les littérateurs réactionnaires ou mêmes
fascistes
qui occupent de plus en plus le devant de la scène. Il est vrai par
ailleurs
que l’exposition d’un Céline, par exemple, attire moins de mouches à
merde et
qu’il devient nécessaire de moderniser la saloperie avec des auteurs
bien
élevés et si possible adoubés par des médias prompts à la gamelle. Les
temps se
révèlent extraordinaires, sans doute parce que je n’ai pas assez vécu,
à
contempler les petites lâchetés, les intérêts bien compris et les
compromissions également en cours dans la « République » des lettres et
de la
poésie, comme il s’en produisit il n’y a pas si longtemps. Certains ont
choisi
l’indifférence, la réclament même, se retournant contre ceux qui
réagissent,
maladroitement, certes, à l’envahissement d’une pensée réactionnaire à
tous les
étages de la vie culturelle. On a lu également quelques contre-feux
éloquents,
accusant les signataires d’une tribune contre un des charlatans des
lettres, de
« wokisme », « d’écrivaillons » quand on n’avait pas
recours à des insultes franches. À cela, l’on ne s’étonnerait pas de la
provenance (Le Figaro à joué son rôle où on l’attendait) si cela ne
venait pas
de gens qui bâtissent une réputation d’intransigeance… lorsque cela ne
leur
coûte pas un rond — à moins que cela les compromette — ou
bien parce
qu’ils redoutent de s’être trompés, d’avoir pris un léopard pour une
panthère
et d’avoir méconnu Les navigations d’Ulysse
de Victor Bérard, bref d’avoir cru à la copie plutôt qu’à l’original. À
moins
que ceux-là rêvent de participer à la « gamelle » qui paraît bien
fournie,
et achalandée par les faucons et les Oui-oui. On observe cela de loin,
sans
étonnement. On s’en doutait, puisque déjà certains rayons de librairies
semblent des compilations de propos de bistrots ou de mises à jour des
conneries de la Nouvelle-Droite, quand il ne s’agit pas de
« recyclage » pur et simple d’idées
rances et de textes « bancables ». On a vu tout cela et l’on
s’en passe. Mais après tout, la culture envisagée comme une
« industrie » démontre son aptitude
au recyclage et par destination ne peut se mêler des opinions, excepté
lorsque
le vent tourne et qu’il s’agit des dernières soldes avant liquidation
du prêt-à-penser
précédent. Oui, les temps sont extraordinaires, mais loin d’être
merveilleux…
Paf, dans ma bibliothèque !
Les
fêtes sont passées par là chez votre Tenancier et il n’a pas reçu trop
de
cadeaux. D’ailleurs, que pourrait-on lui offrir d’autre qu’un
supplément de
jouissance de l’existence ? Reste le besoin impérieux de posséder des
livres,
qui fait partie de ce plaisir du cumul. Périrai-je un jour de la chute
d’une
bibliothèque sur mes pauvres endosses, de la même manière qu’un
astronome
serait touché par une météorite ou bien une météorologue par la
foudre ? La
fulguration, quelle étrangeté : cela ressemble de l’extérieur au
sentiment,
atténué bien sûr, de la découverte d’un nouveau texte. Imaginons-nous
partir en
quête de l’éclair avec une baguette de coudrier ! Fort heureusement, on
en clamse
peu. Une histoire amusante serait à rédiger, qui conterait l’exception,
une
lecture fatale à cause du ravissement ou de l’étonnement. Tu lis… et
boum, tu
meurs. Cela a bien dû arriver. En tout cas, cela pourrait se produire
avec ce
petit bouquin sur le poison, amusant et dont la lisibilité laisse à
désirer,
typo trop brillante sur un fond qui neutralise le contraste, mais
qu’importe,
le poison se mérite, l’effort est requis et nous possédons tous
quelques
ennemis, n’est-ce pas ? Mais ces recettes se révèlent-elles fatales ?
