La précision, en littérature, fait parfois
la différence. Émile Littré aimait bien trousser sa bonne. Sa femme survint : — Je suis surprise, dit-elle. — Non, Madame, vous êtes étonnée, répondit Émile. C'est nous qui sommes surpris. |
mercredi 16 août 2023
Une leçon d'Émile
mardi 15 août 2023
lundi 14 août 2023
Remarque en passant au sujet des bouquinistes des quais de Paris
On s’étonne peu ici de l’engouement
subit à l’égard des
bouquinistes de quai de Seine, sous la menace d’une décision imbécile,
au
prétexte de jeux dispendieux et nationalistes. Tout reste affaire
d’exotisme et
de pittoresque, et que cela. Ces mêmes Parisiens délibérés ne se
manifestent
pas tant lorsque la gentrification fait rage dans la ville, virant les
vioques,
les précaires et les bouquinistes aussi,
ceux en boutique. Je ne possède plus une des petites brochures qui
recensaient
les libraires d’occasion en France publiée encore dans les
années 1990. Il
en resterait un itinéraire fantôme qui procède de la même nostalgie qui
nous
fait découvrir un Picard surgelés à la place d’un cinoche. Au fond, tout
le monde
s’en tape (ou peu s’en faut, c’est-à-dire encore quelques paumés
amateurs de
livres), mais se paye une conscience à bon marché, et c’est tellement « couleur
locale », n’est-ce pas ?
Paf, dans ma bibliothèque !
La chronique, aujourd’hui copieuse,
s’ouvre avec deux livres
neufs, commande qui met un terme à une irrésolution remontant à des
années,
comme on va le découvrir plus loin. Outre ce qui est imparti à votre
serviteur,
ces ouvrages possèdent des points communs intéressants : ils ont
tous deux
été publiés par un autre éditeur et présentaient des lacunes.
On connaît désormais le fait établi par Manchette pour ce qui concerne la Série Noire, avec ses traductions tronquées, destinées à rentrer dans le moule d’un façonnage calibré. L’édition populaire a longtemps obéi à des critères économiques dont la création et la littérature ne constituaient pas forcément la principale variable, quoique cela ait bien pu concourir à sauver quelques ouvrages médiocres en les raccourcissant. Ce livre de Jim Thompson, Pottsville, 1280 habitants, ne rentre certes pas dans cette catégorie et on se demande encore de ce côté-ci de ce clavier quelle malice s’est emparée de Marcel Duhamel, le traducteur et directeur de la collection, en même temps qu’il raccourcit le texte, à diminuer la population dans le titre : 1275 âmes. Où sont passés les cinq absents ? Sans doute obtiendrai-je une réponse dans ce livre que je confesse n’avoir jamais lu, reportant sans cesse sa découverte alors que je connais l’auteur — ma bibliothèque en témoigne — depuis pas mal de temps.
Les Journaux de Kafka furent traduits dans le temps par Marthe Robert. Je me méfie assez des ouvrages republiés sous une nouvelle traduction, soupçonnant plus souvent une affaire de droit qu’une « revisitation » de l’œuvre. Toutefois, l’éditeur, Nous, me semble digne de confiance, peu déçu de ce que je connais du catalogue. Dans les points communs à ces deux livres, il faut évoquer également la stimulation due au papillonnage dans ma bibliothèque pour le Kafka puisqu’il m’a été remis en mémoire par la lecture d’une chronique d’Alejo Carpentier. Pour le Thompson, le nouveau visionnage de Coup de torchon de Tavernier a éveillé la culpabilité latente de ne pas être allé au texte plus tôt. Tout de même, on ne se comportera pas comme Zelig de n’avoir pas lu Moby Dick… Ce qui lie encore ces ouvrages se résume à l’incessante dilation qui a présidé à l’acquisition de ces livres-là. Ma carrière de libraire a consisté à me dire que j’aurais bien le temps de me les procurer, à me cantonner dans l’ignorance — parfois parcellaire puisque j’ai feuilleté le Kafka de temps à autre — au profit d’ouvrages plus fantomatiques : la proie pour l’ombre, en somme. Cette commande groupée vaut pour une réparation, à moi-même et à celle que je dois aux auteurs. Pardon.
Je ne sors presque jamais de ma librairie sans opérer un détour à la boîte à livres. Plaçons ici deux incises :
— « Ma » librairie signifie « celle que je fréquente », terme inusité jusqu’à il y a une dizaine d’années et qui me fait encore tout drôle.
