Marchand de lacets :
Gendarme
Géo
Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot
moderne (1953)
samedi 7 juin 2014
Une historiette de Béatrice
Il est entré d'un pas assuré, sa fille derrière lui. Il tient de la main
gauche 2 boîtes de la pâtisserie machin, et me montre du doigt de la
main droite le Hetzel en vitrine.
Par curiosité je voudrais connaître le prix du Jules Verne. Ouille le collectionneur sérieux. Bonjour monsieur, je l'attrape et vous réponds de suite.
S'engage illico une conversation sur ces fameuses éditions, illustrations, cartonnages, éléphants, bannières, globes dorés. Enfin plutôt un monologue. J'acquiesce de-ci de-là, ce qui semble lui convenir.
Pendant ce temps, sa fille se plonge dans une BD.
Une fois le livre reposé dans la vitrine, le voilà qui enchaîne avec une verve égale sur les BD en voyant sa tête blonde.
— Ah, les premières éditions d'Astérix, auriez des Tintin en première édition, je les revends sur internet ?
— Dis Papa, tu peux m'acheter une BD stp, elles sont à 5 euros?
— Ah non alors, j'en ai plein à la maison et tu ne les regardes même pas.
— Papa, stp, celle-là me plaît vraiment!!!
— Je te dis que non. Dites, vous n'en auriez pas des moins chères, à 1 ou 2 euros?
— Non monsieur.
J'ai offert la BD à la jeune lectrice, largement payés par son sourire et ses baisers spontanés.
Cette historiette a été publiée pour la première fois en août 2011 sur le blog Feuilles d'automne
Par curiosité je voudrais connaître le prix du Jules Verne. Ouille le collectionneur sérieux. Bonjour monsieur, je l'attrape et vous réponds de suite.
S'engage illico une conversation sur ces fameuses éditions, illustrations, cartonnages, éléphants, bannières, globes dorés. Enfin plutôt un monologue. J'acquiesce de-ci de-là, ce qui semble lui convenir.
Pendant ce temps, sa fille se plonge dans une BD.
Une fois le livre reposé dans la vitrine, le voilà qui enchaîne avec une verve égale sur les BD en voyant sa tête blonde.
— Ah, les premières éditions d'Astérix, auriez des Tintin en première édition, je les revends sur internet ?
— Dis Papa, tu peux m'acheter une BD stp, elles sont à 5 euros?
— Ah non alors, j'en ai plein à la maison et tu ne les regardes même pas.
— Papa, stp, celle-là me plaît vraiment!!!
— Je te dis que non. Dites, vous n'en auriez pas des moins chères, à 1 ou 2 euros?
— Non monsieur.
J'ai offert la BD à la jeune lectrice, largement payés par son sourire et ses baisers spontanés.
Cette historiette a été publiée pour la première fois en août 2011 sur le blog Feuilles d'automne
Défiler dur à la parade
Défiler dur à la parades :
Mourir. Ah ! dis donc, en ce moment, ça défile dur à la parade !
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Une historiette de Mouton à lunettes
En brocante, un stand tenu par un garçon d'une douzaine d'années, quelques livres par terre.
J'attrape un Garcia Marquez (Gallimard) et demande le prix.
— Les livres, c'est 1 euro sauf les Musso (Pocket) qui sont à 2 euros.
Ah... C'est parce que tu aimes bien Musso ?
— Ben, oui !
Et voilà, la vraie valeur des choses.
J'attrape un Garcia Marquez (Gallimard) et demande le prix.
— Les livres, c'est 1 euro sauf les Musso (Pocket) qui sont à 2 euros.
Ah... C'est parce que tu aimes bien Musso ?
— Ben, oui !
Et voilà, la vraie valeur des choses.
vendredi 6 juin 2014
Boulange aux faffes (La)
Boulange aux faffes (La) :
La Banque de France
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
jeudi 5 juin 2014
Une historiette de George
Un type entre dans la boutique, grand, maigre, la boule à zéro, portant
de grosses lunettes, et à peine le temps de le saluer je pense aussitôt :
« Incroyable comment ce gars ressemble à Michel Foucault ! »
Il s'approche du comptoir et me demande avec un sourire et un fort accent étranger : « Auriez-vous des livres de Michel Foucault ? »
Il s'approche du comptoir et me demande avec un sourire et un fort accent étranger : « Auriez-vous des livres de Michel Foucault ? »
Urpinos
Urpinos : adj. Altération de Rupin. Peu usité.
Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes (1883)
Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes (1883)
Lorsque le Tenancier éditait — III
André Ruellan : Le
Terme
Premier volume de la Bibliothèque Sublunaire.
Tiré à 70 exemplaires sur vergé :
10 hors commerce numérotés de I à X
60 exemplaires numérotés de 1 à 60
(1995)
Premier volume de la Bibliothèque Sublunaire.
Tiré à 70 exemplaires sur vergé :
10 hors commerce numérotés de I à X
60 exemplaires numérotés de 1 à 60
(1995)
__________
Pourquoi donc commencer par André Ruellan ? Ma rencontre avec lui remonte aux premiers temps de mes émissions de radio, au début des années 80. Pour ceux qui ignorent — quelle faute de goût ! — qui est cette personne, rappelons qu’il signa nombre de romans fantastiques dans la collection Angoisse au Fleuve Noir, de SF dans la collection Anticipation chez le même éditeur, tout cela sous le nom de Kurt Steiner, qu’il est l’auteur d’un beau diptyque sous son propre nom, Ortog et Ortog et les ténèbres chez Laffont, qu’il est scénariste pour le cinéma (mais également pour la télévision) et également auteur d’une belle quantité de nouvelles tant fantastiques que de SF. Mais faire l’étalage de sa bibliographie ne suffit pas à justifier que l’on veuille publier un auteur. Outre la vive sympathie que je lui porte, même si je suis un peu en retrait désormais, il faut souligner la qualité des thématiques d’André Ruellan, dont les ingrédients sont la noirceur et l’humour noir. Le Terme, que j’avais choisi pour inaugurer la Bibliothèque Sublunaire, appartient au premier des postulats. On se réservera bien d’en dévoiler le sujet car, même si notre édition est désormais épuisée on a encore la possibilité de la trouver dans un recueil — épuisé lui aussi, mais nettement plus trouvable — intitulé De flamme et d’ombre. L’amateur la trouvera également dans le numéro 121 de la revue Fiction (1963). J’avoue que je suis très proche des univers qu’il décrit. Lorsqu’il m’arrive d’être publié à mon tour, je sais à quel point mes histoires lui sont redevables. Le Terme est une histoire désespérée dans un univers sombre et dont la fin laisse un goût d’amertume…
André m’ouvrit toutes grandes les portes de sa bibliographie. Inutile de vous expliquer en détail que le fantasme de la complétude s’empara de moi et que, malgré l’idée de limiter cette expérience d’édition à quelques publications, j’eus soudainement envie de publier tous ses textes courts. L’aventure de notre astronaute mort allait d’ailleurs continuer grâce à lui vers d’autres rivages giboyeux. Un mot sur le préfacier, Philippe Curval. Si vous êtes familier avec l’univers de la SF, vous ne pouvez l’avoir évité. Sa préface, sensible et intelligente est à l’image de l’écrivain et du critique qu’il est. C’est le complice d’André Ruellan et c’est lui qui s’occupa de rassembler tous ses textes dans le recueil cité plus haut. On le retrouvera au catalogue de l’astronaute mort.
