dimanche 9 juin 2024
vendredi 7 juin 2024
Une historiette de Béatrice
mercredi 5 juin 2024
Vues des rives
Neuf ans après avoir rassemblé les
nouvelles du Fleuve dans un recueil homonyme (Le
Visage Vert, 2015), cinq années écoulées depuis le roman se rattachant
à ce
cycle (Le Fort, L’Arbre vengeur,
2019), l’on éprouve une certaine joie à vous présenter le petit dernier
de chez
Letort, Vues des rives, recueil de
vingt-deux nouvelles qui complète cet univers. Certains textes
consistent en
des reprises de publications en revues — L’ampoule, Le
Novelliste et
Le Visage Vert —, d’autres sont inédits. On y trouve également,
outre la
superbe illustration de couverture de Marc Brunier-Mestas, huit dessins
de
Céline Brun-Picard et un d’Élisabeth Haakman.
Mais, au-delà de l’énumération des nombreuses (on s’en doute) qualités de l’ouvrage, il devient nécessaire d’insister sur la préface de Mikaël Lugan dont on souhaite à tout auteur d’hériter d’un travail similaire ! La première lecture de Mikaël s’est révélée très émouvante, en découvrant sa perspicacité et sa compréhension intime de tout le cycle du Fleuve. Au fond, on se demande si l’on a mérité une telle attention. Quoi qu’il en soit, le livre est publié et il marque un jalon important pour la continuité du cycle, non parce qu’il y recèlerait un texte exceptionnel ou « explicatif », mais parce que l’ensemble étoffe un univers encore à la veille de s’enrichir. Du moins, en souhaitant qu’une espérance de vie clémente le permette.
Mais, au-delà de l’énumération des nombreuses (on s’en doute) qualités de l’ouvrage, il devient nécessaire d’insister sur la préface de Mikaël Lugan dont on souhaite à tout auteur d’hériter d’un travail similaire ! La première lecture de Mikaël s’est révélée très émouvante, en découvrant sa perspicacité et sa compréhension intime de tout le cycle du Fleuve. Au fond, on se demande si l’on a mérité une telle attention. Quoi qu’il en soit, le livre est publié et il marque un jalon important pour la continuité du cycle, non parce qu’il y recèlerait un texte exceptionnel ou « explicatif », mais parce que l’ensemble étoffe un univers encore à la veille de s’enrichir. Du moins, en souhaitant qu’une espérance de vie clémente le permette.
Yves
Letort : Vues des rives – Le Visage Vert, 2024
lundi 3 juin 2024
Sobre et élégant
Avec l’âge, votre Tenancier prend
garde aux machins trop
gras et ce n’est qu’au hasard d’une promenade sur les réseaux sociaux
qu’il a
remarqué le logo de cette charcuterie qui semble retenir l’intérêt des
amateurs. Très bel effet, sobre et très élégant travail avec une police
Elzévir, je
crois… Hélas, je n’ai pas trouvé le créateur de ceci. Si vous avez des
lueurs
de votre côté…
Logo Maison Verot
dimanche 2 juin 2024
samedi 1 juin 2024
Bibliographie commentées des Minilivres aux éditions Deleatur — 36
Jacques Abeille
Le peintre défait
par son modèle
Angers — Éditions Deleatur, 1999
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en novembre 1999 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs
Le Tenancier : Je connais peu d’écrivains capables d’une tension dans le style, telle que la pratiquait Jacques Abeille. L’évocation d’un peintre dans son atelier et de l’inévitable intermède érotique s’écarte de toute banalité, en peu de mots. Il faut rappeler que Jacques Abeille n’était pas tout à fait étranger avec l’univers pictural.
Pierre Laurendeau : Lorsque j’ai lancé la collection des Minilivres, Jacques Abeille n’était pas plus enthousiaste que cela (contrairement à la Nouvelle Postale, à laquelle il avait adhéré tout de suite, avec Le Voyageur attardé). La parution de La Lettre de Terrèbre (numéro 15), puis la reprise d’Un cas de lucidité (numéro 23) a créé une sorte de rendez-vous régulier, avec des propositions toujours calibrées pour la collection.