— La boîte à livres ressemble plus à une bibliothèque en plein air et peu abritée du vent et de la pluie. Il faut alors se dépêcher à l’arrivée d’un grain…
Facétie de l’existence, le premier volume dont je m’empare est une revue, Grumeaux, n° 1, édité par Nous, l’éditeur de Kafka, mentionné plus haut. Cela date de 2009, donc pas trop tard pour me dire que je découvrirai quelques poètes contemporains intéressants… ou pas, manière de recoller à une certaine actualité littéraire, mais pas de trop près et sans m’y impliquer plus que ça. La poésie n’est pas le fort de votre Tenancier, savez-vous… Nous allons bien voir.
Le reste paraîtrait bien trivial : cinq Maigret en format poche, classique de la boîte à livre puisque j’ai rentré déjà quelques titres de Simenon (Maigret ou non) de cette provenance. Outre l’intérêt, je perpétue un hommage à ma mère, grande lectrice en général et de cette série en particulier. Sur ces cinq, j’en découvre deux que ma mère, et donc moi, ne possédait pas : Le voleur de Maigret et La colère de Maigret. Il existe pire devoir de mémoire et de façon de rester inconsolable. Les trois autres seront offerts à des amis de passage en mal de lecture (on prépare une caisse à piocher de ces petites choses-là).
La dernière prise démontre que j’assume mes contradictions, dans le sens où la collection Carré Noir (avec ses couvertures merdiques) semble aussi tronquée que la Série Noire pour ce qui concerne les traductions — et mon impéritie renouvelée ici, car après le Thompson, voici que j’avoue ne pas avoir lu Quand la ville dort, de Burnett. Tant pis, je suis déconsidéré auprès des puristes dont je ne jamais prétendu vouloir appartenir, d’ailleurs. Ne me cherchez pas trop, tout de même : j’ai vu le film et lu d'autres Burnett (tout comme Thompson), qu’est-ce que vous croyez ?
Voici donc que j’étais parti quérir deux livres et que je reviens avec six (je ne compte pas les doubles Maigret) qui garniront ma bibliothèque. Seul le doute subsiste au sujet de la revue. Elle rejoindra éventuellement la caisse en préparation.
La place ?
L’on a choisi d’ignorer ce problème à la maison, ce qui conforte notre sérénité…
(Ajoutons un post-scriptum, tant pis pour la longueur : le livre sur la marijuana dont je parlais à la chronique précédente amuse suffisamment ma fille pour que je le lui garde. Rien ne se perd, chez le Tenancier.)
On connaît désormais le fait établi par Manchette pour ce qui concerne la Série Noire, avec ses traductions tronquées, destinées à rentrer dans le moule d’un façonnage calibré. L’édition populaire a longtemps obéi à des critères économiques dont la création et la littérature ne constituaient pas forcément la principale variable, quoique cela ait bien pu concourir à sauver quelques ouvrages médiocres en les raccourcissant. Ce livre de Jim Thompson, Pottsville, 1280 habitants, ne rentre certes pas dans cette catégorie et on se demande encore de ce côté-ci de ce clavier quelle malice s’est emparée de Marcel Duhamel, le traducteur et directeur de la collection, en même temps qu’il raccourcit le texte, à diminuer la population dans le titre : 1275 âmes. Où sont passés les cinq absents ? Sans doute obtiendrai-je une réponse dans ce livre que je confesse n’avoir jamais lu, reportant sans cesse sa découverte alors que je connais l’auteur — ma bibliothèque en témoigne — depuis pas mal de temps.
Les Journaux de Kafka furent traduits dans le temps par Marthe Robert. Je me méfie assez des ouvrages republiés sous une nouvelle traduction, soupçonnant plus souvent une affaire de droit qu’une « revisitation » de l’œuvre. Toutefois, l’éditeur, Nous, me semble digne de confiance, peu déçu de ce que je connais du catalogue. Dans les points communs à ces deux livres, il faut évoquer également la stimulation due au papillonnage dans ma bibliothèque pour le Kafka puisqu’il m’a été remis en mémoire par la lecture d’une chronique d’Alejo Carpentier. Pour le Thompson, le nouveau visionnage de Coup de torchon de Tavernier a éveillé la culpabilité latente de ne pas être allé au texte plus tôt. Tout de même, on ne se comportera pas comme Zelig de n’avoir pas lu Moby Dick… Ce qui lie encore ces ouvrages se résume à l’incessante dilation qui a présidé à l’acquisition de ces livres-là. Ma carrière de libraire a consisté à me dire que j’aurais bien le temps de me les procurer, à me cantonner dans l’ignorance — parfois parcellaire puisque j’ai feuilleté le Kafka de temps à autre — au profit d’ouvrages plus fantomatiques : la proie pour l’ombre, en somme. Cette commande groupée vaut pour une réparation, à moi-même et à celle que je dois aux auteurs. Pardon.
