jeudi 1 octobre 2020

Une historiette de Béatrice

En vitrine, un recueil de textes de Jean Paulhan qu'elle attrape, avalant des yeux la photo de couverture.
— Qui est ce monsieur ? Qui est-ce Jean Paulhan ?
Je lui explique.
— La NRF ? Qu'est-ce que c'est ?
Je lui explique.
— Ah oui Gallimard je connais, j'ai vécu à Paris moi. Vous pouvez me prêter de quoi noter, je vais téléphoner à une amie qui travaille à Paris Match elle me dira ce qu'elle en pense.
Je fais semblant d'être absorbée par mon travail. Mais non, elle continue.
— Et il coûte 15 euros ? Ah mais vous savez qu'en Angleterre, les bouquinistes vendent les livres au quart du prix neuf, oui oui, j'ai vécu en Angleterre je le sais.

lundi 28 septembre 2020

Miniatures

Il existe une longue tradition du livre miniature, qui a correspondu au besoin d’emporter en voyage avec soi quelques textes ou bien de les dissimuler, comme ces bibles protestantes cachées dans les chignons lors des répressions religieuses. Ces ouvrages ont également été à la source d’innovation en matière d’imprimerie et de reliure. Comment habiller de si petits ouvrages ? Certains restaurateurs ont découvert que les relieurs anciens usaient déjà d’une technique approchant le bradel. Bien évidemment, la fragilité et la petitesse des ouvrages, qui ne dépassent guère les 5 centimètres (on vous dit cela « à la louche ») pour les grands formats du genre, implique une certaine rareté et donc un prix élevé. Et nous, donc, les fauchés, les obscurs, les sans grade ? Eh bien on fera tintin pour ce qui concerne les livres anciens et la plupart des livres modernes, vu leur prix. De temps à autre, l’on trouve tout de même quelques publications contemporaines comme ce petit recueil de haïkus publié en 2001 pour un salon du livre à Aubergenville. Inférons ici que cela constituera notre lot de consolation.
On reviendra sur le sujet un de ces quatre (et, d'ailleurs si vous avez des exemples dans votre bibliothèque, n'hésitez pas à en causer au Tenancier, hein...)
 

jeudi 24 septembre 2020

L'employé de l'agence de placement

Il arrive qu’au hasard du générique d’une revoyure on tombe sur un nom évoquant autre chose qu’un film de gangster. Ce fut le cas ce soir lorsque les noms, défilant au début de La métamorphose des cloportes, on rencontra le nom de François Valorbe, écrivain, poète et à l’occasion figure traversière dans un film. Retrouver un visage sur un nom recèle parfois quelque chose de déroutant. Vraiment, m’attendais-je à se visage et à se rôle dans le film, celui d’un employé dans une agence de placement ? À la réflexion : oui.
 

 

samedi 19 septembre 2020

Garamond

Garamond

GARAMOND (Cl.), célèbre graveur et fondeur en caractères ; n ; à Paris v. la fin du 15e siècle, m. 1561. Il fut élève de Geoffroy Tory, imprimeur du roi, et grava par ordre de François Ier les trois sortes de caractères grecs dits grecs du roi et connus depuis sous le nom de Garamond. L’Imprimerie royale a remis en œuvre (1796), pour l’édition des Œuvres de Xénophon, les poinçons des caractères Garamond.


Biographie portative universelle (1852)

vendredi 18 septembre 2020

Le Bibliomane

C'est elle... Dieux, que je suis aise !
Oui... c'est... la bonne édition ;
Voilà bien, pages neuf et seize,
Les deux fautes d'impression
Qui ne sont pas dans la mauvaise.

Philippe-Laurent Pons de Verdun, in :
Les Loisirs ou Contes et poésies diverses (1807)

jeudi 17 septembre 2020

Les questions du petit Marcel

Comme le Tenancier lève un un œil torve de sa procrastination, autant qu'il fasse semblant de travailler. Fini le temps où le lecteur serviable se prêtait à des jeux ou des échanges. Tant pis. Continuons égoïstement avec notre amour des listes, des énumérations, ou des questions à la noix. Et puis tiens, puisqu'on en parle, rappelons aux écervelé ou aux créatures sans culture le questionnaire du petit Marcel que nous reproduisons ci-dessous sans nous soucier plus que cela que l'on y réponde. Admettons que cette liste-là ne pousse guère à la socialisation.

