jeudi 23 janvier 2025
mercredi 22 janvier 2025
Un petit ambitieux, serré dans son frac
Canalis
est un petit homme sec, de tournure aristocratique, brun, doué d’une
figure vituline, et d’une tête un peu menue, comme celle des
hommes qui ont plus de vanité que d’orgueil. Il aime le luxe, l’éclat,
la grandeur. La fortune est un besoin pour lui plus que pour tout
autre. Fier de sa noblesse, autant que de son talent, il a tué ses
ancêtres par trop de prétentions dans le présent. Après tout, les
Canalis ne sont ni les Navarreins, ni les Cadignau, ni les Grandlieu,
ni les Nègrepelisse. Et cependant, la nature a bien servi ses
prétentions. Il a ces yeux d’un éclat oriental qu’on demande aux
poëtes, une finesse assez jolie dans les manières, une voix
vibrante ; mais un charlatanisme naturel détruit presque ces
avantages. Il est comédien de bonne foi. S’il avance un pied très
élégant, il en a pris l’habitude. S’il a des formules déclamatoires,
elles sont à lui. S’il se pose dramatiquement, il a fait de son
maintien une seconde nature. Ces espèces de défauts concordent à une
générosité constante, à ce qu’il faut nommer le paladinage, en
contraste avec la chevalerie. Canalis n’a pas assez de foi pour
être don Quichotte ; mais il a trop d’élévation pour ne pas
toujours se mettre dans le beau côté des questions. Cette poésie, qui
fait ses éruptions miliaires à tout propos, nuit beaucoup à ce poëte
qui ne manque pas d’ailleurs d’esprit, mais que son talent empêche de
déployer son esprit ; il est dominé par sa réputation, il vise à
paraître plus grand qu’elle. Ainsi, comme il arrive très souvent, l’homme est en désaccord complet avec les produits de sa pensée. Ces morceaux câlins, naïfs, pleins de tendresse, ces vers calmes, purs comme la glace des lacs ; cette caressante poésie femelle a pour auteur un petit ambitieux, serré dans son frac, à tournure de diplomate, rêvant une influence politique, aristocrate à en puer, musqué, prétentieux, ayant soif d’une fortune afin de posséder la rente nécessaire à son ambition, déjà gâté par le succès sous sa double forme : la couronne de laurier et la couronne de myrte. Une place de huit mille francs, trois mille francs de pension, les deux mille francs de l’Académie, et les mille écus du revenu patrimonial, écornés par les nécessités agronomiques de la terre de Canalis, au total quinze mille francs de fixe, plus les dix mille francs que rapportait la poésie, bon an, mal an ; en tout vingt-cinq mille livres. Pour le héros de Modeste, cette somme constituait alors une fortune d’autant plus précaire, qu’il dépensait environ cinq ou six mille francs au delà de ses revenus ; mais la cassette du roi, les fonds secrets du ministère avaient jusqu’alors comblé ces déficits. Il avait trouvé pour le Sacre un hymne qui lui valut un service d’argenterie. Il refusa toute espèce de somme en disant que les Canalis devaient leur hommage au Roi de France. Le Roi Chevalier sourit, et commanda chez Odiot une coûteuse édition des vers de Zaïre : Ah !
Versificateur, te serais-tu flatté
Dès cette époque, Canalis avait, selon la pittoresque expression des
journalistes, vidé son sac. Il se sentait incapable d’inventer une
nouvelle forme de poésie. Sa lyre ne possède pas sept cordes, elle n’en
a qu’une ; et, à force d’en avoir joué, le public ne lui laissait
plus que l’alternative de s’en servir à se pendre ou de se taire. De
Marsay, qui n’aimait pas Canalis, se permit une plaisanterie qui laissa
dans le flanc du poëte sa pointe envenimée. D’effacer Charles dix en générosité ? — Canalis, dit-il une fois, me fait l’effet de l’homme le plus courageux, signalé par le grand Frédéric après la bataille, ce trompette qui n’avait cessé de souffler le même air dans son petit turlututu ! Canalis, aux oreilles de qui cette épigramme arriva, voulut devenir général. Combien de fois un mot n’a-t-il pas décidé de la vie d’un homme ? L’ancien président de la république Cisalpine, le plus grand avocat du Piémont, Colla s’entend dire, à quarante ans, par un ami, qu’il ne connaît rien à la botanique ; il se pique, devient un Jussieu, cultive les fleurs, en invente, et publie la Flore du Piémont, en latin, l’ouvrage de dix ans. — Après tout, Canning et Chateaubriand sont des hommes politiques, se dit le poëte éteint, et de Marsay trouvera son maître en moi ! Canalis aurait bien voulu faire un grand ouvrage politique ; mais il craignit de se compromettre avec la prose française, dont les exigences sont cruelles à ceux qui contractent l’habitude de prendre quatre alexandrins pour exprimer une idée. De tous les poëtes de ce temps, trois seulement : Hugo, Théophile Gautier, de Vigny ont pu réunir la double gloire de poëte et de prosateur que réunirent aussi Racine et Voltaire, Molière et Rabelais, une des plus rares distinctions de la littérature française et qui doit signaler un poëte entre tous. Donc, le poëte du faubourg Saint-Germain faisait sagement en essayant de remiser son char sous le toit protecteur de l’Administration. |
Honoré de Balzac : Modeste Mignon
(1844) |
mardi 21 janvier 2025
Veau, vache, cochon, couvée
Le
marché de la culture (et de la sous-culture) a
massivement offert au public, pendant cette période [des années 20 aux
années
50 où triomphe la contre-révolution] la représentation de tout ce dont
les gens
étaient privés pratiquement (l’amour, la liberté, etc.). Justement
parce qu’elle
était victorieuse partout, la contre-révolution pouvait offrir impunément sur le marché cet ensemble de
représentations. À présent que le gens ont recommencé de vouloir
posséder
réellement ce dont ils ne possédaient que le rêve, le Capital, pour se
défendre, ne diffuse plus que des représentations plaisantes, mais
principalement des lamentations réformistes, angoissées, sur la douleur
d’être
homme, femme, enfant, nègre, pédé, veau, vache, cochon, couvée, etc. Je