Je ne sors presque jamais de ma librairie sans opérer un détour à la boîte à livres. Plaçons ici deux incises :
— « Ma » librairie signifie « celle que je fréquente », terme inusité jusqu’à il y a une dizaine d’années et qui me fait encore tout drôle.
— La boîte à livres ressemble plus à une bibliothèque en plein air et peu abritée du vent et de la pluie. Il faut alors se dépêcher à l’arrivée d’un grain…
Facétie de l’existence, le premier volume dont je m’empare est une revue, Grumeaux, n° 1, édité par Nous, l’éditeur de Kafka, mentionné plus haut. Cela date de 2009, donc pas trop tard pour me dire que je découvrirai quelques poètes contemporains intéressants… ou pas, manière de recoller à une certaine actualité littéraire, mais pas de trop près et sans m’y impliquer plus que ça. La poésie n’est pas le fort de votre Tenancier, savez-vous… Nous allons bien voir.
Le reste paraîtrait bien trivial : cinq Maigret en format poche, classique de la boîte à livre puisque j’ai rentré déjà quelques titres de Simenon (Maigret ou non) de cette provenance. Outre l’intérêt, je perpétue un hommage à ma mère, grande lectrice en général et de cette série en particulier. Sur ces cinq, j’en découvre deux que ma mère, et donc moi, ne possédait pas : Le voleur de Maigret et La colère de Maigret. Il existe pire devoir de mémoire et de façon de rester inconsolable. Les trois autres seront offerts à des amis de passage en mal de lecture (on prépare une caisse à piocher de ces petites choses-là).
La dernière prise démontre que j’assume mes contradictions, dans le sens où la collection Carré Noir (avec ses couvertures merdiques) semble aussi tronquée que la Série Noire pour ce qui concerne les traductions — et mon impéritie renouvelée ici, car après le Thompson, voici que j’avoue ne pas avoir lu Quand la ville dort, de Burnett. Tant pis, je suis déconsidéré auprès des puristes dont je ne jamais prétendu vouloir appartenir, d’ailleurs. Ne me cherchez pas trop, tout de même : j’ai vu le film et lu d'autres Burnett (tout comme Thompson), qu’est-ce que vous croyez ?
Voici donc que j’étais parti quérir deux livres et que je reviens avec six (je ne compte pas les doubles Maigret) qui garniront ma bibliothèque. Seul le doute subsiste au sujet de la revue. Elle rejoindra éventuellement la caisse en préparation.
La place ?
L’on a choisi d’ignorer ce problème à la maison, ce qui conforte notre sérénité…
(Ajoutons un post-scriptum, tant pis pour la longueur : le livre sur la marijuana dont je parlais à la chronique précédente amuse suffisamment ma fille pour que je le lui garde. Rien ne se perd, chez le Tenancier.)