Camphrier
Camphrier : Le camphrier est un sale débit de liqueurs atroces à un sous le verre et à dix-sept sous le litre. Le caboulot ne diffère du camphrier que par sa moindre importance comme établissement. C'est, du reste, le même breuvage qu'on y débite aux mêmes habitués. (Castillon)
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition (1881)
mercredi 4 juin 2014
La gueule de Rimbaud
L’un des meilleurs blogs de ce côté-ci de la galaxie est
assurément Soli Loci, le blog de Grégory Haleux. C’est un garçon énervant :
il lui arrive de faire des dessins intéressants, des livres pas mal foutus, et
quelques billets qui nous réjouissent, dont le dernier. C’est déloyal, il en
reste peu aux autres pour briller. Parlons-en, tiens, du dernier billet. Son
titre est : Rimbaud à l’épreuve de
la biométrique de similarité.
On sait que la récente découverte d’un
nouveau cliché a déclenché une nouvelle polémique sur son
authentification. On
a cru lever le doute par le recours à des moyens scientifiques pour
corréler
plusieurs portraits de Rimbaud à celui qui était en question. Cette
méthode, la
biométrique, semblait aux dires des expérimentateurs et de ceux qui
s’en firent
l’écho — dont nombre de journalistes —un procédé infaillible. Grégory
en démontre les faiblesses dans un long article fort bien garni. On n'ajoutera rien ici à sa démonstration
magistrale propre à réintroduire un doute sur la légitimité de l’identité du
personnage photographié. La méthodologie qui a présidé à « l’authentification »
est lacunaire en en devient douteuse. Petite cerise sur le gâteau,
mais cerise fort goûteuse, un certain Arthur complète le billet par un
commentaire qui évoque la personnalité des découvreur dont il semble que l’inédit
photographique soit devenu un sorte de spécialité (Le « vrai »
portrait de Lautréamont, par exemple). Curieuse, cette récurrence de découverte
qui tombe à chaque fois sur les mêmes personnes…
Pour notre part, nous nous moquons éperdument du visage de
Rimbaud comme celui de Lautréamont. Seule leur poésie nous importe, ce en quoi
nous tombons d’accord avec Grégory.
Sans vouloir inférer une quelconque malice sur les
intentions des découvreurs, il nous revient en tête que la découverte de toiles
de Vermeer à motif biblique survint juste au moment où les historiens de l’art
se posaient la question de leur existence. Seulement ces toiles étaient d’un
certain Van Meegeren. A force de trop attendre certaines choses, il ne faut
guère s’étonner qu’elles nous persuadent de leur apparition,
quitte à ce qu’on leur donne un coup de main pour expliquer le mystère de leur existence.
Drôleries
Drôleries : Menstrues.
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
mardi 3 juin 2014
Quand un marque-page fait trop bien son boulot
Puisque nous étions
dans les choses que l'on trouve dans les livres, restons-y. Une des
activités secondaire de la bibliomanie est la recherche compulsive du
marque-page. Il m'arrive parfois de me promener dans les dépôts
d'Emmaüs. Je leur achète de moins en moins de choses – cela fera
l'objet d'un autre propos – mais j'aime déambuler dans l'odeur du vieux
papier. Il y circule également une espèce furtive qui feuillète les
livres non pour leur contenu mais dans l'espoir de trouver ces petits
rectangles de carton. Inutile de préciser qu'une fois leur butin
trouvé, certaines de ces personnes ne passent pas forcément par la
caisse...
Lorsque l'on sait les prix des livres pratiqués chez Emmaüs, c'est ajouter de la bassesse à la mesquinerie, ce qui n'est pas pléonastique de mon point de vue.
Je possède une collection de marques-page.
Bien malgré-moi.
Cela rempli honnêtement une boîte à chaussures (taille 42). Ces marques-page ont été retrouvés dans les livres et je les en retire.
Pourquoi ?
Regardez bien l'image ci-jointe.
Lorsque l'on sait les prix des livres pratiqués chez Emmaüs, c'est ajouter de la bassesse à la mesquinerie, ce qui n'est pas pléonastique de mon point de vue.
Je possède une collection de marques-page.
Bien malgré-moi.
Cela rempli honnêtement une boîte à chaussures (taille 42). Ces marques-page ont été retrouvés dans les livres et je les en retire.
Pourquoi ?
Regardez bien l'image ci-jointe.
Les marques
laissées par ces objets peuvent être désastreuses pour un livre. Cet
ouvrage est un numéro de la revue The Quarto, publication
anglaise de 1896 assez plaisante, contenant nombre de gravures et de
nouvelles d'auteurs comme Chesterton, par exemple. La marque laissée
est tellement nette que l'on y devine une publicité pour un vermouth.
Cela indique que le marque-page est resté longtemps enfermé pour
accomplir son oeuvre. Le papier qui le constituait s'est sans doute
acidifié, à moins qu'il ne s'agisse du travail des encres de couleurs.
Voici un joli ouvrage gâché par un objet censé respecter le livre. A ce compte-là, il eut mieux valu corner la page, cela n'aurait pas été pire.
Laisser un quelconque papier dans un ouvrage précieux peut devenir fatal pour celui-ci. Le pire est la coupure de journal dont le papier acide fait brunir les pages par simple contact et ce très rapidement. Mais l'on voit que ce phénomène peut provenir également d'un simple marque-page oublié, apparemment anodin
Vous avez l'explication pour laquelle vous n'aurez que peu de chances de trouver un marque-page dans les ouvrages que je mets en vente.
Alors, ils s'entassent dans ma boîte à chaussure, en attendant.
En attendant quoi ?
Tttt... c'est comme ça que commence une collection.
Voici un joli ouvrage gâché par un objet censé respecter le livre. A ce compte-là, il eut mieux valu corner la page, cela n'aurait pas été pire.
