lundi 5 mars 2018

Allons-y

Allons-y : Commençons.
Mon luth et mon esprit résonnent à la fois
Et l'idéal d'amour s'exprime par ma voix.
Allons-y
(Il module des accords.) J. Walter.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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dimanche 4 mars 2018

Un colloque

Publié en deux partie en juin 2009 sur le blog Feuilles d'automne, ce colloque reste encore valable à l’heure actuelle, même si quelques références paraissent déjà vieillottes... Nous avons pris le parti de le présenter en un seul billet.



La librairie a son université d'été. Le Tenancier s'est déplacé récemment dans la région toulousaine et a rencontré Otto Naume pour deviser sur le livre et le métier de libraire. Le travail fut pénible et harassant et à ce titre les images qui accompagnent de loin en loin cette discussion peuvent choquer un public délicat. 


Le Tenancier : Cher Otto, je vous ai accompagné avant mon séjour toulousain à une librairie de neuf. Vous deviez y faire quelques emplettes. Vous aviez sur vous une liste d'ouvrages que l'on vous avait conseillés. Ce qui m'a un peu intrigué, c'est que vous sembliez entrer dans cet endroit avec la certitude que vous alliez trouver ce que vous cherchiez. C'est peut-être une impression que vous infirmerez volontiers... En tout cas, vous m'avez semblé dépité en sortant de la libraire : deux ouvrages fournis sur la liste, sur cinq. Par ailleurs vous avez acheté d'autres ouvrages.

Otto : Vous avez bien vu, cher ami Tenancier. Vous m'amenâtes dans une librairie située sur le Bld Saint-Germain, de grandes dimensions, apparemment bien approvisionnée. Dès lors, pour moi, il était presque évident que je trouverai assez facilement mon bonheur en ces lieux. Disons qu'un petit 4 trouvés sur 5 cherchés m'aurait semblé normal, d'autant que les livres que j'avais sur ma liste avaient été chroniqués les semaines précédentes dans diverses revues et n'étaient donc pas, a priori, d'obscurs écrits totalement improbables. Et, effectivement, j'étais un peu déçu en sortant de n'avoir trouvé que deux des cinq ouvrages cherchés. Dépité également, je vous l'avais dit sur le moment, de l'attitude des libraires rencontrées : aimables, certes, mais visiblement peu au fait de certaines choses littéraires (je ne pensais pas que Lucien de Samosate était si peu connu…) et, surtout, bien peu commerçantes. Ni l'une ni l'autre des libraires consultées ne m'a proposé de commander les ouvrages cherchés ! Ou proposé des ouvrages similaires à ceux que je cherchais. Alors, oui, j'ai acheté d'autres ouvrages, certains parce qu'ils m'ont tenté (il ne faut pas que j'entre dans une librairie…), d'autres parce que vous me les avez conseillés, et que j'écoute souvent vos conseils. Mais, quelque part, une petite voix me disait « t'as vu, tous ces bouquins, t'as pu les repérer sur un site de vente en ligne y'a deux heures, t'aurais pu les commander sans te taper les bouchons et en plus un peu moins cher » (les fameux 5%). Bon, je ne vais pas agir de la sorte, je vais plutôt aller commander mes bouquins à ma librairie favorite de Toulouse (plutôt spécialisée polar, SF, mangas et BD, mais ils sont pas « exclusifs »). Mais pour un qui agira comme moi, combien se reporteront sur Alazone ou sur Amapag ?



Otto Naume (a g.), le Tenancier, (a dr.) en plein travaux


Le Tenancier : Cher Otto, vous cédez ici à un fantasme bien courant, ce qui m’étonne de vous. En effet, on a toujours tendance à penser qu’une bonne librairie vous fournira tout ce que vous désirez. On est forcément loin du compte si, de plus, l’on y entre avec une liste. C’est que, de plus en plus, la librairie est considérée comme un lieu de stockage et non un lieu de découverte. Votre liste, en partie le démontre. Il y a, de prime, un obstacle. Si grande soit-elle, la librairie ne peut héberger tous les ouvrages parus. Rappelons qu’il y en a au bas mot 3000 par mois, tous genres confondus, certes, mais aussi un fonds d’ouvrage disponibles en France qui est énorme. Deux ouvrages ? Estimez-vous heureux, presque. Je ne pense pas que vous auriez fait un meilleur score ailleurs.
Ensuite, je suis bien d’accord avec vous. Si l’accueil fut on ne peut plus correct, il semble que ces vendeuses étaient découragées à l’avance sur le fait de commander les ouvrages. Ce pourrait sans doute être le fruit d’une certaine incompétence. Je crois qu’il faut considérer également le fait que les gros distributeurs sur le net font une concurrence sévère sur ce plan. En effet, même si la transmission des commandes se fait électroniquement, désormais, il y a des délais incompressibles, que sont le traitement des commandes par le distributeur et l’acheminement jusqu’à la librairie. Ces délais sont considérablement raccourcis chez les prestataires du net qui ont là une logique industrielle dans la chaîne de traitement des commandes. Le pli a sans doute été pris sous la menace d’une réplique attendue : « Ça ira plus vite sur le net ». Je nuancerai moins, en revanche, votre appréciation sur le manque de ressort de ces deux vendeuses qui, si elles ont su vous orienter efficacement vers certains rayons, n’ont pas paru très dégourdies pour vous orienter vers des ouvrages de votre goût, voire de vous sonder à ce propos. Ce qui devrait encore faire la force des quelques librairies de neuf qui existent encore, réside dans le fait qu’elle est occupée par des êtres humains qui ont dû lire quelques ouvrages dans leur vie. Je vous sais assez curieux pour vagabonder ailleurs que dans votre liste. Le fait même que, devant elles, vous regardiez autre chose eût pu les stimuler. Ce ne fut pas le cas. Aucun dialogue n’a été entamé. Au lieu de vous entraîner devant les rayons pour chercher les livres que vous désiriez, elles se sont plantées devant un ordinateur. Cela démontre le manque endémique de formation de la plupart des libraires en matière de vente. En réalité, il me semblait avoir affaire à deux bibliothécaires. On rentre tout à fait dans la perspective de la librairie française actuelle : le manque de vendeurs réellement qualifiés à cause d’une sous-rémunération due à une activité de peu de rapport. Pourtant, c’est bel et bien là que se trouverait la solution pour les libraires de neuf : garder des vendeurs expérimentés et avec de la bouteille. Cher Otto, avez-vous souvent rencontré des vendeurs en librairie qui ont plus de 40 ans qui ne soient pas à la tête du magasin ?
Pour votre librairie spécialisée, ce ne devrait pas être une gêne de vous commander des livres hors de sa spécialité : elle a accès aux mêmes réseaux que tout le monde.