__________
Jim Thompson : Pottsville, 1280 habitants — Rivages Noir, 2016
Franz Kafka : Journaux — Éditions Nous, 2020
Revue Grumeaux, n°1 — Éditions Nous, 2009
Simenon : Les vacances de Maigret — Le Livre de Poche, 2001
Simenon : Maigret chez le coroner — Le Livre de Poche, 2001
Simenon : Maigret a peur — Le Livre de Poche, 2006
Simenon : Le voleur de Maigret — Le Livre de Poche, 1998
Simenon : La colère de Maigret — UGE Poche, 1997
W.R. Burnett : Quand la ville dort — Gallimard, Carré noir, 1973
dimanche 13 août 2023
10/18 — Aldous Huxley : Les portes de la perception
Aldous Huxley
Les portes de la perception
Traduit de l'anglais par Jules Castier
n° 1122
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quintuple
320 pages
Dépôt légal : 1er trimestre 1977
ISBN : 2-264-00125-9
(Contribution du Tenancier)
Index
Les portes de la perception
Traduit de l'anglais par Jules Castier
n° 1122
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quintuple
320 pages
Dépôt légal : 1er trimestre 1977
ISBN : 2-264-00125-9
(Contribution du Tenancier)
Index
samedi 12 août 2023
Petit intermède colonialiste et crapoteux
« Chassignet
passa une heure agréable dans cette salle,
saluant les serveurs, offrant quelques revues pornographiques à ceux
qu’il
connaissait depuis longtemps et qu’il savait friands de ce genre de
publications introuvables en Égypte. En leur apportant ces images
Chassignet
considérait qu’il faisait œuvre pédagogique car un peu d’éducation
sexuelle des
maris ne pouvait que profiter aux femmes. C’est donc avec le sentiment du devoir accompli qu’il s’engagea dans l’allée fleurie qui mène vers les grilles de l’hôtel. Comme c’était son jour de bonté et qu’en période de ramadan il est conseillé de faire une bonne action quotidienne, il accepta de monter dans une calèche au lieu de faire à pied le kilomètre qui le séparait du café clandestin. Le cocher fut ravi des dix livres que Chassignet lui tendit : “Ce ne sera pas ainsi tous les jours !” lui précisa-t-il. » |
Gérard Oberlé : Nil rouge (1999)
L'on n'a pas trouvé le courage d'aller loin dans cette lecture atterrante. Doit-on s'en étonner : à l'instar de de ceux consacrés à Gérard de Villiers, Libération a commis des articles élogieux sur ce triste personnage. Nous tenons peut-être là, en définitive, une sorte d'indicateur pour les productions indigentes.
vendredi 11 août 2023
10/18 : Mémoires du duc de Saint-Simon
Saint-Simon
Mémoires
Choix et présentation par Paul Galleret
n° 912
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
443 pages (448 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1975
Achevé d'imprimer : 24 décembre 1974
(Contribution du Tenancier)
Index
Mémoires
Choix et présentation par Paul Galleret
n° 912
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
443 pages (448 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1975
Achevé d'imprimer : 24 décembre 1974
(Contribution du Tenancier)
Index
jeudi 10 août 2023
10/18 - Georges Bataille : Le Bleu du Ciel
Georges Bataille
Le Bleu du Ciel
n° 465
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
184 pages (192 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 1er trimestre 1970
Achevé d'imprimer : 30 avril 1971
Nouveau tirage :
Dessin de couverture par Hans Bellmer
Juin 1997
Volume triple
(Contribution du Tenancier & mise à jour)
Index
mercredi 9 août 2023
mardi 8 août 2023
Duras
Je n'ai pas réussi à identifier l'illustrateur, si quelqu'un dans l'assistance le sait, je me ferais un plaisir de le mentionner...
Merci à Paul qui a mentionné l'auteur : Denis Pessin.
Merci à Paul qui a mentionné l'auteur : Denis Pessin.
lundi 7 août 2023
10/18 — Malek Haddad : Je t'offrirai une gazelle
Malek Haddad
Je t'offrirai une gazelle
n° 1249
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double
125 pages (128 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 19 mai 1978
(Contribution du Tenancier)
Index
Je t'offrirai une gazelle
n° 1249
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double
125 pages (128 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 19 mai 1978
(Contribution du Tenancier)
Index
dimanche 6 août 2023
Paf, dans ma bibliothèque !
Le fond de cette rubrique se résume
en somme à quelques
expectations autour de l’acquisition d’un livre, qu’il fut acheté ou
bien sauvé
plus ou moins provisoirement du trottoir. Ici, l’on ne critique pas, faute de temps. En
effet,
l’exploration d’un ouvrage ne suit pas forcément la prise. Je relis
également,
passion qui survient à un certain âge (que je commence à avoir) et qui
se
figure qu’il possède du temps devant lui. L’inconscient se conduit
comme la citoyenne Bécu avec son bourreau en lui réclamant encore cinq minutes, à moins
que la
perception lénifiante des années qui passent nous prépare au grand
saut. Cette
dilation reste néfaste à l’apprentissage de la nouveauté. L’on revient
aux
vieilles ornières, souvent encouragé par le contenu des boîtes à livres
où je
trouve quelquefois des ouvrages que je vendais lors de mes débuts
en
librairie à la toute fin des années 1970. Pour être honnête,
quelques bouquins
récents y échouent également et, toute révérence gardée, qu’est-ce que
vous
voulez que je foute des conneries « mainstream » et des
livres pratiques ?