Laisser un quelconque papier dans un ouvrage précieux peut devenir fatal pour celui-ci. Le pire est la coupure de journal dont le papier acide fait brunir les pages par simple contact et ce très rapidement. Mais l'on voit que ce phénomène peut provenir également d'un simple marque-page oublié, apparemment anodin
Vous avez l'explication pour laquelle vous n'aurez que peu de chances de trouver un marque-page dans les ouvrages que je mets en vente.
Alors, ils s'entassent dans ma boîte à chaussure, en attendant.
En attendant quoi ?
Tttt... c'est comme ça que commence une collection.
Ce billet a été publié la première fois sur le blog Feuilles d'automne en juin 2008
Jardin des refroidis
Jardin des refroidis :
Le cimetière
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
vendredi 30 mai 2014
Interlude
La vidéo que le Tenancier soumettait ici était un extrait de Laurel et Hardy au Far West, supprimé par Youtube pour « Atteinte au droit d'auteur ». On est un peu intrigué par cette suppression car le droit de citation existe également. Ce passage ne pouvait être qu'une incitation à se procurer le film que d'ailleurs votre Tenancier possède dans sa vidéothèque...
Tant pis.
jeudi 29 mai 2014
Retour en 1898
Portrait par Félix Vallotton |
On
vous trompe. On vous dit que la dernière Chambre composée d'imbéciles et de filous, ne représentait pas la majorité
des électeurs. C'est faux.
Une chambre composée de députés jocrisses
et de députés truqueurs représente, au contraire, à merveille les électeurs que
vous êtes. Ne protestez pas: une nation a les délégués qu'elle mérite.
Pourquoi les avez-vous nommés ?
Vous ne vous gênez pas, entre
vous, pour convenir que plus ça change, et plus c'est la même chose, que vos
élus se moquent de vous et ne songent qu'à leurs intérêts, à la gloriole ou à
l'argent.
Pourquoi les renommez-vous demain
?
Vous savez très bien que tout un
lot de ceux que vous enverrez siéger vendront leurs voix contre un chèque et
feront le commerce des emplois, fonctions et bureaux de tabac.
Mais pour qui les bureaux de
tabac, les places, les sinécures si ce n'est pour les Comités d'électeurs que l'on paye ainsi ?
Les entraîneurs des Comités sont
moins naïfs que le troupeau.
La Chambre représente l'ensemble.
Il faut des sots et des
roublards, il faut un parlement de ganaches et de Robert Macaire pour
personnifier à la fois tous les votards professionnels et les prolétaires
déprimés.
Et ça, c'est vous !
On vous trompe, bons électeurs,
on vous berne, on vous flagorne quand on vous dit que vous êtes beaux, que vous
êtes la justice, le droit, la souveraineté nationale, le peuple-roi, des hommes
libres. On cueille vos votes et c'est tout. Vous n'êtes que des fruits... des Poires.
On vous trompe encore. On vous
dit que la France est toujours la France. Ce n'est pas vrai.
La France perd, de jour en jour,
toute signification dans le monde, toute signification libérale. Ce n'est plus
le peuple hardi, coureur de risques, semeur d'idées, briseur de culte. C'est
une Marianne agenouillée devant le trône des autocrates. C'est le caporalisme renaissant plus hypocrite
qu'en Allemagne : une tonsure sous le
képi.
On vous trompe, on vous trompe
sans cesse. On vous parle de fraternité, et jamais la lutte pour le pain ne fut plus âpre et meurtrière.
On vous parle de patriotisme, de
patrimoine sacré à vous qui ne possédez
rien.
On vous parle de probité; et ce
sont des écumeurs de presse, des journalistes à tout faire, maîtres fourbes ou
maîtres chanteurs, qui chantent l'honneur national.
Les tenants de la République, les
petits bourgeois, les petits seigneurs sont plus durs aux gueux que les maîtres
de régimes anciens. On vit sous l'oeil
des contremaîtres.
Les ouvriers aveulis, les
producteurs qui ne consomment pas, se contentent de ronger patiemment l'os sans
moelle qu'on leur a jeté, l'os du suffrage universel. Et c'est pour des
boniments, des discussions électorales qu'ils remuent encore la mâchoire, la
mâchoire qui ne sait plus mordre.
Quand parfois des enfants du
peuple secouent leur torpeur, ils se trouvent, comme à Fourmies, en face de notre vaillante armée... Et le
raisonnement des lebels leur met du plomb dans la tête.
La Justice est égale pour tous.
Les honorables chéquards du Panama roulent carrosse et ne connaissent pas le
cabriolet. Mais les menottes serrent
les poignets des vieux ouvriers que l'on arrête comme vagabonds !
L'ignominie de l'heure présente
est telle qu'aucun candidat n'ose défendre cette Société. Les politiciens
bourgeoisants, réactionnaires ou ralliés, masques ou faux-nez, républicains,
vous crient qu'en votant pour eux ça marchera mieux, ça marchera bien. Ceux qui
vous ont déjà tout pris vous demandent encore quelque chose :
Donnez vos voix, Citoyens !
Les mendigots, les candidats, les
tire-laine, les soutire-voix ont tous un moyen spécial de faire et refaire le
Bien public.
Écoutez les braves ouvriers, les
médicastres du parti : ils veulent conquérir les pouvoirs... afin de les mieux
supprimer.
D'autres invoquent la Révolution,
et ceux-là se trompent en vous trompant. Ce ne seront jamais les électeurs qui
feront la Révolution. Le suffrage
universel est créé précisément pour empêcher l'action virile. Charlot s'amuse à
voter...
Et puis quand même quelque
incident jetterait des hommes dans la rue, quand bien même, par un coup de
force, une minorité ferait acte, qu'attendre ensuite et qu'espérer de la foule
que nous voyons grouiller : la foule
lâche et sans pensée.
Allez.! allez, gens de la foule !
Allez, électeurs ! aux urnes... Et ne vous plaignez plus. C'est assez.
N'essayez pas d'apitoyer sur le sort que vous vous êtes fait. N'insultez pas,
après coup, les Maîtres que vous vous
donnez.
Ces Maîtres vous valent, s'ils vous volent. Ils valent sans doute
davantage : ils valent vingt-cinq francs par jour, sans compter les petits
profits. Et c'est très bien :
L'Electeur n'est qu'un Candidat raté.
Au peuple du bas de laine, petite
épargne, petite espérance, petits commerçants rapaces, lourd populo domestique,
il faut un Parlement médiocre qui monnaie et qui synthétise toute la vilenie nationale.
Votez, électeurs ! Votez ! Les
parlements émanent de vous. Une chose est parce quelle doit être, parce qu'elle
ne peut pas être autrement. Faites la Chambre à votre image. Le chien retourne
à son vomissement - retournez à vos députés...
