Le lecteur du blog n’aura pu éviter le billet édité
dernièrement où l’on découvrait l’un de nos auteurs préférés dans les colonnes
d’un journal de téloche, une institution même.
Comme dit Jules dans son commentaire « Julien Gracq dans Télé 7
jours ! Et vous voudriez qu'on ne soit pas nostalgique. » On peu
évidemment analyser ce papier ainsi que la diffusion afférente d’
Un beau ténébreux à l’ORTF comme une
incongruité à l’aune de l’indigence de la production télévisuelle actuelle.
Mais il ne rentre pas dans notre propos de vitupérer la connerie contemporaine.
On réserve cela pour nos vieux jours, si nous avons la possibilité d’en jouir et
de ne point faire trop souvent chabrot dans notre potage.
Un élément de la double page du journal a cependant attiré
notre regard et a suscité une réminiscence : celle du visage du
conférencier occidental représenté dans le chapitre
Le visage écrit, dans
L’Empire
de signes de Roland Barthes. Si l’on ne détient pas le livre sous les yeux,
on se souviendra toutefois des traits subtilement anamorphosés par le jeu de la
typographie nippone qui laissait accroire à un une mutation du sujet… Par
ailleurs, l’auteur s’exprime sur le visage et principalement sur le gommage des
traits :
La face est seulement la
chose à écrire, mais ce futur est déjà lui-même
écrit part la main qui a passé le blanc des sourcils, la protubérance du nez, les
méplats des joues, et donné à la page de chair la limite noire d’une chevelure
compacte comme de la pierre. La blancheur du visage, nullement candide, mais
lourde, dense jusqu’à l’écœurement, comme le sucre, signifie en même temps deux
mouvements contradictoires : l’immobilité (que nous appellerions « moralement »
impassibilité) et la fragilité (que nous appellerions de la même manière mais
sans plus de succès : émotivité).
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Photo Télé 7 jours |
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Photo de presse
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Contemplons maintenant le visage de Julien Gracq dans les
colonnes de Télé 7 jours et comparons-là avec un cliché prit le même jour, c'est-à-dire
au moment où il refuse le prix Goncourt, le 3 décembre 1951. On constate
immédiatement la retouche excessive pratiquée par le journal, au point de
rendre l’auteur méconnaissable, jusqu’à provoquer la réminiscence dont on vous
parlait plus haut. À ce stade de notre digression, nous nous trouvons en droit
de poser une question essentielle : Télé 7 jours ne serait-il pas un
organe prochinois en pleine révolution culturelle (1973, date du papier) qui
aurait, par aveuglement idéologique, malice militante, où conformisme culturel
du retoucheur infiltré, transformé un auteur français en créature sinisée ?
L’opération fut-elle avalisée par l’auteur lui-même, déçu de sa fréquentation
des cénacles pompidoliens et en quête de nouveaux horizons ? Nous n’osons le
croire.
Mais cela suscite quelques interrogations. Il nous faudra
attendre 2027 pour connaître la vérité, date à laquelle certains
carnets de Julien Gracq seront enfin libres de consultation…
(L'auteur de ce billet ne confond évidemment pas Japon et Chine et le rapprochement de ces deux cultures reste le pur produit des déductions de votre Tenancier dans ce cas précis.)