À mon passage, le jour
où je vous écris ceci (c'est-à-dire pour vous il y a quinze jours),
j’ai failli prendre un Denis Lehane en Rivages
noir et
puis j’ai renoncé en raison de la tonne de polars qui m’attendent et
qui ne
sont même pas des relectures !
En revanche le premier des deux ouvrages capturés m’a vivement amusé. Même si le sujet de la marijuana a, de façon certaine, été abordé depuis avec une exhaustivité augmentée par les années qui passent. En effet, l’édition originale américaine date de 1971, la Française de 1973. Il devient alors récréatif de considérer qu’un ouvrage identique, traité à l’heure actuelle, sur une pagination similaire, s’exprimerait plus brièvement sur ce qui se déroula 50 ans plus tôt. Reste donc l’intérêt sociologique : comment un toubib appréhendait le phénomène à l’époque alors que, désormais, la marijuana est légalisée dans plusieurs états étatsuniens ? Ce livre aura une existence écourtée dans ma bibliothèque, le temps de le feuilleter en diagonale, de combler ma curiosité non sur le fond, mais sur la forme et la sensibilité de l’époque, autre que le point de vue de la littérature. Tel le pêcheur sportif, je rejetterai le spécimen à la baille. On me demandera peut-être : « Et vous, Tenancier, fumez-vous ces choses-là ? » Mettez cela au passé lointain, voulez-vous ? Je puis vous avouer que ce genre de consommation me rend désormais parano assez rapidement et me renvoie à une situation inconfortable, sans compter que j’embarrasse les personnes autour de moi. Proposez-moi donc à la place un bon verre de Bourgogne, s’il vous plaît.
Merci.
L’autre livre fait partie de cette production qui a longtemps habité les rayons des librairies universitaires. Nous avons déjà croisé les Que sais-je ? Ici, les Classiques du XXe siècle se consacre à la littérature, tout comme la plus célèbre collection du Seuil : Écrivains de toujours, par exemple. Bien entendu, je possède quelques Bloy sur mes étagères, honneur douteux, je l’admets, que je ne concède pas à des types comme Céline. Allez donc savoir ce qui détermine cette différence de traitement… sans doute la qualité des auteurs ou bien ce qui nous fait préférer l’original aux suiveurs sinon aux plagiaires. Ce livre-là fait partie de ce que l’on peut appeler de la documentation, le genre de chose que l’on aime bien avoir sous la main, même si internet en a scellé le sort. Il va donc être rangé en appendice des quelques ouvrages de Bloy sur l’étagère.
Solomon H. Snyder : La marijuana — Seuil, Point Actuels, 1981
Georges Cattaui : Léon Bloy, Éditions universitaires, Classique du XXe siècle, 1954
En revanche le premier des deux ouvrages capturés m’a vivement amusé. Même si le sujet de la marijuana a, de façon certaine, été abordé depuis avec une exhaustivité augmentée par les années qui passent. En effet, l’édition originale américaine date de 1971, la Française de 1973. Il devient alors récréatif de considérer qu’un ouvrage identique, traité à l’heure actuelle, sur une pagination similaire, s’exprimerait plus brièvement sur ce qui se déroula 50 ans plus tôt. Reste donc l’intérêt sociologique : comment un toubib appréhendait le phénomène à l’époque alors que, désormais, la marijuana est légalisée dans plusieurs états étatsuniens ? Ce livre aura une existence écourtée dans ma bibliothèque, le temps de le feuilleter en diagonale, de combler ma curiosité non sur le fond, mais sur la forme et la sensibilité de l’époque, autre que le point de vue de la littérature. Tel le pêcheur sportif, je rejetterai le spécimen à la baille. On me demandera peut-être : « Et vous, Tenancier, fumez-vous ces choses-là ? » Mettez cela au passé lointain, voulez-vous ? Je puis vous avouer que ce genre de consommation me rend désormais parano assez rapidement et me renvoie à une situation inconfortable, sans compter que j’embarrasse les personnes autour de moi. Proposez-moi donc à la place un bon verre de Bourgogne, s’il vous plaît.
Merci.