Zo d'Axa : Vous n'êtes que des poires, in : La Feuille (1898)
(Et pour continuer les lectures réjouissantes, nous vous incitons à vous rendre sur la page indiquée par un de nos lecteurs, Karl-Groucho D. : Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle par John Oswald.)
(Et pour continuer les lectures réjouissantes, nous vous incitons à vous rendre sur la page indiquée par un de nos lecteurs, Karl-Groucho D. : Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle par John Oswald.)
mardi 27 mai 2014
Lorsque le Tenancier éditait — II
Le logo de L'astronaute mort |
Je m’aperçois que j’ai été bien vite en besogne en évoquant
les débuts de l’astronaute mort. En
effet, j’ai omis de préciser les objectifs de la collection, ce qui a son
importance. Chaque volume publié dans « La Bibliothèque sublunaire »
était à tirage limité sur papier vergé numéroté. Cette intrusion de la
bibliophilie — modeste, tout de même — dans le petit monde de la science
fiction n’était pas si courante et ces publications demeurent marginales à l’heure
actuelle. Rien d’étonnant à cela. Cette littérature populaire — ce n’est pas un
terme péjoratif à mes yeux — est à obsolescence rapide, non par le style ou par
la mentalité des personnages mais plutôt parce que l’avancée technologique rend
nombre de récits caducs, notion un peu contradictoire avec celle de la bibliophilie.
On ne glosera pas plus sur cette idée car elle nous entraînerait fort loin de
notre sujet. Implicitement, l’enjeu de la collection était également de publier
des titres qui devaient s’assurer d’une certaine pérennité outre leurs qualités
littéraires. Ces premiers tirages courts, à prix raisonnable devaient assurer l’édition
des quelques volumes que nous projetions. Cela dépassa nos objectifs. Il faut
insister sur le fait que l’opération ne pouvait réussir que parce que cette
entreprise n’avait nul but lucratif (L’astronaute
mort était une association « Loi 1901 ») et parce que Christian
Laucou, l’imprimeur, s’était piqué au jeu. La distribution des ouvrages se fit
par correspondance. Les marges que nous appliquions sur nos ventes ne nous
permettaient pas de supporter un autre mode de revente. Il faut signaler la
solidarité et la générosité de quelques fanzines qui me communiquèrent leurs
fichiers d’adresses. L’Internet était encore très embryonnaire et, malgré le
fait que nombre de lecteurs de SF étaient également des geeks, ce mode de diffusion des annonces de parution n’était pas
vraiment dans les mœurs…
On eut recours à l'enveloppe timbrée.
Votre Tenancier, à cette époque, dut également se remettre à l’informatique. J’avais mollement tripoté un zx81 quelques années auparavant. Je me retrouvais désormais doté d'un PC sous DOS — j’assume encore ce retard technologique, je suis un nostalgique de la ligne de commande — équipé d’un logiciel de traitement de texte pour saisir certains manuscrits. Ceux-là étaient ensuite transmis à Christian Laucou qui les préparait pour impression. Signalons que l’impression numérique était devenue assez performante pour se conformer à notre projet, entreprise presque impossible s’il avait fallu recourir à la typo au plomb, ce dont Christian était fort capable, puisque c’est son métier et son grand talent, mais à un coût nettement supérieur.
Si l'adhésion des auteurs fut effective, je pense que c’est aussi une idée qui flatta un peu leur vanité. Qui leur en voudrait ? Quel auteur n’éprouve pas le plaisir de voir son texte un peu plus soigné qu’à l’ordinaire ? Pour l’avoir éprouvé (merci, le Visage Vert !), je sais que le cœur est faillible. Lâchement, je sus en profiter.
Votre Tenancier, à cette époque, dut également se remettre à l’informatique. J’avais mollement tripoté un zx81 quelques années auparavant. Je me retrouvais désormais doté d'un PC sous DOS — j’assume encore ce retard technologique, je suis un nostalgique de la ligne de commande — équipé d’un logiciel de traitement de texte pour saisir certains manuscrits. Ceux-là étaient ensuite transmis à Christian Laucou qui les préparait pour impression. Signalons que l’impression numérique était devenue assez performante pour se conformer à notre projet, entreprise presque impossible s’il avait fallu recourir à la typo au plomb, ce dont Christian était fort capable, puisque c’est son métier et son grand talent, mais à un coût nettement supérieur.
Si l'adhésion des auteurs fut effective, je pense que c’est aussi une idée qui flatta un peu leur vanité. Qui leur en voudrait ? Quel auteur n’éprouve pas le plaisir de voir son texte un peu plus soigné qu’à l’ordinaire ? Pour l’avoir éprouvé (merci, le Visage Vert !), je sais que le cœur est faillible. Lâchement, je sus en profiter.
(A suivre)
Boîte à morve
Boîte à morve : Le nez.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
lundi 26 mai 2014
Truffes & petits papiers
On trouve de tout dans un livre.
— Des tickets de métro
— Des tickets de cinéma
— Des articles de journaux, quelquefois sans rapport avec le sujet du bouquin
— Des tickets de métro
— Des tickets de cinéma
— Des articles de journaux, quelquefois sans rapport avec le sujet du bouquin
— Des cartes postales…
Et puis, on trouve l'image ci-contre.
C'est Didier Deaninckx qui, je crois, avait fait un roman sur les canaques du jardin d'acclimatation. Si l'on avait besoin de se convaincre que ce n'était pas une fiction, en voici la preuve. 1000 crocodiles, des canaques avec des “danses expressives”, le tout à Paris en 1931, comme l'indique le verso de ce ticket : du colonialisme sans arrière-pensée. Cela vaut bien des romans engagés sur le sujet. Les livres truffés se font rares. Beaucoup de confères en suppriment le contenu. On ne peut leur donner tort, car la mauvaise qualité du papier dont sont constituées ces truffes peuvent tacher irrémédiablement un livre précieux. Pour ma part, j'élimine du livre tout ce qui est sans rapport et je m'arrange pour que les documents restants soient contenus dans un papier un peu plus neutre, si possible. Le reste constitue un musée secret, une exposition permanente à côté de mon bureau. On reviendra de temps à autres sur ce sujet.
Mais, ces petits papiers sont-ils vraiment des “truffes” ? En réalité, non. Dans le jargon de la librairie le mot désigne le plus souvent des documents insérés dans un ouvrage et qui ont un rapport parfois étroit avec le sujet de celui-ci : coupures de presse, lettres tapuscrites ou manuscrites, cartes de visite, etc. Mais ici, la licence poétique n'interdit pas de considérer ce ticket comme une truffe valide. Il suffit de prétendre l'avoir trouvé dans Le livre du Zoo, de Suzanne Pairault, par exemple, même si le livre est tardif. Ou mieux encore dans le livre de Didier Daeninckx auquel je faisais allusion plus haut et dont le titre est Cannibale.