Otto : Cher Tenancier, j'entends bien vos remarques, je ne confonds pas librairie et entrepôt, ni ne demande à l'une d'elles, aussi importante soit-elle, de ressembler aux rayons présumés quasi-exhaustifs (on peut toujours présumer, hein…) de certaines chaînes de distribution auto-proclamées « agitatrices » (c'est à la mode, de s'agiter. Agir, en revanche…). Mais l'on en revient à ce qui semblerait devoir être la vocation, je dirais même la justification, d'une librairie de neuf ayant pignon sur rue de nos jours : le conseil. Ce qui passe, en premier lieu, par le fait de lire, pas forcément tous les livres, il y a évidemment impossibilité, mais au moins les chroniques des quelques magazines et pages de journaux pouvant encore prétendre au rang de référence en matière de critique littéraire. Si Machin parle en bien de l'ouvrage Truc, cela devrait titiller l'œil du libraire et le pousser à commander la chose. Mais il semble que le seul ouvrage commandé ces derniers temps soit La princesse de Clèves, ce qui, malgré les probables charmes de l'ouvrage (jamais lu), n'augure rien de bon pour la littérature actuelle. Et permet de comprendre le niveau des aimables boutiquiers à qui l'on peut s'adresser. Et il est vrai qu'à ce niveau, comme à bien d'autres, c'est d'avoir des vendeurs quelque peu expérimentés qui apparaît comme la solution. Pour en revenir à ma librairie toulousaine (Album pour la nommer), l'on m'y suggère régulièrement des auteurs que je ne connais pas – certes, je suis bon public, et bon acheteur, donc plus intéressant que le mec qui achète son polar à 12 euros et se barre. Et l'on s'aperçoit vite que les divers vendeurs (qui sont les mêmes depuis que je fréquente l'endroit, 3 ans environ) ont des connaissances sur ce qu'ils vendent, qu'ils ont des passions et qu'ils les font partager. L'humain, quoi. Et cela donne forcément plus envie d'aller acheter chez eux qu'ailleurs. Mais c'est vrai qu'en province, on prend plus le temps de discuter. Et que la personne derrière vous dans la queue ne se met pas à râler parce que le vendeur est en train de parler avec vous. Au pire, il viendra même partager ses connaissances sur la discussion.
Quant à acheter un livre sur le Net, cela ne me viendrait pas à l'idée. D'abord parce que je trouve la totalité des sites de ce type mal foutus et plutôt décourageants pour l'acheteur. Ensuite parce que je n'ai que foutre de leurs suggestions à la noix de type « les autres lecteurs qui ont acheté cet ouvrage ont aussi aimé… » : l'avis du libraire peut m'intéresser, celui des autres acheteurs, ben… Rien d'élitiste là-dedans, mais je vois mal comment un programme informatique peut voir quoi que ce soit de qui je suis, de ce qui m'intéresse dans un ouvrage, des affinités que je peux avoir. D'autant que ces « suggestions » sont très limitatives. J'aime le rigolard Westlake et le très sombre Jim Thompson. Avec ça, il me suggère quoi, le programme ?
Par ailleurs, une boutique en ligne ne peut pas remplacer un vrai magasin, avec tous ses trésors entassés dans des rayons, que l'on prend plaisir à sortir de leur cachette pour les découvrir, souvent les rejeter après lecture de la quatrième de couverture, parfois les garder. Parce que le titre ou la couverture vous a attiré (comme celle de ce récit d'un aventurier capturé par les indiens Patagon sur lequel j'ai craqué lors de cette incursion germanopratine), parce que l'argumentaire au dos vous a séduit, bref parce que vous venez de faire une trouvaille. Que vous n'auriez jamais faite sur le Ouèbe : sur le Net, tous les livres de la Terre sont présents mais vous ne les voyez pas ; dans une librairie, les x milliers d'ouvrages présents sont là, sous vos yeux, attendant d'être découverts. Une histoire de sentiers battus, en quelque sorte…

Le Tenancier : Effectivement le travail de conseil est crucial. Ce qui est particulièrement curieux, c’est que le libraire met de plus en plus d’obstacles entre son conseil et le client qui vient lui rendre visite. Il semble qu’il y ait une étrange rupture de dialogue entre les deux. Ainsi, on voit des papillons manuscrits égayer les rayonnages et les étals, prétendant constituer une accroche pour le chaland. La parodie serait facile qui commenterait « Ainsi parlait Zarathoustra » de la même façon. On imagine : « Philosophe un peu difficile mais qui dit des choses justes ». Plus anciennement, et j’y ai déjà fait allusion sur ce blog, il y avait les Tables Apostrophes, qui mettaient en évidence les livres passés à l’émission dans la semaine. Imaginez que c’était plutôt la cata quand le sujet de l’émission n’était pas vendeur… Par ailleurs, énormément de clients, la majorité, en fait, n’ose plus en passer par le libraire, sûrement jugé comme « intellectuel » et donc incapable de se mettre à niveau. En réalité, ce métier a tellement été sacralisé que l’on en a oublié qu’il était assuré par des gens normaux qui avaient pour mission de satisfaire des clients. Cet abandon, volontaire ou non, du rôle de prescripteur a des effets en retour catastrophiques. On entre dans une librairie parce que l’on a parlé de ce livre à la téloche, et l’on vitupère si l’on ne le trouve pas parce qu’un présentateur a déclaré qu’on pouvait le trouver dans TOUTES les librairies. De là, une image faussée et perverse de la librairie de neuf : dépôt de livre qui fait vivre une bande d’intellectuels ratés qui n’ont pas su faire autre chose de leur vie, et qui sont infoutus de faire correctement leur travail. Et cette description, entendue parfois, est à peine une caricature. Il semble bien, au final que tout le monde a peur de dialoguer, de se tromper, alors on remet cette compétence à d’autres : presse, télévision (qui selon moi tient du spectacle et non de l’information…) ou même publicité. La faute en incombe essentiellement au libraire qui – je l’ai vu parfois – se retenait de défaire quelques illusions sur son activité et en a renforcé d’autres par paresse et même par mégalomanie personnelle. Il faut que vous sachiez, Otto, que nombre de libraires ont inventé ce métier et qu’ils sont à l’origine de rééditions cruciales, de redécouvertes d’auteurs indispensables… et autres fariboles émises par des personnes aimables au demeurant mais qui n’ont jamais quitté leur comptoir.
Attention, tous ne sont pas comme ça. Il reste également des amateurs de librairie qui viennent discuter avec les vendeurs. Il reste encore des libraires qui savent lire et qui se mettent au courant de ce qu’il paraît. Mais la manifestation de ce fait devient rare. Quand cela arrive, une relation spéciale se développe, connaissant vos goûts, le bon pro saura aller dans votre sens mais également vous fera déraper parfois vers des choses que vous ne soupçonniez pas. En retour, le client fera de même. Je dois une partie de ma bibliothèque à toutes les personnes avec qui j’ai dialogué lors de l’exercice de mon travail. Détruisons un mythe : un bon libraire n’a pas le temps de lire pendant son travail. Trop occupé à autre chose. Mais il emporte du travail à la maison. Et il a de la mémoire. Celle-ci se bonifie avec le temps. Et il la met à votre disposition.
Il reste, Otto, que votre recherche de livres partait d’un autre type de prescription : le conseil amical, il est parfois difficile à satisfaire s’il concerne un livre épuisé…


Otto préparant son intervention...