L’autre livre fait partie de cette production qui a longtemps habité les rayons des librairies universitaires. Nous avons déjà croisé les Que sais-je ? Ici, les Classiques du XXe siècle se consacre à la littérature, tout comme la plus célèbre collection du Seuil : Écrivains de toujours, par exemple. Bien entendu, je possède quelques Bloy sur mes étagères, honneur douteux, je l’admets, que je ne concède pas à des types comme Céline. Allez donc savoir ce qui détermine cette différence de traitement… sans doute la qualité des auteurs ou bien ce qui nous fait préférer l’original aux suiveurs sinon aux plagiaires. Ce livre-là fait partie de ce que l’on peut appeler de la documentation, le genre de chose que l’on aime bien avoir sous la main, même si internet en a scellé le sort. Il va donc être rangé en appendice des quelques ouvrages de Bloy sur l’étagère.
Solomon H. Snyder : La marijuana — Seuil, Point Actuels, 1981
Georges Cattaui : Léon Bloy, Éditions universitaires, Classique du XXe siècle, 1954
Post
scriptum : l'état du livre sur Bloy, avec sa mouillure sur le
premier plat ne paraît pas très alléchant. On rétorquera "qu'à cheval
donné, etc.", que l'intérieur reste très correct, que c'est un
ouvrage très secondaire et qu'enfin, rien ne m'empêche d'en rechercher
un plus beau. Mais, justement, en ai-je envie ?
samedi 5 août 2023
Nécrologie
On annonce le décès de Philippe Curval. Je me souviendrai du plaisir éprouvé à son contact, comme invité à mes émissions de radio ou lorsque je l’ai publié. Décidément, le catalogue de l’astronaute mort commence à mériter ce nom… |
10/18 — Vernon Sullivan : Et on tuera tous les affreux
Vernon Sullivan
Et on tuera tous les affreux
Traduit de l'américain par Boris Vian
n° 518
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
192 pages
Dépôt légal : 4e trimestre 1970
Achevé d'imprimer : 10 novembre 1977
(Contribution du Tenancier)
Index
Et on tuera tous les affreux
Traduit de l'américain par Boris Vian
n° 518
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
192 pages
Dépôt légal : 4e trimestre 1970
Achevé d'imprimer : 10 novembre 1977
(Contribution du Tenancier)
Index
vendredi 4 août 2023
Mort aux robots !
Illustration de R. Kikuo Johnson
[…] Il
parlait sans hésitation, le souffle court, sans
rechercher la précision. Apparemment, elle était désormais superflue
pour lui.
— Depuis deux cent cinquante ans, la machine a entrepris de remplacer l’Homme en détruisant le travail manuel. La poterie sort de moules et de presses. Les œuvres d’art ont été remplacées par des fac-similés. Appelez cela le progrès si vous voulez ! Le domaine de l’artiste est réduit aux abstractions ; il est confiné dans le monde des idées. Son esprit conçoit et c’est la machine qui exécute. Pensez-vous que le potier se satisfasse de la seule création mentale ? Supposez-vous que l’idée suffise ? Qu’il n’existe rien dans le contact de la glaise elle-même, qu’on n’éprouve aucune jouissance à voir l’objet croître sous l’influence conjuguée de la main et de l’esprit ? Ne pensez-vous pas que cette croissance même agisse en retour pour modifier et améliorer l’idée ? — Vous n’êtes pas potier, dit le Dr Calvin. — Je suis un artiste créateur ! Je conçois et je construis des articles et des livres. Cela comporte davantage que le choix des mots et leur alignement dans un ordre donné. Si là se bornait notre rôle, notre tâche ne nous procurerait ni plaisir ni récompense. « Un livre doit prendre forme entre les mains de l’écrivain. Il doit voir effectivement les chapitres croître et se développer. Il doit travailler et retravailler, voir l’œuvre se modifier au-delà du concept original. C’est quelque chose que de tenir les épreuves à la main, de voir le texte imprimé et le remodeler. Il existe des centaines de contacts entre un homme et son œuvre à chaque stade de son élaboration… et ce contact lui-même est générateur de plaisir et paie l’auteur du travail qu’il consacre à sa création plus que ne pourrait le faire aucune autre récompense. C’est de tout cela que votre robot nous dépouillerait. — Ainsi font une machine à écrire, une presse à imprimer. Proposez-vous de revenir à l’enluminure manuelle des manuscrits ? — Machines à écrire et presses à imprimer nous dépouillent partiellement, mais votre robot nous dépouillerait totalement. Votre robot