1. Le principal trait de mon caractère ?
2. La qualité que je préfère chez un homme ?
3. La qualité que je préfère chez une femme ?
4. Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
5. Mon principal défaut ?
6. Mon occupation préférée ?
7. Mon rêve de bonheur ?
8. Quel serait mon plus grand malheur ?
9. Ce que je voudrais être ?
10. Le pays où je désirerais vivre ?
11. La couleur que je préfère ?
12. La fleur que j'aime ?
13. L'oiseau que je préfère ?
14. Mes auteurs favoris en prose ?
15. Mes poètes préférés ?
16. Mes héros favoris dans la fiction ?
17. Mes héroïnes favorites dans la fiction ?
18. Mes compositeurs préférés ?
19. Mes peintres favoris ?
20. Mes héros dans la vie réelle ?
21. Mes héroïnes dans l'histoire ?
22. Mes noms favoris ?
23. Ce que je déteste par-dessus tout ?
24. Personnages historiques que je méprise le plus ?
25. Le fait militaire que j'estime le plus ?
26. La réforme que j'estime le plus ?
27. Le don de la nature que je voudrais avoir ?
28. Comment j'aimerais mourir ?
29. État d'esprit actuel ?
30. Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence ?
31. Ma devise ?

On s'en doute, la question préférée du tenancier se révèle la dernière, à laquelle il répond : « Le Pétrodollar », car il a un fond vénal.

jeudi 10 septembre 2020

Patience

Oui, on sait, le Tenancier à des absences, en ce moment. Ça va durer encore un peu.
Patience...

jeudi 9 juillet 2020

Une historiette de Béatrice

C'est la seconde pile de livres que monsieur, vacillant, renverse. C'est la seconde fois que je remets tout en place pendant qu'il essaie de faire de l'humour, avec lourdeur mais sans l'ombre d'une excuse. Madame continue à feuilleter de la poésie, indifférente.
Quand ils viennent régler leur livre de poche et qu'il demande (bien sûr) une ristourne, elle continue à regarder ailleurs.

dimanche 5 juillet 2020

Lecture du Tenancier


Il ne s’agit pas ici de composer un récapitulatif complet d’une série qui a compté 76 volumes, mais de communiquer le plaisir même pas coupable éprouvé à leur lecture. Serge Kovask est un officier de l’ONI, service de contre-espionnage de la Navy, embarqué dans des enquêtes qui concerne tout d’abord la Défense, mais qui va devenir de roman en roman l'acteur d'un réquisitoire contre l’impérialisme. Très vite, on peut même dire immédiatement, le personnage du Commander sort de la typologie de l’exécutant fascistoïde et phallocrate à la SAS. Même si G.-J. Arnaud ne déploie pas d’arc narratif autour de ce personnage, son évolution devient éloquente dès le milieu des années 1960, qui le voit passer d’une position vaguement « démocrate » nostalgique de Kennedy à une démission de la marine américaine pour servir la cause du droit et de la justice internationale. Là où certains folliculaires (à Libération, par exemple, où l’inculture vis-à-vis des littératures populaires devient proverbiale) s’étonnent de voir le tâcheron de SAS présenter une soi-disant pertinence pour ce qui concerne les affaires internationales, Arnaud, lui, démontre que l’on peut trouver des sources ailleurs que dans les officines et raconter des histoires puisées dans le Monde diplomatique ou dans des sources plus ragoutantes que les colonnes de Minute. Produit de la guerre froide, les collections d’espionnage où évoluent ces personnages assez manichéens — Serge Kovask, alias le Commander, n’y échappe pas — s’estompent dès les années 1980. Créé en 1961 et abandonné en 1986, le Commander, aidé du splendide personnage de Cesca Peppini alias la Mamma, aura lutté aussi bien contre les latifundistes du Nordeste, parcouru clandestinement le Chili pendant le coup d’État, évoqué l’Opération Condor, ou bien contré les faucons du Vietnam. Mission accomplie, par un écrivain probe et crédible qui a disparu récemment et qui vaut bien plus que la condescendance de certains hommages qui démontre l’ignardise de ses signataires. Encore faut-il pour y remédier, lire G.-J. Arnaud. Ce à quoi s'adonne votre Tenancier de temps à autre.