Otto : Certes, je suis et resterai toujours difficile à satisfaire, même par les mains calleuses d'un libraire qui a « pour mission de satisfaire des clients ». Pour ce qui concerne l'aspect « dialogue », il y a du vrai dans ce que vous dites, l'on cherche – et pas seulement en librairie – à s'affranchir de cette horrible perte de temps que constitue l'échange d'idées avec l'impétrant qui a l'audace de vouloir réfléchir plutôt que de dégainer sa carte bancaire avec la grâce du pistolero de bande dessinée. Il est vrai que dans mes lointaines contrées, ce travers est, heureusement, moins marqué. L'on peut échanger des idées sur la littérature dans sa librairie préférée comme papoter de la pluie et du beau temps avec la caissière du supermarché sans se faire insulter par ceux qui vous suivent dans la queue. Mais, en ville, il faut aller vite. Et c'est aussi pour cela que vendeurs comme acquéreurs potentiels foncent à ce qu'ils considèrent comme l'essentiel. Et inclinent vers le pré mâché, voire le prédigéré. Que ce soient ces fameux papillons dont vous parlez (et effectivement d'une incommensurable vacuité) ou ces ouvrages « recommandés » au JT ou à une quelconque émission littéraire, ils sont, entre autres, la convergence vers le « fast book », qui conduira forcément à ce que l'acheteur s'affranchisse du libraire : pourquoi s'emm… à se déplacer alors qu'on obtient strictement le même non-service sur Internet ?
Ayant été moi-même libraire il y a fort longtemps et pendant un court laps de temps (j'emmenai du travail à la maison, comme vous dites, mais oubliais un peu souvent de le ramener… Mais ce n'est pas cela qui m'a amené à quitter l'établissement, je le précise…), j'ai vu une sorte de résumé de ces divers aspects : les petites dames très gentilles et très âgées qui se ruaient sur l'étal des Harleq… le jour de leur sortie, prenant les six nouveaux titres du mois sans même en lire la couverture, réflexe conditionné ; les fameuses et si vraies tables Apostrophe, avec leur public tout aussi pavlovien ; leur équivalent « nécro » : incroyable ce qu'un mort peut vendre mieux que de son vivant, surtout si c'est tout frais ; les amateurs qui viennent parce qu'ils savent qu'ils trouveront ce qui les intéresse et que vous pourrez leur donner des conseils.
En parlant de conseil, il est vrai que celui des amis n'est pas forcément le plus opportun, le risque n'étant pas nul qu'un ouvrage soit épuisé. Mais l'avantage de l'amitié, c'est que l'on peut prêter l'œuvre en question. Et qu'un peu de frustration n'est pas forcément mauvais pour le teint. Et, cher Tenancier, quelle autre source de conseil pourrait-on accréditer ?

Le Tenancier : Mon Otto, toute personne sachant lire est une source de conseil, bien sûr ! Je ne botte pas particulièrement en touche en vous annonçant cela. J’estime que le livre est encore le véhicule d’une certaine convivialité. Si un livre est épuisé, c’est là qu’interviennent plus efficacement les libraires d’occasion dont je fais partie et dont j’espère dire deux mots un peu plus tard.
Pour ce qui est du prescripteur spécialisé, il est évident que nombre de libraires de neuf ont renoncé à ce rôle par la force des choses ou par désillusion, comme nous venons de l’entrevoir. Il existe par ailleurs tout un réseau élaboré de promotion du livre… mais est-ce encore en rapport avec le fameux conseil que vous semblez tant solliciter ? Le Critique Littéraire fait partie de ce réseau. Comme le journalisme dont il fait partie, il est désormais difficile de faire la part de son indépendance et de la sujétion dont il peut être parfois victime, ou acteur consentant. Comment faire des critiques dans un journal qui fait partie d’un grand groupe de communication et qui englobe à la fois les secteurs de la presse et de l’édition ? Comment ne pas se poser la question de la mansuétude de rubriqueurs devant les merdes épouvantables qui paraissent à un rythme régulier dans l’édition française ? On passera sur les complicités et les renvois d’ascenseur systématiques qui ne défrayent même plus les chroniques (car ce style de dénonciation est tout aussi parfaitement intégré à cette même machinerie) pour se poser la question de l’enjeu économique de la publication d’un livre.
En effet, publier un « best-seller » est un enjeu industriel considérable.
Tout commence avec la commande du papier, son acheminement à l’imprimeur qui, lui, veille à ce que ses machines tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le livre, une fois imprimé, est acheminé dans les différents centres régionaux du distributeur. En amont de tout cela, alors que le livre est encore à l’état d’épreuve, l’éditeur, ou son diffuseur, envoi ses représentant vers tous les points de vente du livre pour engranger les « mises en place ». En réalité, il s’agit de faire parvenir un certain nombre d’ouvrages sur les points de vente le jour officiel de la parution avec un léger stock qui permettrait de faire le pont avec une éventuelle réimpression sans qu’il y ait réelle rupture. Comment, à partir de ces colossales manœuvres, les sommes investies, ne pas comprendre que l’éditeur ne fera pas tout pour que la promotion de son livre réussisse ? Et, à partir de ce constat, comment ne pas estimer que le critique littéraire est considéré comment un élément du plan de promotion de ce dit éditeur ? Le sont-ils tous ? Certes non. Vous avez le droit et même le devoir de vous interroger sur les raisons que la critique d’un journal féminin s’extasie sur le dernier Musso ou le dernier Marc Lévy, vous avez raison de ne pas être dupe du chroniqueur de ce newsmagazine qui entre en pâmoison à propos du récent BHL ou de « l’essai » d’Alain Minc. Leur point commun ? Pas besoin de lire ces critiques, on pourrait les écrire soi-même. Mais, dans un autre sens, les articles que je lis dans des journaux comme La Quinzaine Littéraire m’ont fait découvrir des choses considérables… C’est que l’on assiste désormais à une course à deux vitesse qui différencie certaines catégories de vendeurs de livres, d’éditeurs, d’écrivains (Les Annuels, comme j’appelle ces derniers : ceux qui sont tenus contractuellement à écrire un livre par an : Pennac et Picouly, par exemple… mais il y en a d’autres types) et puis les autres pour qui ses considérations sont inenvisageables, faute de moyens et également par goût. Parce qu’un éditeur de poésie ou de sciences humaines – par exemple - ne fait pas du livre-kleenex en général…
Je parlais de la mise en place des livres chez les libraires, entre autres. Il faut que je vous remémore une chose à propos de votre déconvenue dans cette librairie. Si vous ne trouvez pas forcément un endroit qui correspond à vos critères littéraires, il faut que vous vous rappeliez que le fonds d’une librairie de neuf contemporaine est la résultante d’un choix dont le libraire n’est presque plus du tout maître, fait qui renforce le phénomène promotionnel dont je vous parlais à l’instant.
Depuis très longtemps, une pratique a cours dans la librairie de neuf, pratique sollicitée par le libraire lui-même à l’origine. Il s’agit de l’Office.
A l’origine, le commerce de la libraire était relativement simple. Maître à bord, le libraire commandait ses livres en fonction de ses espérances de vente et de ses goûts, bref, de ceux qu’il estimait pouvoir défendre sans problèmes aucun. Seulement, beaucoup de nouveautés échappaient ainsi au professionnel, incapable d’investir dans le flot de nouveautés croissantes au sortir de la guerre. La solution résida dans un accord passé avec les distributeurs du livre. Tous les mois – ou dans un intervalle plus rapproché – le libraire recevrait d’office – d’où le nom – une certaine quantité de livres nouveaux selon une grille préétablie entre le libraire et le représentant. Avec le temps, ces grilles s’affinèrent, les conditions financières s’ajustèrent en fonction de la nature de la libraire, des livres, etc. Mais, cet arrangement n’a strictement rien à voir avec le dépôt. Cette dernière disposition permet au libraire de payer l’éditeur une fois que le livre a été vendu. Dans le système de l’Office, le libraire paye le colis qu’il vient de recevoir… Quel intérêt alors ?
Eh bien, vous avez la possibilité de retourner ces ouvrages en cas de mévente jusqu’à une échéance d’un an. Dans ce cas, ils ne vous sont pas remboursés mais crédités sur votre compte chez le distributeur ou l’éditeur. Ce système ingénieux avait tout pour plaire au départ… Seulement, les temps ont changé.
L’arrivée de l’édition-kleenex a accéléré la mise en place des offices avec des contenus dont la finalité est non de vendre des nouveautés mais de faire de la trésorerie au profit des producteurs du livre (Dans les colis, il y a eu souvent du n’importe quoi ! J’ai connu des libraires qui avaient un employé qui ne s’occupait que de confectionner les retours vers l’éditeur…) La masse financière immobilisée ne se dirige plus vers les petites structures, qui sont incapables de gérer le monstrueux mécanisme des offices (certains petits distributeurs ont sombré corps et bien face à un taux de retour phénoménal et des éditeurs incapables de faire face à celui-ci…) Enfin, le choix à la disposition de la clientèle de la librairie se standardise : 90% du fonds de la majorité des librairies – et c’est une évaluation optimiste – est issu de ce système des Offices. Cela veut dire que vous allez retrouver grosso modo les mêmes ouvrages partout. Cela veut dire que si un éditeur met le paquet sur un auteur dont il est assuré de la vente, vous retrouverez ce livre PARTOUT ! Cela veut dire encore que le libraire – parfois à son corps défendant – n’est plus qu’un élément impersonnel de ce dispositif de production du livre. Rien de plus. Certes, certains s’expriment sur d’autres ouvrages. Mais se sont souvent des nouveautés qui sont également inscrites dans la grille d’Office. En réalité, nombre de ces confrères sont enferrés dans un système dont il est extrêmement délicat de sortir. Ayant abandonné par ailleurs leur rôle de prescripteurs, comment peuvent-il s’abstraire de ce mécanisme pervers sans risquer la survie de leur entreprise ?
Il en résulte également que le libraire est de plus en plus vu comme un relais incommode de la distribution finale du livre. Internet est la panacée pour les grands groupes, en attendant la dématérialisation du livre. Ce que les thuriféraires de cette dématérialisation (quelqu’un comme François Bon, par exemple) n’ont pas l’air de percevoir, c’est que tout ceci n’est guère que l’illustration d’une doctrine économique post-industrielle et non une révolution technologique. Le libraire de neuf, certains critiques littéraires – je veux parler des vrais, cette fois-ci – appartiennent au vieux monde. C’est à eux de réagir et de créer les conditions de leur pérennité en prenant la tangente. En tout cas, il y a une sévère remise en question d’une certaine économie du livre à faire.
Et c’est urgent.