La relation du peintre et du modèle (qui horrifierait aujourd’hui les tenantes d’un féminisme antisexuel) est très présente dans l’œuvre de Jacques – surtout chez Léo Barthe, son double pornographe (notamment le dernier ouvrage paru à la Musardine, Princesse Johanna).
Jacques Abeille, qui enseignait les arts plastiques dans un lycée bordelais, a toujours dessiné et peint. Les enveloppes de ses courriers, en papier bulle marron, étaient souvent agrémentées de petits tableaux semi-abstraits. Il serait amusant de les exposer, car je pense ne pas avoir été le seul destinataire de ces œuvres éphémères. Entre les cours, il ramassait les « épaves » de ses élèves et se laissait aller à des rêveries graphiques en utilisant les accidents des ébauches ou des découpes du papier.
Pour revenir au Peintre défait par son modèle, citons l’incipit : « Dans le tableau que nous avons inspiré au peintre les personnages ne nous ressemblent pas trait pour trait. Toutefois, dans l’image on retrouve la lumière de notre histoire. En ce temps-là, je voulais être un peintre et vous étiez mon modèle préféré. Vous étiez très jeune et, d’apparence, très sage. Je vous revois dans cette robe ample qui ne laissait soupçonner qu’à peine votre corps. »
Que dire de plus ?
mercredi 29 mai 2024
mardi 28 mai 2024
Une historiette de Béatrice
samedi 25 mai 2024
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 35
René Troin
aventures
de Câline
et de ses amis
Angers — Éditions Deleatur, 1999
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mai 1999 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques obsessionnels du rabat
Le Tenancier : Comme dans tout texte érotique qui se respecte, y résident des aspects cachés et il existe quelques manières de déflorer un texte en déflorant un livre. Il faudrait expliquer le style curieux de René Troin dans cette suite de saynètes, en relevant des constantes dans la politique éditoriale deleaturienne : l’énumération, que ce soit sous forme de dictionnaire ou bien dans la formation de chapitres qui deviennent autant de « particules narratives »…
Pierre Laurendeau : O Tenancier, merci d’éclairer ma lanterne ! C’est vrai, l’énumération agit comme un vecteur stimulant dans certaines productions deleaturiennes… De là à y flairer quelque influence de l’Oulipo…
René Troin, dont le lecteur attentif et la lectrice avisée à pu découvrir le goût des contraintes dans Vingt Palindromes (Minilivre n° 33), a prolongé par ces 12 Aventures son vagabondage lettré, que l’on retrouvera dans ses romans (voir notice 33).
Ces 12 Aventures ne sont apparemment que 11 ; pour lire la douzième, il faut la « construire » dans l’esprit de l’Hypnerotomachia Poliphili (le Songe de Poliphile)*… Mais que l’on se rassure, l’éditeur a caché quelque part la douzième aventure.
L’érotisme n’a jamais été un carburant pour René, qui se livre ici au petit jeu du désir distancié. On est loin des cochonneries assumées d’un Pierre Charmoz ou d’un Hurl Barbe !
* On découvre qui est l’auteur de cet étrange ouvrage de la Renaissance en assemblant certaines lettres : Poliam frater Franciscus Columna peramavit (« Frère Francesco Colonna a aimé Polia intensément »).
jeudi 23 mai 2024
Trouvé dans un livre de bibliothèque
Voici une série de pages signalée par
ArD : la bibliothèque publique d'Oakland aux États-Unis a répertorié
tous les petits papiers — mais aussi, par exemple, une chaussette — délaissés par les lecteur en guise de signet.
On aimerait que l'initiative soit reprise en France de la même manière... à moins que cela soit déjà fait.
Ça se passe ici.
mardi 21 mai 2024
Pour saluer une disparition
« […]
Votre cas, j’en conviens, est un peu différent.
Vous avez une réputation d’intégrité que je n’ai pas l’intention
ni
surtout les moyens de mettre en doute. Je dirai toutefois que cette
intégrité
est sans mérite puisque, contrairement aux nantis du milieu, vous
n’êtes pas en
mesure de la monnayer, sauf à accepter carrément des dessous de table.