n’aime pas
ces productions en général. Jean-Patrick Manchette Propos recueillis par Michèle Costa Magna (À suivre) n°22, novembre 1979, repris dans Derrière les lignes ennemies, entretiens 1973-1993 (2023) |
lundi 20 janvier 2025
Où le Tenancier digresse
Votre Tenancier a reçu quelques
gentils messages après avoir
publié le dernier billet relatant un inconfort qu’il espère passager et
il en
remercie les auteurs. On voudra cependant veiller à ne pas le plaindre
de façon
appuyée ;
celui-ci
se porte bien, de toute façon. Il désirait surtout attirer l’attention
sur une
méthode de travail qui s’est révélée incommodante dans la durée. En effet, la
rédaction des
nouvelles ou de romans incite à un changement de position et même
d’assiduité
au bureau. Expliquons-nous en évoquant son déroulement (on passe sur
les phases
préparatoires, différentes selon les cas) :
— Un premier jet est directement tapé au clavier à partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se boucle en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4 avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion tardive dans l’enfance à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et d’élagages, mais ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles, la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas vraiment de souffrance « musculo-squelettique », comme on dit. Mais voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition chaotique d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase manuscrite, dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son fauteuil de manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau du bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit, cette posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge. Or, même s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux qu’il a écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième, sans doute à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que nous avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement qu’impose le stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée de quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un feuillet de deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour arriver à un feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases d’écriture. Ouh la la ! On compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature ? Bien sûr que non, mais mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un roman. Le reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la commande dans les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais puisque tout le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les menues digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en savons un peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.
— Un premier jet est directement tapé au clavier à partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se boucle en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4 avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion tardive dans l’enfance à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et d’élagages, mais ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles, la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas vraiment de souffrance « musculo-squelettique », comme on dit. Mais voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition chaotique d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase manuscrite, dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son fauteuil de manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau du bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit, cette posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge. Or, même s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux qu’il a écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième, sans doute à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que nous avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement qu’impose le stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée de quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un feuillet de deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour arriver à un feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases d’écriture. Ouh la la ! On compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature ? Bien sûr que non, mais mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un roman. Le reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la commande dans les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais puisque tout le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les menues digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en savons un peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.
dimanche 19 janvier 2025
Bobo
Certes, le Tenancier
ne va pas ouvrir un compte pénibilité pour ce qui lui arrive, mais le
phénomène reste assez curieux pour qu’il s’interroge à ce propos : une
tendinite à l’épaule droite le préoccupe depuis plus de trois mois. On
passera sur l’attente de rencontrer un médecin dans une ville de
province pourtant pas la plus mal lotie en la matière, on évitera
d’évoquer la privatisation de services en général et jadis rendus à
l’intérieur des hôpitaux comme les scanners et les radiographies (et
donc une longue attente pour y accéder). On s’abaisserait à cette sorte
de vulgarité qui consisterait à vitupérer un état de fait que nous
avons-nous même, après tout, laissé installer. Le Tenancier vieillit,
les signes abondent, comme la survenue de cette tendinite et
l’indifférence grandissante envers la sottise contemporaine, surtout
quand elle réside dans l’avidité, le fric et les gros pieds dans les
mocassins à pampilles.