Allonger (s')

Allonger (s') : Tomber de son long par terre. — « Mon capitaine, en cet endroit, s'est allongé... Il est tombé de cheval. » (Commentaires de Loriot.)

Allonger (s') : Faire une dépense qui n'entre pas dans ses habitudes. Le faire plus forte encore, c'est se fendre. V. ce mot. Termes d'escrime.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 3 mars 2018

Lecture ancillaire

Allez donc (et)

Allez donc (et) : Locution destinée à augmenter dans un récit la rapidité de l'acte raconté. — « Quand il a vu ça, y s'est esquivé rapidement... et allez donc ! J'entaille le sergent, je blesse deux soldats. » (E. Sue.) — « L'école du bon sens met le Théâtre-Français en interdit. Émile Augier porte Philiberte au Gymnase... et allez donc ! » (Mirecourt, 55.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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vendredi 2 mars 2018

Un moment paisible

Le Tenancier pour se distraire, et connaître la région dans laquelle il s’est installé encore récemment, fréquente les vide-grenier. La pratique lui permet de connaître les bourgs avoisinants et, de temps en temps, d’avoir des contacts avec les indigènes. Le dernier en date s’est déroulé dans un gymnase : on repassera donc pour la topographie locale, déception mineure puisque nous connaissions déjà Carentoir un peu, étant donné que c’est le berceau familial. D’habitude, votre Tenancier découvre fort de chose en matière de livres dans ces déballages, sinon de la littérature Kleenex et des livres pour ado, ce qui revient à la même chose… Or, dans cette manifestation, nous sommes tombés sur un couple de retraités sympathiques qui avait disposé deux ou trois cartons de bouquins. Rien de bien exceptionnel dans les trouvailles : des 10/18 que vous découvrirez un de ces quatre, des Que-sais-je ? dont on se dit qu’ils commencent à être moins courants et d’autres petites choses. La meilleur pièce était bien ce Poètes d’aujourd’hui consacré à Genet par Jean-Marie Magnan, chez Seghers. C’est en le feuilletant en retour d’expédition que nous sommes tombés sur ce morceau d’ancien accusé de réception des PTT, truffe improvisée qui, ouvre souvent à des conjectures, dès lors que l’on rencontre un nom connu. Voici un marque-page qui ouvraient à quelques interrogations : 


D’abord, est-ce le Fallet auquel on pense ? Habitait-il Courbevoie ? Dans cette éventualité, ce livre lui a-t-il appartenu ou bien était-ce à l’un de ses correspondants ? Et puis, d’abord, qu’est-ce que cela peut faire ? À cette dernière question il est aisé de répondre : comme en cuisine, l’art de la truffe fait appel à l’inventivité et à l’imagination.
Nous avons passé, de notre côté, un fort bon moment à la rêverie et aux conjectures stériles. On a conclu à rien, seulement à notre plaisir.

Allez vous asseoir

Allez vous asseoir : Taisez-vous. V. Asseoir.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 26 février 2018

Devinette cinématograhique

Grégory nous propose une nouvelle énigme à partir du photogramme ci-dessous :


— Dans quel film voit-on ce livre recouvert d'un papier journal ?

— Et à quelles conséquences étonnantes aboutit la découverte de cette pratique hautement — à moins que le Tenancier me contredise —bibliophilique ?

Eh bien non, Grégory, ce n'est pas trop bibliophilique, ce sera l'occasion d'en causer dans un prochain billet... En tout cas, on vous convie à répondre, si vous trouvez, dans les commentaires de ce présent billet. Le Tenancier a séché, ce qui ne semble pas le cas de ce lecteur-là.

