L'auteur prévient loyalement les Papes qui voudraient se reconnaître
des ces pages qu'ils ne sont pas mis en cause. Ceux à qui mes salades ne plaisent pas n'ont qu'à ligoter le Bottin.
S.A. |
samedi 28 avril 2018
Avertissement
vendredi 27 avril 2018
Il m'en manque un !!!
Oui, il
m’en
manque un ! Quelque fois les lacunes dans les
collections sont réconfortantes, le destin nous invite encore un peu à
chercher. On se plait à imaginer que nous ne sommes pas encore devant
le terme, ce trou noir qui fit tant d’effroi à Jacques Sternberg
lorsque je l’avais croisé une ou deux fois par le passé. De Jacques Sternberg on ne voudra rien dire de plus que sa volubilité intarissable, son agitation permanente qui nous fit faire des prouesses dans l’enregistrement d’une émission de radio consacrée à l’une de ses parutions. D’autres que moi sauront mieux raconter qui il fut. Pourtant, je pense être l’un des rares à conserver ce vestige venu des lointains : Le Petit Silence Illustré, embryon d’une autre revue publiée 20 ans après et qui devait s’appeler Le Mépris. Celle-ci ne dépassa pas trois numéros, d’après nous. Mais aurait-il eu la patience d’aller plus loin ? |
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Le Petit Silence Illustré eut
de nombreux collaborateurs, outre Sternberg : Pierre Bettencourt Jacques Bergier Jean Frapat Albert Bilder Pierre Versins Philippe Curval Valérie Schmidt René de Obaldia Marcel Béalu Folon Etc. |
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On
peut cliquer sur les couvertures pour les agrandir |
Les
habitués de ces colonnes savent à quel point on est nostalgique. Cette
revue
continue encore à
être le support d’une certaine rêverie, de la recherche d’une saveur
lointaine, à la limite des papilles, au coin du regard. Le Petit Silence Illustré fait
encore rire le Tenancier. Nombre de ces collaborateurs se retrouveront par la suite dans le petit monde de la SF et fréquenteront le fameux Déjeuner du Lundi qui continue d’exister encore à l’heure actuelle… D’autres iront vers les sentiers de la poésie du théâtre ou de la littérature. La revue consistait en une série de feuillets, à l'ancien format 21 X 27 cm, imprimés sur offset de bureau pliés dans le sens de la hauteur. Excepté le n° 1, les feuillets étaient de plusieurs couleurs : rose, jaune, vert, bleu et – toujours à l’exception du n° 1 – étaient revêtus d’une couverture imprimée d’un photomontage de Philippe Curval. Alors voilà, il nous manque le n° 6 ! Soyez vigilants. Le Tenancier vous en est déjà reconnaissant ! On sait qu'un numéro hommage fut publié des années après, on en sait peu sur le sujet, mais un lecteur éventuel nous fera sans doute le bonheur de ramener sa science. On l'en remercie par avance. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.
(Ce billet a été publié en
août 2009 sur le blog Feuilles
d'automne)
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Anglaises
Anglaises
: Longues boucles de cheveux pareilles à celles dont se coiffent
volontiers les dames britanniques. Elles ont été surtout à la mode en
France vers 1840. — « Une femme aux anglaises blondes lui heurte le
bras. » (Monselet.)
Anglaises : Latrines à l'anglaise, c'est-à-dire munies d'une cuvette à soupape.
Anglaises : Latrines à l'anglaise, c'est-à-dire munies d'une cuvette à soupape.
jeudi 26 avril 2018
Je les ai tous !
Je les ai tous !
Mais quand même, on est bien aise lorsque l’on a complété une série sans se fouler. Au début des années 80, les 3 volumes ci-dessous étaient trouvables dans les fonds d’éditions soldés à un prix que même l’économiquement faible que je fus pouvait se permettre. Le Tenancier a l’honneur de vous présenter l’héritier spirituel du Petit Silence Illustré que l'on retrouvera plus tard dans ces colonnes.
Les collaborateurs ont changé, l’esprit est resté et s’est même rendu encore plus attrayant par le confort d’une impression nette sur du papier blanc. Quel progrès.
Outre Jacques Sternberg, vous découvrirez les lignes ou les traits de :
Roland Topor
Gourmelin
Lucques
André Frédérique
Roland Bacri
Nicoulaud
Etc.