samedi 4 juillet 2020

Une historiette de Béatrice

— Les livres sur le yoga, je vais trouver cela dans ce coin ?
— Non, madame, c'est plutôt par là. Voyez.
— Ah, oui. Je vois que vous n'en avez pas beaucoup.
Dit-elle, chez une bouquiniste, dont la boutique doit faire 35 mètres carré.

jeudi 2 juillet 2020

Antifle, Antifler, Entifler

Antifle (Battre l') : Cafarder, dissimuler. Mot à mot : hanter l'église. V. Antifler.

Antifler Entifler : Marie (Vidocq.) — Vient du vieux mot antie, église. — Là se fait la célébration du mariage. Entifler est donc motr à mot : mener à l'église. — « Ah ! si j'en défouraille, ma largue j'entiflerai. » (Vidocq.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mercredi 1 juillet 2020

Vivre et travailler au pays

Le Tenancier ne voudrait pas la ramener, mais il tient à vous signaler qu’il fait partie d’un groupe de producteur locaux. Comme quoi, le terroir a du bon. À noter qu’aucun animal (même pas le Tenancier) n’a été maltraité pendant les opérations de transformation. Venez donc voir par .

Et maintenant, un prédiction de William

mardi 30 juin 2020

Une historiette de Béatrice

Et mon client obsédé qui ne demande que du porno, qui montre ses livres pleins de photos beurk, qui me demande à chaque fois où sont les livres érotiques puisque vous n'avez pas de porno, qui ne comprend toujours pas que non, je n'en ai pas ; donc, lui, qui veut des auteurs « classiques français du XIXe en poche ». Voici-voilà, je lui donne quelques noms et roule-ma poule. Il revient après avoir épluché les livres de poche.
— Bon, je vous en prends 6 à 2 euros, ça fait 10 euros d'accord ?
Avec son regard porcin-bovin.

lundi 29 juin 2020

Lecture du Tenancier


Revenons un instant vers les catalogues de livres, voulez-vous ? Celui d’aujourd’hui est consternant de mauvais goût pour ce qui concerne la couverture, qui ressemble à celle d’un rapport d’une quelconque Direction régionale de l’équipement en 1973. L’intérieur ne vaut guère mieux. Mais, fi de la pâte, jouissons de la substance : cette vente publique propose une série de poèmes autographes de Rimbaud (dont Une saison en enfer), le portrait photographique original par Carjat et Une saison en enfer (Bruxelles, 1873) « non coupé dans son étui de maroquin brun exécuté en 1925 ». À la suite de ces reproductions pleine page, on trouvera l’une des cinq ou six brochures existantes du chant premier des Chants de Maldoror (août 1868) suivi de deux lettres autographes de Lautréamont. On vous passe les autres livres proposés, éditions originales avec ou sans envoi, reliure pleine soie pour certains, etc., presque du banal en regard des pièces maîtresses. Me prendra-t-on pour un « Rimbaldiste » ? La possession de ce catalogue, en vérité, est le fruit du hasard lors de la récupération d’un lot de ceux-ci il y a longtemps. Ma bibliothèque ne comporte que quelques écrits périphériques autour de Rimbaud et guère mieux pour ce qui concerne Lautréamont et de maigres volumes de leurs œuvres. Par ailleurs, le soussigné moi-même se fiche assez des performances de la vente du 17 novembre 1998 à Drouot. En revanche, la reproduction des documents et des couvertures des ouvrages provoque toujours l’intérêt de l’amateur de livres que je reste. Je ne puis que vous recommander la vigilance lorsqu’un libraire ou un bouquiniste se débarrasse d’un lot de catalogues, on y croise de temps à autre des articles sensationnels et des curiosités. Dans certains cas, les rencontres sont étranges et sources de regrets, moi qui n’ait pu m’emparer d’un catalogue où l’on contemplait des photos de Michel Simon dans des ébats empreints d’une saine pornographie ! Sachez également que ces brochures constituent parfois l’unique occasion de découvrir une page manuscrite, un document, un livre ou une photographie avant de rejoindre l’obscurité d’un coffre ou le secret d’une bibliothèque. On reviendra de temps en temps sur le sujet des catalogues, fussent-ils de libraires ou bien de ventes publiques… enfin, si l’envie nous en prend, bien sur.