Aller (faire)

Aller (faire) : Tromper.. — « Te v'la charbonnier, de malheur. Quoi ! il y a là une voie de charbon ? Tu nous fais aller. » (Fort en gueule, Imprimerie Stahl, 20.) — « Essaie d'en faire aller d'autres que Florine, mon petit. » (Balzac.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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jeudi 22 février 2018

10/18 — John Ruskin : La Bible d'Amiens



 



John Ruskin

La Bible d'Amiens

Traduction, notes et préface de Marcel Proust
Préface d’Hubert Juin


n° 1815

Paris, Union Générale d’Éditions

Coll. 10/18
Série « Fins de siècles »
dirigée par Hubert Juin

256 pages
+
20 pages (extrait du catalogue)
Dépôt légal : novembre 1986
Couverture : John Ruskin à Glenfinlas (détail) par J.E. Millais
ISBN : 2-264-01008-8


(Contribution de SPiRitus)
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Aller son petit bonhomme de chemin

Aller son petit bonhomme de chemin : Aller doucement.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 21 février 2018

Aller se faire fiche

Aller se faire fiche : V. Ficher.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 20 février 2018

Une historiette de Béatrice

«  Bonjour madame.
— Bonjour madame.
— À tout hasard, auriez-vous des Delly ?
— Désolée, non.
— Oh non ! J'essaie de reconstituer l'intégralité de cette œuvre pour mes petits-enfants, mais c'est difficile. Enfin, j'en ai retrouvé deux à Besançon. C'est très rare.  »

Aller où le roi ne va qu'à pied

Aller où le roi ne va qu'à pied : Faire ses besoins. — Ce rappel à l'égalité est de tous temps. Se disait au dix-septième siècle : « Aller où le roi ne va qu'à pied. C'est à mots couverts le lieu où l'on va se décharger du superflu de la mangeaille... » (Scarron.) V. Numéro 100.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 19 février 2018

Devinette cinématographique

Vous connaissez George, vous qui fréquentez ce présent blogue et surtout celui dont il s'occupe de temps à autre, c'est-à-dire pas trop souvent en ce moment, ce que nous regrettons... donc, je disais : vous connaissez George, dès qu'il s'agit de jouer, il frétille de partout. Enthousiasmé par la proposition de Grégory dans notre précédent jeu, voici qu'il nous propose à son tour de deviner de quel film sont tirées ces images, volontairement altérées pour vous compliquer un peu l'existence.





Votre Tenancier a trouvé et George n'a rien trouvé de mieux que s'exclamer  : 
Je me disais bien que c'était trop facile...
Vous savez quoi ? Eh bien le George, le Tenancier l'aime quand même.

Comme d'habitude, fournissez la réponse dans les commentaires...

Aller gaiment (y)

Aller gaiment (y) : Agir sans se faire prier, sans que la gaîté soit précisément de la partie. Allons-y gaiment ne signifie rien de plus que allons-y. — Les amateurs du langage en mar ont imaginé de varier en disant allons-y gaimar. V. Mar.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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dimanche 18 février 2018

Arriver à bon port...

Aller au diable au vert

Aller au diable au vert :  — Faire une excursion aventureuse.
M. Rozan explique ainsi ce mot « Auvert est une corruption de Vauvert ; on disait autrefois : Aller au diable Vauvert. Le V a été mangé dans la rapidité du discours, et il a fini par disparaître si bien, qu'on a été amené à couper en deux, pour lui donner une sorte de sens, le reste du mot : auvert. — Le château de Vauvert ou Val-Vert, situé près de Paris, du côté de la barrière d'Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Saint-Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux chartreux en 1257. »
Rabelais parle encore de ce diable fameux : — « Je vous chiquaneray en diable de Vauvert » dit le chiquanous Rouge-Muzeau, dans le chapitre 16 du livre IV de Pantagruel.
On dit maintenant au diable vert, ce qui s'éloigne encore plus de la forme primitive. « J'ai déjà parlé de celui d'Alexandre Dumas, qu'on veut reléguer à Charonne, au diable vert. » (Liberté, 26 juillet 1872.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 17 février 2018

Vous aussi, grâce à notre méthode, remettez de l'ordre dans vos affaires et touchez rapidement de l'argent

Robert Crumb : La vie religieuse de Philip K. Dick
Métal Hurlant n° 120, juin 1986
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Aller à Niort

Aller à Niort :  — Nier. — Jeu de mots. — « Je vois bien qu'il n'y a pas moyen d'aller à Niort. » (Canler.) V. Flacul.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Une théorie (non-marxiste, encore que... ou alors psychanalytique, à bien réfléchir) de l'accumulation

Billet écrit sur le blog Feuilles d'automne en juin 2009, quand votre Tenancier était encore libraire.


Les collections populaires regorgent d'images saisissantes et parfois très stylées. Du reste nombre de ces images font l'objet de convoitise de la part des amateurs. Eh bien tant pis pour vous, les potes, vous n'aurez pas celui-ci, nananère ! Ce marque-page a été trouvé dans une acquisition récente, un exemplaire assez propre du premier tome des Contemporains de Jules Lemaître. On le voit, aucun rapport avec le sujet. Mais ces télescopages ne sont pas rares.
La question va finir par se poser. Est-on libraire parce que l'on accumule ces milliers de petits bouts de papiers : tickets de métro, de cinéma, marque-pages, étiquettes de toutes sortes, affiches de librairie, de cinéma, de concert, etc ?
Ou bien est-ce par vice que l'on fait ce métier ?
Ou encore, l'accumulation est-elle un vice complémentaire ?


(Pardon pour la reproduction assez dégueu de ces bouts de carton. Mais, après tout, vous n'avez qu'à posséder le vôtre.)

Aller (y)

Aller (y) : Se laisser tromper. — Fallait pas qu'il y aille ! dit-on d'un homme malheureux par sa faute. V. Faire aller.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 14 février 2018

« Bon à donner aux cochons »

LA SATIRE est une sorte de miroir où, d’ordinaire, chacun reconnaît le visage de tous hormis le sien ; ce qui est la principale raison de la réception qu’elle a dans le monde, où elle n’offense que fort peu de gens. Cependant, s’il en advenait autrement, le danger n’est pas grand ; et j’ai appris par une longue expérience à ne jamais craindre des méfaits, de la part des intelligences que j’ai su provoquer ; car si la colère et la furie ajoutent de la force aux nerfs et du corps, on a pu voir qu’elles relâchent ceux de l’esprit, rendant ses efforts faibles et impuissants.
IL EST  un cerveau qu’on ne saurait faire mousser plus d’une fois : son possesseur fera bien de le rassembler à bon escient et d’user  de sa faible réserve avec parcimonie ; mais avant toute chose, qu’il évite de l’exposer au fouet de ceux qui valent mieux que lui, car cela le fera monter, tout écumant, jusqu’à l’impertinence, et il épuisera rapidement sa réserve ; l’esprit dépourvu de savoir est une sorte de crème, qui en une nuit se rassemble à la surface, et par une main habile sera rapidement fouettée en mousse ; mais, une fois cette mousse écumée et jetée, ce qui apparaît en dessous ne sera bon à rien, qu’à donner aux cochons.

Préface de l’auteur au
RÉCIT
Complet et Véridique
de la
BATAILLE
qui se fit V E N D R E D I dernier
entre les
LIVRES
A N C I E N S et M O D E R N E S
en la
BIBLIOTHÈQUE
Saint-James
par
Jonathan Swift
(Traduction de Jeannie Carlier)
Paris
Les Belles Lettres
1993

Aller de (y)

Aller de (y) : — Fournir. — « On y va de ses cinq francs ou de sa larme. » (Monselet.) — « Elle a tourné de l'oeil sans dire : ouf !... Pauvre vieille ! j'y ai été de ma larme.. » (About.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Avertissement

Les personnages de ce livre ont été
conçus uniquement pour vous distraire.
S'ils ressemblent à quelqu'un de
votre connaissance, c'est uniquement
par hasard.
Les Éditeurs.

