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mercredi 12 février 2025
Un dialogue intime
mardi 11 février 2025
Un peu de sérotonine...
Il arrive que le Tenancier soit
l’objet d’attentions
sympathiques qui consiste à lui expédier des livres. C’est le cas avec
ces deux
petits ouvrages de Patrick Boutin. L’un — Futur intérieur — est un recueil de nouvelles express, telles
que le pratiquait Sternberg, entre autres. Le récit ultra-court reste
un
exercice difficile et plutôt élitiste, dans le sens où une mince frange
de littérateurs
sait exprimer une situation ou une histoire en peu de mots. On connaît
ainsi un
Éric Chevillard et son extraordinaire capacité de renouvellement dans
ce
domaine… Patrick Boutin, lui, opère sur des distances un peu plus
longues et reflète
également un certain bonheur d’écrire ;
sans doute secrète-t-il un taux élevé de sérotonine, production qui
récompense
notre assiduité vertueuse à nos claviers et à nos stylos. Ici, elle se
transmet
par des nouvelles à l’humeur souvent légère au travers desquelles on
s’amuse à
retrouver quelques influences, comme celle de Gripari dans la nouvelle Se lacer de tout.
On connaît le Club Samizdat que Pierre Laurendeau porte à bout de bras au travers de plus de cinquante volumes, publiant nombre de textes disparates et réjouissants, au point de rejoindre par certains titres la collection dont nous avons interrompu (à tort !) la chronique dans ce blog, à savoir les Minilivres (nous allons y revenir sous peu…) Si l’on compte bien, c’est le deuxième volume de Patrick Boutin dans ce Club Samizdat, que vous serez plus assurés de trouver dans des boîtes à livres, puisque c’est leur lieu d’élection, à moins que vous ne les commandiez chez l’éditeur lui-même. Pêli-mélo, sous-titré « Nano-nouvelles », tire vers le recueil d’aphorismes ou de calembours : même bonheur d’écrire avec, en sus, l’incitation à papillonner plutôt que de se livrer à une lecture linéaire. En effet, ce type de recueil s’y prête, on relève ainsi « Six baryton sybarites se relaxaient de cinq ascètes » qui dénote une appétence pour l’allitération et pour l’étymologie, puisque l’on sait que les habitants de Sybaris, abhorraient les bruits intempestifs !
On devrait l'apprendre, le Tenancier, ne s’adonne que par exception à la « critique » de livre, encore faut-il, aussi, qu’on lui en procure l’occasion. Parce que, ce n’est pas pour dire, il n’est pas si bégueule.
On connaît le Club Samizdat que Pierre Laurendeau porte à bout de bras au travers de plus de cinquante volumes, publiant nombre de textes disparates et réjouissants, au point de rejoindre par certains titres la collection dont nous avons interrompu (à tort !) la chronique dans ce blog, à savoir les Minilivres (nous allons y revenir sous peu…) Si l’on compte bien, c’est le deuxième volume de Patrick Boutin dans ce Club Samizdat, que vous serez plus assurés de trouver dans des boîtes à livres, puisque c’est leur lieu d’élection, à moins que vous ne les commandiez chez l’éditeur lui-même. Pêli-mélo, sous-titré « Nano-nouvelles », tire vers le recueil d’aphorismes ou de calembours : même bonheur d’écrire avec, en sus, l’incitation à papillonner plutôt que de se livrer à une lecture linéaire. En effet, ce type de recueil s’y prête, on relève ainsi « Six baryton sybarites se relaxaient de cinq ascètes » qui dénote une appétence pour l’allitération et pour l’étymologie, puisque l’on sait que les habitants de Sybaris, abhorraient les bruits intempestifs !
On devrait l'apprendre, le Tenancier, ne s’adonne que par exception à la « critique » de livre, encore faut-il, aussi, qu’on lui en procure l’occasion. Parce que, ce n’est pas pour dire, il n’est pas si bégueule.