Rappelons que le must est de trouver une lettre autographe de l'auteur. De quoi vous rendre jaloux. J'ai des noms.
Ce billet, très légèrement revu, a été publié la première fois sur le blog Feuilles d'automne en juin 2008
Renvoyons nos lecteurs au billet du blog de George WF Weaver, ou il est question de l’expo coloniale mais de bien plus encore. Nous sommes bien loin du bois mystérieux d'un André Hardellet...
Et puis, on trouve l'image ci-contre.
C'est Didier Deaninckx qui, je crois, avait fait un roman sur les canaques du jardin d'acclimatation. Si l'on avait besoin de se convaincre que ce n'était pas une fiction, en voici la preuve. 1000 crocodiles, des canaques avec des “danses expressives”, le tout à Paris en 1931, comme l'indique le verso de ce ticket : du colonialisme sans arrière-pensée. Cela vaut bien des romans engagés sur le sujet. Les livres truffés se font rares. Beaucoup de confères en suppriment le contenu. On ne peut leur donner tort, car la mauvaise qualité du papier dont sont constituées ces truffes peuvent tacher irrémédiablement un livre précieux. Pour ma part, j'élimine du livre tout ce qui est sans rapport et je m'arrange pour que les documents restants soient contenus dans un papier un peu plus neutre, si possible. Le reste constitue un musée secret, une exposition permanente à côté de mon bureau. On reviendra de temps à autres sur ce sujet.
Mais, ces petits papiers sont-ils vraiment des “truffes” ? En réalité, non. Dans le jargon de la librairie le mot désigne le plus souvent des documents insérés dans un ouvrage et qui ont un rapport parfois étroit avec le sujet de celui-ci : coupures de presse, lettres tapuscrites ou manuscrites, cartes de visite, etc. Mais ici, la licence poétique n'interdit pas de considérer ce ticket comme une truffe valide. Il suffit de prétendre l'avoir trouvé dans Le livre du Zoo, de Suzanne Pairault, par exemple, même si le livre est tardif. Ou mieux encore dans le livre de Didier Daeninckx auquel je faisais allusion plus haut et dont le titre est Cannibale.
Rappelons que le must est de trouver une lettre autographe de l'auteur. De quoi vous rendre jaloux. J'ai des noms.
Ce billet, très légèrement revu, a été publié la première fois sur le blog Feuilles d'automne en juin 2008
Renvoyons nos lecteurs au billet du blog de George WF Weaver, ou il est question de l’expo coloniale mais de bien plus encore. Nous sommes bien loin du bois mystérieux d'un André Hardellet...
dimanche 25 mai 2014
Lorsque le Tenancier éditait — I
J’animais depuis plusieurs années une émission sur la SF sur
Radio Libertaire. Elle avait eu plusieurs titres, plutôt idiots d’ailleurs,
comme Vous avez dit Bigeard, Les gros niquent les martiennes ou bien
encore Bienvenue chez les Maîtres du
Monde. Ces séries d’émissions étaient assez détendues, voire parfois
bordéliques en diable. On s’y amusait et on était cependant sérieux la plupart
du temps, ce n'était pas contradictoire. Nous y avons invité beaucoup d’auteurs et d’éditeurs sur plus d’une
quinzaine d’années (il y eut des interruptions) entre 1982 et 2000.
Il s’avéra que j’avais eu envie à l’époque de prolonger le plaisir en créant une petite maison d’édition dont l’objectif était limité : publier des nouvelles à petit tirage dans un format soigné et avec des auteurs de SF prestigieux. Je projetais de ne publier que cinq ou six titres, guère plus, et ne pas dépasser le cap de 1995.
Cette entreprise n’aurait pu voir le jour sans le généreux mécénat de Sophie et Salim, des amis qui financèrent les premières publications. Ce fut la seule subvention extérieure que cette entreprise reçut, elle permit de démarrer et d’élaborer un catalogue plutôt sympathique. Si la question du financement fut résolue, restaient encore quelques obstacles à franchir. La question des auteurs fut résolue assez facilement parce que votre serviteur fréquentait de temps à autre les Déjeuners du Lundi, institution de la science fiction française qui consacrait la rencontre hebdomadaire de nombres d’acteurs du milieu. L’annonce du projet y fut accueillie avec bienveillance et la générosité des auteurs la confirma par la suite. L’autre question cruciale était de s’adjoindre la compétence d’un imprimeur qui répondrait à nos critères d’édition. Je ne pus mieux tomber en faisant appel à Christian Laucou qui, outre son métier d’imprimeur, s’employait à tenir à bout de bras les Éditions du Fourneau, devenues plus tard Fornax. Bien évidemment, toutes ces étapes ne se déroulèrent peut être pas avec la facilité que laisse entendre ce petit compte-rendu. Néanmoins, avec le recul, je suis encore étonné de l’aisance avec laquelle tout s’enchaîna. Il n’y eut plus qu’à déposer les statuts de l’association et déclarer au monde entier la « raison sociale » de notre micro maison d’édition.
Elle s’appela L’astronaute mort, hommage à une nouvelle de J.-G. Ballard, sans doute pas la meilleure de l’auteur mais qui dévoilait notre ambition pour ce qui concernait la qualité des textes et des auteurs que nous voulions accueillir.
Les statuts étaient déposés, les auteurs consentants, un compte ouvert, un excellent imprimeur à disposition… il fallait désormais constituer un catalogue.
(A suivre)
Il s’avéra que j’avais eu envie à l’époque de prolonger le plaisir en créant une petite maison d’édition dont l’objectif était limité : publier des nouvelles à petit tirage dans un format soigné et avec des auteurs de SF prestigieux. Je projetais de ne publier que cinq ou six titres, guère plus, et ne pas dépasser le cap de 1995.