San Antonio : Des clientes pour la morgue (1954)

Aligner (s')

Aligner (s') : — Tomber en garde pour se battre. Mot à mot : se mettre sur la même ligne que son adversaire. — « Ils mettent parfois le sabre à la main et s'alignent. » (R. de La Barre.) — « À la suite d'un bisbille, ils sont descendus pour s'aligner. » (J.Arago, 38.) V. Aplomb.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 13 février 2018

Devinette cinématographique (suite)

Comme le quiz cinématographique, proposé il y a quelques jours à été vite résolu, Grégory nous propose une question subsidiaire :
« La Corde contient, dans ses dialogues, au moins trois blagues sur l'univers des livres : disons une sur l'édition, une sur la bibliomanie et une sur la lecture. Quelles sont-elles ? »
Nous allons devoir revoir le film...

Alentoir

Alentoir : — Alentour. — Changement arbitraire de la finale.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 12 février 2018

Trieste en sa lumière

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas signaler. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…

Ce récit existe certainement : au gré du hasard, un personnage croise à plusieurs reprises les traces d’une ville réelle qui se transforme en cité fantasmée, puisqu’il n’y a jamais mis les pieds. Le pressentiment tenace d’une issue fatale, ou d’un événement extraordinaire, si jamais le personnage s’y déplaçait, l’obséderait. Arrive le moment où, volontairement, ou par accident, il s’y retrouve, la menace au-dessus de lui. Qu’arriverait-il ? Pour ma part, je souhaiterais qu’il ne se passe rien, non par superstition personnelle, mais parce que le désenchantement, la déception, le lâche soulagement demeurent des sentiments intéressants à explorer bien plus, à mon gré, que l’événement extraordinaire qui reste à la portée de tout littérateur moyen ? Moi qui ne suis qu’un écrivaillon — et qui l’assume allégrement — je ne peux que confier cela à plus doué, me doutant bien par ailleurs que le sujet a été traité cinquante-douze-mille fois, au moins. Ceux qui suivent le blogue savent d’où vient cette idée, qui tourne autour de Trieste depuis pas mal de temps. C’est dans une de ses évocations que j’appris récemment par un ami (qu’il me permette cette familiarité !) la parution d'une livre de Patrick Boman sur le sujet. Non seulement j’étais avisé de l’existence de cet ouvrage, mais je le recevais anonymement. Trieste en sa lumière rassemble les notes de plusieurs séjours dans les murs de la ville, ponctués de promenades érudites et des stations dans les cafés fort nombreux. Évidemment, les écrivains de Trieste se profilent dans ces pages, comme Roberto Bazlen ou Umberto Saba et ceux qui s’y sont arrêtés comme, bien sûr, James Joyce, dont Boman aborde malicieusement le versant alcoolique, souvent négligé de la part des thuriféraires. Mais Trieste apparaît aussi comme une curiosité géographique, un vestige de l’Empire austro-hongrois, un port méditerranéen, une frontière évanescente et pourtant disputée autour d’un rideau de fer qui semble ici plus fusible qu’ailleurs. Combien de fois Trieste a-t-elle changé de drapeau et de fonctionnaires (les représentants de l’Empire se montraient, paraît-il, incorruptibles et sourcilleux !) et combien de langues y parle-t-on ? Combien de plats différents, également, retenant le gastronome Boman (son Palais des saveurs accumulées est un opuscule remarquable sur la cuisine chinoise !), et qu’y boirions-nous ? Les morts s’invitent aussi dans cette flânerie, et leurs traces portent témoignage de l’intrication de tous ces univers. Trieste possède la qualité de certains écrivains situés sur des limites, plus exactement sur les limes de l’Empire. Ici, l’empire est géographique, là, il sera littéraire. Il demeure toutefois un endroit privilégié pour voir passer les hommes, les événements, les navires et les drames. Patrick Boman se place idéalement à cheval sur toutes ces perspectives et ses notes de voyage dispensent le soussigné de se hâter d’aller vérifier par lui-même. Ce faisant, Patrick Boman aura peut-être sauvé la vie du Tenancier… 
Patrick Boman
Trieste en sa lumière
Ginkgo éditeur (2017)

Alea jacta est

Alea jacta est : — Le sort en est jeté. — Phrase prononcée par César lorsqu'il passa le Rubicon pour marcher sur Rome. — « Le fameux alea jacta est qu'on a répété tant de fois depuis César. » (Rozan.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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jeudi 8 février 2018

« Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ? »