— Futur intérieur et autres rêveries sans queue ni tête — ‘Co éditions
— Pêli-Mêlo, nano-nouvelles — Club Samizdat
lundi 3 février 2025
Boustrophédon, apophtegme & antanaclase
Il n’a rien d’un crapoussin. Sa glabelle n’est pas villeuse, mais son vomer, couvert par un stéatome, lui donne l’aspect d’un miquelet. Bref, c’est le genre de type capable de lire couramment le boustrophédon et qui ne confondrait pas un apophtegme avec une antanaclase ; si vous voyez ce que je veux dire. |
San Antonio : En avant la moujik (1969) |
dimanche 2 février 2025
Un bordel ordonné, malgré tout
Il y a quelque temps, votre Tenancier
avait entamé un roman
et en était rendu à environ 95 000
signes(*) avant de l’arrêter pour diverses raisons, mais
surtout
parce que la chose se complexifiait et qu’il devenait nécessaire de
prendre de
la distance. Une grande partie de ce travail était opérée au stylo dans
un bloc
de papier quadrillé, comme de coutume. Le temps passa, accaparé par
l’élaboration
d’autres ouvrages et, l’ennui aidant, on se décida enfin à repêcher ces
débuts
afin de les prolonger. Or, le problème trouve sa source dans le fait
que votre
Tenancier papillonne assez entre les blocs, insérant les divers
chapitres entre
deux nouvelles ou de parties appartenant à d’autres textes longs, ce
qui
aboutit à un effroyable bordel dès qu’il s’agit de collationner ces
blocs. On
vient à ce titre d’évoquer avec la nièce de votre serviteur, le
désarroi
probable qu’un étudiant éprouverait à l’appréhension de ces archives…
Pour le moment, votre Tenancier n’a rien trouvé et se dit qu’après tout il pourrait se contenter des bouts qu’ils possèdent et repartir sur des bases quasi neuves. L’on va y réfléchir. Mais il serait bon qu’il se discipline également, histoire de ne pas perdre trop de temps dans ce genre de recherche.
(*) Par signe, on entend chaque caractère figurant sur nos claviers, y compris les espaces et les ponctuations. Ainsi, avec cette notule, ce billet fait 1399 signes.
Pour le moment, votre Tenancier n’a rien trouvé et se dit qu’après tout il pourrait se contenter des bouts qu’ils possèdent et repartir sur des bases quasi neuves. L’on va y réfléchir. Mais il serait bon qu’il se discipline également, histoire de ne pas perdre trop de temps dans ce genre de recherche.
(*) Par signe, on entend chaque caractère figurant sur nos claviers, y compris les espaces et les ponctuations. Ainsi, avec cette notule, ce billet fait 1399 signes.
samedi 1 février 2025
jeudi 30 janvier 2025
Désobéissance civile et résistance
Les Relay submergés de
marque-pages et stickers contre Bolloré
La note d’information de Lagardère
La note d’information de Lagardère
Depuis début décembre des centaines
de milliers de marque-pages et stickers se répandent à l’intérieur des
librairies. Ils invitent à boycotter les livres Hachette, à lutter
contre l’emprise de Bolloré et à soutenir les éditions indépendantes.
Une note interne de la « direction de la communication de Lagardère » nous a été transmise par un certain nombre d’employé-es des Relay, enseignes appartenant au groupe Bolloré et présents dans de multiples gares, stations de métro et aéroports. On y trouve la confirmation que « l’ensemble des enseignes et librairies qui vendent des livres Hachette » sont largement arrosées de petites surprises informatives qui s’immiscent malicieusement entre les pages et les rayons et que « les Relay ne font pas exception ». Malgré les consignes des « Ressources Humaines » visant à endiguer la vague, les employés des Relay qui nous ont contacté anonymement nous invitaient plutôt à poursuivre l’opération et promettaient de ne pas mettre trop d’ardeur à « procéder au retrait des marque-pages et stickers dès leur découverte », comme leur intime la circulaire.