dimanche 28 juin 2020

Peter a marqué sa page

10/18 — Jeannette Colombel : Les murs de l'école




Jeannette Colombel

Les murs de l'école

Postface de François Châtelet

n° 934

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quintuple

314 pages (320 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 27 mars 1975


(Contribution du Tenancier)
Index

samedi 27 juin 2020

Une promenade

 
Si l’on identifie fort bien un serpent, un lièvre et des chevaux sur ces pages, on se demande ce que représente la dernière vignette, en bas à droite, sachant que, selon d’autres ordres de lecture, il ne s’agit pas forcément de la première, d’ailleurs. On se perd en conjectures : une créature aquatique, vous croyez ? On ne pensait pas aujourd’hui vous convier à un jeu. Néanmoins allons-y : vous reconnaissez quelque chose, vous ? À noter que, contrairement aux autres images de cette double page, ce motif intrigant ne possède pas d’idéogramme. Sans doute parce que « n’importe quoi », n’est pas traduisible. On notera la sauvagerie du faciès des chevaux, créatures peu commodes comme on l’avait déjà constaté dans notre coin, avec Delacroix.

vendredi 26 juin 2020

Roland


Roland C. Wagner n’a jamais été un ami, mais un de ces « potes » que l’on trouve au cours de son existence, lorsque de nombreuses virtualités existent dans notre jeunesse finissante, lorsque les contraintes sociales pèsent encore peu. Lorsque je le rencontrais, il n’avait pas encore publié de livres, seulement quelques nouvelles, la plupart du temps dans des fanzines. Il voulait devenir écrivain, dans la collection Anticipation au Fleuve Noir, surtout. Tout nous semblait possible. Il avait raison, au point de clore cette série par le numéro 2001 (L’odyssée de l’espèce). Il a eu la sagesse d’aller plus loin encore, de continuer à écrire. On s’est beaucoup vu, puis beaucoup moins. Nous possédions un ami en commun qui nous reliait subtilement bien après que la distance se fut installée. Cet éloignement marquait l’intervalle qui nous séparait d’une partie de notre jeunesse. 

jeudi 25 juin 2020

Une historiette de Béatrice

Il demande un siège pour examiner confortablement le contenu du bac à 1 euro. Et s'exécute.
Un quart d'heure plus tard, il vient vers moi avec son choix : 5 livres.
« Vous allez me faire un prix pour tout cela. »

lundi 22 juin 2020

Lecture du Tenancier

Rien de récent (ou si peu), et comme ça lui chante.


Qui n’a pas eu la tentation d’une telle compilation, qui consiste à recenser les ouvrages imaginaires glanés dans la littérature ? Certes, depuis le temps que l’on nous cite l’exemple du Necronomicon (bâillement poli de votre serviteur), il devenait nécessaire de nous fournir d’autres exemples propres à exciter l’amygdale, non loin de notre hippocampe. Le seul obstacle à une telle entreprise résid
e dans l’érudition et la verve accumulatrice de l’auteur, celui-ci devant prouver l’étendue de ses capacités par le nombre d’entrées dans ce registre. On se garde ici de les compter ou même de relever les lacunes. On se contente déjà de ce que l’on trouve en gardant à l’esprit que toute entreprise de recension autour de la littérature et de ses surgeons se voue à l’incomplétude. Satisfaisons-nous alors de l’existence virtuelle d’un ouvrage comme Des trappes à souris et de leur influence sur l’âme et l’activité des chats (dans Le Chat Murr, d’Hoffmann) ou la continuation du canular de l’Action française de façon imprévisible par Jacques Roubaud qui, dans sa série d’Hortense, cite un ouvrage consacré à la Poldévone poldévique, par un certain Henri de Wachtendonck… et puis évidemment Perec et Le Voyage d’Hiver, d’Hugo Vernier, et puis l’œuvre de Ronceraille, et puis, et puis voilà.
Bien évidemment, un tel livre se feuillète de la même manière qu’on le fit avec Le guide de nulle part et d’ailleurs de Manguel et Guadaluppi, ici pour former un périple incertain et là, avec cette Bibliothèque invisible, pour fixer notre goût pour les voyages immobiles, ou presque, dans nos rayonnages. On reviendra dans quelques temps sur ce domaine du livre imaginaire, le sujet se révèle riche ! En attendant, pour vous récompenser de vous avoir fait poireauter dans notre salle d’attente, prenez donc cette prescription : un ou deux notices quand le besoin s’en fait sentir… ça ne vous fera pas de mal. Votre amygdale vous remerciera.