— Voyez les choses en face, reprit-il. Je n’augmente pas votre loyer parce que je veux votre peau. Croyez-moi, ça n’a rien de personnel. Même avant que vous preniez ce magasin, son loyer était ridicule. Votre petit copain, Litzauer… mais c’est un crétin qui lui a refilé ce magasin ! Un bail de trente et un an ! Jamais les augmentations des baux de cet immeuble n’ont même seulement essayé de suivre les réalités de l’immobilier commercial en période d’inflation ! Dès que je vous aurai foutu dehors, je démolirai vos étagères et je loue à un restaurant thaï ou à un épicier coréen… Vous avez une idée du loyer que je vais encaisser pour un si bel espace ? Dix mille cinq cents ? Vous rigolez. Dites plutôt quinze mille par mois et le locataire sera heureux de les payer.
— Mais… et moi là-dedans ? Qu’est-ce que je fais ?
— Ce n’est pas mon problème. Je suis bien sûr qu’il y a des coins de Brooklyn ou dans le Queens où vous trouverez le même genre de superficie pour un prix abordable.
— Et qui ira m’y acheter des livres ?
— Qui vient vous en acheter ici ?  Vous êtes un anachronisme ambulant, mon ami. Un dinosaure qui remonte à l’époque où tout le monde savait que la Quatrième Avenue était le paradis du livre. Ces douzaines de librairies, que sont-elles devenues ? Le business a changé. Le poche a miné le livre d’occasion. Les librairies d’occasion sont devenues des reliques du passé, et leurs propriétaires des gens qui partent en retraite ou qui meurent. Les rares qui sont encore en activité arrivent au bout de leurs baux, ou bien alors ce sont de vieux radins qui ont eu la sagesse d’acheter tout l’immeuble dès le début. Vous faites partie d’un monde en voie de disparition, monsieur Rhodenbarr. regardez ! Nous sommes en septembre, l’après-midi est superbe et je suis votre seul client. Ça vous dit quoi, ça, sur votre affaire ?
— Sans doute que je devrais vendre des kiwis, ou des nouilles froides à la sauce de sésame.
— Rendre ce commerce profitable n’est peut-être pas infaisable, dit-il. Vous balancez quatre-vingt-quinze pour cent de ces cochonneries et vous vous spécialisez dans le haut de gamme pour collectionneurs. Un dixième de cette surface vous suffirait. Vous n’auriez plus besoin d’une boutique et pourriez diriger tout ça d’un bureau, voire de chez vous. Mais bon… je ne voudrais surtout pas vous dire comment gérer votre affaire.
— Vous me dites déjà de dégager.
— Parce qu’il faudrait que je vous encourage à poursuivre alors que vous êtes condamné ? Je ne fais pas des affaires pour la beauté de l’art, moi.
— Mais…
— Mais quoi ?
— Vous ne protégez donc pas les arts ? La semaine dernière pourtant, j’ai lu votre nom dans le New York Times. Vous avez fait don d’un tableau lors d’une collecte de fonds au bénéfice de la bibliothèque de New York.
— Sur les conseils de mon comptable, dit-il. Il m’avait expliqué que je paierais ainsi moins d’argent au fisc qu’en le vendant.
— Peut-être, mais vous avez des goût littéraires. Les librairies de ce genres constituent un bien culturel et sont, à leur manière, aussi importantes que la Bibliothèque de New York. Je ne vois pas comment ce point pourrait vous échapper. Collectionneur comme vous l’êtes…
— Investisseur.
— Ça, un investissement ? lui demandai-je en lui montrant C comme Cambrioleur.
— Évidemment, et un bon encore. Les reines  du crime font un malheur en ce moment. A comme Alibi valait moins de quinze dollars quand il a été publié il y a une douzaine d’année de ça. Et vous savez combien, en parfait état et avec sa jaquette, va chercher un exemplaire de ce livre aujourd’hui ?
— De tête, non.
— Dans les quatre-vingt-quinze dollars. Voilà pourquoi j’achète du Sue Grafton, du Nancy Pikard et du Linda Barnes. À la librairie Murder Ink, j’ai un bon de commande permanent pour tous les premiers romans policiers écrits par des femmes. Comment savoir laquelle va décoller ? Les trois quarts d’entre elles n’arriveront jamais à rien, mais en procédant de la sorte, je suis sûr de ne pas rater la perle qui passera de vingt à mille dollars en quelques années.
— En somme, il n’y a que l’investissement qui vous intéresse.
— Exactement. Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ?
Je lui tendis sa carte de crédit et son permis, puis je pris son chèque et le déchirai en deux, puis encore en deux.
— Sortez d’ici !
— Qu’est-ce qui vous prend ?
— Rien. Je vends des livres aux gens qui aiment les lire. C’est anachronique, je sais, mais c’est ce que je fais. J’en vends aussi à ceux qui aiment collectionner des éditions rares de leurs auteurs préférés, et sans doute à quelques autres qui, plus intéressés par le visuel, apprécient de beaux ouvrages rangés sur une étagère à côté de la cheminée ? Il n’est même pas impossible que certains de mes clients pensent au côté investissement de la chose, quoique ça ne me paraisse pas être la meilleurs façon de s’assurer une vieillesse confortable. Mais c’est bien la première fois que je tombe sur quelqu’un qui se moque aussi ouvertement de ce qu’il achète et ce quelqu’un, je ne cois pas en vouloir comme client. Il se peut que je n’arrive pas à payer mon loyer, monsieur Stopplegard, mais tant que je tiendrai ce magasin, je sera le seul à dire à qui j’accepte un chèque.
— Vous préférez du liquide.
— Je n’en veux pas non plus.
Je tendis la main vers le livre, mais il s’en saisit avant moi.
— Ah mais non ! s’écria-t-il. Je l’ai trouvé, je le veux. Et vous êtes tenu de me le vendre.
— Mon œil.
— C’est la loi. Je vous colle un procès si vous refusez. Mais nous n’en viendrons pas là, n’est-ce pas ?
Il sortit un billet de cent dollars de son portefeuille et le posa bruyamment sur le comptoir.
— Gardez la monnaie, dit-il. Ce livre, je le prends. Et si vous tentez de m’en empêcher, je vous accuse d’agression.
— Pour l’amour de Dieu, m’exclamai-je, je ne vais pas me battre pour ça ! Attendez un instant que je vous rende la monnaie.
— Je vous ai dit de la garder. Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? C’est un livre à cinq cent dollars que je viens de vous acheter ! Pauvre idiot ! Vous ne savez même pas la valeur que vous avez en stock ! Pas étonnant que vous n’arriviez pas à payer votre loyer !

Lawrence Block : Le blues du libraire, une enquête de Bernie Rhodenbarr (1994)
Traduit de l'américain par Robert Pépin

Alarmiste

Alarmiste : — Chien de garde. (Vidocq.) — Il donne l'alarme.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Quizz cinématographique

Grégory a tiré ces quatre images d'un film... Duquel s'agit-il ?
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.
Merci à Grégory Haleux.

Airs (être à plusieurs)

Airs (être à plusieurs) : — Être hypocrite, jouer plusieurs rôles à la fois.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 7 février 2018

Flipbooks

On apprend dans le numéro 241 de la revue Positif (Avril 1981) que Martin Scorsese faisait des Flipbooks dans sa jeunesse. On aimerait bien savoir quel fut le point d'aboutissement de ces petits travaux, s'il en reste et enfin si quelqu'un d'avisé avait pu les éditer.

Depuis la parution de cet avis en mai 2009 sur Feuilles d'automne, le Tenancier n'en sait pas plus...

Air du temps (vivre de l')

Air du temps (vivre de l') : — Être sans moyens d'existence. Terme ironique. — « Tous deux vivaient de l'air du temps. » (Balzac.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 6 février 2018

Greta

Air (se donner de l', se pousser de l', jouer la fille de l')

Air (se donner de l', se pousser de l', jouer la fille d') : Fuir. — Les deux premiers termes font image ; le troisième date de la Fille de l'air, une ancienne pièce du boulevard du Temple. — « La particulière voulait se donner de l'air. » (Vidal, 33.) — « Dépêchez-vous et jouez-moi la fille de l'air avec accompagnement de guibolles. » (Montépin.) V. Ballon. — « C'est donc gentil de faire des poufs au monde et de se pousser de l'air ! Ah ! mais, on ne me monte pas le coup. » (Almanach du hanneton, 67.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 5 février 2018

10/18 — Jules Verne : L'invasion de la mer




Jules Verne

L'invasion de la mer

suivi de
Martin Paz
Préface de Léon Blum
Introduction de Francis Lacassin

n° 1239

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume quintuple

314 page (320 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 19 mai 1978
ISBN : 2.264-00894-6

TABLE DES MATIÈRES

Jules Verne, par Léon Blum [7-8]
Jules Verne et les « majorités opprimées » (1852-1905), par Francis Lacassin [9-14]
L'invasion de la mer (1905) [17-224]
Notes de la rédacion du « Musée des familles », par Pitre-Chevalier [227-231]
Martin Paz, nouvelle historique (1852) [233-309]
Table [311-312]
Annonce « Jules Verne à Cerisy-La-Salle, du 11 au 21 juillet 1978 » [313-315]


(Contribution du Tenancier)
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Aimer comme ses petits boyaux

Aimer comme ses petits boyaux : Aimer comme soi-même : « Elle m'aimait ! Autant que ses petits boyaux. » (Parodie de Zaïre, 1732.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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dimanche 4 février 2018

La loi sur le prix du livre

Ce billet, publié sur l'ancien blog Feuilles d'automne en juin 2009, mérite d'être republié ici, car la remise en question du prix du livre est un serpent de mer qui resurgit de temps en temps...