Mais revenons à cette faiblesse qui s’est installée plutôt de façon progressive, jusqu’au point où la douleur (comme si on vous arrachait le bras) s’est déclarée un matin, vive et immédiate. Bien qu’adepte d’un certain matérialisme pas vraiment historique, le cheminement de pensée de votre Tenancier l’amène à établir une corrélation entre cette douleur omniprésente et la rédaction d’un roman commencé l’été dernier. Il en vient à croire à la somatisation de son mécontentement. Oui, le roman lui sied, mais l’accouchement se révéla difficile et contrarié, comme si l’on avançait à son corps défendant dans une formulation à la fois habituelle, plus ou moins maîtrisée, et dans un sujet rebattu pour lui. On s’explique : une fois de plus, on aborde un personnage de déserteur dans un monde qu’il s’est rendu familier, celui du Fleuve. Que le roman agrée l’éditeur appartient à une autre histoire et s’il est retoqué, votre serviteur s’y remettra, voilà tout, à l’attention du même ou bien d’un autre. Au pire, il passera à autre chose. Reste l’état de cette douleur. Comment envisager son effacement ? En passant à tout autre chose ? Non, le Tenancier ne croit pas à la pensée magique. Nous verrons bien ce qu’en fera le kiné (miracle : on a obtenu en rendez-vous presque immédiat). À vrai dire, le destin de cette incommodité est remis dans les mains des spécialistes.
Reste la somme de récits que le Tenancier aimerait écrire et qui subsiste pour le moment sous forme de notes ou de synopsis. Comme on est douillet, on redoute qu’une nouvelle mise en chantier n’affecte de nouveau l’aile de poulet qui lui sert de bras. On l’envisage tout de même. Toutes ces considérations ne valent sans doute rien si l’on observe que, pendant près de cinq mois, votre Tenancier s’est mal tenu à son bureau et qu’il ferait mieux de se pencher sur ce problème-là plutôt que d’invoquer des motifs captieux, qui est aussi une commune du département de la Gironde. Tiens, à propos, que trouverait-on en débarquant à Captieux (1382 âmes) ? On pense alors à la chanson de Brassens, bien entendu. Pour l’instant cette histoire de bras est en suspens, et pas dans une attelle — c’est toujours ça.
Mais revenons à cette faiblesse qui s’est installée plutôt de façon progressive, jusqu’au point où la douleur (comme si on vous arrachait le bras) s’est déclarée un matin, vive et immédiate. Bien qu’adepte d’un certain matérialisme pas vraiment historique, le cheminement de pensée de votre Tenancier l’amène à établir une corrélation entre cette douleur omniprésente et la rédaction d’un roman commencé l’été dernier. Il en vient à croire à la somatisation de son mécontentement. Oui, le roman lui sied, mais l’accouchement se révéla difficile et contrarié, comme si l’on avançait à son corps défendant dans une formulation à la fois habituelle, plus ou moins maîtrisée, et dans un sujet rebattu pour lui. On s’explique : une fois de plus, on aborde un personnage de déserteur dans un monde qu’il s’est rendu familier, celui du Fleuve. Que le roman agrée l’éditeur appartient à une autre histoire et s’il est retoqué, votre serviteur s’y remettra, voilà tout, à l’attention du même ou bien d’un autre. Au pire, il passera à autre chose. Reste l’état de cette douleur. Comment envisager son effacement ? En passant à tout autre chose ? Non, le Tenancier ne croit pas à la pensée magique. Nous verrons bien ce qu’en fera le kiné (miracle : on a obtenu en rendez-vous presque immédiat). À vrai dire, le destin de cette incommodité est remis dans les mains des spécialistes.
Reste la somme de récits que le Tenancier aimerait écrire et qui subsiste pour le moment sous forme de notes ou de synopsis. Comme on est douillet, on redoute qu’une nouvelle mise en chantier n’affecte de nouveau l’aile de poulet qui lui sert de bras. On l’envisage tout de même. Toutes ces considérations ne valent sans doute rien si l’on observe que, pendant près de cinq mois, votre Tenancier s’est mal tenu à son bureau et qu’il ferait mieux de se pencher sur ce problème-là plutôt que d’invoquer des motifs captieux, qui est aussi une commune du département de la Gironde. Tiens, à propos, que trouverait-on en débarquant à Captieux (1382 âmes) ? On pense alors à la chanson de Brassens, bien entendu. Pour l’instant cette histoire de bras est en suspens, et pas dans une attelle — c’est toujours ça.