Ces trois volumes ont un format in-8° de 80 pages chaque. Pages collées et non brochage, hélas, ce qui rend les volumes extrêmement fragiles, car les feuillets risquent de se détacher, à cause du vieillissement de la colle. L’autre défaut est le décollement de la couverture pour les mêmes raisons, fait courant dans les publications Kesselring, éditeur suisse qui publia dans de nombreux genres, pas toujours avec une main heureuse.
Qu’importe, du reste, Mépris reste un petit moment de méchanceté joyeuse et également de poésie allègre.
On remarquera que le numéro 1 comporte un dessin de Topor qui sera repris par le même pour Amnesty international à l’usage d’une de ses campagnes d’affichage. Nous avons lu sur le site de cette respectable organisation que c’est cette affiche fit connaître Topor. Tout Tenancier dans notre tour d’ivoire que nous sommes, nous nous tapons sur le ventre et rigolons un brin : nous nous disons quant à nous que si ce rédacteur avait momentanément abandonné son inculte solipsisme, il aurait rendu hommage à Topor pour avoir mobilisé l’opinion publique autour d’Amnesty avec ce dessin désormais mondialement connu, et pour cause…
On ne pense pas que Topor avait besoin de cela pour se faire connaître.
Et voilà, lecteurs transis, sachez qu’à notre connaissance l’édition originale de ce dessin figure bien sur la couverture du Mépris en date d’octobre 1973.
Que trois numéros, disais-je. Lassitude de Sternberg, manque de persévérance de l’éditeur ? Les journées de Mr Vase de Gourmelin et Sternberg nous manquent, ainsi que Les Questions de Topor et, bien sûr, les critiques de livres en fin de volume...
(Billet paru en août 2009 sur le blog Feuilles d'automne)
Anglais sont débarqués (les)
Anglais
sont débarqués (les)
: Ces mots désignent un incommodité périodique chez la femme. Allusion
à la couleur favorite de l'uniforme britannique.
Il est aussi brave
Que sensible amant,
Des anglais il brave
Le débarquement
(Chansons. Impr. Chastaignon, 1851.)
Recueils de la bibl. nationale.
Il est aussi brave
Que sensible amant,
Des anglais il brave
Le débarquement
(Chansons. Impr. Chastaignon, 1851.)
Recueils de la bibl. nationale.
mercredi 25 avril 2018
10/18 — René Boylesve : La leçon d'amour dans un parc
René Boylesve
La leçon d'amour dans un parc
Préface d'André Bourin
n° 1921
Paris, Union Générale d’Éditions
Coll. 10/18
Série « Fins de siècles »
dirigée par Jean-Baptiste Baronian
224 pages
Couverture : Les deux cousines (détail) par Watteau (archives privées)
ISBN : 2-264-01116-5
(Contribution de SPiRitus)
Index
La leçon d'amour dans un parc
Préface d'André Bourin
n° 1921
Paris, Union Générale d’Éditions
Coll. 10/18
Série « Fins de siècles »
dirigée par Jean-Baptiste Baronian
224 pages
Couverture : Les deux cousines (détail) par Watteau (archives privées)
ISBN : 2-264-01116-5
(Contribution de SPiRitus)
Index
Anglais
Anglais
: Créancier. — Mot ancien. On est d'autant plus porté à le regarder
comme une allusion ironique aux Anglais, que les Français se moquaient
volontiers de leur perpétuel ennemi. — Ainsi, milord et goddem sont employés ironiquement
dès le moyen âge. V. Milord, Goddem.
Malgré des avis contraires mais appuyés selon nous par des exemples trop peu concluants, c'est encore l'opinion de Pasquier qui nous semble préférable. Il fait venir ce terme des réclamations des Anglais qui prétendaient que la rançon du roi Jean, fixée à trois millions d'écus d'or, par le traité de Brétigny, n'avait pas été entièrement payé.
Malgré des avis contraires mais appuyés selon nous par des exemples trop peu concluants, c'est encore l'opinion de Pasquier qui nous semble préférable. Il fait venir ce terme des réclamations des Anglais qui prétendaient que la rançon du roi Jean, fixée à trois millions d'écus d'or, par le traité de Brétigny, n'avait pas été entièrement payé.
Oncques ne vys Anglois de votre
taille,
Car à tout coup, vous criez : baille, baille !
Car à tout coup, vous criez : baille, baille !
(Marot.)
On trouve des
exemples d'Anglais dans la Légende de Pierre Faifeu. M. Fr.