Le
Tenancier n’a pas essayé pour le moment. Constatons que sa lecture n’en
deviendrait pas mortelle, mais peut-être sa mise en application…
L’art de la sieste reste un domaine encore étranger à votre serviteur, mais cela importe peu, après tout, puisque le fond de l’ouvrage de Thierry Paquot semble l’emploi de notre temps. Citons : « La sieste fonctionne ici comme une métaphore, elle acquiert un autre sens et ne désigne plus seulement l’acte de s’endormir ou de somnoler, au midi de la journée, mais la capacité à maîtriser son emploi du temps, à ne pas le brader en le soumettant aux temps imposés par “la” société. »
« Vous avez donc lu l’ouvrage, Tenancier ? » Eh bien, même pas ! Je suis tombé sur ce passage au hasard au moment précis où j’en avais besoin, signe éloquent que ce livre me parle. Mystique, le Tenancier ? Et puis quoi, encore ? Le phénomène survient de temps en temps, sans doute à cause du hasard ou d’un inconscient qui travaille pour soi et qui se dit « Voyons, la citation ad hoc doit bien se trouver à cet endroit du livre. » Parfois, ça marche, la preuve…
Vive l’Anarchie, c’est entendu… Cela reste un réconfort au milieu de la vaste maladie mentale qui règne à l’heure actuelle et qui veut nous embrigader, nous scruter, interférer sur notre vie, nous faire croire, etc. Ce volume de Jean Grave m’a été offert par un ami de passage qui s’interroge sur le fondement de la pensée anarchiste et qui s’est acheté quelques ouvrages sur le sujet. On espère qu’il accédera ensuite à quelques penseurs plus modernes que ceux qui étaient proposés dans la librairie où nous nous trouvions. En effet, l’anarchisme reste un concept contemporain et révolutionnaire, malgré les bistrotiers qui s’en réclament, je ne sais quel « comique » ou autres et qui sont autant de petites merdes fascistes, et je reste poli. L’anarchie rassure des gens comme moi qui s’enchantent de la découverte d’un étranger dans son semblable. Merci, mon cher, pour ce cadeau. Vous voyez, j’en ai reçu un, de cadeau ! Mais là, ce n’était pas en raison des circonstances religieuses, sociétales ou autres, mais au nom de l’amitié, qui est, après tout, une composante de l’anarchie. Je vous rassure : on y trouve aussi des sales cons pas amicaux. C’est normal, c’est humain. En tout cas, ce ne sont pas des fascistes, c’est déjà ça.
Nous allons lire la Paquot en premier, en nous demandant s’il fournira un remède à ce temps qui nous manque tant face à l’accumulation de lectures ici et là.
Victor Coutard : Le poison, dix façons de le préparer — Éditions de l'Épure (2023)
Thierry Paquot : L'art de la sieste — Zulma (2002)
Jean Grave : La société mourante et l'anarchie, préface d'Octave Mirbeau — Lux éditeur (2023)
lundi 22 janvier 2024
Une émule de Vrain-Lucas
Votre Tenancier a
été libraire à son compte pendant un certain temps. Il recevait parfois
de
drôles de messages :
Sans doute sans le savoir, cet honorable correspondant togolais marchait sur les brisées de Denis Vrain-Lucas…
"
Bonjour
M.Le Directeur, Je voudrais, par ce message, vous informer que je
dispose de
quelques collections de lettres et d'autographs qui font partie
intégrale de ce
que nous appelons 'les reliques' du passée. Mon souhait est de les
soumettre à
la vente.Est-ce que vous en seriez interressés. Dans le cas contraire,
est-ce
que vous pouvez m'indiquer le canal nécéssaire pour couler ce produit ?
esperant de vous relire . ****. Thèmes Quelques reliques du Passée. Livres • Auteur : Jean DéARC, Titre : Lettre de J'EAN D'ARC, aux habitants de la Ville de REIMS-16 Mars1430. • Auteur : HENRI 4, Titre : Une lettre de HENRI 4. • Auteur : CORNEILLE , Titre : Lettre de CORNEILLE à COLBERT. • Auteur : NAPOLEON, Titre : Un COCIDELLE au TASTAMENT de NAPOLEON I er • Auteur : LOUIS 16 ., Titre : La derniére lettre de LOUIS 16. • Auteur : ROBESPIERRE, Titre : La derniére Signature de ROBESPIERRE • Auteur : Jean BART, Titre : Un Glorieux Rapport de Jean BART . • Auteur : CLEMANCEAU, Titre : retour d'une visite au Front, 9 Jan.1914. Details de l'utilisateur Operateur Economique ., *** Nicodeme Lomé -Togo, 12 BP 192 , Lome, TOGO " |
Sans doute sans le savoir, cet honorable correspondant togolais marchait sur les brisées de Denis Vrain-Lucas…
NB
Par manque de temps, votre Tenancier a interrompu momentanément son dialogue autour des Minilivres avec Pierre Laurendeau qui se déroulait les lundis et les jeudis. On va y revenir rapidement...