vendredi 17 janvier 2025
mardi 14 janvier 2025
73%
L’affaire est entendue
depuis longtemps, votre Tenancier tient le personnel politique dans son
intégralité comme des jean-foutre et des scélérats. Toute action —
pacifique, parce que votre serviteur hait la violence — visant à abolir
cette catégorie parasite limiterait de façon importante diverses
nuisances. L’une des dernières en date a été la décision de la
présidente de la Région du Pays de Loire de réduire le budget de la
culture, comme variable d’ajustement de l’impéritie d’un régime
libéral, plus enclin à flatter l’actionnaire, voire le réactionnaire ce
qui, au fond, s’équivaut. Nous en avons tous entendu parler et je ne
m’adonnerai pas dans ce billet à un récapitulatif de l’affaire. Il devenait toutefois important de signaler que si la presse est retournée au silence sur ce sujet, le problème persiste. Au
plus, lèvera-t-on un sourcil au contre-argument qui consiste à déclarer
que la culture se révèle une source d’emploi et de richesse. On prétend
de notre côté que s’il est important que les acteurs de la culture
puissent s’assurer d’une certaine sécurité financière, l’enjeu se situe
ailleurs que dans un relevé de bilan favorisant les entrepreneurs
privés à partir de deniers publics, ou bien qui deviendrait un élément
de prestige pour quelque édile. La culture, qui semble un bien commun
se suffit à elle-même : nous avons besoin de ses manifestations, non
parce qu’elles rapportent du pognon, mais parce que celles-ci fondent
notre identité. En coupant sur ce budget, des festivals, des revues,
diverses actions ou manifestations vont se volatiliser. Se pose alors
la question de l’autonomie, qui rend tout ceci fragile, à la merci du
plus efficace outil d’Anastasie : le tiroir-caisse. Votre Tenancier ne
possède aucune solution, il témoigne de son regret de voir disparaître
des revues comme 303, que La folle journée de Nantes, le Lieu unique,
aussi dans cette ville, la Maison Julien Gracq (même si le Tenancier y
aurait à redire !), etc., soient mis en danger par des voies de fait
dues à la sottise. Il existe bien entendu une pétition (pour ce que ça
servira…) Votre Tenancier l’a signée. En voici le lien.
On découvrira sur cette page quelques affiches dont une que l’on
reproduit ici, notre préférée, due à Pascal Rabaté.
(Autre objet de scandale, toujours en Pays de Loire, le budget du planning familial semble aussi atteint par le même zèle, jolie démonstration dans un contexte de lutte contre les violences faites aux femmes, par exemple…)
(Autre objet de scandale, toujours en Pays de Loire, le budget du planning familial semble aussi atteint par le même zèle, jolie démonstration dans un contexte de lutte contre les violences faites aux femmes, par exemple…)
vendredi 10 janvier 2025
Anthologie des boîtes à livres
Ce billet pourrait également prendre le titre de la rubrique Paf, dans ma bibliothèque !, mais il se trouve que si un volume s’y retrouvera, en effet, il rejoindra aussi celle d’un autre. Belle idée de Pierre Laurendeau que de nous faire confectionner cette anthologie, composée d’extraits d’ouvrages prélevés dans les boîtes à livres. Guettez donc dans la celle de votre ville si vous ne trouvez pas un des 100 exemplaires lancée par Deleatur dans la collection Samizdat. En effet, la gageure consiste pour chaque collaborateur à remettre en remplacement dans le lieu même de la trouvaille cette anthologie (il garde tout de même un exemplaire en souvenir). Citons les participants : Julien Blaine, Sébastien Castelbou, Nathalie Ferrand-Stip, Joël Henry, Thibaud Godon, Marie-Gabrielle Jean, Olivier Joseph, Roger Lahu, Pierre Laurendeau, Jean-Louis Lejonc, Yves Letort, Dr Lichic, Céline Maltère, Pierre Naimi, Jean-Paul Plaintive, Pauline Rey, Gilles Rosière, Olivier Salon, Catherine Vasseur, Gilles Verdet, Alain Zalmansky. En revanche, on ne mentionnera que quelques auteurs cités comme Pierre Suragne, Georges Simenon ou Emily Brontë, parce qu’après tout cela pourrait donner lieu à un jeu des correspondances que l’éditeur fécond ne manquera pas de créer un de ces quatre.
mardi 7 janvier 2025
Erratum
En fin de compte, le Tenancier s'est trompé : ce début d'année ne se révèle pas aussi sombre, en tout cas pour aujourd'hui...