Cette entreprise n’aurait pu voir le jour sans le généreux mécénat de Sophie et Salim, des amis qui financèrent les premières publications. Ce fut la seule subvention extérieure que cette entreprise reçut, elle permit de démarrer et d’élaborer un catalogue plutôt sympathique. Si la question du financement fut résolue, restaient encore quelques obstacles à franchir. La question des auteurs fut résolue assez facilement parce que votre serviteur fréquentait de temps à autre les Déjeuners du Lundi, institution de la science fiction française qui consacrait la rencontre hebdomadaire de nombres d’acteurs du milieu. L’annonce du projet y fut accueillie avec bienveillance et la générosité des auteurs la confirma par la suite. L’autre question cruciale était de s’adjoindre la compétence d’un imprimeur qui répondrait à nos critères d’édition. Je ne pus mieux tomber en faisant appel à Christian Laucou qui, outre son métier d’imprimeur, s’employait à tenir à bout de bras les Éditions du Fourneau, devenues plus tard Fornax. Bien évidemment, toutes ces étapes ne se déroulèrent peut être pas avec la facilité que laisse entendre ce petit compte-rendu. Néanmoins, avec le recul, je suis encore étonné de l’aisance avec laquelle tout s’enchaîna. Il n’y eut plus qu’à déposer les statuts de l’association et déclarer au monde entier la « raison sociale » de notre micro maison d’édition.
Elle s’appela L’astronaute mort, hommage à une nouvelle de J.-G. Ballard, sans doute pas la meilleure de l’auteur mais qui dévoilait notre ambition pour ce qui concernait la qualité des textes et des auteurs que nous voulions accueillir.
Les statuts étaient déposés, les auteurs consentants, un compte ouvert, un excellent imprimeur à disposition… il fallait désormais constituer un catalogue.
(A suivre)
Talons
Talons : Avoir les talons courts : pour une femme, être de nature luxurieuse.
Mais la beauté de la Cour
C'est d'avoir les talons courts
(Parnasse des Muses)
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
Cervelle qui fait de la chaise longue (Avoir la)
Cervelle qui fait de la chaise longue (Avoir la) :
Être très fatigué et ne plus avoir les idées bien nettes.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
samedi 24 mai 2014
Jules Verne en 10/18
Les amateurs de l'irremplaçable
collection 10/18 reconnaissent du premier coup ce qui en faisait à
l'époque l’identité : le double filet séparant le nom de l’auteur et le
titre, le logo, toujours de la même taille, se déclinant en couleurs
différentes d’un volume à l’autre…
La série « Jules Verne inattendu » présente cependant quelques caractéristiques supplémentaires :
Le logo représentant un phare (emblématique de la production vernienne) situé au coin supérieur gauche, à côté du nom de l'auteur et du titre – cette idée sera également utilisée dans cette collection pour les ouvrages de Jack London (une tête de loup) ou d'autres auteurs.
Le sous-titre « maison » en long accolé à la marge gauche de la couverture.
Le fond bleu des couvertures.
Mais bien plus que l’aspect physique, c’est bel et bien la mise en œuvre de cette série qui doit retenir notre attention. La préface générale qui en ouvre le premier volume est explicite : il s’agit pour son maître d’œuvre, Francis Lacassin, de présenter un aspect méconnu, à l’époque, de l’œuvre de Verne. Il est à signaler que cette série – publiée sur quelques mois seulement – partait de la dynamique générée par de nombreuses publications au cours des années 70 et dont la plus remarquable fut peut être le numéro des Cahiers de L’Herne. Ne pas négliger non plus une manifestation importante qui fut sans doute le point d’orgue de la réévaluation de l’œuvre, avec le Colloque de Cerisy. Il était donc tout naturel que l’on assiste à l’apparition d’une collection qui allait présenter une autre facette de Verne, plus souterraine, avec des hypothèses et des conjectures sur les idées politiques et l’inconscient… Ces lectures différentes vont se retrouver tant dans les préfaces de Lacassin que dans les autres textes des spécialistes qui parsèment ces éditions. D'ailleurs, les sous-titres en long sur la couverture annoncent clairement les orientations de l'appareil critique. Une question, du reste, se pose. A cette époque, les seuls Verne disponibles à bon marché étaient ceux de la collection du Livre de Poche. On se prend à penser soudainement que la série « Jules Verne inattendu » a constitué une sorte de complément à la fois marginal et intelligent de cette collection grand public. Contrepoint bienvenu, avec notes, appareil critique et même quelques bibliographies. On se prend à rêver si la collection avait entreprit une édition des œuvres – complètes ? – avec le même appareil critique. Certes, désormais, le foisonnement des « lectures » de Verne s’est un peu atténué. On est revenu à une certaine mesure. Il faut penser à ces douze volumes comme une parenthèse curieuse et très récréative, fort bien dans la lignée de ce que publia Francis Lacassin en 10/18 pour d’autres auteurs (London, Stevenson) ou pour des thèmes précis (comme « L'aventure insensée », concernant la littérature populaire).
Découvrons maintenant les ouvrages de cette série publiée entre 1978 et 1979.
Notons que nombre de ces volumes sont encore aisés à trouver pour une somme modique à l’exception des « Textes oubliés ».
La série « Jules Verne inattendu » présente cependant quelques caractéristiques supplémentaires :
Le logo représentant un phare (emblématique de la production vernienne) situé au coin supérieur gauche, à côté du nom de l'auteur et du titre – cette idée sera également utilisée dans cette collection pour les ouvrages de Jack London (une tête de loup) ou d'autres auteurs.
Le sous-titre « maison » en long accolé à la marge gauche de la couverture.
Le fond bleu des couvertures.
Mais bien plus que l’aspect physique, c’est bel et bien la mise en œuvre de cette série qui doit retenir notre attention. La préface générale qui en ouvre le premier volume est explicite : il s’agit pour son maître d’œuvre, Francis Lacassin, de présenter un aspect méconnu, à l’époque, de l’œuvre de Verne. Il est à signaler que cette série – publiée sur quelques mois seulement – partait de la dynamique générée par de nombreuses publications au cours des années 70 et dont la plus remarquable fut peut être le numéro des Cahiers de L’Herne. Ne pas négliger non plus une manifestation importante qui fut sans doute le point d’orgue de la réévaluation de l’œuvre, avec le Colloque de Cerisy. Il était donc tout naturel que l’on assiste à l’apparition d’une collection qui allait présenter une autre facette de Verne, plus souterraine, avec des hypothèses et des conjectures sur les idées politiques et l’inconscient… Ces lectures différentes vont se retrouver tant dans les préfaces de Lacassin que dans les autres textes des spécialistes qui parsèment ces éditions. D'ailleurs, les sous-titres en long sur la couverture annoncent clairement les orientations de l'appareil critique. Une question, du reste, se pose. A cette époque, les seuls Verne disponibles à bon marché étaient ceux de la collection du Livre de Poche. On se prend à penser soudainement que la série « Jules Verne inattendu » a constitué une sorte de complément à la fois marginal et intelligent de cette collection grand public. Contrepoint bienvenu, avec notes, appareil critique et même quelques bibliographies. On se prend à rêver si la collection avait entreprit une édition des œuvres – complètes ? – avec le même appareil critique. Certes, désormais, le foisonnement des « lectures » de Verne s’est un peu atténué. On est revenu à une certaine mesure. Il faut penser à ces douze volumes comme une parenthèse curieuse et très récréative, fort bien dans la lignée de ce que publia Francis Lacassin en 10/18 pour d’autres auteurs (London, Stevenson) ou pour des thèmes précis (comme « L'aventure insensée », concernant la littérature populaire).