dimanche 21 janvier 2024
samedi 20 janvier 2024
Paf, dans ma bibliothèque !
vendredi 19 janvier 2024
Une historiette de Béatrice
Et comment dire à cet attendrissant grand-père que le vieux journal trouvé dans son grenier, soigneusement dépoussiéré et « transporté précautionneusement à travers toute la ville, et je n'en ai pris qu'un, vous imaginez si j'avais pris le lot et que je m'étais fait dépouiller de ces trésors »... Comment lui dire que, justement, son journal n'est pas le joyau de la couronne ? |
jeudi 18 janvier 2024
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 24
Hérodote
Histoires
Livre deuxiesme,
intitulé
Euterpe
Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs
Livre deuxiesme,
intitulé
Euterpe
Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs
Le
Tenancier : Alors, là, je sèche ! Si je me
souviens bien,
Euterpe est la muse de la musique, or ce « reportage » d’Hérodote,
dans un coq-à-l’âne
qui nous fait passer de la reproduction des poissons, à une substance
contre
les mouches jusqu’à la navigation sur le Nil, il n’est pas question de
cela !
Je relève le même éclectisme dans les Minilivres que dans les productions de GLM, au sujet des auteurs embarqués et d’un titre à l’autre. L’éditeur musarde !
Pierre Laurendeau : Ouh la, Tenancier ! quelle miche te pouque ? Certes, je te le concède, Euterpe est bien la muse musicienne, mais je n’ai pas inventé le titre du Livre II des Histoires d’Hérodote (j’ai même vérifié sur l’exemplaire des Belles-Lettres).
Ce minilivre, comme le suivant, consacré à Thevet, fut édité à l’occasion d’une exposition d’ouvrages anciens du fonds de la Bibliothèque municipale d’Angers – un des plus riches de France, grâce au fameux roi René, prince insouciant mais cultivé ; ce qui lui vaut de posséder un des rares exemplaires du Psautier de Mayence, un des tout premiers livres imprimés, et le premier à faire figurer un achevé d’imprimer avec l’année, 1457. Ouvrage que j’ai eu l’honneur de tenir entre mes mains tremblantes d’émotion !
Comme je le précise en note, « le texte imprimé dans le présent opuscule est extrait de Hérodote, Histoires mises en françois par P. du Ryer (Paris, Augustin Courbé, 1658) ».
Ce minilivre ainsi que celui de Thevet étaient mis à la disposition des visiteurs – je crois me souvenir que je les imprimais sur place…
Je relève le même éclectisme dans les Minilivres que dans les productions de GLM, au sujet des auteurs embarqués et d’un titre à l’autre. L’éditeur musarde !
Pierre Laurendeau : Ouh la, Tenancier ! quelle miche te pouque ? Certes, je te le concède, Euterpe est bien la muse musicienne, mais je n’ai pas inventé le titre du Livre II des Histoires d’Hérodote (j’ai même vérifié sur l’exemplaire des Belles-Lettres).
Ce minilivre, comme le suivant, consacré à Thevet, fut édité à l’occasion d’une exposition d’ouvrages anciens du fonds de la Bibliothèque municipale d’Angers – un des plus riches de France, grâce au fameux roi René, prince insouciant mais cultivé ; ce qui lui vaut de posséder un des rares exemplaires du Psautier de Mayence, un des tout premiers livres imprimés, et le premier à faire figurer un achevé d’imprimer avec l’année, 1457. Ouvrage que j’ai eu l’honneur de tenir entre mes mains tremblantes d’émotion !
Comme je le précise en note, « le texte imprimé dans le présent opuscule est extrait de Hérodote, Histoires mises en françois par P. du Ryer (Paris, Augustin Courbé, 1658) ».
Ce minilivre ainsi que celui de Thevet étaient mis à la disposition des visiteurs – je crois me souvenir que je les imprimais sur place…
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