Si,
comme la plupart, vous aviez périodiquement des textes merdeux à
négocier, vous
seriez probablement moins chatouilleux sur l’éthique, quelques indices
le
laissent à penser. Vous n’avez donc pas à faire de nécessité vertu. En
réalité,
vous êtes le plus malin de tous. Alors que les autres se croient encore
tenus
de justifier leur course au fric et aux honneurs par un ou deux volumes
annuels, vous avez quant à vous bâti votre ascension en tirant
habilement
conséquence de votre nullité d’écrivain. Il faut dire qu’au terme de
deux
livres poussifs vous étiez déjà sur le flanc. À l’agonie, vous nous
avez encore
donné deux préfaces laborieuses, une sur le football, l’autre sur la
vigne. Et
puis terminé. Entretemps vous aviez compris l’essentiel, à savoir que
pour
réussir dans ce petit monde des lettres point n’est besoin d’écrire,
puisque
aussi bien les autres ne le font plus que par alibi. Votre coup de
génie, c’est
de les avoir résolument doublés sur leur propre terrain, en vous
délestant de
leurs prétextes puérils. Ne serait-ce que pour votre audace à afficher
sans
complexe votre néant créatif chaque semaine devant la France entière,
je vous
félicite. À travers vous, la France poujadiste est enfin parvenue à
baiser la France
universitaire. C’est un spectacle bien comique que de voir tous ces
tartufes
titrés et costumés venir régulièrement vous cirer les chaussures et
s’extasier
sur vos talents involontaires de clown médiatique, lorsqu’ils ne
révèrent en vous
que votre réussite matérielle et le bénéfice qu’ils peuvent
accessoirement en
tirer. En d’autres temps, ils n’auraient jamais eu assez de toute leur
morgue
pour vous mépriser. Du reste, qu’on vous savonne un rien la planche et
vous
verrez s’ils sont les derniers à vous tirer par les pieds. Le meilleur
illusionniste ne saurait renouveler son numéro à l’infini. Pour qu’un
mirage
persiste, il faut le remplacer périodiquement. Ce n’est pas un hasard si votre trajectoire personnelle passe par les droites (rassurez-vous, je n’ai pas plus de goût pour l’arrivisme de gauche). Votre itinéraire est à cet égard typique. Sans votre emploi d’alors au Figaro, vous n’auriez jamais obtenu une émission à la télévision. Polac, votre prédécesseur, venait d’être remercié pour n’avoir pas censuré deux phrases excessives sur les pharmaciens. Un remplaçant plus docile s’imposait. Non pas à la botte mais dont le profil correspondrait mieux aux objectifs informulés mais réels du pouvoir en place. Poirot-Delpech, dit-on, était sur les rangs, mais son image de gauche — il s’agit bien d’image, car pour le reste… — épouvantait ces messieurs-dames. Par ailleurs, une personnalité trop marquée à droite ne ferait pas meilleur effet, après tout nous n’étions pas si loin de mai 68. Il convenait de donner autant que possible un visage libéral à cette reprise en main. Un eunuque littéraire d’apparence apolitique ferait parfaitement l’affaire. L’avenir l’a amplement démontré, vous aviez le profil idéal de ce portrait-robot. Vos antécédents, il est vrai, plaidaient en votre faveur puisque, de l’épicerie familiale, et sans rien concéder de l’esprit petit commerçant, vous aviez réussi à vous hisser au rôle de grouillot du Figaro littéraire. Calé dans cet emploi depuis quinze ans, vous y remplissiez à peu près la fonction de Carmen Tessier, feu la commère de France-Soir. Votre mission était toutefois plus culturelle puisque consistant, pour l’essentiel, à conférer de la résonnance aux petits pets de la vie littéraire et mondaine. Sans l’aubaine de votre nomination à la télévision, vous en seriez probablement toujours à vous épanouir dans cet emploi prestigieux. Quoi qu’il en soit, on voit que vos maîtres n’avaient pas à redouter trop de subversion de votre part. Un Pivot à la télévision, c’était la garantie de dormir en paix pour longtemps. Ce n’est pas encore cette fois que la littérature changerait la vie. L’émission précédente s’intitulait Post-Scriptum, la vôtre fut allégrement baptisée Ouvrez les guillemets. Je vous imagine cherchant péniblement un équivalent dans la colonne voisine du dictionnaire analogique. L’année suivante, remontant nettement plus haut, vous inventiez Apostrophes. » |
Raymond Cousse : Apostrophe à Pivot
(1983)
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