Découvrons maintenant les ouvrages de cette série publiée entre 1978 et 1979.
Notons que nombre de ces volumes sont encore aisés à trouver pour une somme modique à l’exception des « Textes oubliés ».
Le Tenancier remercie tout particulièrement MM. Francis Ester et Vincent Reignier pour lui avoir fourni les volumes qui lui manquaient. On retrouvera chacun de ces volumes dans des bibliographies par titre et dans les bibliographies secondaires.
Grains
Grains : Génitoires. Être léger des deux grains : être châtré.
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
On sait ce qu'on y perd...
Rien ne change et tout change. Ainsi, votre Tenancier s’occupe
toujours de livres même s’il s’apprête sous peu à ne plus le faire sous la
forme qui lui était coutumière (mais il ne sait trop encore comment cela va
rebondir… on verra bien). Toujours est-il qu’il cause « livres »
sur différents médias et donc sur Facebook où il lui arrive de fréquenter un
aussi beau linge que céans. Il est vrai que votre serviteur fait gaffe de
choisir ses potes. Et il fait bien. Mais, vous savez ce que c’est, les amis de
nos amis, hein…
Tenez, l’autre fois, une copine que j’aime beaucoup relaie un message de blogue sur le fameux Petit manuel du parfait aventurier, de Mac Orlan. Pensez si je biche, car non seulement j’apprécie l’auteur mais j’adule ce petit texte au point que j’ai réussi à me procurer le volume des Éditions de la Sirène (1920) à une époque d’opulence.
Seulement, le billet avait l’air de présenter cet ouvrage comme étant de 1951. Pour être honnête, retranscrivons ce que nous avons pu lire dans ce billet :
« Le petit manuel du parfait aventurier est paru à la suite de l’édition de 1951 du recueil de brèves nouvelles grinçantes, La Clique du Café Brebis, une édition ultime ( ?) et, à la même époque, l’entré de Pierre Mac Orlan à l’Académie Goncourt ».
On admettra qu’une lecture hâtive pouvait amener à la même conclusion que la mienne : l’auteur du billet avait dégainé un peu vite. Je me fendis donc d’un commentaire en dessous du lien — accompagné de la couverture de mon exemplaire — se demandant ce que je devais faire de mon livre, entendant par là que je possédais sans doute un exemplaire uchronique. Je ne m’étalerai pas sur l’échange qui en a suivi et qui fut fort pénible car il s’est avéré que je touchais plus à la dignité offensée qu’au sérieux bibliographique. Cela aurait pu en rester là et j’avais d’ailleurs fais un pas dans ce sens, malgré le fait que l’on insinuait chez moi une disposition belliqueuse. Et là, cher lecteur qui me connaît, tu sais à quel point je peux l’être, c’est dire la retenue dont je fis preuve puisque je tentais par deux fois de « briser là ».
Mais voilà, on ne peut rien faire contre l’acharnement et voici in extenso l’amendement que je découvris dans le même billet :
« Pour faire suite à l'indignation d'un libraire érudit autant que tonitruant, je précise qu'il s'agit de cette édition. N'ayant pas de volume antérieur comme je le signale en tête de page, et ayant rédigé cette courte notule uniquement dans l'objectif de porter à la connaissance des amateurs une conception amusante de la profession de romancier, je n'ai pas pensé à chercher la date exacte de parution originale de ce texte amusant. Toutefois, après vérification soigneuse, j'affirme n'avoir jamais prétendu qu'il s'agissait de la date de parution originale. Je suis navrée si mes paroles ont pu être interprétées autrement et regrette de m'être mal exprimée. »
On pourrait répondre à l’auteur que ces qualificatifs sont outrés concernant ma personne, mais il l'étaient bien plus sur Facebook. Il est d’ailleurs difficile d’être tonitruant par écrit. Le souci se situe dans le manque de suite de l’auteur de ce blogue qui aurait peut être dû faire attention au reste de ses propos puisque juste au-dessus de la remarque me concernant il est écrit « Ce manuel date de l’âge d’après la Seconde Guerre Mondiale […] ». On pointera l’inconséquence du propos qui, niant avoir écrit une chose d’un côté, s’empresse de la confirmer de l’autre. J’en déduis donc que mon exemplaire du livre est bien uchronique ou alors que l'auteur du billet avait manqué quelque chose...
La profession de foi de ce blogue-là est paraît-il de partager, c’est du moins ce qui est indiqué en dessous de son titre. Comme on aurait pu dire dans les bousbirs chers A Mac Orlan : on sait ce qu’on y perd, mais on sait pas ce qu’on y trouve…
Tenez, l’autre fois, une copine que j’aime beaucoup relaie un message de blogue sur le fameux Petit manuel du parfait aventurier, de Mac Orlan. Pensez si je biche, car non seulement j’apprécie l’auteur mais j’adule ce petit texte au point que j’ai réussi à me procurer le volume des Éditions de la Sirène (1920) à une époque d’opulence.
Seulement, le billet avait l’air de présenter cet ouvrage comme étant de 1951. Pour être honnête, retranscrivons ce que nous avons pu lire dans ce billet :
« Le petit manuel du parfait aventurier est paru à la suite de l’édition de 1951 du recueil de brèves nouvelles grinçantes, La Clique du Café Brebis, une édition ultime ( ?) et, à la même époque, l’entré de Pierre Mac Orlan à l’Académie Goncourt ».
On admettra qu’une lecture hâtive pouvait amener à la même conclusion que la mienne : l’auteur du billet avait dégainé un peu vite. Je me fendis donc d’un commentaire en dessous du lien — accompagné de la couverture de mon exemplaire — se demandant ce que je devais faire de mon livre, entendant par là que je possédais sans doute un exemplaire uchronique. Je ne m’étalerai pas sur l’échange qui en a suivi et qui fut fort pénible car il s’est avéré que je touchais plus à la dignité offensée qu’au sérieux bibliographique. Cela aurait pu en rester là et j’avais d’ailleurs fais un pas dans ce sens, malgré le fait que l’on insinuait chez moi une disposition belliqueuse. Et là, cher lecteur qui me connaît, tu sais à quel point je peux l’être, c’est dire la retenue dont je fis preuve puisque je tentais par deux fois de « briser là ».