Comme nous l’a transmis l’un•e des vendeuses dans un courrier : « Avec ses milliards, au prix où il nous paye et tant qu’ils nous oblige à mettre du Bardella dans ses rayons, on va pas se plier en quatre pour protéger l’image du grand patron. »
Alors que du 29 janvier au 2 février ont lieu des journées d’actions contre l’empire Bolloré tout un chacun.e devrait prendre cette note inquiète de nos adversaires comme un bel encouragement à reproduire ce geste simple dans le Relay le plus près de chez soi avec quelques ami.es en mode festif ou incognito en attendant le train.
D’autant que comme l’indique le site relay.com : « Avec plus de 350 magasins en France, présents dans près de 300 gares et stations de métro et près de 25 aéroports du territoire, vous trouverez toujours un RELAY à proximité. »
Une note interne de la « direction de la communication de Lagardère » nous a été transmise par un certain nombre d’employé-es des Relay, enseignes appartenant au groupe Bolloré et présents dans de multiples gares, stations de métro et aéroports. On y trouve la confirmation que « l’ensemble des enseignes et librairies qui vendent des livres Hachette » sont largement arrosées de petites surprises informatives qui s’immiscent malicieusement entre les pages et les rayons et que « les Relay ne font pas exception ». Malgré les consignes des « Ressources Humaines » visant à endiguer la vague, les employés des Relay qui nous ont contacté anonymement nous invitaient plutôt à poursuivre l’opération et promettaient de ne pas mettre trop d’ardeur à « procéder au retrait des marque-pages et stickers dès leur découverte », comme leur intime la circulaire.
Comme nous l’a transmis l’un•e des vendeuses dans un courrier : « Avec ses milliards, au prix où il nous paye et tant qu’ils nous oblige à mettre du Bardella dans ses rayons, on va pas se plier en quatre pour protéger l’image du grand patron. »
Alors que du 29 janvier au 2 février ont lieu des journées d’actions contre l’empire Bolloré tout un chacun.e devrait prendre cette note inquiète de nos adversaires comme un bel encouragement à reproduire ce geste simple dans le Relay le plus près de chez soi avec quelques ami.es en mode festif ou incognito en attendant le train.
D’autant que comme l’indique le site relay.com : « Avec plus de 350 magasins en France, présents dans près de 300 gares et stations de métro et près de 25 aéroports du territoire, vous trouverez toujours un RELAY à proximité. »
Source : Les soulèvements de la terre
dimanche 26 janvier 2025
jeudi 23 janvier 2025
Une historiette de Béatrice
mercredi 22 janvier 2025
Un petit ambitieux, serré dans son frac
Canalis
est un petit homme sec, de tournure aristocratique, brun, doué d’une
figure vituline, et d’une tête un peu menue, comme celle des
hommes qui ont plus de vanité que d’orgueil. Il aime le luxe, l’éclat,
la grandeur. La fortune est un besoin pour lui plus que pour tout
autre. Fier de sa noblesse, autant que de son talent, il a tué ses
ancêtres par trop de prétentions dans le présent. Après tout, les
Canalis ne sont ni les Navarreins, ni les Cadignau, ni les Grandlieu,
ni les Nègrepelisse. Et cependant, la nature a bien servi ses
prétentions. Il a ces yeux d’un éclat oriental qu’on demande aux
poëtes, une finesse assez jolie dans les manières, une voix
vibrante ; mais un charlatanisme naturel détruit presque ces
avantages. Il est comédien de bonne foi. S’il avance un pied très
élégant, il en a pris l’habitude. S’il a des formules déclamatoires,
elles sont à lui. S’il se pose dramatiquement, il a fait de son
maintien une seconde nature. Ces espèces de défauts concordent à une
générosité constante, à ce qu’il faut nommer le paladinage, en
contraste avec la chevalerie. Canalis n’a pas assez de foi pour
être don Quichotte ; mais il a trop d’élévation pour ne pas
toujours se mettre dans le beau côté des questions. Cette poésie, qui
fait ses éruptions miliaires à tout propos, nuit beaucoup à ce poëte
qui ne manque pas d’ailleurs d’esprit, mais que son talent empêche de
déployer son esprit ; il est dominé par sa réputation, il vise à