Michel a relevé cette mention dans les poésie de Guillaume Crétin (XVe
siècle.) :
Et aujourd'hui je faictz
solliciter
Tous mes Angloys, pour mes restes parfaire,
Et le payement entier leur staisfaire.
« Assure-toi que ce n'est point un Anglais. » (Montépin.)Tous mes Angloys, pour mes restes parfaire,
Et le payement entier leur staisfaire.
mardi 24 avril 2018
Âne de Buridan (être comme l')
Âne
de Buridan (être comme l')
: Ne savoir que décider. — « Buridan est un dialecticien du XVIe
siècle. Pour prouver le livre arbitre des animaux, il supposait un âne
également pressé par la soif et par la faim, le plaçait entre un
picotin d'avoine et un seau d'eau, également distants, faisant sur lui
la même impression et il demandait : » Que fera cet âne ? » (Rozan.)
lundi 23 avril 2018
Jeu : Lew et Billy
Dans l’histoire du far-ouest, votre
Tenancier biche assez un
auteur comme Lewis Wallace. Aurait-il fait son chemin de Damas, et
trouvé la
foi dans l’enluminure sulpicienne de Ben
Hur ? Eh bien non. Mais la biographie du sieur Wallace se
révèle
intéressante. Pêle-mêle, il est un général nordiste de la guerre de
Sécession,
avocat, préside à la condamnation des conjurés contre Lincoln, rédige Ben
Hur et autres péplums bibliques,
devient ambassadeur, et efin, toujours dans le désordre, gouverneur du
Nouveau-Mexique — où il amnistie
un
certain Billy the Kid, avant de réactiver les poursuites contre lui...
Quelques
fois, la vie des auteurs devient plus ludique que leurs écrits. Si l’on
voit
que l’écriture reste de toute façon une activité annexe — bien que
lucrative —
chez ce personnage, il n’en demeure pas moins qu’il illustre cette
volonté très
américaine de démontrer que l’on a vécu plusieurs vies, brevet
indispensable
pour passer à la postérité littéraire.
Cela nous donne l'idée d'une devinette :
Sachant que la tête de Jesse James valait, vers 1878, près de dix mille dollars, pouvez-vous indiquer le montant de la mise à prix de Billy the Kid par Lew Wallace ?
Si vous ne trouvez pas, votre Tenancier chéri vous donnera la réponse ce lundi qui vient.
Cela nous donne l'idée d'une devinette :
Sachant que la tête de Jesse James valait, vers 1878, près de dix mille dollars, pouvez-vous indiquer le montant de la mise à prix de Billy the Kid par Lew Wallace ?
Si vous ne trouvez pas, votre Tenancier chéri vous donnera la réponse ce lundi qui vient.
Quelques jours ont passé et le moins
qu'on puisse dire est que cette petite devinette n'a pas eu beaucoup de
succès. Il est vrai que celle-ci ne fait pas appel à l'astuce,
l'intelligence, mais simplement à la possibilité de délivrer cette
information. Pour notre part, et pour la mémoire de Billy, nous
trouvons la teneur de cette information scandaleuse :
J.-L. Rieupeyrout : Histoire du Far-West (1967)
Et à propos de Billy rappelons au curieux — car l'amateur est au courant depuis un bail — de l'existence du présent volume :
Merci de votre attention, vous pouvez reprendre une existence normale...
Pourtant désireux de mener à bien sa mission, le gouverneur Wallace tenta l'impossible : rencontrer Billy the Kid afin de lui parler et de le convaincre de rentrer dans le rang. Une belle scène à faire ! Un climax passionnant. L'entrevue se déroula conformément au plan élaboré. Le Kid vint, répondit à l'auguste fonctionnaire et repartit non convaincu. Entre l'ordre, la légalité et lui, le desperado rompit délibérément les ponts. Les document manquent par trop pour connaître les raisons véritables de son refus mais à la vue d'un Brady ou d'un Peppin, représentants d'une loi assez tolérante pour autoriser les massacres collectifs, n'est-il pas permis d'accepter la décision de celui qui n'y croyait plus ? En désespoir de cause, le brave gouverneur promit cinq cent dollars à qui « capturerait William Bonny alias le Kid et le livrerait à tout shérif du Nouveau-Mexique » avec l'appui « des preuves satisfaisantes de son identité ». Maigre somme pour un jeune tueur aussi actif. Dans le même temps un Jesse James valait dix mille dollars. Il est vrai que les banques et les chemins de fer finançaient la chasse à l'homme au Missouri. Ici, au Nouveau-Mexique, un gouverneur près de ses sous n'en pouvait mais. |
J.-L. Rieupeyrout : Histoire du Far-West (1967)
Et à propos de Billy rappelons au curieux — car l'amateur est au courant depuis un bail — de l'existence du présent volume :
Merci de votre attention, vous pouvez reprendre une existence normale...