Mais voilà, on ne peut rien faire contre l’acharnement et voici in extenso l’amendement que je découvris dans le même billet :
« Pour faire suite à l'indignation d'un libraire érudit autant que tonitruant, je précise qu'il s'agit de cette édition. N'ayant pas de volume antérieur comme je le signale en tête de page, et ayant rédigé cette courte notule uniquement dans l'objectif de porter à la connaissance des amateurs une conception amusante de la profession de romancier, je n'ai pas pensé à chercher la date exacte de parution originale de ce texte amusant. Toutefois, après vérification soigneuse, j'affirme n'avoir jamais prétendu qu'il s'agissait de la date de parution originale. Je suis navrée si mes paroles ont pu être interprétées autrement et regrette de m'être mal exprimée. »
On pourrait répondre à l’auteur que ces qualificatifs sont outrés concernant ma personne, mais il l'étaient bien plus sur Facebook. Il est d’ailleurs difficile d’être tonitruant par écrit. Le souci se situe dans le manque de suite de l’auteur de ce blogue qui aurait peut être dû faire attention au reste de ses propos puisque juste au-dessus de la remarque me concernant il est écrit « Ce manuel date de l’âge d’après la Seconde Guerre Mondiale […] ». On pointera l’inconséquence du propos qui, niant avoir écrit une chose d’un côté, s’empresse de la confirmer de l’autre. J’en déduis donc que mon exemplaire du livre est bien uchronique ou alors que l'auteur du billet avait manqué quelque chose...
La profession de foi de ce blogue-là est paraît-il de partager, c’est du moins ce qui est indiqué en dessous de son titre. Comme on aurait pu dire dans les bousbirs chers A Mac Orlan : on sait ce qu’on y perd, mais on sait pas ce qu’on y trouve…
vendredi 23 mai 2014
Un lancer d'espions
Croyez-le ou non, votre Tenancier a toujours considéré la
collection Espionnage au Fleuve Noir comme une série crépusculaire. Sans doute
cela est dû au fond noir des couvertures des débuts de la collection mais également au fait que
cet univers avait toujours des corrélations intimes avec la nuit ou bien avec
des univers en faillite. Bien évidemment, nous sommes loin des ouvrages de Le
Carré et la lecture de ces livres ne nécessitent pas trop de ressources en
intellect. Du reste, si l’on trouve pas mal d’ouvrages particuliers sur les
collections policières ou de SF, on serait en peine de trouver une bibliographie
un peu fouillée sur l'espionnage. Certes, votre Tenancier n’as nullement vocation à l’universalité
et on pourra lui opposer tel source ou tel publication rien que pour le
contrarier, certes… Mais augurez donc avec moi qu’on ne croule pas sous la
quantité. Nous détenons une étude, un ouvrage général pour lequel on s’est
empressé de distraire quelques sesterces, il s’agit de L’idéologie dans le roman d’espionnage, d’Érik Neveu. Si le dieu
Janus nous protège comme il faut, p’têt ben qu’on aura le temps de vous en
causer un de ces jours.
L’évocation de cet ouvrage n’est pas innocente ici. L’idéologie du roman d’espionnage au Fleuve Noir ne se distingue pas par sa nuance ni sa défense absolue d’un idéal libertaire, loin de là. On sort de ces lectures avec plus de convictions impérialistes que des idées démocratiques et les droits de l’homme y sont plutôt une vue de l’esprit. Quant à la place de la femme dans ce genre de littérature, chacun de nous a eu dans les mains les ignobles petites saloperies estampillées SAS (publiées par la concurrence, chez Plon) dont l’auteur fut d’ailleurs encensé récemment dans les colonnes de Libération. A toute cette littérature consternante pour ce qui concerne la dignité même de ceux qui la lisent sans le recul nécessaire, il fallait opposer un auteur quelque peu reposant : G.-J. Arnaud.
On se propose dans les temps à venir de chroniquer de temps à autre une série qui faisait partie de la collection Espionnage au Fleuve Noir et dont le héros, Serge Kovask, alias Le Commander, constitue une sorte de bain de fraîcheur dans le machisme et la violence ordinaire. A travers cette petites chronique, on se propose de suivre l’évolution, importante, du personnage et également de rendre hommage à un auteur populaire méconnu du grand public et dont on estime la production à plus de 350 titres.
L’évocation de cet ouvrage n’est pas innocente ici. L’idéologie du roman d’espionnage au Fleuve Noir ne se distingue pas par sa nuance ni sa défense absolue d’un idéal libertaire, loin de là. On sort de ces lectures avec plus de convictions impérialistes que des idées démocratiques et les droits de l’homme y sont plutôt une vue de l’esprit. Quant à la place de la femme dans ce genre de littérature, chacun de nous a eu dans les mains les ignobles petites saloperies estampillées SAS (publiées par la concurrence, chez Plon) dont l’auteur fut d’ailleurs encensé récemment dans les colonnes de Libération. A toute cette littérature consternante pour ce qui concerne la dignité même de ceux qui la lisent sans le recul nécessaire, il fallait opposer un auteur quelque peu reposant : G.-J. Arnaud.
On se propose dans les temps à venir de chroniquer de temps à autre une série qui faisait partie de la collection Espionnage au Fleuve Noir et dont le héros, Serge Kovask, alias Le Commander, constitue une sorte de bain de fraîcheur dans le machisme et la violence ordinaire. A travers cette petites chronique, on se propose de suivre l’évolution, importante, du personnage et également de rendre hommage à un auteur populaire méconnu du grand public et dont on estime la production à plus de 350 titres.
The Tenancier Is Baque
A peine achevé le blogue Feuilles d’automne, voici que votre
Tenancier chéri récidive. Que l’on vous explique : votre serviteur est en
train d’affronter quelques tournants dans son existence et il a décidé de
laisser certaines choses derrière lui. L’ancien blogue — qu'il laisse en
consultation, bien sûr, hors de question de le supprimer ! — était
surtout consacré au livre dans sa partie matérielle Cela finissait par devenir
une contrainte désagréable que le Tenancier avait cru pouvoir contourner en
créant quelques blogues parallèles, lui procurant ainsi un travail tellement
supplémentaire qu’il s’est trouvé à un moment dans l’incapacité d’y faire face.
Alors voilà, pouf pouf, on recommence !
Bientôt, quand on aura liquidé les affaires de la libraire (parce que là aussi,
cela s’arrête), on arrivera à un rythme assez régulier dans la publication des
billets. D’ailleurs, certains amis du précédent blogue seront dans celui-ci car
on s’en voudrait d’abandonner l’esprit, les historiettes et les terribles
vermotisations de cette engeance.
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