jeudi 2 janvier 2025
Une imprudence
Le Tenancier cède à des
aspirations étranges qui le
poussent à souhaiter, comme il l’indiquait dans un précédent billet,
que l’on
rassemblât en un unique volume tous ses récits du Fleuve : romans,
nouvelles et textes à la longueur intermédiaire, mi-chèvre mi-chou que
l’on
désigne de temps en temps comme « novella ». Que l’on se rassure,
cette volonté procède bien du
vice et non de l’idée absurde de sa propre pérennité qui, on
s’accordera au
moins sur ce point avec lui, n’a pas grand intérêt quand elle s’affirme
de
façon posthume. En réalité, la lubie provient de ces petites manies
bibliophiles dont on a du mal à s’abstraire et qui s’insinuent
également dans
des fantasmes qui font avouer que tout rassembler dans un volume qui
aurait la dégaine
d’un Penguin Clothbound, eh bien, bon
sang, ça aurait de la
gueule! Attention, nous ne
tenons
pas à enfermer nos écrits dans un objet qui ressemblerait à une
bonbonnière comme
on a tendance à le pratiquer à l’heure actuelle, mais l’on se dit que
cette
collection préserve l’esprit de ce que l’on rencontrait jadis en France
lorsque
le bon goût existait encore et qu’il s’exprimait dans quelques clubs de
livres.
Hélas, trois fois hélas, rien n’indique que les récits du Fleuve
figurent un
jour quelconque au rang de classiques. Tant pis. Tant mieux. Là ne
réside pas l’intérêt,
seul persiste le plaisir de l’imaginer, quitte à faire preuve
d’imprudence en l’exprimant.
mercredi 1 janvier 2025
dimanche 29 décembre 2024
Un p'tit coup sur le pare-brise puis dans le rétro
Ceux qui fréquentent
les blogs ressentent cette désertion qui s’opère depuis des années,
laissant une
arrière-garde qui s’ingénie encore à fournir de la substance… Le
Tenancier à
cet égard, plaide coupable, mais il existe des circonstances
atténuantes à ses
productions sporadiques et à ses absences : il écrit beaucoup et
l’énergie
dépensée à ses entreprises archaïques (puisqu’elles se réalisent sur
papier,
pensez donc !)
contraint
votre serviteur à se consacrer
à l’essentiel, occurence imprévue lorsque des années plus tôt, on
décida de
créer un blog puis celui-ci pour lui faire suite. En effet, on avait
commencé
cette activité comme une volonté de converser sur ce qui nous
passionnait,
comme le livre et tout ce qui tournait autour. La vie a voulu que de
libraire
médiocre je passais au statut d’écrivain très moyen. Ce changement
s’est
réalisé lentement et le blog a tenté de raccrocher à cette nouvelle
activité,
non sans atermoiements et non plus sans regrets au sujet de l’ancien
exercice
de la librairie. Affirmons tout de même que se mêler d’écrire des
fictions
comporte bien des satisfactions, car on ne s’envisage pas assez
masochiste pour
continuer dans un domaine où la déception régnerait. À cet égard, votre
Tenancier considère qu’il a du bol, si vous lui autorisez
l’expression :
quelques éditeurs depuis 2010 ont consenti à l’imprimer, notamment dans
un
domaine pas si populaire qu’on veut bien le croire, c’est-à-dire la
nouvelle…
Un site existe, qui récapitule la bibliographie de votre Tenancier. Le nombre de publications explique en partie les fréquentes lacunes de ce blog. On ne peut être au four et au moulin et la fiction devient parfois une activité exclusive qui empêche de se mobiliser ailleurs. On regrette cette contrainte qui éloigne d’un dialogue qui avait cours dans les commentaires et surtout la verve qui s’y exprimait. De ce point de vue, l’écriture de fiction dans ces bonnes vieilles revues ou recueil, etc., procure peu de satisfactions. Tant pis, on tente de se résoudre à cette distance que l’on ne parvient plus à combler, même si l’on « s’y remet » de temps à autre, sachant qu’au détour d’un manuscrit, on se résigne à délaisser le reste. Alors quoi, on abandonne le blog et on passe à autre chose ? Votre Tenancier n’en a pas envie, pas plus qu’il ne peut livrer d’effort supplémentaire pour densifier la production de billets. On se contentera donc à l’avenir d’un écoulement prostatique de quelques considérations ici même.
Par le passé, nombre de billets n’étaient pas tous signés du Tenancier. Quelques intervenants en ont fourni, réjouissants et stimulants. Ce temps-là semble également révolu, même si là aussi, cela est dû au désintérêt général. Puis que l’on s’est montré largement indécis sur la ligne éditoriale du blog depuis que l’on a changé de métier, on pourrait désormais réorienter sa teneur à l’aide de critiques ou de considérations similaires. Pour quoi faire ? D’autres personnes le font de façon brillante… on continuera à avoir le cul entre deux chaises, à quêter la chimère d’un dialogue avec un lecteur de passage.