Andouille
Andouille
: Personne sans énergie, aussi molle qu'une andouille. Un vrai
maladroit s'appelle andouille ficelée.
jeudi 19 avril 2018
mercredi 18 avril 2018
Anchois (œil bordé d')
Anchois
(œil bordé d')
: Œil aux paupières rougies et dépourvues de cils. L'allusion sera
comprise par tous ceux qui ont vu des anchois découpés en lanières. — «
Je veux avoir ta femme. — Tu ne l'auras pas. — Je l'aurai, et tu
prendras ma guenon aux yeux bordés d'anchois. » (Vidal, 33.)
mardi 17 avril 2018
Bibliographie : Les cahiers de l'imaginaire — n° 3/4 : Marcel Brion + Varia
Anchtibber
Anchtibber
: Arrêter. (Rabasse.) — Ce serait mot à mot : mettre en botte,
chausser. V. Chtibbe.
lundi 16 avril 2018
Un accessoire de typographe
Dans les ateliers, la machine à cintrer les guillemets était l’équivalent de la désopilante clé du champ de tir des militaires. Plus d’un apprenti fut envoyé la quérir ; parfois avec une brouette. Selon Chautard 1937, quelques benêts désireux de ne pas rentrer bredouilles se rendaient chez un forgeron. |
in : Orthotypographie — Article Guillemets — par Jean-Pierre Lacroux, disponible en ligne ici.
Ancien
Ancien
: Mot d'amitié. il peut se dire à un jeune homme et signifie : ancien ami. Mon vieux offre la même idée.
Ancien : Vieillard. V. Asphyxier.
Ancien (l') : Napoléon Ier. Mot à mot : l'ancien souverain. Une caricature de 1830 porte cette légende : « Vive Napoléon II ! — Tais ta langue, patriote, n'parle pas du fils de l'ancien ; ce n'est plus qu'un Autrichien élevé à l'école d'un jésuite. »
Ancien : Élève de première promotion à l'École polytechnique ou à l'École de Saint-Cyr. V. Absorption.
Ancien : Vieillard. V. Asphyxier.
Ancien (l') : Napoléon Ier. Mot à mot : l'ancien souverain. Une caricature de 1830 porte cette légende : « Vive Napoléon II ! — Tais ta langue, patriote, n'parle pas du fils de l'ancien ; ce n'est plus qu'un Autrichien élevé à l'école d'un jésuite. »
Ancien : Élève de première promotion à l'École polytechnique ou à l'École de Saint-Cyr. V. Absorption.
samedi 14 avril 2018
Dernier inventaire avant le saccage ?
Bibliothèque Le Taslu, Zone À Défendre, Notre-Dame des Landes
On peut en apprendre plus ici et, sinon, auprès des Zadistes...
Amoureux des onze mille vierges
Amoureux
des onze mille vierges
: « Dans le sens où l'on entend ce proverbe, dit M. Charles Rozan,
aimer les onze mille vierges, c'est aimer toutes les femmes, c'est
croire, dans le feu de la première jeunesse, que toutes les femmes
sont également dignes de notre amour. » — Ce chiffre de onze mille est
une allusion à la tradition du martyre de sainte Ursule et des onze
mille vierges, ses compagnes, mises à mort par les Huns, près de
Cologne, vers 384.
vendredi 13 avril 2018
Avertissement
Pas
d'erreur les mecs ! le baratin qui suit ne concerne pas des petits
futés existant ou ayant existé. Ceux qui voudraient jouer les gros bras tomberaient sur un os.
S.A.
|
Amour
Amour
: Aimable comme l'Amour. — « Armé de son registre, elle attendait de
pied ferme ces amours d'abonnés. » (L. Reybaud.) — « Comme j'ai été
folle de Mocker ; quel amour de dragon poudré ! » (A. Frémy.)
Amour a fini par s'appliquer dans le sens de « aimable » à la première chose venue. — « Quel amour de mollet ! Il faut que je le baise. » (E. Villars.) — « Je mourrais d'ennui par ici, moi. J'ai trouvé, rue de la Paix, un amour d'appartement. (Dumas fis, le Demi-Monde.)