paraître plus grand qu’elle. Ainsi, comme il arrive très souvent, l’homme est en désaccord complet avec les produits de sa pensée. Ces morceaux câlins, naïfs, pleins de tendresse, ces vers calmes, purs comme la glace des lacs ; cette caressante poésie femelle a pour auteur un petit ambitieux, serré dans son frac, à tournure de diplomate, rêvant une influence politique, aristocrate à en puer, musqué, prétentieux, ayant soif d’une fortune afin de posséder la rente nécessaire à son ambition, déjà gâté par le succès sous sa double forme : la couronne de laurier et la couronne de myrte. Une place de huit mille francs, trois mille francs de pension, les deux mille francs de l’Académie, et les mille écus du revenu patrimonial, écornés par les nécessités agronomiques de la terre de Canalis, au total quinze mille francs de fixe, plus les dix mille francs que rapportait la poésie, bon an, mal an ; en tout vingt-cinq mille livres. Pour le héros de Modeste, cette somme constituait alors une fortune d’autant plus précaire, qu’il dépensait environ cinq ou six mille francs au delà de ses revenus ; mais la cassette du roi, les fonds secrets du ministère avaient jusqu’alors comblé ces déficits. Il avait trouvé pour le Sacre un hymne qui lui valut un service d’argenterie. Il refusa toute espèce de somme en disant que les Canalis devaient leur hommage au Roi de France. Le Roi Chevalier sourit, et commanda chez Odiot une coûteuse édition des vers de Zaïre : Ah !
Versificateur, te serais-tu flatté
Dès cette époque, Canalis avait, selon la pittoresque expression des
journalistes, vidé son sac. Il se sentait incapable d’inventer une
nouvelle forme de poésie. Sa lyre ne possède pas sept cordes, elle n’en
a qu’une ; et, à force d’en avoir joué, le public ne lui laissait
plus que l’alternative de s’en servir à se pendre ou de se taire. De
Marsay, qui n’aimait pas Canalis, se permit une plaisanterie qui laissa
dans le flanc du poëte sa pointe envenimée. D’effacer Charles dix en générosité ? — Canalis, dit-il une fois, me fait l’effet de l’homme le plus courageux, signalé par le grand Frédéric après la bataille, ce trompette qui n’avait cessé de souffler le même air dans son petit turlututu ! Canalis, aux oreilles de qui cette épigramme arriva, voulut devenir général. Combien de fois un mot n’a-t-il pas décidé de la vie d’un homme ? L’ancien président de la république Cisalpine, le plus grand avocat du Piémont, Colla s’entend dire, à quarante ans, par un ami, qu’il ne connaît rien à la botanique ; il se pique, devient un Jussieu, cultive les fleurs, en invente, et publie la Flore du Piémont, en latin, l’ouvrage de dix ans. — Après tout, Canning et Chateaubriand sont des hommes politiques, se dit le poëte éteint, et de Marsay trouvera son maître en moi ! Canalis aurait bien voulu faire un grand ouvrage politique ; mais il craignit de se compromettre avec la prose française, dont les exigences sont cruelles à ceux qui contractent l’habitude de prendre quatre alexandrins pour exprimer une idée. De tous les poëtes de ce temps, trois seulement : Hugo, Théophile Gautier, de Vigny ont pu réunir la double gloire de poëte et de prosateur que réunirent aussi Racine et Voltaire, Molière et Rabelais, une des plus rares distinctions de la littérature française et qui doit signaler un poëte entre tous. Donc, le poëte du faubourg Saint-Germain faisait sagement en essayant de remiser son char sous le toit protecteur de l’Administration. |
Honoré de Balzac : Modeste Mignon
(1844) |
mardi 21 janvier 2025
Veau, vache, cochon, couvée
Le
marché de la culture (et de la sous-culture) a
massivement offert au public, pendant cette période [des années 20 aux
années
50 où triomphe la contre-révolution] la représentation de tout ce dont
les gens
étaient privés pratiquement (l’amour, la liberté, etc.). Justement
parce qu’elle
était victorieuse partout, la contre-révolution pouvait offrir impunément sur le marché cet ensemble de
représentations. À présent que le gens ont recommencé de vouloir
posséder
réellement ce dont ils ne possédaient que le rêve, le Capital, pour se
défendre, ne diffuse plus que des représentations plaisantes, mais
principalement des lamentations réformistes, angoissées, sur la douleur
d’être
homme, femme, enfant, nègre, pédé, veau, vache, cochon, couvée, etc. Je
n’aime pas
ces productions en général. Jean-Patrick Manchette Propos recueillis par Michèle Costa Magna (À suivre) n°22, novembre 1979, repris dans Derrière les lignes ennemies, entretiens 1973-1993 (2023) |
lundi 20 janvier 2025
Où le Tenancier digresse
Votre Tenancier a reçu quelques
gentils messages après avoir
publié le dernier billet relatant un inconfort qu’il espère passager et
il en
remercie les auteurs. On voudra cependant veiller à ne pas le plaindre
de façon
appuyée ;
celui-ci
se porte bien, de toute façon. Il désirait surtout attirer l’attention
sur une
méthode de travail qui s’est révélée incommodante dans la durée. En effet, la
rédaction des
nouvelles ou de romans incite à un changement de position et même
d’assiduité
au bureau. Expliquons-nous en évoquant son déroulement (on passe sur
les phases
préparatoires, différentes selon les cas) :