L’année 2024 s’achève, moment idéal pour vous assommer avec un récapitulatif. Bien fait pour vous :
(cliquez sur les couvertures, vous aurez un descriptif complet)
On a commencé en douceur avec vingt-trois contributions au recueil Taduttore Tradittore dirigé par ce cher Pierre Laurendeau aux éditions Ginkgo, où les participants reprenaient des citations plus ou moins classiques de façon littérale, comme Ex Nihilo = « Ancien amant nihiliste », suivi d’une explication pour le moins malhonnête.
On vous l’a signalé, votre serviteur est un auteur de nouvelles et publie volontiers dans certaines revues. Il l’est par Lard-Frit (nouvelle version) depuis son début, c’est-à-dire le n° 1 en 2022. Avec Télépathie, paru dans le n° 7, on a trouvé que ça manquait de chat. On a réparé cette lacune…
Beaucoup moins facétieuse, voici une nouvelle à laquelle on tient particulièrement, parue le n° 34 de la revue Le Visage Vert, L’escalier est orné d’une superbe illustration de Céline Brun-Picard — et je réalise à chaque fois la chance d’être si bien accompagné. La revue et la maison d’édition avaient publié jusque là des histoires du Fleuve. Ce récit bref n’en fait pas partie et il recèle pour son auteur de curieuses résonnances. On regrette qu’il soit passé inaperçu…
Premier recueil de nouvelles de l’année 2024, Fins de siècle comporte deux inédits et deux textes plus anciens, rédigés lorsque l’on doutait d’une vocation pour l’écriture. Ces quatre « rétrocipations » constituent une sorte de jalon pour ce qui concerne l’évolution du style, mais plus encore sur la conception d’une histoire, votre serviteur constate qu’il est redescendu à la hauteur de l’humain et c’est tant mieux. Quelques critiques ont bien accueilli l’ouvrage sorti aux éditions Flatland avec des dessins de Fabrice Le Minier repris en couverture sous la maquette habile de l’éditeur.
L’on n’a pas traîné : un deuxième recueil paraissait dans la foulée : Vues des rives continuait le cycle du Fleuve, après un premier volume de nouvelles (Le Fleuve) et un roman (Le fort). La plupart de ces histoires n’étaient pas inédites, puisque parues dans diverses revues, comme le Novelliste, L’Ampoule et le Visage Vert. Seuls deux textes sont inédits sur vingt et un. La plupart sont illustrés par Céline Brun-Picard. La fidélité à un artiste est essentielle et son travail fait aussi partie de ce projet qui regroupe à ce jour une cinquantaine de récits (quelques un son attente de publications). Également cruciale à ce travail au long-cours, Armelle Domenach exerce sa vigilance sur la cohérence des écrits. Que dire d’autre sur le Fleuve ? Eh bien, il vous suffira de lire la très élogieuse préface de Mikaël Lugan qui a saisi l’essence de cette entreprise littéraire avec beaucoup de finesse. Signalons que Mikaël fut l’un des premiers à avoir publié des histoires de ce cycle. Le Fleuve est un univers difficile et dont le style peut paraître ardu pour les lecteurs de petits martiens ou d’elfes aux pattes poilues. Le soussigné reconnaît sa répugnance à la facilité dès qu’il s’agit de ce domaine-là). On lui pardonnera, enfin, on l’espère… Que l’on sache que son fantasme le plus fou (et un peu mégalo) serait qu’une édition posthume regroupe toutes les nouvelles et le(s) roman(s) en un seul volume — intitulé de nouveau Le Fleuve — à moins que cela se fasse de son vivant, car trop gâteux pour remettre ça sur le métier. Ne comptez pas sur votre Tenancier chéri pour passer la main trop vite, tout de même.
Avec Troupeaux mélancoliques bondissant dans les prés, l’auteur témoignait de changements physiologiques chez quelques humains, tout ceci, paru dans la revue L’Ampoule, n° 15. Texte court, desservi par une illustration médiocre qui suscite encore des regrets. Pouvait-on y remédier ? Hélas, l’on n’a pas demandé son avis à l’auteur qui se serait fait une joie de proposer une alternative, comme cela peut lui arriver. Bref…
On vous l’a dit, votre serviteur a pratiquement son rond de serviette chez Lard-Frit ! Pourvu que ça dure ! Dans le n° 8, on a commis L’invention du professeur Lambeke, qui étudie les propriétés mélomanes de la grenouille. Ne vous plaignez plus de l’étang du voisin, mais éduquez ses pensionnaires !