se charge de la correction des épreuves. Bientôt il s’emparera de la rédaction originale, de la recherche à travers les sources, des vérifications et contre-vérifications de textes, et pourquoi pas des conclusions. Que restera-t-il à l’érudit ? Une seule chose : le choix des décisions concernant les ordres à donner au robot pour la suite du travail ! Je veux épargner aux futures générations d’universitaires et d’intellectuels de sombrer dans un pareil enfer. Ce souci m’importait davantage que ma propre réputation, et c’est pour cette raison que j’ai entrepris de détruire l’U.S. Robots en employant n’importe quel moyen. — Vous étiez voué à l’échec, dit Susan Calvin. — Du moins me fallait-il essayer, dit Simon Ninheimer. Susan Calvin tourna le dos et quitta la pièce. Elle fit de son mieux pour ne point éprouver un élan de sympathie envers cet homme brisé. Nous devons à la vérité qu’elle n’y parvint pas entièrement. |
jeudi 3 août 2023
mercredi 2 août 2023
Une historiette de Béatrice
mardi 1 août 2023
lundi 31 juillet 2023
Et maintenant, quelques titres de Raphael Aloysius Lafferty
Les six
doigts du temps Snif-snif Pffuit ! Porc piégé Chez les terriens velus Comment refaire Charlemagne Le trou dans le coin Chameaux et dromadaires, clem La grande carcasse Configuration du rivage nord Voyage en conserve L’homme tout-à-la-fois Histoire d’un crocodile secret Parfaite et entière chrysolite La suite au prochain rocher Vieux pied oublié La fée interurbaine L’homme-dans-le-fond Captifs de la gangue du temps Tout sauf les mots Grinçantes charnières du monde Le jour où toutes les terres rejailliront Autobiographie d’une machine ktistèque Rangle Dang Kaloof Situation inhabituelle à Summit City Le congrès des créatures Que votre mur soit blanchi La saison de la fièvre cérébrale Fantômes de sélénium des années 1870 Et tous les cieux sont remplis de poissons Tous les morceaux de la rive du fleuve |
Allez donc voir là pour en savoir plus.
dimanche 30 juillet 2023
samedi 29 juillet 2023
Paf, dans ma bibliothèque !
Allons bon ! À peine cette
rubrique créée et la voici
dévoyée par une intention autre que celle annoncée par son titre. Ce
livre n’est
pas destiné à ma bibliothèque, mais à ma fille aînée qui aura sans
doute besoin
d’un peu de documentation pour ce qui concerne le mobilier et la
décoration (à
ce propos, si vous avez des choses un peu techniques et pas chères…)
Admettons
que le présent volume vaut surtout pour un clin d’œil, car le savoir,
condensé et vieilli,
demeure succinct. En somme, je prends un soupçon d’avance avec cette
acquisition
parce que, cassant ma pipe un de ces jours, mes filles se partageront
ma
bibliothèque et dilapideront le reste — sic
transit… — chez un bouquiniste ou un libraire, bref. Quand même, un
Que sais-je
: marqueur de générations successives dont on commence à perdre la
trace dans
le paysage des librairies à mesure de la progression des encyclopédies
en ligne
et du moindre besoin de « se lasser de tout, excepté de
connaître ».
Quelques exemplaires usés traînent chez certains bouquinistes,
peut-être dubitatifs
sur les espoirs de vente qui s’amenuisent pour certains titres : L’acoustique des bâtiments, Chimie de la
beauté qui, en 1961, date
de l’ouvrage ou figurent ces titres parmi d’autres au deuxième plat de
couverture, fleurent l’obsolescence, profitable seulement à un bizarre
épistémologue, allez savoir. Je vais le feuilleter quand même,
celui-là, parce
que cela m’amuse. Si cela n’intéresse pas ma fille, il retournera dans
la boîte
à livre où il fut découvert — on en rend parfois, mais moins que ce
que l’on
prend, n’est-ce pas ? Pour conclure ce blablatage, évoquons la
bibliothèque garnie de ces ouvrages dans Tchao
Pantin, naïveté qui voudrait posséder le monde de cette manière...
Je me
rends compte que j’en possède peu chez moi, un sur la SF, un autre sur
la
littérature fantastique (manie de la « documentation »,
gardée malgré
la séparation de 95% de ma bibliothèque spécialisée), quelques-uns sur
l’histoire,
et puis quoi ? Et vous, ça ne vous est jamais arrivé de rêver
devant l’extrait
du catalogue, en retournant un Que sais-je ?
Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961
Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961
vendredi 28 juillet 2023
jeudi 27 juillet 2023
Inscription à :
Articles (Atom)