— Un premier jet est directement tapé au clavier à partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se boucle en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4 avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion tardive dans l’enfance à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et d’élagages, mais ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles, la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas vraiment de souffrance « musculo-squelettique », comme on dit. Mais voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition chaotique d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase manuscrite, dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son fauteuil de manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau du bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit, cette posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge. Or, même s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux qu’il a écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième, sans doute à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que nous avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement qu’impose le stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée de quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un feuillet de deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour arriver à un feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases d’écriture. Ouh la la ! On compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature ? Bien sûr que non, mais mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un roman. Le reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la commande dans les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais puisque tout le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les menues digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en savons un peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.
— Un premier jet est directement tapé au clavier à partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se boucle en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4 avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion tardive dans l’enfance à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et d’élagages, mais ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles, la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas vraiment de souffrance « musculo-squelettique », comme on dit. Mais voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition chaotique d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase manuscrite, dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son fauteuil de manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau du bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit, cette posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge. Or, même s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux qu’il a écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième, sans doute à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que nous avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement qu’impose le stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée de quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un feuillet de deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour arriver à un feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases d’écriture. Ouh la la ! On compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature ? Bien sûr que non, mais mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un roman. Le reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la commande dans les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais puisque tout le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les menues digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en savons un peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.
dimanche 19 janvier 2025
Bobo
Certes, le Tenancier
ne va pas ouvrir un compte pénibilité pour ce qui lui arrive, mais le
phénomène reste assez curieux pour qu’il s’interroge à ce propos : une
tendinite à l’épaule droite le préoccupe depuis plus de trois mois. On
passera sur l’attente de rencontrer un médecin dans une ville de
province pourtant pas la plus mal lotie en la matière, on évitera
d’évoquer la privatisation de services en général et jadis rendus à
l’intérieur des hôpitaux comme les scanners et les radiographies (et
donc une longue attente pour y accéder). On s’abaisserait à cette sorte
de vulgarité qui consisterait à vitupérer un état de fait que nous
avons-nous même, après tout, laissé installer. Le Tenancier vieillit,
les signes abondent, comme la survenue de cette tendinite et
l’indifférence grandissante envers la sottise contemporaine, surtout
quand elle réside dans l’avidité, le fric et les gros pieds dans les
mocassins à pampilles.