Diable, un troisième recueil ? Eh oui, on s’est montré intarissable en 2024… Mais Charles & moi (on tient à l’esperluette) ne serait-il pas plutôt un court roman aux huit chapitres très marqués, puisque l’on y retrouve les mêmes protagonistes dans un monde assez noir ? On s’est d’ailleurs complu à le dépeindre avec une certaine jubilation. À vrai dire, on s’est surtout amusé tant il est vrai que l’apocalypse lente est assez stimulante à décrire. Après avoir été uchronique avec Fins de siècle, et « balzacien » au petit pied avec Vues des rives, nous voici dystopique avec ce volume. La parution a été remarquée ici et là. L’un des plaisirs annexes de ce genre de publication tient également à ce qui paraît en même temps que soi dans la collection et je ne pouvais que me féliciter de voir le live de Didier Pemerle, Débandades, sortir en même temps que le mien. On ne peut que vous conseiller d’acquérir les deux, chez Flatland.
L’on a fini l’année en novembre avec Le tricot de corps, histoire qui vous cause d’hygiène et de botanique dans le n° 9 de Lard-Frit. On professe tout de même un sacré regret pour ce qui concerne cette revue, celui de ne pas avoir figuré dans sa première version, comme on aurait voulu aussi être publié chez Deleatur ou dans d’autres revues ou maisons d’édition. Votre Tenancier fait tout en retard, pfff. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Nous en avons terminé avec ce récapitulatif, qui vous explique assez bien le manque d’assiduité à la rédaction de billets dans ce blog. Prenons date l’année pour prochaine dans le même exercice, si rien ne nous pète à la figure d’ici là… On fera tout de même paraître des choses ici bien avant, tout de même.
Un site existe, qui récapitule la bibliographie de votre Tenancier. Le nombre de publications explique en partie les fréquentes lacunes de ce blog. On ne peut être au four et au moulin et la fiction devient parfois une activité exclusive qui empêche de se mobiliser ailleurs. On regrette cette contrainte qui éloigne d’un dialogue qui avait cours dans les commentaires et surtout la verve qui s’y exprimait. De ce point de vue, l’écriture de fiction dans ces bonnes vieilles revues ou recueil, etc., procure peu de satisfactions. Tant pis, on tente de se résoudre à cette distance que l’on ne parvient plus à combler, même si l’on « s’y remet » de temps à autre, sachant qu’au détour d’un manuscrit, on se résigne à délaisser le reste. Alors quoi, on abandonne le blog et on passe à autre chose ? Votre Tenancier n’en a pas envie, pas plus qu’il ne peut livrer d’effort supplémentaire pour densifier la production de billets. On se contentera donc à l’avenir d’un écoulement prostatique de quelques considérations ici même.
Par le passé, nombre de billets n’étaient pas tous signés du Tenancier. Quelques intervenants en ont fourni, réjouissants et stimulants. Ce temps-là semble également révolu, même si là aussi, cela est dû au désintérêt général. Puis que l’on s’est montré largement indécis sur la ligne éditoriale du blog depuis que l’on a changé de métier, on pourrait désormais réorienter sa teneur à l’aide de critiques ou de considérations similaires. Pour quoi faire ? D’autres personnes le font de façon brillante… on continuera à avoir le cul entre deux chaises, à quêter la chimère d’un dialogue avec un lecteur de passage.
L’année 2024 s’achève, moment idéal pour vous assommer avec un récapitulatif. Bien fait pour vous :
(cliquez sur les couvertures, vous aurez un descriptif complet)
On a commencé en douceur avec vingt-trois contributions au recueil Taduttore Tradittore dirigé par ce cher Pierre Laurendeau aux éditions Ginkgo, où les participants reprenaient des citations plus ou moins classiques de façon littérale, comme Ex Nihilo = « Ancien amant nihiliste », suivi d’une explication pour le moins malhonnête.
On vous l’a signalé, votre serviteur est un auteur de nouvelles et publie volontiers dans certaines revues. Il l’est par Lard-Frit (nouvelle version) depuis son début, c’est-à-dire le n° 1 en 2022. Avec Télépathie, paru dans le n° 7, on a trouvé que ça manquait de chat. On a réparé cette lacune…
Beaucoup moins facétieuse, voici une nouvelle à laquelle on tient particulièrement, parue le n° 34 de la revue Le Visage Vert, L’escalier est orné d’une superbe illustration de Céline Brun-Picard — et je réalise à chaque fois la chance d’être si bien accompagné. La revue et la maison d’édition avaient publié jusque là des histoires du Fleuve. Ce récit bref n’en fait pas partie et il recèle pour son auteur de curieuses résonnances. On regrette qu’il soit passé inaperçu…
Premier recueil de nouvelles de l’année 2024, Fins de siècle comporte deux inédits et deux textes plus anciens, rédigés lorsque l’on doutait d’une vocation pour l’écriture. Ces quatre « rétrocipations » constituent une sorte de jalon pour ce qui concerne l’évolution du style, mais plus encore sur la conception d’une histoire, votre serviteur constate qu’il est redescendu à la hauteur de l’humain et c’est tant mieux. Quelques critiques ont bien accueilli l’ouvrage sorti aux éditions Flatland avec des dessins de Fabrice Le Minier repris en couverture sous la maquette habile de l’éditeur.