Amour a fini par s'appliquer dans le sens de « aimable » à la première chose venue. — « Quel amour de mollet ! Il faut que je le baise. » (E. Villars.) — « Je mourrais d'ennui par ici, moi. J'ai trouvé, rue de la Paix, un amour d'appartement. (Dumas fis, le Demi-Monde.)
jeudi 12 avril 2018
Point Vernal
Il est parfois des moments de grâce
dans la vie d'un libraire. Celui on l'on rencontre un client qui vous
énumérera les merveilles de sa bibliothèque et dont vous ne ressentirez
nulle jalousie ou nul dépit. Simplement parce que cette personne
passionnée vous parlera avec sincérité du plaisir de vivre en compagnie
de cette reliure ou de cette exemplaire un peu rare. Il y a aussi les
fois où l'on ouvre une caisse, ou lorsque l'on fait l'acquisition d'un
livre qui charme tout de suite, parce qu'on l'attendait depuis
longtemps sans le savoir, ou parce qu'il manquait dans votre
bibliothèque, un manque de nature presque stupéfiante. Du reste, les
deux hypothèses se valent puisque c'est là l'assouvissement d'un désir,
de toute façon. D'autres ouvrages se laissent désirer. Telle vilaine
reliure, tel méchant livre en apparence devient tout à coup un trésor
parce que vous n'aviez pas réalisé qui se cachait derrière le nom du
poète, ou derrière ce texte. Sans doute aussi parce que vous
l'ignoriez, car le métier de libraire est fait d'ignorance. Le livre a
pu demeurer dix ans à côté de vous, jusqu’à ce jour.
Je crois me souvenir que dans L'Île mystérieuse, de Verne,
Harbert s'exclame : « Quel grand livre ferait-on avec tout ce que l'on
sait ! » et Cyrus Smith de répondre : « Et quel plus grand livre encore
ferait-on avec ce que l'on ne sait pas ! ». La citation est
approximative et l'on m'en excusera. Mais le métier de libraire c'est
cela, c'est remplir encore et encore le grand livre de l'ignorance et
essayer de tenir à jour tant bien que mal, au jour le jour le calepin
de ce que l'on sait. Chaque personne qui lit un peu connaît cela :
chaque livre découvert en amène d'autres qui, eux-mêmes, en apportent
encore comme un champ de possibles qu'il ne sera humainement pas
accessible dans sa totalité. Et puis, il y a soudainement le moment où,
tout libraire ignare que vous êtes, vous atteignez une sorte de
plénitude : on vous demande ce que vous savez, votre intuition vous
fait conseiller le bon livre, votre patron – lorsque vous êtes salarié
– arrête de parler tout seul pendant une petite heure, vous rencontrez
une femme dans la librairie que vous allez aimer et avec laquelle vous
aurez des enfants, vous vous y faites des amis et ceux-ci vous
emportent plus loin que vous n'osiez l'espérer. Et puis il fait beau
dehors et ce que vous faites au quotidien vous paraît à ce moment moins
terne, moins banal. Et alors on se dit que l'on a bien fait, un jour de
laisser tomber ce pourquoi on avait été programmé, c'est à dire à rien.
On se dit également que ce métier-là fait accéder à une certaine
dignité, pour peu que l'on se respecte et que l'on respecte les autres.
On se dit encore que ce métier est un perpétuel apprentissage et que la
somme de ce que l'on sait pèse peu dans la balance face au savoir des
autres. Mais, tant qu'à faire, autant demeurer un livre ouvert pour
espérer la réciproque. Tout se conjugue pour cette sorte de félicité
tranquille, ce point vernal de la quiétude qui vous rend assuré de vos
amis et de vos proches, vous tranquillise sur vos doutes quant à ce que
vous croyez savoir.
Sans doute parce que vous voulez savoir, toujours, encore et que seule la fosse saura vous déprendre de cette passion. Sans doute encore vous avez décidé de remiser vos certitudes et de ne point vous gonfler de votre expérience. Sans doute parce que l'humilité est une sorte d'orgueil. Sans doute enfin que vous êtes en paix avec vous-même.
Et on espère alors que ce savoir ne sera pas perdu, et que le gage de sa survie est de perpétuellement le remettre en question.
En attendant, cette sorte de grâce est parfois accordée : vous êtes vivant et c'est grâce à vous seul.