Mais revenons à cette faiblesse qui s’est installée plutôt de façon progressive, jusqu’au point où la douleur (comme si on vous arrachait le bras) s’est déclarée un matin, vive et immédiate. Bien qu’adepte d’un certain matérialisme pas vraiment historique, le cheminement de pensée de votre Tenancier l’amène à établir une corrélation entre cette douleur omniprésente et la rédaction d’un roman commencé l’été dernier. Il en vient à croire à la somatisation de son mécontentement. Oui, le roman lui sied, mais l’accouchement se révéla difficile et contrarié, comme si l’on avançait à son corps défendant dans une formulation à la fois habituelle, plus ou moins maîtrisée, et dans un sujet rebattu pour lui. On s’explique : une fois de plus, on aborde un personnage de déserteur dans un monde qu’il s’est rendu familier, celui du Fleuve. Que le roman agrée l’éditeur appartient à une autre histoire et s’il est retoqué, votre serviteur s’y remettra, voilà tout, à l’attention du même ou bien d’un autre. Au pire, il passera à autre chose. Reste l’état de cette douleur. Comment envisager son effacement ? En passant à tout autre chose ? Non, le Tenancier ne croit pas à la pensée magique. Nous verrons bien ce qu’en fera le kiné (miracle : on a obtenu en rendez-vous presque immédiat). À vrai dire, le destin de cette incommodité est remis dans les mains des spécialistes.
Reste la somme de récits que le Tenancier aimerait écrire et qui subsiste pour le moment sous forme de notes ou de synopsis. Comme on est douillet, on redoute qu’une nouvelle mise en chantier n’affecte de nouveau l’aile de poulet qui lui sert de bras. On l’envisage tout de même. Toutes ces considérations ne valent sans doute rien si l’on observe que, pendant près de cinq mois, votre Tenancier s’est mal tenu à son bureau et qu’il ferait mieux de se pencher sur ce problème-là plutôt que d’invoquer des motifs captieux, qui est aussi une commune du département de la Gironde. Tiens, à propos, que trouverait-on en débarquant à Captieux (1382 âmes) ? On pense alors à la chanson de Brassens, bien entendu. Pour l’instant cette histoire de bras est en suspens, et pas dans une attelle — c’est toujours ça.
Mais revenons à cette faiblesse qui s’est installée plutôt de façon progressive, jusqu’au point où la douleur (comme si on vous arrachait le bras) s’est déclarée un matin, vive et immédiate. Bien qu’adepte d’un certain matérialisme pas vraiment historique, le cheminement de pensée de votre Tenancier l’amène à établir une corrélation entre cette douleur omniprésente et la rédaction d’un roman commencé l’été dernier. Il en vient à croire à la somatisation de son mécontentement. Oui, le roman lui sied, mais l’accouchement se révéla difficile et contrarié, comme si l’on avançait à son corps défendant dans une formulation à la fois habituelle, plus ou moins maîtrisée, et dans un sujet rebattu pour lui. On s’explique : une fois de plus, on aborde un personnage de déserteur dans un monde qu’il s’est rendu familier, celui du Fleuve. Que le roman agrée l’éditeur appartient à une autre histoire et s’il est retoqué, votre serviteur s’y remettra, voilà tout, à l’attention du même ou bien d’un autre. Au pire, il passera à autre chose. Reste l’état de cette douleur. Comment envisager son effacement ? En passant à tout autre chose ? Non, le Tenancier ne croit pas à la pensée magique. Nous verrons bien ce qu’en fera le kiné (miracle : on a obtenu en rendez-vous presque immédiat). À vrai dire, le destin de cette incommodité est remis dans les mains des spécialistes.
Reste la somme de récits que le Tenancier aimerait écrire et qui subsiste pour le moment sous forme de notes ou de synopsis. Comme on est douillet, on redoute qu’une nouvelle mise en chantier n’affecte de nouveau l’aile de poulet qui lui sert de bras. On l’envisage tout de même. Toutes ces considérations ne valent sans doute rien si l’on observe que, pendant près de cinq mois, votre Tenancier s’est mal tenu à son bureau et qu’il ferait mieux de se pencher sur ce problème-là plutôt que d’invoquer des motifs captieux, qui est aussi une commune du département de la Gironde. Tiens, à propos, que trouverait-on en débarquant à Captieux (1382 âmes) ? On pense alors à la chanson de Brassens, bien entendu. Pour l’instant cette histoire de bras est en suspens, et pas dans une attelle — c’est toujours ça.
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