L’on n’a pas traîné : un deuxième recueil paraissait dans la foulée : Vues des rives continuait le cycle du Fleuve, après un premier volume de nouvelles (Le Fleuve) et un roman (Le fort). La plupart de ces histoires n’étaient pas inédites, puisque parues dans diverses revues, comme le Novelliste, L’Ampoule et le Visage Vert. Seuls deux textes sont inédits sur vingt et un. La plupart sont illustrés par Céline Brun-Picard. La fidélité à un artiste est essentielle et son travail fait aussi partie de ce projet qui regroupe à ce jour une cinquantaine de récits (quelques un son attente de publications). Également cruciale à ce travail au long-cours, Armelle Domenach exerce sa vigilance sur la cohérence des écrits. Que dire d’autre sur le Fleuve ? Eh bien, il vous suffira de lire la très élogieuse préface de Mikaël Lugan qui a saisi l’essence de cette entreprise littéraire avec beaucoup de finesse. Signalons que Mikaël fut l’un des premiers à avoir publié des histoires de ce cycle. Le Fleuve est un univers difficile et dont le style peut paraître ardu pour les lecteurs de petits martiens ou d’elfes aux pattes poilues. Le soussigné reconnaît sa répugnance à la facilité dès qu’il s’agit de ce domaine-là). On lui pardonnera, enfin, on l’espère… Que l’on sache que son fantasme le plus fou (et un peu mégalo) serait qu’une édition posthume regroupe toutes les nouvelles et le(s) roman(s) en un seul volume — intitulé de nouveau Le Fleuve — à moins que cela se fasse de son vivant, car trop gâteux pour remettre ça sur le métier. Ne comptez pas sur votre Tenancier chéri pour passer la main trop vite, tout de même.
Avec Troupeaux mélancoliques bondissant dans les prés, l’auteur témoignait de changements physiologiques chez quelques humains, tout ceci, paru dans la revue L’Ampoule, n° 15. Texte court, desservi par une illustration médiocre qui suscite encore des regrets. Pouvait-on y remédier ? Hélas, l’on n’a pas demandé son avis à l’auteur qui se serait fait une joie de proposer une alternative, comme cela peut lui arriver. Bref…
On vous l’a dit, votre serviteur a pratiquement son rond de serviette chez Lard-Frit ! Pourvu que ça dure ! Dans le n° 8, on a commis L’invention du professeur Lambeke, qui étudie les propriétés mélomanes de la grenouille. Ne vous plaignez plus de l’étang du voisin, mais éduquez ses pensionnaires !
Diable, un troisième recueil ? Eh oui, on s’est montré intarissable en 2024… Mais Charles & moi (on tient à l’esperluette) ne serait-il pas plutôt un court roman aux huit chapitres très marqués, puisque l’on y retrouve les mêmes protagonistes dans un monde assez noir ? On s’est d’ailleurs complu à le dépeindre avec une certaine jubilation. À vrai dire, on s’est surtout amusé tant il est vrai que l’apocalypse lente est assez stimulante à décrire. Après avoir été uchronique avec Fins de siècle, et « balzacien » au petit pied avec Vues des rives, nous voici dystopique avec ce volume. La parution a été remarquée ici et là. L’un des plaisirs annexes de ce genre de publication tient également à ce qui paraît en même temps que soi dans la collection et je ne pouvais que me féliciter de voir le live de Didier Pemerle, Débandades, sortir en même temps que le mien. On ne peut que vous conseiller d’acquérir les deux, chez Flatland.
L’on a fini l’année en novembre avec Le tricot de corps, histoire qui vous cause d’hygiène et de botanique dans le n° 9 de Lard-Frit. On professe tout de même un sacré regret pour ce qui concerne cette revue, celui de ne pas avoir figuré dans sa première version, comme on aurait voulu aussi être publié chez Deleatur ou dans d’autres revues ou maisons d’édition. Votre Tenancier fait tout en retard, pfff. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Nous en avons terminé avec ce récapitulatif, qui vous explique assez bien le manque d’assiduité à la rédaction de billets dans ce blog. Prenons date l’année pour prochaine dans le même exercice, si rien ne nous pète à la figure d’ici là… On fera tout de même paraître des choses ici bien avant, tout de même.
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