Nos jours sont hélas comptés. Il faut alors en profiter.
Le Tenancier en a profité... il a également cédé à la curiosité et à la volonté de dépasser le quotidien. Il fait autre chose, il continue d'apprendre. Ce billet publié sur le blog Feuilles d'automne en juin 2009, ne reste donc pas lettre morte.
Sans doute parce que vous voulez savoir, toujours, encore et que seule la fosse saura vous déprendre de cette passion. Sans doute encore vous avez décidé de remiser vos certitudes et de ne point vous gonfler de votre expérience. Sans doute parce que l'humilité est une sorte d'orgueil. Sans doute enfin que vous êtes en paix avec vous-même.
Et on espère alors que ce savoir ne sera pas perdu, et que le gage de sa survie est de perpétuellement le remettre en question.
En attendant, cette sorte de grâce est parfois accordée : vous êtes vivant et c'est grâce à vous seul.
Nos jours sont hélas comptés. Il faut alors en profiter.
Le Tenancier en a profité... il a également cédé à la curiosité et à la volonté de dépasser le quotidien. Il fait autre chose, il continue d'apprendre. Ce billet publié sur le blog Feuilles d'automne en juin 2009, ne reste donc pas lettre morte.
mercredi 11 avril 2018
Tiré à part
Sans être concierge, on peut avoir l'esprit d'escalier. Ainsi, l'évocation de l'émission Apostrophe au
dernier billet (resté jusqu'alors dans les limbes des publications du blog Feuilles
d'automne en juin 2009), évoqua irrésistiblement à mon esprit, et par
comparaison, la remarquable série d'émissions Un Siècle d'Écrivains,
de Bernard Rapp. De cette remembrance je tirai le nom de son
inspirateur et le fait qu'il fit quelques films qui eurent une réception
parfois mitigée mais cependant point dégradante. De cette petite
production, le libraire ne saurait s'abstenir de rappeler que Rapp fit Tiré à Part,
histoire d'une machination autour d'un livre, fabriqué à partir d'un
faux authentique, à moins que ce ne soit l'inverse. On y voit Terence
Stamp incarner un ex agent de renseignement gagnant sa vie dans
l'édition et rendre parfois service à ses anciens collègues (court
passage où l'on évoque la fabrication d'un faux texte de Lawrence, par
exemple). L'on voit également la composition d'une ouvrage sur une
linotype. On se passera ici d'une description détaillée du
fonctionnement de la machine. On poussera le curieux à se reporter au
film pour cela, même si l'on sera privé d'une explication technique.
Cette histoire de machination pour perdre un écrivain ayant commis un
crime trente ans auparavant ne doit pas nous faire oublier que le rôle
principal est tenu par le livre, également moteur de l'action. Rapp
continuait ici d'exprimer sa passion pour ce monde qui, à mon avis le
lui rendit bien mal. En tout cas, la nouvelle de sa disparition ne fut
guère reçue comme il l'aurait fallu, tant par ses collègues
journalistes, que par le monde du livre. Ce billet est une contribution
brève et modeste au souvenir d'un amoureux du livre qui sut souvent me
faire plaisir à travers les émissions qu'il produisit et par ce film que
je revois de temps en temps avec quelque plaisir.
(Bande annonce ici.)
Américaine
Américaine
: Voiture découverte à quatre roues. — « Une élégante américaine attend
à la porte. Un homme y monte, repousse un peu de côté un tout petit
groom, prend lui-même les guides et lance deux superbes pure-sang au
galop. » (Figaro.)
mardi 10 avril 2018
Une historiette de Béatrice
Américain (œil)
Américain (œil)
: Œil scrutateur. — Allusion à la vue perçante prêtée par les romans
populaires de Cooper aux sauvages de l'Amérique. — « Ai-je dans la figure un trait qui vous déplaise, que vous me faites l'œil américain ?
» (Balzac.) — « J'ai l'œil américain, je ne me trompe jamais. »
(Montépin.)
Américain (œil) : Œil séducteur. — « L'œillade américaine est grosse de promesses, elle promet l'or du Pérou, elle promet une ardeur amoureuse de soixante degrés Réaumur. » (E. Lemoine.)
Américain (œil) : Œil séducteur. — « L'œillade américaine est grosse de promesses, elle promet l'or du Pérou, elle promet une ardeur amoureuse de soixante degrés Réaumur. » (E. Lemoine.)
lundi 9 avril 2018
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