samedi 20 juin 2020

Le lendemain...


Un jour un' petit' châtelaine, enl'vée par des romanichels,
Fut mis' dans un' chambre malsaine,
Tout en haut d' la rue St-Michel ;
La p'tit' au caractèr' rieur, prit joyeusement son malheur :
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Les brigands furieux d'la voir rire lui attachèrent, les mains, les pieds,
Puis par ses cheveux la pendirent au plafond en face du plancher
Puis la laissant là, les voyous allèrent chez l'bistrot boire un coup
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Les bandits jaloux d'son courage un soir à l'heure de l'angélus
La jetèr'nt du sixième étage son corps tomba d'vant l'autobus
L'autobus qui n'attendait qu'ça sur la belle aussitôt passa.
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Mais les assassins s'acharnèrent
Sur elle à coups d'pieds, à coups d'poings
De mill' coups d'poignards la lardèrent
Pour lui faire passer l'goût du pain
Et pour en finir les ch'napans ils la noyèrent dans l'Océan.
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Au moment où la pauvre fille allait remonter sur les flots
Un sous-marin avec sa quille coupa son corps en deux morceaux.
Puis une torpill' qui éclata fit voler le reste en éclats.
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
La tempête, le vent et l'orage soulv'nt les vagues de l'océan
La petit' lutt' avec courage bravant le terribl' ouragan,
Mais le tonnerr' à ce moment tomb' et foudroie la pauvr' enfant.
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Elle disparut dans l'eau profonde
Une baleine lui bouffa les mains
Sa jolie chevelure blonde
Fut arrachée par les requins
Un p'tit' maqu'reau qui s'balladait
Lui barbotta son port' monnaie
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.
 
Vous croyez p't'être qu'elle en est morte
Et cependant il n'en est rien
Après cett' secousse un peu forte
La p'tite ne se sentait pas bien
Elle prit pour se remettr' d'aplomb
Un p'tit cachet d'pyramidon
 
Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir,
Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes,
Avec de l'eau de son arrosesoir.

(Elle était souriante (1908) — Paroles d’Edmond Bouchaud, dit Dufleuve)
Sur la chanson et les conditions de sa création, voir ici.

vendredi 19 juin 2020

Et maintenant, quelques titres de Craig Strete

Toutes mes statues ont des ailes de pierre
Pour voir la cité assise sur ses édifices
Samedi soir au poste d’observation de la femme blanche
Just like Gene Autry (Foxtrot) — version Cherokee de « Jésus-Christ est entré dans notre vie »
Vieille, si vieille, mais sans âge en cette science
Conte de fées à Wounded Knee
Un cheval d’un autre technicolor
Une corde autour de chaque monde
Où ils ont mis les agrafes et pourquoi elle a ri
La cruauté de ton visage
Un lieu pour mourir sur la photographie de ton âme
Pourquoi la vierge Marie n’est-elle jamais entrée dans le wigwam de Standing Bear ?
L’oiseau du piano
Quel fut le premier oscar à recevoir un nègre
L’homme qui saigne
Quand ils parlent
La haine est un amour infiniment douloureux