Il y a quelque temps, certains lobbies tentaient de remettre en question la loi sur le prix du livre promulguée en 1981. Sous divers prétextes, il ne s'agissait rien moins que de revenir à des pratiques anciennes qui présidaient alors à la désertification des librairies de détail au profit des grands groupes. Le retour de cette dernière notion est incarné par l'apparition de mastodontes de la vente sur le net. Il va de soi que les récentes tentatives de remise en cause avaient cette provenance pour une bonne part. Ces timides manœuvres, gageons-le, reviendront avec force dès que "les incertitudes" économiques seront un peu éloignées. Là, le discours technocratique reviendra avec quelque force, insistant sur les bienfaits de la concurrence sur le lectorat. On l'a du reste vu chaque fois qu'un groupe d'édition ou de librairie atteignait une certaine taille, n'est-ce pas ?
Mais, qui connait cette loi, appelée improprement "la loi Lang", car des personnes autrement prestigieuses et plus impliquées dans le livre en furent également à l'origine, comme Jérôme Lindon, par exemple ? Durant le très grand nombre d'années où j'ai travaillé dans la librairie de neuf, il m'est souvent arrivé de rencontrer des clients ou même des proches ignorer le contenu de cette loi et, subséquemment, pour quelles raisons elle fut appliquée. Il serait fastidieux d'en énoncer les raisons ici. On le fera sans doute un de ces jours. Ce que je puis dire, c'est que cette loi a donné ses chances à la librairie de neuf traditionnelle. En revanche, si ce métier est exsangue désormais, c'est que la corporation s'est endormie dans une espèce de béatitude malsaine en s'abstenant de développer ses potentialités : sa force de vente, ses réseaux, son implantation, etc. Là aussi, cela fera l'objet d'un autre billet. Une chose encore, j'ai fait mes débuts dans le métier avant cette loi, et je connais la situation avant et après sa promulgation. Je puis dire qu'elle a tout de même sauvé les meubles pendant un certain temps. Je suis pour qu'elle perdure. Je sais également de quoi je parle, ce qui n'est pas souvent le cas lorsque l'on évoque son abolition.
En attendant, voici la loi. Pour une fois que je vous tiens, vous allez finir par la connaître. Il serait temps.
Faites-en votre miel...

La loi n° 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre (modifiée par la loi n° 85-500 du 13 mai 1985)

L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Art. 1er - Toute personne physique ou morale qui édite ou importe des livres est tenue de fixer, pour les livres qu'elle édite ou qu'elle importe, un prix de vente au public.

Ce prix est porté à la connaissance du public. Un décret précisera, notamment, les conditions dans lesquelles il sera indiqué sur le livre et déterminera également les obligations de l'éditeur ou de l'importateur en ce qui concerne les mentions permettant l'identification du livre et le calcul des délais prévus par la présente loi.

Tout détaillant doit offrir le service gratuit de commande à l'unité. Toutefois, et dans ce seul cas, le détaillant peut ajouter au prix effectif de vente au public qu'il pratique les frais ou rémunérations correspondant à des prestations supplémentaires exceptionnelles expressément réclamées par l'acheteur et dont le coût a fait l'objet d'un accord préalable.

Les détaillants doivent pratiquer un prix effectif de vente au public compris entre 95 % et 100 % du prix fixé par l'éditeur ou l'importateur.

Dans le cas où l'importation concerne des livres édités en France, le prix de vente au public fixé par l'importateur est au moins égal à celui qui a été fixé par l'éditeur.

[Loi du n° 85-500 du 13 mai 1985] "Les dispositions de l'alinéa précédent ne sont pas applicables aux livres importés en provenance d'un État membre de la Communauté économique européenne, sauf si des éléments objectifs, notamment l'absence de commercialisation effective dans cet État, établissent que l'opération a eu pour objet de soustraire la vente au public aux dispositions du quatrième alinéa du présent article."

Art. 2 - Par dérogation aux dispositions de l'article 37 (1°) de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, les conditions de vente établies par l'éditeur ou l'importateur, en appliquant un barème d'écart sur le prix de vente au public hors taxes, prennent en compte la qualité des services rendus par les détaillants en faveur de la diffusion du livre. Les remises correspondantes doivent être supérieures à celles résultant de l'importance des quantités acquises par les détaillants.

Art. 3 - Les dispositions du quatrième alinéa de l'article 1er ci-dessus ne sont pas applicables aux associations facilitant l'acquisition des livres scolaires pour leurs membres.

Elles ne sont pas non plus applicables au prix de vente des livres facturés pour leurs besoins propres, excluant la revente, à l'État, aux collectivités locales, aux établissements d'enseignement, de formation professionnelle ou de recherche, aux syndicats représentatifs, aux comités d'entreprise, aux bibliothèques accueillant du public pour la lecture ou pour le prêt, notamment celles des associations régies par la loi du 1er juillet 1901.

Art. 4 - Toute personne qui publie un livre en vue de sa diffusion par courtage, abonnement ou par correspondance moins de neuf mois après la mise en vente de la première édition fixe, pour ce livre, un prix de vente au public au moins égal à celui de cette première édition.

Art. 5 - Les détaillants peuvent pratiquer des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l'article 1er sur les livres édités ou importés depuis plus de deux ans, et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois.

Art. 6 - Les ventes à prime ne sont autorisées, sous réserve des dispositions de la loi n° 51-356 du 20 mars 1951 modifiée et de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, que si elles sont proposées, par l'éditeur ou l'importateur, simultanément et dans les mêmes conditions à l'ensemble des détaillants ou si elles portent sur des livres faisant l'objet d'une édition exclusivement réservée à la vente par courtage, par abonnement ou par correspondance.

Art. 7 - Toute publicité annonçant des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l'article 1er (alinéa 1er) est interdite hors des lieux de vente.

Art. 8 - En cas d'infraction aux dispositions de la présente loi, les actions en cessation ou en réparation peuvent être engagées, notamment par tout concurrent, association agréée de défense des consommateurs ou syndicat des professionnels de l'édition ou de la diffusion de livres ainsi que par l'auteur ou toute organisation de défense des auteurs.

Art. 9 - Les dispositions de la présente loi ne font pas obstacle à l'application, le cas échéant, de l'ordonnance n° 45-1483 du 30 juin 1945 modifiée relative aux prix, à l'exception toutefois des premier et deuxième alinéas du 4° de l'article 37 de ladite ordonnance.

Art. 10 - Un décret détermine les modalités d'application de la présente loi aux départements d'outre-mer compte tenu des sujétions dues à l'éloignement de ces départements.

[Loi du n° 85-500 du 13 mai 1985] Art. 10 bis - "Un décret en Conseil d'État déterminera les peines d'amendes contraventionnelles applicables en cas d'infraction aux dispositions de la présente loi."

Art. 11 - La présente loi entrera en vigueur à la date du 1er janvier 1982, y compris pour l'ensemble des livres édités ou importés antérieurement à cette date.

Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er juin 1983, un rapport sur l'application de la loi ainsi que sur les mesures prises en faveur du livre et de la lecture publique.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.
Fait à Paris, le 10 août 1981.
Journal Officiel (11 août 1981 ; 14 mai 1985)

Aille (terminaison en)

Aille (terminaison en) : « Le plus souvent afin de dérouter les écouteurs, l'argot se borne à ajouter indistinctement à tous les mots de la langue une sorte de queue, une trerminaison en aille, en orgue, en iergue ou en uche ; exemple : "Vouziergue trouvaille bonorgue ce gigotmuche." (Trouvez-vous bon ce gigot ?) Phrase adressé par Cartouche à un guichetier, afin de savoir si la somme offerte pour l'évasion lui convenait. La terminaison en indre est aujourd'hui fort usitée. » (Moreau Christophe, 64.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 30 janvier 2018

Lecture sans masque

Aile de pigeon

Aile de pigeon : Suranné. — Allusion à la coiffure conservée par les émigrés à leur retour en France. V. Mâchoire.


Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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